L’année des championnats du monde de Pékin (2015), Zerrifi
avait réussi à faire partie des 40 meilleurs mondiaux sur 3 000 mètres
steeple. Ce classement mondial lui avait permis d’être repêché par l’IAAF. L’instance
mondiale de l’athlétisme pour cette compétition représentant le niveau le plus
élevé de la discipline (ce détail réglementaire ne s’applique pas aux jeux
olympiques), s’octroie ce pouvoir lorsque la nation bénéficiaire n’a pas épuisé
son quota de trois athlètes maximum par épreuves et qu’il faut compléter les
séries (premier tour qualificatif) par des athlètes n’ayant pas accompli les
minima.
Il avait également réalisé les
minima pour les JO avant que le délai ne soit écoulé. Son chrono (et sa place
parmi la meute venue de la Corne de l’Afrique) à Monaco est donc une seconde
performance de confirmation dans une course menée tambour battant. Le must du
must !
Lorsque l’on examine les deux
profils, deux éléments d’appréciation sont favorables à Zerrifi : son
record personnel (8.25.96) établi en 2013 (ainsi qu’un niveau de performance
régulier à 8.30) et son âge (30 ans) qui est celui de la maturité technique. De
plus, Zerrifi a pris part à deux championnats du monde (Moscou 2013 et Pékin
2015) et devrait donc être capable de gérer le stress engendré par ce niveau de
compétition.
Pour le malheur d’ « Abdelhamid
la malchance », un de ses jeunes concurrents, le jeune Ali
Messaoudi (une valeur montante du demi-fond algérien), peu connu avant ce
chrono, a réalisé 8.27.99 (62ème mondial), dans une course organisée
à Alger, le 28 juin dernier, en plein mois de Ramadhan. Ses atouts sont la
jeunesse (20 ans) et un chrono légèrement meilleur de 15 centièmes de secondes.
Un chrono qui est aussi son record personnel. Un record couplé à un potentiel
de progression important. A son désavantage, son inexpérience des compétitions
de cette envergure.
Comme il ne s’agit pas de prendre
parti pour l’un ou pour l’autre, nous décréterons le match nul. Comment
départager les deux protagonistes ? L’idéal aurait été de rassembler les
quatre coureurs (y compris les deux
autres coureurs – Bilal Tabti et Hicham Bouchiha – qui bénéficiaient d’un
avantage chronométrique de plusieurs secondes) dans une sorte de trials à
l’américaine (pour l’ensemble des épreuves), à la kenyane (demi-fond) ou à la
jamaïcaine (sprint) afin de départager les presque ex-æquo. La fédération donne
l’impression d’avoir choisi une autre option : organiser une course pour
Messaoudi.
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, Abdelhamid Zerrifi fait
preuve d’esprit sportif. Il ne remet pas en cause la capacité de Messaoudi à
réaliser le chrono qui lui a été attribué. Ni le chrono. D’ailleurs ce qu’il en
dit est sympathique puisqu’il qu’il le décrit comme « un jeune qui progresse bien ».
Sa cible n’est pas Messaoudi mais la fédération.
Lorsque l’on s’intéresse à Messaoudi, nous devons préciser qu’il avait
tenté de réussir les minima en participant à de nombreuses courses en Europe. Comme
la majorité des athlètes algériens ayant eu la prétention de participer aux
jeux, il s’est épuisé à courir après les minima. Il n’est pas vraiment connu des
spécialistes. L’athlète du CNN est un champion en devenir. Un de ces nombreux
espoirs qui apparaissent régulièrement. Il présente, cela doit être reconnu un potentiel non négligeable (8.36.23 sur le 3 000
mètres steeple et 3.42.86 sur 1 500, à 20 ans, en 2015).
Dans ce contexte rétrospectif, sa meilleure performance 2016 (avant cette
course spéciale « montée » au Sato) avait été obtenue à Montbéliard en
8.31.42. Il avait fini derrière Zerrifi tout en faisant faire à son record
personnel un bond de près de 5 secondes.
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