samedi 25 février 2017

Transpondeur (2), Entre don et acquisition

Dans une précédente chronique (« Transpondeur, Que de complications »), nous avions abordé un thème rendu complexe par les agissements peu orthodoxes de la fédération. Cette chronique s’était appuyée sur trois documents. Un nouveau document porté à notre connaissance le rend plus opaque.
Le dossier en question est celui de l’acquisition d’un transpondeur, appareil de chronométrie destiné essentiellement  à une trentaine de courses sur routes et aux cross country  reposant sur l’utilisation de dossards à puce.
Ce qui avait attiré alors notre attention est que l’utilisation de ce matériel serait assujettie à la présence de techniciens marocains et que, selon des indiscrétions de spécialistes, ce matériel ne serait pas un des plus performant et qu’il serait plus onéreux que ceux disponibles sur le marché.
Les documents, ainsi que nous l’avons indiqué, laissent  peser une très forte suspicion.
Le premier document a été établi le 15 septembre 2014, par la société domiciliée aux Pays Bas (2 CRAS, « 2 Continents Running Athlètes Support ») présente les caractéristiques d’une facture pro-forma d’un montant global de 43 174 euros. Cependant, rien n’indique formellement qu’il s’agit d’une facture pro-forma et encore moins d’une facture.
Le second document est  daté du 13 novembre 2014. Il  émane du fournisseur MYLAPS (domiciliée aux Pays Bas). Celui-ci  indique que la société « Running Sport International » (domiciliée au Maroc) a vendu à la fédération algérienne d’athlétisme un équipement de chronométrie. Nous avions noté que celui-ci ne correspond pas exactement au descriptif contenu dans le document envoyé par « 2 CRAS ». Un examen des documents montre l’existence d’un lien commun entre « 2 CRAS » et « Running Sport International » en la personne du gérant de ces deux compagnies : Rachid Ben Meziane.
Le troisième document est un courrier du 12 novembre 2015 adressé par la FAA à monsieur le chef d’inspection divisionnaire des douanes de l’aéroport d’Alger.
Le président de la FAA y écrit que le matériel de chronométrie a été acquis auprès de « 2 CRASS » (alors que selon Mylaps, fournisseur du matériel, le vendeur serait « Running Sports International »). Il note que la facture est établie au nom du COA et que la LTA (lettre de transport aérien) est libellée à celui de la FAA.
Selon le président de la FAA, ce matériel aurait dû être utilisé à l’occasion du 1er marathon international d’Alger (1er novembre 2014). Malheureusement, le matériel n’ayant pas été dédouané, il n’a pas été utilisé contrairement aux attentes.
Le même président de la fédération souligne que, compte tenu des difficultés financières rencontrées par la FAA, le paiement de la facture d’acquisition et le  dédouanement sont supportés par le COA. Nous soulignerons que dans un système cartésien, dans le souci d’éviter les complications apparues dans la distinction acquéreur (COA) et destinataire (FAA), il aurait été logique que pour cette opération la fédération contracte un prêt auprès du COA et acquière la double qualité d’acheteur et de destinataire.
Il explique également que le matériel n’a pu être dédouané en raison de lenteurs administratives, de l’indisponibilité de responsables et du départ du fonctionnaire du COA chargé du dossier.
Nous avions observé que c’étaient les méandres de la démarche fédérale qui auraient conduit au retard du dédouanement du matériel. Ces méandres ont obligé  le  COA et la fédération d’athlétisme à entreprendre une autre démarche empruntant la voie notariale qui a certainement amené un transfert de la propriété (établie par la facture) du COA à la FAA.
Le nouveau document est daté du 13 octobre 2014. Dans ce courrier « la fondation 2 Continents Running Athlètes Support » indique qu’elle « s’attache à vous effectuer un don en matériel d’un système de chronométrage de la course d’une valeur de 43 174 euros ».
Nous sommes donc en présence (sur le plan épistolaire) de deux situations : d’un don et d’une acquisition ou d’un don qui a muté en acquisition. Cette dernière option signifiant que le matériel susceptible d’être acquis gratuitement a finalement fait l’objet d’un paiement.

