vendredi 6 novembre 2015

Corruption à l’IAAF, Inspiré du modèle mafieux de "la famiglia"


L
es hautes sphères du mouvement sportif international, c'est-à-dire les dirigeants du niveau le plus élevé qui soit dans les fédérations internationales les plus importantes, la FIFA et l’IAAF sont en prises avec la justice. On ne compte plus ceux qui sont inculpés, mis en examen par des tribunaux et ceux qui sont suspendus ou mis à l’écart par les comités d’éthique engagés dans une action prétendument salvatrice.
Après Blatter, Platini, Bin Hamman, Waner, Texeira et consorts, tous très hauts dirigeants (président et vice-présidents) de la fédération international la plus riche (FIFA), c’est l’instance faîtière (IAAF) de la première discipline olympique (l’athlétisme) qui est confrontée aux juges d’instruction, procureurs et autres enquêteurs de la justice civile après que des investigations internes aient eu lieu.
Dans les deux cas, les dirigeants impliqués le sont sous les accusations de corruption et de blanchiment d’argent. Les uns (dirigeants de la FIFA) pour avoir perçu des pots-de-vin au cours du processus d’attribution de Coupes du monde de football et les autres (ceux de l’IAAF), selon les informations distillées, pour fermer les yeux sur des cas de dopage avérés, le fléau de ces épreuves athlétiques qui de plus en plus suscitent suspicion.
Dans l’ « affaire Lamine Diack », du nom de l’ancien président de la fédération internationale d’athlétisme dont le mandat est arrivé à expiration à la fin du mois d’août dernier, à la veille des derniers championnats du monde de la discipline, les prémisses seraient apparus dès 2011 et se seraient médiatiquement emballés à la fin de l’année 2014 avec la participation d’une chaîne de télévision publique allemande (ARD) et le titre de référence de la presse sportive quotidienne française (L’Equipe) puis au début de l’été, à l’approche des championnats du monde de Pékin, la presse britannique dont le Guardian et le Sunday Telegraph.
Il y a près d’un an, L’Equipe révélait qu’une enquête interne avait été ouverte par l’IAAF. Celle-ci aurait été motivée par des accusations portées contre la fédération russe d’athlétisme (ARAF) par un agent sportif américain d’origine russe, Andreï Baranov. Ce manager avait  déposé plainte auprès de la commission d’éthique de l’IAAF pour dénoncer le fait que l’ARAF aurait réclamé de l’argent à l’une de ses athlètes (la marathonienne Liliya Shobukhova) pour masquer les données anormales de son passeport biologique. Le même jour  (3 décembre 2014), un documentaire sur la chaîne allemande ARD mentionnait aussi cette affaire.
L’ARAF aurait extorqué à la marathonienne la somme de 659  000 euros dont 200 000 auraient été rétrocédés à la « Famille Diack », composée, selon l’enquête de l’AMA et d’autres journaux, de Lamine Diack, ses fils Papa Masetta et Lamine, Valentin Balakhnichev (président de l’ARAF), l’entraineur russe Melnikov, Gabriel Dollé (chef du département antidopage) et Habib Cissé (conseiller juridique de l’IAAF) pour pouvoir participer aux Jeux de Londres, en 2012, malgré des paramètres sanguins anormaux sur son passeport biologique.
Le rapport de cette commission indépendante  formée de 3 personnes (un avocat, ancien président de l’AMA, le chef du département de cybercriminalité de la police de Bavière et un membre du tribunal arbitral du sport auraient entendu une quinzaine de témoins (athlètes extorqués, lanceurs d’alerte au sein de l’IAAF et experts de l’antidopage) et auraient conclu que la Fédération russe d’athlétisme a fait chanter plusieurs sportifs, sous promesse de couvrir auprès de l’IAAF leur suspicion de dopage, que les plus hauts dirigeants de la Fédération internationale d’athlétisme étaient complices, qu’une athlète turque (Asli Alptekin, championne olympique du 1 500 mètres à Londres) a été victime du réseau de corruption,  et que l’ex-président de Lamine Diack, a été alerté à plusieurs reprises sans réagir.
Finalement suspendue deux ans (en avril 2014) à cause de données anormales sur son passeport biologique, Liliya Shobukhova aurait ensuite demandé (à l’instigation de l’AMA ?) et obtenu en partie le remboursement de son argent (qui aurait transité par la Russie, Singapour, Dakar et Monaco, soit un mécanisme de transfert de fonds occultes digne des opérations de blanchiment d’argent) par le biais d’une société à Singapour dont le propriétaire serait un collaborateur de Papa Massata Diack (consultant en marketing de l’IAAF) soupçonné par ailleurs d’être impliqué dans la revente au marché noir des billets de la Coupe du monde de 2014 (Brésil). Quelques jours après avoir quitté l’IAAF Papa Massetta Diack avait été accusé par le Guardian d’avoir sollicité 5 millions  de dollars au Qatar, candidat à l’attribution des championnats du monde d’athlétisme en 2017.


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