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ne année après sa suspension, Hamza Driouch, resté muet sur cette
mésaventure interrompant sa carrière sportive, sort de son silence. En prenant
la parole, il dénonce Aden Jama qui fut son entraîneur. Sa version des faits chamboule le récit que
nous avons relaté dans notre précédente chronique.
Cette prise de parole nous renvoie à l’époque lointaine, celle où nous
prenions place sur les bancs de l’université de Constantine. En un temps où
l’on s’intéressait à la rupture épistémologique saussurienne et ensuite aux
thèses de Vladimir Propp portant sur l’analyse structurale des contes
fantastiques russes posant, au début du 20ème siècle, les bases de
l’organisation des séries télévisées : un héros, une quête, des partisans,
des opposants. Un récit débutant par un moment de bonheur interrompu par la
malveillance, se poursuivant de rebondissements en rebondissements initiés par
les amis ou les adversaires et s’achevant par une nouvelle période heureuse
prélude à une autre aventure, à d’autres aventures.
En janvier 2016, Hamza Driouch a pris attache avec des journalistes
français s’intéressant de près au phénomène du dopage. L’histoire telle que relatée
dans notre précédente chronique connait des bouleversements. Hamza Driouch
raconte qu’il aurait débuté l’athlétisme dès l’âge de 14 ans. Une petite
remarque. En déclarant avoir débuté en septembre 2009, il s’est rajeuni d’une
année alors qu’il s’apprête à fêter son 15ème anniversaire (il est né en novembre 1994).
Rien de bien grave d’autant qu’il n’a pas soufflé les bougies du gâteau
d’anniversaire qui marque symboliquement le passage d’une année à l’autre. A
moins que, comme dans beaucoup de pays du continent, sa date de naissance ne
soit pas connue avec exactitude, ou qu’elle n’est pas été portée à la
connaissance des services de l’état civil pour enregistrement dans les temps.
On apprend également qu’il est parti, plus tôt qu’affirmé, du Maroc
pour rejoindre le Qatar. La date de l’émigration vers la pétromonarchie n’est
pas indiquée. Il dit seulement c’est qu’il s’est entraîné durement avec Jama
Aden et que son « problème de dopage a commencé en 2011 ».
Connaitre la date du décès de son père, la date à laquelle il a rejoint son
frère, homme d’affaires au Qatar, lèverait certainement une partie de ce voile
d’opacité qui se dégage des informations qu’il propose et des bribes que l’on
connaissait auparavant.
Driouch n’est pas dans le discours langue de bois. Il met
explicitement en cause Aden Jama, cet entraîneur en qui il croyait et qui
aurait trompé sa confiance à une époque où il ne connaissait rien « sur
les médicaments, les vitamines ». Heureusement d’ailleurs, se
dit-on. Un décompte rapide nous indique que, lorsque débute le problème (selon
les indications de Driouch), il aurait juste 17 ans.
En 2011 et 2012, Hamza Driouch était donc au Qatar, s’entrainant avec
Aden Jama. La logique, le déroulement de la précédente chronique est modifié.
C’est avec ce dernier (Aden Jama) qu’il aurait donc réalisé ses meilleures
performances. Pas avec un entraîneur marocain. Celui-ci apparait pendant les
deux années suivantes (2013 et 2014), celles où son niveau de performance
régresse. Deux années où «il se sentait très fatigué ». Deux
années où il s’entraine avec Abdelkader Kada, ancien entraîneur de Hicham El Gueroudj,
recruté par le Qatar.
Hamza explique son changement d’entraîneur parce qu’il ne se sentait « pas
en sécurité avec Jama Aden ! ». A une question du journaliste qui lui
demande si c’était à cause des médicaments il répond « Exactement ! » sans pouvoir
dire cependant de quoi il s’agissait : « Je ne sais pas exactement.
A cette époque, j’étais trop jeune, je ne comprenais pas ce qui se passait ! Il
me donnait des vitamines, il disait que c’est bon pour la récupération».
Cette affirmation ne correspond pas tout à fait à ce que nous verrons
prochainement.
Plusieurs mois plus tard, alors qu’Aden Jama annonçait le futur record
de Genzebe Dibaba, le coach qatari, interrogé sur cette affaire de dopage
d’Hamza Driouch, affirme ne pas savoir ce qui s’est passé. Une réaction logique
d’une personne controversée et voulant se tenir à l’écart de ces scandales qui
écorneraient une réputation déjà mal en point.
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