Ces deux variantes sont possibles en l’absence d’autres informations.  L’une d’elle implique l’examen du registre d’inventaire des biens mobiliers et immobiliers de la fédération. Il pourra en effet répondre à des questions très simples: combien de transpondeurs ont été enregistrés ? Quelles sont les informations relatives au mode d’acquisition qui sont portées en observation ? 

vendredi 24 février 2017

Contrat-programme (5), Mutisme et cécité du président

Selon son ministre plénipotentiaire, ce serait au mois de juillet, à l’heure de la signature du contrat-programme, que le président de  la FAA aurait appris que ses prévisions budgétaires (24 milliards de centimes) ont été réduites de, nous dit-on, 75%. La propension à l’exagération  de « notre ami » est connue. La réduction est certes importante mais n’atteint pas le niveau indiqué (légèrement supérieure à 55%).
Bien que les objectifs aient été maintenus, le président a apposé sa signature (en toute connaissance) sur le document qui l’engage vis-vis des autorités. Il sait pourtant (du moins il le devrait) que la fédération est déjà en dépassement. Le commentateur ne nous dit pas si le président de la FAA a dégagé sa responsabilité. Ce dont nous doutons. Dans notre société sportive, il est plus facile à un président de fédération de fustiger un entraîneur ou un dirigeant de ligue que d’exprimer sa pensée à un représentant du ministère et qui plus est au secrétaire général.
Les organisations algériennes ne communiquent pas. Elles ont un penchant notoire pour le culte du secret. Un mode de gestion qui pourrait bien faire partie des traditions héritées d’abord de la guerre de libération et d’un système de gouvernance depuis l’Antiquité, s’appuyant pour perdurer sur l’oralité et les pratiques clientélistes.
Pour ce qui nous concerne ici, les trois instances du mouvement sportif (FAA, COA, MJS) n’ont pas suffisamment joué cartes sur table. Cette attitude devenue normale conduit à des situations qui profitent amplement aux agitateurs et activistes du mouvement sportif. Nous avons (en partie) pu le voir avec « la crise de Rio ».
Les éléments de compréhension de TOUTE la situation n’ont pas été portés à la connaissance du grand public. Sauf, lorsqu’ils arrangeaient une des deux parties en présence à savoir le couple Mahour Bacha-Amar Bouras (le sommet de l’iceberg FAA) et la CPO/COA.
Des informations éparses ont laissé entendre que l’année 2016 a fait, en matière budgétaire, d’un traitement particulier en concentrant entre les mains de la CPO/COA la manne financière consacrée à la préparation des jeux olympiques. Les détails de cette nouvelle formule n’ont pas été divulgués.
Mais, on sait que les fonds destinés à prendre en charge la préparation des athlètes concernés par la préparation olympique (JO et JM) ont été confiés à la CPO. Nous devons comprendre que certains de ces besoins exprimés, certainement compris dans les prévisions budgétaires fédérales, ont été transférés de facto à la préparation olympique.
Souvenons-nous, dixit Amar Brahmia dans plusieurs déclarations télévisées, que la préparation olympique a été soumise et tranchée par une commission mixte MJS-COA et que la CPO a été seulement une courroie de transmission entre les différents organes décideurs dont à la base les fédérations.
Les bribes recueillie de-ci de-là semblent indiquer que la crise financière qu’a inévitablement connu le MJS a impacté l’ensemble du mouvement sportif. Selon Berraf, le président du COA, l’instance nationale olympique s’est retrouvée dans la situation de prêteur vis- vis du MJS qui aurait remboursé les fonds avancés par le COA à la fin de l’exercice 2016.
Avant sa démission au retour des JO de Rio et suite à l’épisode disciplinaire  Fezouine (président de la fédération de cyclisme), le président de la FAA a occupé les fonctions de 1er vice-président du COA et, pendant quelques semaines, celle de président par intérim du comité olympique absent pour raisons de santé grave.
De par les importantes fonctions qu’il a occupées, le président de la FAA était donc informé des tenants et aboutissants. Nous somme amenés à penser qu’il ne fut pas surpris par le contenu du contrat-programme qu’il a signé.
Rappelons aussi la doctrine (prônée selon  Mahour Bacha par Saïd Lounnas, ex-président de la fédération et directeur central au MJS) de la fédération qui serait fondatrice des politiques fédérales  depuis les années 1990. Celle-ci considère qu’il faut augmenter les dépenses à porter au compte du COA chaque fois que cela est possible et de les réduire lorsque la prise en charge est fédérale.

