Nacer Bouiche, ancien goléador du Mouloudia d’Alger et de l’équipe
nationale, silencieux depuis bien longtemps, s’est autorisé une intervention,
une pique à l’intention des dirigeants du Mouloudia auxquels il a demande de se
faire plus discret, de s’occuper de leurs affaires de dirigeants et de laisser aux
joueurs la place dans les médias.
C’est quasiment le même message que nous avons envie d’adresser aux
dirigeants de la JS Kabylie, à « Moh » Cherif Hannachi et à ses
« ennemis intimes » du comité de sauvegarde. Les membres de ce
dernier et le plus vieux président de club jouent depuis quelques mois une
partie de ping-pong. Chaque déclaration de l’une des partie est suivie
automatiquement d’une répartie aussi fracassante de l’autre, dans une guerre de
la parole qui ne dit pas son nom mais s’étale amplement dans les journaux. Il
est devenu patent aujourd’hui (même pour ceux qui, il y a quelques mois, voulaient
restreindre le débat à l’univers sportif) que la querelle dépasse le cadre du football et s’est immiscé dans
d’autres sphères où le fair play n’est pas de rigueur. D’ailleurs, ce sont les
mêmes outils, les mêmes moyens de propagande qui sont employés avec un
débordement sur la voie publique qui, à Tizi Ouzou et ailleurs en Kabylie,
rappellent des heures où le sang fut versé et qu’il vaut mieux tenter de ne pas
répéter pour des histoires sans queue ni tête de ballon rond. Non,
pardon ! Nous oublions que le football est un fabuleux levier capable de
soulever le monde.
Les apostrophes, les interpellations se succèdent en rafales. On se
croirait presque dans les vieux films de série B d’antan, que diffusaient les
salles de cinéma aujourd’hui fermées, où
le héros disait, avant d’ouvrir le feu sur son rival, avec son Colt à six coups
ou son Magnum 357 : « pas de pitié pour les salopards».
« Moh » Cherif Hannachi, Menad, Aiboud, Abdeslam, maitre
Meriem et bien, d’autres encore, ceux que l’on fait revivre dans les colonnes
de journaux le temps d’une déclaration insipide ou incendiaire (selon le
tempérament des uns et des autres), avec toutefois une médiatisation exacerbée
pour celles du second type, sont à bien y réfléchir comme des gamins ou des adolescents
dans la cour de récréation où chacun, mots à l’appui voudrait dominer les
autres avant que les coups ne soient donnés.
Les intentions (véridiques ou factices) sont prises pour des actions à
la réalisation immédiate. Quand Hannachi dit en substance « je
laisse ma place à qui met 20 milliards sur la table », Menad
répond qu’ « il vienne demain chez le notaire ».
Pourtant, tous les deux savent que les démarches ne sont pas aussi aisées que
le laissent entendre leurs déclarations. En fait, disons le crûment, les grands
et vieux gamins ont quitté les bancs de l’école et se sont installés dans le
café du coin (les cafés du commerce d’hier et d’avant-hier) sirotant un thé (ou
autre chose) tout en jouant une partie de cartes ou de dominos devant les
copains du quartier.
Sauf que l’aréopage qui les entoure est décuplé d’abord par la presse
sportive devenue presse-people et les chaînes de télévision satellitaires
privées, toutes deux à l’affut de sensationnel.
Hannachi, Menad et consorts se donnent en évidence en spectacle. Eux
et leurs pairs (à la JSK ou ailleurs, au MCA, au CSC, à l’ESS, etc.) ne peuvent
d’ailleurs se passer de cette puissante drogue qui fait partie de leur
existence depuis le temps où ils s’exhibaient en cuissettes et maillots sur les
terrains de foot.
Les improvisations de ces épanchements dignes de la commedia dell arte
ont cependant des répercussions négatives dans les gradins des stades. La
pierre qui a tué Albert Ebossé, les menaces qui ont conduit Yesli à fuir Tizi
et à se réfugier chez lui, hors de frontières, sont le produit de cette
fermentation déplorable et inutile. La solution à cette guerre des chefs
existe, ils la donnent dans leurs imprécations et au lieu de la mettre en
œuvre, ils préfèrent continuer à s’égosiller.
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