samedi 21 novembre 2015

Le paternalisme dans le football pro, L’inféodation érigée en système de gestion


L
es relations dans l’univers du football algérien sont versatiles et hypocrites. Les détours, les évitements, les contournements sont légions. La prétendue autoroute du professionnalisme n’est pas une longue ligne droite. Le parcours est parsemé d’échangeurs………d’alliances. En particulier quand le relationnel est en crise et que d’autres considérations (essentiellement personnelles) prennent l’ascendant sur l’intérêt général. 
Au Mouloudia d’Oran, où depuis quelques semaines les relations entre les différents groupes d’activités se sont détériorées entraînant des situations critiques portées sciemment dans la rue à la fois pour parader devant ses partisans (ou en  attirer de nouveaux qui viendraient renforcer les rangs de la force populaire mise en branle), pour une exposition délibérée des menus faits et gestes (surtout ceux qui pourraient déstabiliser l’opposant) et modifier le rapport de force interne, comme dans beaucoup d’autres associations, c’est dans le bureau du « big boss), le président du conseil d’administration que se traitent les dossiers les plus importants, ceux qui le plus souvent ont un lien avec le paiement des salaires ou des indemnités ou, en début de saison, la contractualisation de la relation entre le nouveau joueur (ou entraîneur) et le premier responsable. Précisons ici pour éviter toute équivoque, que le bureau du « big boss » est celui de son entreprise et non celui à partir duquel il est sensé diriger le club professionnel. Une explication aussi à la transhumance du ₺siège social₺ nomadisant avec les changements incessants de président du club. Un bureau dont l’apparat est étudié pour impressionner les visiteurs (dans le cadre de l’activité professionnelle) et surtout les futurs subalternes (que sont, dans leurs esprits de dirigeants-actionnaires-propriétaires, les joueurs  et les entraîneurs convoités) et dissimuler les difficultés très réelles rencontrées par l’association à but lucratif qu’est la SSPA. Dans beaucoup de club, les bureaux du siège social, respirant l’indigence, est fait pour faire tourner la boite et y sont installés les employés du club.
C’est un système d’inféodation qui régit le fonctionnement des clubs de football professionnels  dont les présidents se délectent des relations d’asservissement de ceux censés être leurs partenaires dans la réalisation d’un projet sportif transformé en moyen de sujétion. Une explication de psychologie de bas étage qui pourrait expliquer les retards de paiements des rémunérations  qui maintiennent les joueurs (et les différents staffs) dans une situation de perpétuelle attente de la prochaine échéance, toujours reportée et d’instabilité mentale propice à une forme de servage…footballistique et aux discours de motivation promettant le paiement d’un salaire ou d’une indemnité si…., en cas de victoire.
C’est à Oran que le système d’allégeance a pu s’illustrer dans toute sa dimension. Il a été de notoriété publique, qu’il y a quelques saisons (au début de l’aventure du professionnalisme), les recrutements n’étaient pas faits par le club, en tant que personne physique, mais par des actionnaires qui s’engageaient à régler les salaires, le faisaient pendant quelques mois avant de disparaitre dans la nature à la moindre anicroche avec les associés, laissant le joueur ou l’entraîneur se débattre dans un véritable marais administratif dont la première victime (outre le salarié) était le club soit disant employeur. Pour la défense d’Oran (et surtout du MCO qui en a pâti plus que d’autres), disons que la pratique a eu cours sur tout le territoire national et que de grands clubs l’ont expérimenté chaque fois que les caisses étaient vides. La JSK, le CSC et le Mouloudia d’Alger (d’avant la Sonatrach) n’auraient pas fait exception à cette règle.
Les crises et les alliances sont passagères. Oran, à son corps défendant, le prouve. Les ₺disputes ménagères₺ et les réconciliations sont fugaces. Des hochets (voyager dans le bus de l’équipe, pouvoir être proche des joueurs) suffisent à étouffer des ressentiments que la vox populi dit inextinguibles. Mais, la rancune peut être tenace attendant, comme un aspic  tapi dans la corbeille de fruits de Cléopâtre, que l’opportunité se présente. Dévoiler le numéro de compte bancaire à des créanciers, ses propres partisans, ses hommes-liges ou des commerçants appartenant à son cercle personnel, pour se faire payer des dettes restées impayées.      

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