Le montant des dettes de la FAA - revu à la baisse (il serait, selon une situation présentée récemment en bureau fédéral, compris entre 7 et 8 milliards) – comportait (avant l’arrêt du bilan) un dépassement de 50% incompréhensible des dépenses consacrées à la préparation des équipes nationales. Les jeux méditerranéens annulés étant pris en charge par le COA au même titre que la préparation des JO. 

jeudi 23 février 2017

Contrat-programme (4), L’approche bureaucratique de la FAA

Dans l’esprit du « porte-parole » du président de la FAA une donnée primordiale est absente. Pourtant, sa présence quasi continue au sein des sphères fédérales aurait dû mettre en marche le réflexe pavlovien : les notifications budgétaires sont étroitement liées à la signature de la loi de finances dont l’exécution a lieu généralement au mois de mars.
Nous noterons que, pendant ce laps de temps - compris entre la fin décembre/début janvier (promulgation de la loi de finances par le président de la République que le président de la FAA a su opportunément mettre en avant lorsqu’il s’est agit de débloquer le dossier de dédouanement du transpondeur) et le mois de mars (période approximative habituelle de la notification du budget) – le président de la fédération préoccupé (du moins nous présumons que celui-ci est inquiet du fonctionnement normal de la structure qu’il préside) s’est certainement rapproché physiquement des services du ministère pour prendre connaissance du budget qui devrait lui être alloué ou de s’enquérir de l’évolution du dossier. Une démarche logique de la part d’un président de fédération sachant que le budget du ministère avait été diminué par les hautes autorités du pays.
 La règle de fonctionnement de l’Administration, dans le cas d’absence de notifications, est l’application du principe dit du 1/12ème permettant aux entités administratives de procéder au règlement des besoins de fonctionnement en se référant mensuellement au douzième du budget de l’exercice précédent. Dans la situation de 2016, elle est fortement remise en question.
Observons qu’en l’absence d’informations (y compris officieuses) émanant de sources ministérielles, la fédération est en mesure (à titre conservatoire) d’anticiper une réduction de ses prévisions dont le taux serait au moins égal à celui de la diminution du budget ministériel et de contenir préventivement les dépenses à engager par une prospection plus fine des fournisseurs et prestataires de services.
Le ministère n’aurait communiqué aux fédérations le montant de leurs budgets qu’au mois de juin. Ce budget aurait revu  à la baisse  les prévisions budgétaires tout en maintenant les objectifs. Ce phénomène qui serait, selon notre interlocuteur, celui de la saison 2015-2016, est en réalité connu depuis des décennies. Il est le fruit des contraintes administratives et du budget de l’Etat qui, depuis le temps, auraient dû être maîtrisées dans le cadre de la mise en œuvre du premier cycle (« cycle sportif ») prenant en compte les particularités du domaine d’activité et des décalages par rapport au « cycle juridique et comptable ».
Notre interlocuteur est surpris par ce fonctionnement atypique. Il considère que l’entité ministérielle devrait accorder plus de considération à une fédération, à un président de fédération qui lui n’a pas d’égards pour la responsabilité qu’il exerce.
Il est de notoriété publique que ce président s’est rapproché des cadres du ministère chaque fois qu’il a eu besoin d’une pression psychologique sur les responsables de ligues de wilayas d’athlétisme ou des DJS ou chefs de service des sports pour influer sur la communauté athlétique locale.
Lorsque l’on est dans une organisation où ce genre de relations existe, il ne doit pas être difficile, dans une situation financière critique (neuf mois sans connaitre son budget, nous dit-il), de contacter les mêmes responsables ministériels (ou d’autres) pour recueillir des informations officieuses (les notifications budgétaires n’étant pas signées par le ministre mais certainement en arbitrage) permettant de voir venir les événements et de prendre les dispositions nécessaires.
Le défenseur du président de la FAA semble aussi étonné par la réduction des subventions. A croire qu’il ne vit pas dans ce pays et qu’il n’est pas informé (et concerné) de la crise financière qui sévit entraînant la réduction des budgets de fonctionnements de l’ensemble des ministères et…. dans un enchaînement tout à fait logique des subventions accordées à toutes les entités sportives. Se mettant ainsi en porte-à-faux avec le principe que « nul n’est sensé ignoré la loi ».  A fortiori lorsque l’on dirige une structure.

