mardi 10 novembre 2015

Clubs professionnels, L’Arbaâ, modèle de la gestion "à l’algérienne "


L’
Arbaâ est une ville moyenne comme il y en a tant dans le pays. Une de ces petites villes d’hier qui se sont  développées, où le béton s’est emparé des terres agricoles. Parmi les plus belles du pays. Celles qui faisaient le bonheur des colons d’avant-hier et des exportateurs de céréales des Hauts Plateaux et d’agrumes de la Mitidja. Un village de l’immense jardin de l’Alger ottomane et de ce que d’aucuns firent la métropole.
On pourrait, sans trop d’efforts intellectuels, comparer l’Arbaâ à d’autres agglomérations moyennes telles qu’El Eulma ou à Tadjenanet qui elles aussi abritent des clubs professionnels de football rivalisant avec les ténors de la Ligue 1. De  moyennes villes, des cités de l’Algérie profonde qui se hissent progressivement au niveau des chefs lieux de wilaya qu’elles ne sont pas et qui prétendent l’être dans le découpage territorial à venir.
En quelques années, l’équipe phare de l’Arbaâ est passée des profondeurs de la hiérarchie footballistique algérienne au niveau supérieur ajoutant chaque année une accession à la précédente. Pendant deux saisons, comme toutes les équipes montantes dont le parcours antérieur fut souvent aussi chaotique, le RCA a fait illusion en se plaçant aux avant-postes de la hiérarchie nationale et en jouant l’année dernière la finale de la Coupe d’Algérie face à une équipe (MO Béjaïa) qui l’avait accompagnée dans l’accession vers le palier ultime.
La persévérance n’est pas indubitablement la qualité première des clubs algériens. On le sait depuis longtemps si ce n’est depuis toujours. Comme si l’inconstance était justement le fondement de leurs démarches, de leurs projets sportifs.  Arrivé en Ligue 1, le RCA s’est vu obliger d’adopter le statut de SSPA (société sportive par actions) perçue comme la panacée aux maux du football national privatisé. Changement de statut, changement de dirigeants (même si une partie importante s’est retrouvée parmi les actionnaires) et de…. président du club devenu président du conseil d’administration d’une SSPA disputant, à son corps défendant, le pouvoir de décision aux anciens joueurs et anciens dirigeants (porteurs de la légitimité footballistique historique dont se vêtent ₺les enfants du club₺), aux supporters constitués en masse populaire et aux élus locaux formant le club sportif amateur dont, pour son malheur, la SSPA est issue et auquel elle est liée par un ombilic réglementaire par lequel transite les aides financières des collectivités locales.
A la première crise fomentée dans les entrailles du CSA, selon une tradition frappant la croissance de tous les clubs, la direction s’est débinée dans le plus beau style des associations sans fondation. Chacun est retourné sous sa tente, à ses affaires personnelles, après avoir annoncé à tue-tête, par presse interposée devenue crieur public des temps modernes, sa démission. Sans aucun respect pour ce formalisme juridique qui aurait du être le seul et unique rempart de la bonne gestion.
A l’Arbaâ, comme sous d’autres cieux, ce sont les bonnes vielles règles de la gestion administrative et comptable qui, semble-t-il, gênent. Du moins, elles seraient à l’origine des dissensions entre actionnaires, dirigeants sportifs amateurs et élus locaux. Ceux-ci évoluent dans un univers où la séparation entre le pouvoir décisionnaire des dirigeants de l’instance exécutive du club et le pouvoir de contrôle de la gestion par les membres du conseil d’administration ne sont qu’une lubie et se confondent dans l’opacité la plus complète. Si complète que les experts en comptabilité et les juristes en perdent les notions les plus élémentaires de leurs professions  respectives.        


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire