Nous étions heureux « Sous
l’olivier ». Seul, sans voir beaucoup de ces personnes qui vous
empoisonnent inconsciemment la journée à peine commencée. Bien évidemment, il
est impossible de vivre en ermite….quand on réside en ville. Il faut bien
sortir de son chez soi pour acheter sa baguette de pain, son sachet de lait et
quelques fruits et légumes pour consommer les 5 portions quotidiennes que
vantent à satiété depuis des années la publicité télévisée.
Nous avons eu la malencontreuse
idée, en déplacement, pour quelques jours à Alger, de nous perdre en ces lieux devenus
mal famés que semblent être les terrains de prédilection des anciens sportifs
(athlètes, entraîneurs,
dirigeants) qui bien que s’étant éloignés des terrains et salles de sports, des
instances sportives y conservent
cependant de forts liens ou, plus exactement, tendent leurs antennes dans leurs
direction pour se tenir informés de tout ce qui s’y passe.
En ces lieux, que dorénavant
nous éviterons comme l’on tente d’échapper la peste et le choléra, on y apprend
tant de choses qui vous dégoûtent définitivement d’avoir, pendant quelques années,
côtoyés ces milieux. Rectification, de ne plus frayer avec ce qu’ils sont
devenus.
Déambulant rue Ben M’hidi
(ex-rue d’Isly), sur les Champs Elyséens de notre capitale, l’interpellation
d’un ancien international, converti en entraîneur d’athlétisme avant de prendre
récemment sa retraite, nous a amenés à prendre conscience que les milieux
sportifs se sont encanaillés et ne valent guère mieux que les bas-fonds de nos
villes, ceux où les petits trafics prolifèrent.
Pendant que ce sportif, appartenant à la préhistoire de
l’athlétisme, nous en a raconté de belles. Des airs musicaux, des paroles ont alors
résonné dans notre esprit : « El Barah » de l’icône de la
musique chaâbie et le « je
vous parle d’un temps…. », un des moments forts de la variété
française.
Un temps, le bon vieux temps, ce temps qui ne reviendra pas.
Celui où les athlètes, les entraîneurs et les dirigeants étaient (presque)
heureux avec un casse-croute frites-omelettes, au thon ou au camembert
accompagné par une bouteille de gazouz, de soda de la production locale. Faute
des grandes marques multinationales.
Une époque où le trajet Constantine-Alger se faisait en bus affrétés
par la ligue (pour le transport des athlètes de tous âges qualifiés pour les championnats
nationaux) pour le compte de clubs embarqués dans la même galère Chacun payant
au prorata de personnes déplacées. La solidarité à petits prix.
Départ aux aurores. Arrivée la nuit tombée. En ce temps-là,
l’idée d’autoroute n’avait pas germé. Elle était sans doute en gestation dans
l’esprit d’un amoureux de la science-fiction, perdue dans l’espace
interstellaire. Que dire des athlètes d’Annaba, de Souk Ahras, de Biskra, d’El
Oued, de Maghnia et de Tlemcen soumis au pire des calvaires routiers ou
ferroviaires?
Les champions d’Afrique, les sélectionnés pour les premiers
championnats du monde de cross et d’athlétisme racontent encore les bouts de
nuits sur les bancs de gare. Au mieux dans les auberges de jeunesse ou les
internats de lycées.
Un temps où le dinar valait son baril de pétrole. Quand le
touriste algérien obtenait 1 700-1 800 FF pour 1 000 DA. C’était
avant que la dévaluation ne renverse la vapeur et que ce même touriste pour 15 000 dinars
ne reçoive que 130-135 euros.
Nous avons souvenir qu’un autre entraîneur, Kamel Benmissi
(pour ne pas le nommer), avant qu’il ne soit porté à la présidence de la FAA,
dans les années 90, nous avait dit un jour qu’en athlétisme « il y
avait à boire et à manger ».
A cette époque où la guerre des idées était virulente, il
faisait allusion à la diversité des opinions, si nombreuses qu’une poule
n’aurait pas retrouvé ses poussins. Chacun des responsables en poste faisait de
son mieux pour ne pas dépenser à tort et à travers, mettant en place une
politique des bouts de chandelles. Parcimonie, quand tu tenais les rênes !
Autres temps, autres mœurs. Benmissi ainsi que ses prédécesseurs
et ses successeurs seront sans doute malheureux d’apprendre qu’en athlétisme,
aujourd’hui, il y a effectivement à boire et à manger. Cette fois-ci, au sens
propre de l’expression. La fédération sait aujourd’hui offrir le gite et le
couvert. Avec l’argent des autres (MJS, COA). Du contribuable.
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