Cependant, notre interlocuteur observe que la fédération n’est pas restée totalement amorphe. Elle aurait, à plusieurs reprises, demandé à connaitre son budget. Nous devons croire que cela fut à travers des courriers restés sans suite jusqu’au mois de juillet. Une approche administrative ne peut avoir qu’une réaction administrative.

mercredi 22 février 2017

Contrat-programme (3), L’avocat du Diable

La chronique portant sur le contrat-programme intitulée « La FAA en faillite » a été commentée par un admirateur fou de cette chronique au point de s’en rendre malade. Sans doute une forme de masochisme exaspéré.
Ce commentateur, intervenant chaque fois qu’il est question d’athlétisme en lien avec le  bureau fédéral, a une si forte opinion de lui-même et des idées dont il est porteur qu’il en veut à tous ceux qui ne partagent pas son point de vue.
D’ailleurs, pour faire croire que celui-ci est répandu dans la communauté de l’athlétisme, il cherche à semer la confusion en créant une multiplicité de comptes Facebook affublés de dénominations aussi farfelues les unes que les autres dont  le registre sémiologique pourrait incontestablement intéresser les linguistes et autres psychologues.
Ce monsieur, dans son dernier avatar (dans l’acception renvoyant à la théologie hindoue qui est celle de la nouvelle forme physique), s’est voulu être le rossignol défunt du Caire en s’attribuant un pseudonyme qui, dans notre belle « daridja » renvoie (phonétiquement)  aussi aux malentendants. Malheureusement pour lui, n’est pas Farid El Atrache qui veut. De plus, tandis que les malentendants sont dotés de capacités de compréhension hors-normes, il ne semble pas (aveuglé par son mode de pensée dans lequel figure également l’usage de vitamines contaminées) disposer.
Ce commentateur (cantonné dans coque originelle dans des comportements agressifs) a présenté un très beau plaidoyer se voulant favorable au président de la FAA. Il est dans son droit constitutionnel de défendre un système fédéral où il trouve son compte. Remarquons toutefois que sa conception du débat n’admet pas la contradiction des autres. Il est le seul et unique détenteur de la Vérité.
N’étant pas issu du même moule dictatorial, nous trouvons toutefois dans son argumentaire des aspects méritants que l’on s’y arrête et qu’on les approfondisse. Ils permettent d’y déceler des détournements de sens (une autre de ses spécialités) multipliés à l’infini.
Selon ce commentateur, la gestion budgétaire de la FAA et des autres fédérations ne serait pas une « gestion participative par les objectifs », un concept dont il ne maitrise pas la sémantique puisque celle-ci est la définition des objectifs par ceux qui auront la charge de les réaliser. Un concept opposé à celui de « gestion par les objectifs » qui voit la hiérarchie définir ces objectifs.
Selon les informations communiquées, la démarche consiste, au début du mois d'octobre de chaque année, à l’envoi par les fédérations de leurs prévisions budgétaires accompagnées des objectifs définis  par la fédération.
En l’absence d’informations complémentaires sur le sujet, nous considérons que cette transmission (des objectifs et des prévisions budgétaires) est simplement une démarche administrative impliquant l’utilisation implicite d’un bordereau d’envoi et d’un accusé de réception.
Selon l’argumentaire de l’ardent défenseur du président de la FAA endossant, emporté par la  fougue, la tenue d’ « avocat du Diable » - qui, dans la religion catholique, dans le  procès de béatification (ou d’accession au statut de saint) est celui à qui est confié le rôle d’apporter les arguments défavorables - le processus décrit par nous ne correspondrait pas à la réalité. Il n’y aurait pas de travail préparatoire entre la FAA et le MJS avant la signature du contrat d’objectifs. Le constat est vérifié puisque la fédération s’est elle-même attachée la corde au cou en définissant ses propres objectifs maintenus par le MJS.
Notre commentateur n’a pas intégré dans sa logique et dans sa conscience (certainement parce ce que faisant partie d’un système sans en comprendre le fonctionnement) qu’une entité sportive (club, ligues, fédérations) agit en fonction de deux cycles se chevauchant.
Le premier des deux cycles évoqués est le « cycle sportif », rythmé par des AGO annuelles, destiné à marquer les entames et fins de saisons sportives (août-septembre) préparatoires à l’établissement des prévisions budgétaires et à l’examen des subventions à accorder par les structures habilités à le faire.
Le second est le « cycle juridique et comptable » que l’on connait mieux car débutant 1er janvier et s’achevant le 31 décembre.

Notre commentateur fait comprendre (implicitement et sans saisir la portée de ses propos) que la démarche de la fédération d’athlétisme est de type bureaucratique. Elle transmet ses besoins et attend la notification des ressources attribuées par l’Etat tout puissant. Une attente symptomatique de la situation d’assistanat qui est contenue dans cette conception : demander et attendre la donation.

mardi 21 février 2017

David Torrence (6), « Opération Rial », raid spectaculaire


David Torrence (dont nous venons de connaitre les péripéties administratives) a fait partie des athlètes qui se sont entraînés au contact d’Aden Jama, cet entraîneur précédé par une réputation plutôt négative. Contrairement à ce que l’on serait tenté de croire, Torrence n’a jamais fait partie du premier cercle (une notion sur laquelle nous reviendrons), Ces athlètes qui, dirons-nous, ont l’avantage de s’entraîner en permanence avec le coach britannique d’origine somalienne. Un peu comme Genzebe Dibaba et ceux qui se déplacent avec la caravane.
Sans vouloir le dénigrer ou diminuer de sa valeur, David Torrence n’est pas une star du demi-fond mondial. Du moins, il  ne fait pas partie de ces coureurs dont on entend souvent parler dans les médias diffusés de ce côté de l’Océan Atlantique. Ceux qui enthousiasment les commentateurs ou soulèvent les foules lors des grandes compétitions internationales. Les jeux olympiques ou les championnats du monde ! Torrence est un coureur pédestre ayant atteint un bon niveau international, sans plus ! Celui des compétitions régionales, continentales.
Au début de l’été 2016, le Torrence qui intéresse les médias américains n’est pas le coureur à pied. Celui qui accroche est celui ayant joué un rôle dans ce qui est devenue l’« opération Rial », une intervention des services de police et de douane catalans dans l’établissement hôtelier où étaient hébergés les athlètes de l’entraîneur de l’équipe nationale qatarie de demi-fond. Une descente des autorités catalanes emmenées par l’agence espagnole de lutte contre le dopage elle-même télécommandée par l’IAAF. Une opération de grande envergure, spectaculaire, digne des spectacles hollywoodiens. A grand renfort bien évidemment de caméras et de micros. Pour frapper les esprits. Depuis quelques trois ans, Aden fait l’objet d’investigations.

IAAF et UCI (fédération internationale de cyclisme) même combat, pourrions-nous dire. Le combat contre le dopage. Une lutte biaisée. Remarquons (pour mettre en valeur les similitudes entre ces deux fédérations internationales) que la mise en scène est celle expérimentée à plusieurs reprises dans les grandes courses cycliste à étapes que sont le « Giro » (Tour d’Italie), la « Vuelta » (Tour d’Espagne) et le Tour de France.

Selon les sites américains, Aden Jama n’aurait jamais été interpellé sans la collaboration active de David Torrence qui auraient fourni des informations pertinentes à l’IAAF. Ces médias affirment que les interpellés auraient été trouvés en possession de flacons d’EPO et d’une soixantaine de seringues usagées. Le grand jeu d’une opération commune entre deux corps constitués (comprenant fouilles corporelles des locataires, des bagages, des armoires, des poubelles dans les chambres et des bacs à ordures à l’extérieur de l’hôtel où seront trouvées les seringues usagées) a été déployé.

Il ressort des récits sur la relation qui unit Torrence-Aden que celle-ci débuta à la fin de l’année 2013 lorsque l’entraîneur de Torrence (John Cook) prit la décision d’interrompre leur collaboration. Il est cependant précisé que la relation Torrence-Aden dura environ 8 mois et que, durant ce laps de temps, ils ne s’étaient pas beaucoup croisés.

David Torrence raconta, au mois de juin 2016,  après la médiatisation de l’ « opération Rial » (une vingtaine de jours après l’interview que nous avons évoqué dans nos précédentes chroniques), qu’il ne s’était pas senti à l’aise dans le groupe.

En fait, selon ses déclarations, rapidement il avait ressenti quelque chose d’anormal. Il déclara alors que « l’entraînement avec lui ne me permettait pas de me sentir bien ». Il expliqua également qu’il avait tenté « de leur offrir le bénéfice du doute », mais que la manière de s’entraîner ne lui convenait pas. Remarquons que l’on passe de « lui » (Aden Jama) à « leur » (le groupe) voulant certainement dire que des membres du groupe sont impliqués.

Au début de la collaboration à distance, Aden Jama transmettait à Torrence des conseils par téléphone et par mails. C’est à l'occasion d'un stage organisé en Espagne en  juin 2014, que le coureur américano-péruvien (il a obtenu la nationalité péruvienne au début de l’année 2013) parvint enfin à faire sa connaissance. C’est pendant ce stage (qui se déroula comme par hasard à Sabadell où Aden a établi son habituel camp de base européen) qu’il ressentit de l’inquiétude à propos des pratiques douteuses qui semblaient avoir cours.


Au milieu du stage, David Torrence s’étant senti fatigué. Aden lui aurait proposé pour la première fois de « prendre des injections de vitamines ». 

lundi 20 février 2017

David Torrence (5), Le rêve péruvien d’un incompris

Q
ue savons-nous jusqu’à présent de David Torrence ? Peu de choses, si ce n’est qu’il s’agit d’un coureur de demi-fond américain ayant obtenu la nationalité (sportive) péruvienne. Membre des sélections des Etat Unis, il a été médaillé d’argent sur le  5 000 mètres des jeux panaméricains de 2015, nous lui avons attribué le statut de « lanceur d’alerte » que nous verrons plus tard. A 31 ans (il est né le 26 novembre 1985 à Okinawa au Japon), il n’est plus un espoir de l’athlétisme.

Son profil d’athlète (ses meilleures performances) permet de mieux le situer dans la hiérarchie chronométrique mondiale. Nous dirons que c’est un coureur d’un bon niveau continental, aux portes du niveau mondial qui serait celui définit par la participation à des finales mondiale ou olympiques. Les performances réalisées le définissent sur un panel d’épreuves de demi-fond relativement large : 800 (1.45.14),  1500 (3.33.23), mile (3.52.01), 3 000 (7.40.78) et sur 5 000 (13.16.53). Il détient également le record continental du 1 000 mètres indoor (2.16.76).

David Torrence est, on peut l’affirmer sans trop d’hésitations, comme un coureur de demi-fond polyvalent pouvant évoluer (au plus haut niveau) sur toutes les distances citées précédemment. Au début du mois de juin 2016, il avait réalisé les minima de participation aux jeux olympiques sur 800 et  1 500.

Qu’il ait choisi de participer avec le Pérou perturbe quelque peu le journaliste. Au début du mois de juin 2016 (l’interview a été publiée le 3 juin) peu d’athlètes américains (David Torrence détient alors la meilleure performance américaine sur 1 500) ont réalisé ces minimas qui ouvrent la porte à…..une participation aux trials US qui déterminent la sélection américaine.

