mercredi 27 juillet 2016

« Mo » Farah (4), Dans la foulée de Salazar et de Rupp

R
elater la biographie d’un champion n’est pas chose aisée. Elle l’est encore plus lorsque celui est encore en  activité et que sa carrière sportive est entachée par des à-côtés peu élogieux comme peuvent l’être toutes les circonstances liées à la tricherie pharmaceutique.

Pour les athlètes (pratiquants l’athlétisme s’entend), cette mission s’avère plus ardue compte tenu de la confidentialité de la discipline. En dehors des grands événements qui mobilisent les médias et qui en ces occasions ne font pas œuvre pédagogique puisque tournés vers le sensationnel traduit d’abord en meilleure performance mondiale, en records du monde ou des jeux et enfin en ces informations croustillantes alimentant les commentaires Facebook et autres réseaux sociaux.

Raconter en quelques lignes la carrière d’un champion dans les colonnes de la presse est une suite de facilités scripturales et de raccourcis réduisant à la limite du possible les résumés proposés par des journalistes généralistes zappant allégrement les informations intéressant les passionnés. C’est le travers de nos précédentes chroniques ayant pour objet Mo Farah. L’entraînement suivi, les différentes périodes, l’apport de chacun des entraineurs dont on ne connait pas avec précision le début et la fin de la relation avec le champion, les généralités méthodologiques etc. ne sont pas éclairants alors qu’ils auraient pu dissiper une partie de la brume qui entoure sa progression de ces dix dernières années.

Contrairement à ce que l’on a tendance à croire, la suspicion entoure Mo Farah dès 2010. Une année avant qu’il ne rejoigne (en février 2011) Alberto Salazar accusé, par les médias britanniques (en particulier the Daily Mail) dans le sillage des autorités américaines, d’incitation au dopage, Mo Farah est signalé en « no show » (absent du lieu où il est sensé se trouver, selon les indications qu’il porte lui-même sur le système dit Adams de localisation permanente des athlètes d’un certain niveau).

Quelques semaines plus tard après l’officialisation de leurs relations (au printemps 2011), Mo Farah fait l’objet d’un second « no show », d’une absence à un contrôle inopiné des inspecteurs de l’UKAD (agence britannique antidopage) à  son domicile à Londres. Sa justification est qu’il n’a pas entendu la sonnerie à sa porte.

En ce temps-là, la réglementation prévoyait une suspension maximale de deux ans pour trois « no shows » en 18 mois. Depuis code mondial antidopage de 2015, la dite durée a été ramenée à 12 mois. Pour corser le tout et indiquer l’inquiétude de l’athlète, le Daily Mail fait état d'un échange de correspondances entre l'athlète (s'inquiétant sur les conséquences de ces deux absences et d'une éventuelle suspension) et Alberto Salazar qui lui répond (le 5 mai 2011): « Si tu rates encore un test, ils vont te pendre ». Une réponse qui laisse à penser qu’Alberto Salazar est un entraîneur « clean » qui ne plonge pas dans les affaires de dopage.

Mais, ainsi que nous l’avons écrit à propos d’Aden Jama, la réussite fait naitre la suspicion. Depuis 2004, son protégé l’Américain Galen Rupp survole le demi-fond long avec d’abord ses records juniors des USA -3 000 m (7.49.16), du 5 000 m (13.37.91) et du 10 000 m (28.15.52) - puis sa longue série ininterrompue (depuis 2009) de titres nationaux. Ses records personnels (tout comme ceux de Mo Farah, son partenaire d’entraînement) affolent les commentateurs et inspirent le doute (5 000 m : 12. 58.90, le 2 juin 2012 ; 10 000 m 26. 44.36 le 30 mai 2014 ; 1 500 m : 3. 34.15, le 5 septembre 2014 ; marathon : 2 h 11 min 12 s le 13 février 2016). Le grand écart entre le 1 500 et le 10 000 réalisé en à peine 3 mois sur deux distances ne faisant pas appel aux mêmes qualités attirent l’attention. Il en est de même pour Farah alignant deux records d’Europe aussi bien sur 1 500 m (3.28.81 le 19 juillet 2013 que sur 10 000 (26.46.57 deux années plus tôt le 3 juin 2011) ainsi que des records personnels incroyables (3 000 m           en 7.32.62 le 5 juin 2016; 5 000 12.53.11 le 22 juillet 2011.


Disons également que Mo Farah n'apparaît pas dans l'enquête de l'Usada (agence antidopage américaine), révélée en  début juin 2015 par la BBC, chaîne de télévision britannique de référence qui cible en revanche son partenaire d'entraînement (Galen Rupp) et leur entraîneur (Alberto Salazar).

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