Lors des deux « crises médiatiques » qui ont
crispé (c’est le moins que l’on puisse dire) les relations entre le mouvement
sportif (ministère de la jeunesse et des sports et comité olympique algérien)
et Toufik Makhloufi à la fin des années 2014 et 2015, nous n’avions pas compris
le background. Loin s’en faut.
Trop de non-dits, trop d’allusions incompréhensibles. Des
reproches sur son train de vie, sur les dépenses engagées, sur ses exigences
dont nul ne voulait dire qu’elles étaient dispendieuses. Des rumeurs sans rien
de tangibles, sans éléments d’appréciation à se mettre sous la dent. Quand
elles étaient vérifiées, étayées, elles étaient tues dans les médias pour ne
pas égratigner une image représentative, une icône nationale…..du faste, du
laisser-aller.
Des chiffres incroyables circulaient alors sur sa prise en
charge par l’Etat. Des sommes énormes non justifiées ou à justifier. Une
comptabilité impossible à arrêter dans les délais face aux atermoiements de la
diva athlétique et des soutiens d’un champion à qui l’on devait passer tous les
caprices. Des milliards de centimes susurrés, glissés dans le tube pneumatique
qui, il y a des décennies, faisait office de distributeur silencieux de
télégrammes. La formation olympique ne s’était pas crue autoriser à utiliser
les réseaux sociaux fracassants. Contrairement à ses opposants qui sauront en
faire bon usage.
Jusqu’à il y a peu, il nous avait été impossible de
comprendre la fureur retenue des responsables devant faire face à une situation
devenu ingérable parce que la fédération d’athlétisme n’avait pas pris la
responsabilité de mettre le holà, ne pouvait expliquer les dépenses fastueuses.
Ou certainement faisait en sorte qu’il en soit ainsi.
Dans un flash-back, revenons à la fin 2015 lorsque le
président du COA avait lâché le morceau, une vérité si amère qu’elle semblait
tendancieuse. Il réagissait à chaud à une polémique enclenchée par Philippe
Dupont (le coach de Makhloufi) - dont nous soupçonnons qu’il a été embarqué à
son corps défendant dans une pièce, dans une opérette du théâtre des boulevards
de Dely Ibrahim – sur fond de visa Schengen non obtenu par son athlète. Un
ratage monumental qui avait modifié les plans de préparation. Les allégations
du président du COA avaient paru relever d’on ne sait quel machiavélisme
maladroit.
Les déclarations du président du comité olympique portaient en
fait le sceau d’une parade défensive. En dire le maximum sans aller trop loin. Selon
lui, le champion olympique était bien pris en charge, sans restriction aucune.
Sauf que le champion exagérait, avait dépassé les limites socialement admises.
Son discours, comme plus tard celui de Brahmia, a été
inaudible. Pour cause, ils traînent (c’est de notoriété sportive) trop de
casseroles. Comme un couple de « just married ». Comme les
personnages publics. Dans tous les secteurs de l’activité humaine. Des
casseroles que leurs opposants savent faire tinter à bon escient.
Une année plus tôt, ce même président du COA avait pris sa
défense (dixit Makhloufi en personne), à
propos d’un stage de préparation à l’étranger, contre le ministre de l’époque.
Le COA avait été l’allié de la FAA dont on sait aujourd’hui qu’elle n’a pas été
aussi désintéressée qu’elle le prétend.
En décembre 2015, en dévoilant certains éléments de la prise
en charge, Mustapha Berraf n’a pas tout dit. Il aurait peut être mieux fait de
tout dévoiler pour mettre à la raison un champion ingérable, selon le président
de la FAA.
Lors de notre déplacement à Alger, nous avons obtenu
l’information. Une information délirante. Une de celle à laquelle on ne
s’attend pas. Celle qui vous fait tomber à terre. Le postérieur en premier,
amortisseur involontaire du choc.
Toufik Makhloufi a remplacé Pantagruel, fils de Gargantua,
héros des romans de Rabelais, auteur français du Moyen Age. Un véritable ogre.
L’équivalent de Polyphème, ce Cyclope que l’aède aveugle grec Homère fit
rencontrer à Ulysse de retour de la guerre de Troie durant l’Odyssée. Un Ghoul
doté d’un appétit impossible à satisfaire. Monstre insatiable fleurissant dans
les contes de nos grands-mères, vivant dans les coins plus reculés de nos
contrées. Mangeur de chair humaine lorsque nos ancêtres se délectaient de
plantes sauvages ramassées dans les champs et les bois, de glands et au mieux
de châtaignes, d’un couscous d’orge ou de seigle
Hébergé à l’hôtel Sheraton, un des hauts lieux de la
nomenklatura, Toufik Makhloufi a présenté à paiement une facture sur laquelle
figure des frais de restauration et de bar s’élevant quotidiennement à environ
75 000 dinars par jour. 37 000 dinars (310 euros) pour la
restauration. 37 000 dinars pour le bar. Nous ne ferons pas de
commentaires. Une indication : le salaire national minimum est
d’environ 16 000 dinars nets (133
euros) (après déduction des cotisations sociales). Une rémunération faisant
vivre une famille pendant un mois.
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