Le néo-péruvien reconnait que l’idée d’y courir lui a traversé un instant  l’esprit mais l’autorisation de participer aux jeux olympiques sous le drapeau péruvien l’emporte pour les raisons présentées dans notre précédente chronique. La veille de la publication de l’interview, en marge du « Adrian Martinez classic », Torrence se voyait bien doubler le 800 et 1 500 aux jeux de Rio et finaliste potentiel. Etonnamment, ce doublé qui, pour beaucoup serait un aboutissement, est pour lui l’occasion d’acquérir un peu plus d'expérience. A 31 ans !

David Torrence a comme un sentiment d’inachevé sur le 800. Ses 1.45 datent de 2011. Sans entraînement spécifique pour cette distance. Il dit que son rêve inabouti sur 800 est la conséquence de pressions qui l’ont fait courir sur la distance supérieure au nom de l’intérêt supérieur des Etats Unis, ce pays qui fut le sien où on le voyait faire des étincelles (compte tenu de sa valeur sur 800-1500) sur le 5 000.

Le changement de nationalité sportive lui permet de revenir à la concrétisation de son rêve, de « mon propre développement personnel ». Le fameux « rêve américain » n’est pas le sien. Son rêve est péruvien, là-bas au pays des Andes où tout serait à faire. Comme les nouveaux convertis, dont la foi déplacerait les montagnes, il le croit fermement. A ce moment-là, David Torrence ne peut savoir qu’il participera certes aux jeux olympiques…. mais sur 5 000 mètres.

Le journaliste insistant sur sa non-participation aux championnats US, Torrence reconnait que, d’une certaine manière, ils lui manqueront  (« Les championnats américains ont été une partie de moi depuis longtemps. Ils ont été un point focal majeur chaque année ») et qu’il y assistera en tant que spectateur: « je vais regarder ces courses et voir comment elles vont se disputer. En me demandant ce que j’aurai pu faire ».

Mais à la fin de la journée, toutes ces pensées, les émotions suscitées seront effacées. Il ne sera pas perturbé par ce fait. La décision de changement de nationalité sportive a été prise.  Définitivement. Sans retour possible. Il le sait. Il dit être heureux de l’avoir prise et qu’il est aussi  « très fier de représenter le Pérou ».  


En fait, David Torrence est la proie d’une excitation inexprimable qu’il aurait étendue à ses proches. Ecoutons-le : « je suis très excité. Ma famille, mes amis, les athlètes péruviens avec lesquels j'ai parlé sont tous très heureux pour moi. Donc, bien que je ne participe pas aux trials et aux championnats américains, j'ai hâte de découvrir cette toute nouvelle expérience. Je ne l'échangerais pour rien d'autre ».

