La courte carrière de Hamza Driouch, survolée très rapidement dans
notre précédente chronique, est le témoignage de la précocité sportive du jeune
athlète et d’un cortège d’anomalies que les observateurs de l’athlétisme ont
certainement remarqué.
A 16 ans à peine, en cadet 1ème année, Hamza a réalisé un niveau de
performance que ses prédécesseurs
maghrébins (Aouita, Morceli, El Gueroudj) et tant d’autres grands champions
avant et après eux, n’ont réalisé que bien plus tard (au sortir de la catégorie
junior pour les plus précoces) vers 20 ou 21 ans pour les autres. En restant, cela va de soi, dans un cadre
normal de réflexion, c’est-à-dire sans faire appel à l’amélioration des
performances par les produits pharmaceutiques qui aujourd’hui le mine, nous
noterons que le pays natal de Hamza (le Maroc) est devenu, depuis les années
80, une terre d’élection pour les courses de demi-fond.
Au début des années 90, des enseignants d’EPS et entraineurs
d’athlétisme (dont l’un nous fut présenté comme le découvreur et formateur
initial de Saïd Aouita) rencontrés en trois occasions différentes (championnats
d’Algérie scolaires d’athlétisme à Sétif en 1990, championnats maghrébins
d’athlétisme d’Alger toujours en 1990 et ensuite deux années plus tard aux championnats
maghrébins scolaires de cross-country 92 à Saket Sidi Youcef, ville frontalière
tunisienne, martyre de la guerre de libération nationale) nous avaient expliqué
que, à cette époque-là, l’organisation de l’athlétisme marocain s’était largement
inspirée de l’organisation sportive algérienne (issue de la réforme sportive de
1976) avec adjonction de centre régionaux et nationaux conciliant études et
pratiques sportives, une sorte de lycées sports-études ou d’académies
(spécialisées en athlétisme) qui feront plus tard leurs apparition en Algérie
(en pluridisciplinarité ou sous forme d’académies du football telles que celle
du Paradou AC ou celles de la FAF).
Il est impensable qu’à cet
âge-là, on puisse entrevoir, ne serait-ce que pendant une microseconde, qu’il
soit fait usage de produits interdits. On comprend donc la stupéfaction des
observateurs de l’athlétisme mondial en apprenant au début de l’année 2015 que
le jeune champion avait été sanctionné d’une suspension de deux années qui prendra
fin donc en janvier 2017. Le plus étonnant est que Hamza Driouch n’a pas été
contrôlé positif à un produit donné à l’entraînement ou en compétition. Il l’a
été pour des anomalies de son profil biologique enregistré dans son PBA (passeport
biologique de l’athlète). Pour les spécialistes de la question, ayant bien
voulu s’expliquer sur ce thème, la décision a été difficile à prendre en raison
des problèmes inhérents à l’interprétation des graphiques qui ne peuvent
constater des irrégularités que suite à une observation étalée dans le temps
qui permet de détecter des pratiques douteuses illustrées par des courbes
décalées.
En raison de son jeune âge et de son niveau de performance, Hamza
Driouch a été suivi de près. Les informations publiées dans la presse
internationale indiquent que ces anomalies remonteraient à 2012, pendant la période
où il a été entraîné par Jama Aden, ex coach de son compatriote Abdi Bile, de
quelques stars du demi-fond mondial telles que Boubaker Kaki et Toufik
Makhloufi et présentement coach de Genzebe Dibaba, de Musaeb Abdellah, du
Djiboutien Souleyman. L’anomalie serait datée du mois d’août 2012. L’année de
sa nouvelle nationalité qatarie et de son record personnel à 3.33.69 établi
lors du meeting de Doha, le meeting de la capitale du Qatar, disputé en début
de saison.
Ce qui est incompréhensible, c’est que Driouch connait, au cours des
années suivantes, et avant sa suspension, un net recul de ses performances. La
période au cours de laquelle il s’entraîne avec Jama ne lui est apparemment pas
profitable. La conclusion est que Driouch a été à son top niveau pendant la
période où il était ressortissant
marocain et au cours de la période de transition.
Tout semble limpide. Trop peut-être. Une année après sa suspension,
Hamza révèle que cette histoire connue et rapportée par toute la presse n’est
pas la réalité.
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