dimanche 15 novembre 2015

Mouloudia d’Oran, La passion enivrante du football


A
 Oran que l’on surnomme « El Bahia », le football comme partout ailleurs dans le pays et peut être plus que partout ailleurs, est une passion enivrante qui fait perdre à tout un chacun  les limites de la raison.
Il nous faut reconnaitre avant tout qu’Oran et sa région sont un espace géographique où le talent na jamais été absent. L’histoire regorge du nom des magiciens de la balle ronde. Pas seulement l’histoire. Le vivier oranais est si prolifique et les clubs de renom (ou du moins continuant à faire partie de l’élite nationale) si peu nombreux qu’ils en ont été contraints à des mouvements migratoires internes si nombreux que beaucoup d’observateurs ont transformé cette mobilité professionnelle en une sorte d’instabilité. Certains d’entre eux se sont même interrogés sur les motivations qui les animaient. Sans trop les trouver. Ou peut être sans trop approfondir la question au risque de se retrouver dans des situations ambigües dont il serait difficile de s’extirper.
Les sciences sociales et humaines expliqueront, sans doute un jour quand les universitaires algériens voudront bien se pencher sur les thématiques sportives, la passion envoutante, enivrante qui animent les supporters et les dirigeants du Mouloudia d’Oran, nés par un curieux hasard dans les quartiers populaires de la vieille ville avant que les migrations intra urbaine ne les conduisent vers les cités dortoirs des nouvelles villes. Les mouloudéens à Oran comme à Alger ou encore Béjaïa ont, de longue date, fait leurs nids dans les ruelles étroites, sinueuses et protectrices des casbahs médiévales, dans ces maisons mauresques popularisées par Dar Sbitar de Mohamed Dib.
Dans ces fiefs de Mouloudia, marqueurs d’une naissance ou de renaissance, résonnent (selon les circonstances) les cris de joie ou de colère mais essentiellement cette effervescence synonyme de vie en communauté, de microsociétés repliées sur elles mêmes, intimement isolées du reste l’univers bien qu’utilisant, comme outils de communication, les gadgets modernes mis à leurs disposition.
Depuis quelques années, le Mouloudia d’Oran survit. Il vit en réalité sur les vestiges de son passé, ressassant dans des récits sans fin un passé footballistique plus qu’honorable, ressuscitant les exploits sportifs d’hier, les jours heureux d’une période légendaire où de subtils et alertes manieurs de ballon formés des légions.
La version actuelle du Mouloudia d’Oran est à classer dans l’inénarrable sur un fond d’histoires qui auraient, il y a quelques décennies, ravi les bambins, regroupés dans les mansardes autour de kanouns aujourd’hui remplacés par des chauffages au gaz, apprenant de leurs ainés l’autodérision et le sens du ridicule qui ne tue plus. Des récits, empreints de cet humour populaire corrosif qui seyait si bien aux supporters inconditionnels prompts à tous les excès langagiers, où figurerait la narration hautement picaresque de ce jour désastreux où cette équipe chère au cœur des Hamraoua se présenta sur un stade en double : deux équipes de joueurs chacune ayant son staff technique et son groupe d’accompagnateurs. Une situation si guignolesque que leurs adversaires du jour, qui recevaient le Mouloudia, crurent un instant que c’était les effets visuels dévastateurs  d’une piquette. Les amoureux du Mouloudia appréhendent un retour à ce gente d’agissements préjudiciables à l’honorabilité des couleurs du club.
Depuis quelques semaines, des dissensions sont apparues. D’abord, entre les membres du staff dirigeant classés entre les membres « actifs », excessivement présents,  et les autres que, par un de ces raccourcis qu’apprécient les esprits aiguisés, on pourrait qualifier de « passifs », si peu présents qu’ils sont souvent en situation d’absentéisme lorsque leur présence est nécessaire. Ensuite, entre les membres si actifs et si représentatifs qu’ils en viennent à piétiner les territoires où, dans la logique des relations fonctionnelles régissant le bon fonctionnement de l’organisation, leur activisme n’est pas souhaitable.

Pour agrémenter la pièce théâtrale relevant du répertoire de la comédie de boulevard, les acteurs principaux se cherchent et ne se trouvent pas. Leurs emplois du temps se chevauchent, leurs horaires ne concordent pas….Pendant ce temps, les décisions importantes ne se prennent pas, sont repoussées aux calendes grecques, les réunions de travail sont reportées et, les personnages….. ne peuvent et ne veulent pas se parler.

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