Ces dernières années, depuis qu’il a entamé son déclin, le sport
algérien connait deux flux migratoires. Dans certaines disciplines, ces
migrations s’apparentent à un exode……présentant un caractère saisonnier. Une
sorte de transhumance humaine, sportive s’inscrivant dans une démarche
identique à celle des moutons de Panurge se jetant à l’eau.
L’athlétisme en est l’exemple frappant. La formule migratoire qui y usitée mérite que
l’on s’y intéresse de près. A s’y méprendre, elle ferait presque des athlètes
la pratiquant une de ces hirondelles annonciatrices du printemps alors que se
profile dans leurs sillages la période automnale. Les athlètes, contrairement
aux volatiles trouvent leur bonheur au Nord où, ces derniers temps, l’actualité
athlétique est animée par une nouvelle vague d’athlètes marocains fragilisés
par leurs quotidiens (détenteurs d’une licence dans les clubs français) sont épinglés
par les contrôles anti-dopage.
Le premier flux migratoire est exportateur. Il est celui qui recrute
parmi les sportifs algériens en activité désireux de rejoindre (pour différentes raisons qu’il faudrait étudier
avec plus de sérieux que nos élucubrations journalistiques) les pays de la rive Nord de la Mare Nostrum, cette mer
du milieu, cette mer Méditerranée qui, au fil des millénaires, a permis les
métissages culturel et civilisationnel et de fonder des mythologies apparentées
d’Est en Ouest, du Sud au Nord et inversement. Pour ces sportifs, très souvent
d’un bon niveau continental, il s’agit de s’insinuer dans l’univers du « professionnalisme
à l’occidentale » avec pour seule et unique ambition d’atteindre
le (très restreint) niveau mondial et olympique.
Il existe un second flux exportateur qui est constitué par des sportifs qui, à la
fin de leurs carrières, se sont convertis en entraîneurs, après un passage par
les ITS et l’ISTS. Leur destination
privilégiée, leur Eldorado est (le plus souvent) celle des limites, des horizons
moyen-orientaux d’où s’élèvent la senteur des pétrodollars émanant de ces pays du Moyen
Orient se construisant un avenir sportif en recrutant à tour de bras dans le
Maghreb central où les sportifs, hier adulés, rencontrent le mépris, le manque
de considération et d’immenses difficultés à exprimer leurs talents.
Etrangement, les médaillés des compétitions régionales, continentales et
mondiales y ont fait au moins un détour : médailles plus un diplôme sont
des atouts non négligeables dans leurs CV qu’ils étoffent.
Pour ces deux catégories, la première motivation est de s’assurer une
situation, d’améliorer celle qui n’est plus aussi confortable et devient
problématique. Libellés en euros ou en dollars, les billets n’ont pas d’importance.
Mais avant, la construction d’un palmarès (en tant qu’athlète ou entraîneur) en
Algérie est une condition sine qua non, un passage obligé.
Le prétexte du professionnalisme
dans l’univers sportif fait partie des mythes modernes. Aujourd’hui, hors des
frontières nationales, le sportif serait
mieux. Depuis 1976, « le
professionnalisme d’Etat » et par la suite ses avatars ont fait
partie du paysage sportif. Il n’est plus ! Mort, il y a un quart de siècle
tout en perdurant dans l’esprit des amateurs de très haute stratégie. Dans tous
les sports (sauf le football qui vit au gré d’une inflation salariale
inversement proportionnelle au talent et aux dettes abyssales), les champions revivent
la situation qui fut celle de leurs aînés.
Le second flux (importateur) est celui qui voit l’arrivée sur les
stades de football d’Algérie de sportifs résidents en Europe. Souvent, ils sont
détenteurs de cette double nationalité leur permettant de jouer au ballon, de
percevoir des salaires dépassant l’entendement et de changer de statut lors du
passage allègre du championnat de France amateur (au mieux le championnat dit
« National ») aux Ligues 1 ou 2 algériennes devenues le West
(ou le Grand Nord) américain popularisé par la ruée vers l’or. Pour beaucoup de
footballeurs, le rêve américain s’est transformé en rêve algérien.
Dans le sens Europe-Algérie, on enregistre également un mouvement
migratoire numériquement moins important initiée par une catégorie particulière
de sportifs. Ils sont animés (pour des motivations qui n’ont pas été examinées
avec le sérieux voulu) par l’ambition de faire partie des équipes nationales
algériennes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire