mercredi 20 juillet 2016

De Jama à Hamza (2), Un parcours parsemé d’anomalies

La courte carrière de Hamza Driouch, survolée très rapidement dans notre précédente chronique, est le témoignage de la précocité sportive du jeune athlète et d’un cortège d’anomalies que les observateurs de l’athlétisme ont certainement remarqué.

 A 16 ans à peine, en cadet 1ème  année, Hamza a réalisé un niveau de performance  que ses prédécesseurs maghrébins (Aouita, Morceli, El Gueroudj) et tant d’autres grands champions avant et après eux, n’ont réalisé que bien plus tard (au sortir de la catégorie junior pour les plus précoces) vers 20 ou 21 ans pour les autres.  En restant, cela va de soi, dans un cadre normal de réflexion, c’est-à-dire sans faire appel à l’amélioration des performances par les produits pharmaceutiques qui aujourd’hui le mine, nous noterons que le pays natal de Hamza (le Maroc) est devenu, depuis les années 80, une terre d’élection pour les courses de demi-fond.

Au début des années 90, des enseignants d’EPS et entraineurs d’athlétisme (dont l’un nous fut présenté comme le découvreur et formateur initial de Saïd Aouita) rencontrés en trois occasions différentes (championnats d’Algérie scolaires d’athlétisme à Sétif en 1990, championnats maghrébins d’athlétisme d’Alger toujours en 1990 et ensuite deux années plus tard aux championnats maghrébins scolaires de cross-country 92 à Saket Sidi Youcef, ville frontalière tunisienne, martyre de la guerre de libération nationale) nous avaient expliqué que, à cette époque-là, l’organisation de l’athlétisme marocain s’était largement inspirée de l’organisation sportive algérienne (issue de la réforme sportive de 1976) avec adjonction de centre régionaux et nationaux conciliant études et pratiques sportives, une sorte de lycées sports-études ou d’académies (spécialisées en athlétisme) qui feront plus tard leurs apparition en Algérie (en pluridisciplinarité ou sous forme d’académies du football telles que celle du Paradou AC ou celles de la FAF).

 Il est impensable qu’à cet âge-là, on puisse entrevoir, ne serait-ce que pendant une microseconde, qu’il soit fait usage de produits interdits. On comprend donc la stupéfaction des observateurs de l’athlétisme mondial en apprenant au début de l’année 2015 que le jeune champion avait été sanctionné d’une suspension de deux années qui prendra fin donc en janvier 2017. Le plus étonnant est que Hamza Driouch n’a pas été contrôlé positif à un produit donné à l’entraînement ou en compétition. Il l’a été pour des anomalies de son profil biologique enregistré dans son PBA (passeport biologique de l’athlète). Pour les spécialistes de la question, ayant bien voulu s’expliquer sur ce thème, la décision a été difficile à prendre en raison des problèmes inhérents à l’interprétation des graphiques qui ne peuvent constater des irrégularités que suite à une observation étalée dans le temps qui permet de détecter des pratiques douteuses illustrées par des courbes décalées.

En raison de son jeune âge et de son niveau de performance, Hamza Driouch a été suivi de près. Les informations publiées dans la presse internationale indiquent que ces anomalies remonteraient à 2012, pendant la période où il a été entraîné par Jama Aden, ex coach de son compatriote Abdi Bile, de quelques stars du demi-fond mondial telles que Boubaker Kaki et Toufik Makhloufi et présentement coach de Genzebe Dibaba, de Musaeb Abdellah, du Djiboutien Souleyman. L’anomalie serait datée du mois d’août 2012. L’année de sa nouvelle nationalité qatarie et de son record personnel à 3.33.69 établi lors du meeting de Doha, le meeting de la capitale du Qatar, disputé en début de  saison.

Ce qui est incompréhensible, c’est que Driouch connait, au cours des années suivantes, et avant sa suspension, un net recul de ses performances. La période au cours de laquelle il s’entraîne avec Jama ne lui est apparemment pas profitable. La conclusion est que Driouch a été à son top niveau pendant la période où il était  ressortissant marocain et au cours de la période de transition.


Tout semble limpide. Trop peut-être. Une année après sa suspension, Hamza révèle que cette histoire connue et rapportée par toute la presse n’est pas la réalité. 

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