dimanche 19 février 2017

Larbi Bouraâda (2), Bloqué par son Président

Le dossier de sortie de Makhloufi et de son petit groupe (un kiné et deux sparring-partners) avait longuement transité entre les bureaux de la FAA, du COA et du MJS. Aujourd’hui, nous pourrions nous laisser à dire que peu importe de savoir qui a été à l’origine de cette mésaventure (reléguée dans les oubliettes mémorielles) et qui pourtant un jour devra être élucidée dans le cadre de l’assainissement de l’environnement de la préparation des sportifs de haut niveau. Les langues se délieront.
Il n’en reste pas moins que la « crispation » avait eu pour motif la désignation de l’entraîneur du groupe en partance pour la préparation en vue des championnats du monde. La suite fut que le groupe s’envola (sans attendre la décision administrative et financière) pour les Etats Unis où les attendait Abderrahmane Morceli n’ayant rien à voir (organiquement) avec la préparation de Makhloufi. Il était simplement un champion algérien des temps passés se préoccupant de la situation de la nouvelle star de la course à pied et tentant de faciliter l’intégration dans la société américaine du champion des temps présents. Un citoyen algérien en exil est venu (sans sollicitation) à l’aide  des structures nationales. C’est ici qu’il faut situer l’épisode du transport de 200 000 euros dans une mallette convoyée par le DTN.
Pour ce qui concerne Bouraâda, le blocage serait encore administratif. Il semblerait que le dossier de sortie soit bloqué suite la désignation par la FAA de l’accompagnateur de l’athlète qui partira également sans entraîneur mais trouvera, lorsqu’il posera le pied sur le sol cubain, son nouvel entraîneur en attente.
Cette fois-ci, le contexte est différent. Un entraîneur devait accompagner Makhloufi et son groupe. Ce n’est pas le cas de Bouraâda qui va à la rencontre de son entraîneur dans une situation où toutes les conditions de stage – à savoir celles relatives aux questions d’HTR (hébergement, transport, restauration) - ont (en principe) étaient réglées.
Il nous semble, bien que la réglementation et la réalité ne soient pas toujours en adéquation lors des déplacements de groupes d’athlètes algériens (Cf. l’affaire de l’entraîneur du recordman national du 400 mètres haies Malek Lahoulou pris en flagrant délit de présence à Alger alors qu’il aurait dû être auprès de son athlète en stage au Qatar ainsi que d’autres affaires du même type faisant partie dorénavant des légendes de l’athlétisme national, les affaires de surfacturation évoquées par les uns et par les autres), que le dossier de sortie….de devises est basé (suite à un travail de prospection préalable) sur des factures pro-forma obtenues par voies diverses. Pour le cas présent, il est difficile de concevoir que celle du président de la FAA (dont la connaissance du pays serait indéniable) n’a pas été mise à profit.
Dans cette perspective, le rôle de l’accompagnateur est de tenir la main à un champion et recordman d’Afrique de 29 ans  entre l’aéroport d’Alger et le site du stage, avec éventuellement un transit par un aéroport européen. Un adulte dont (nous dirons par dérision) que, malgré ses nombreux voyages à travers le monde (l’Afrique, la Chine, l’Europe, l’Amérique du Sud), il n’est pas coutumier des voyages intercontinentaux. Il fallait donc (pour bien faire les choses dans un contexte dont nous devons admette qu’il est inhabituel) un accompagnateur, une sorte de chef de mission, un interlocuteur sérieux entre la fédération algérienne, l’entraîneur cubain et les autres intervenants et qui aurait pour tâche principale de régler les factures.
En cette période de fin de mandat, de préparation des assemblées générales ordinaire et élective de la fédération, l’accompagnateur initialement retenu par la fédération aurait été le président de la fédération lui-même. Une personne incontestablement de confiance à laquelle, il serait possible de confier la mission essentielle et fondamentale de transporteur de fonds ou de majordome.
Il existe pourtant une solution à ce problème devenu épineux. Elle aurait consisté à désigner celui que l’on qualifie de jeune entraîneur à qui il a été confié la charge de maintenir à niveau les qualités physiques de Bouraâda et de lui conserver ainsi (à Cuba et aux Etats Unis) son rôle de « baby-sitter».

Cet aspect a bien évidemment échappé à la fédération qui (mais apparemment c’est trop demandé), en le choisissant, aurait respecté ce qui semble être une des conditions de préparation à l’étranger (l’impossibilité de remettre des fonds à un athlète), et aurait permis à un entraîneur dévoué de se former et/ou de se perfectionner en observant seulement des sommités de la discipline. Mais, nous croyons que cela est le dernier souci. Après moi le Déluge !

samedi 18 février 2017

Larbi Bouraâda (1), Retard à l’allumage

Depuis sa séparation d’avec Ahmed Mahour Bacha, Larbi Bouraâda est en plein brouillard. Après une période d’incertitude totale quant au choix (à la désignation en réalité) du nouvel entraîneur devant le conduire sur le podium des championnats du monde qui se disputeront cet été à Londres, il avait repris l’entrainement avec un jeune entraîneur algérien chargé de l’accompagner dans la préparation dite d’ « entretien ». Une préparation par laquelle il était appelé à conserver les qualités acquises avec son  précédent coach considéré comme l’expert algérien des épreuves combinées.
En fait, il était demandé à ce jeune entraîneur de faire la « nounou » (de répétiteur) d’un champion, d’un recordman d’Afrique, d’un finaliste des championnats du monde et des jeux olympiques… en vacances. Avant que les choses sérieuses ne commencent.
Certaines rumeurs, en fin d’année 2016, avant que ne soit connu le nom de l’entraineur, avaient laissé entendre que cette « période d’intérim » (avant confirmation quasiment acquise au vu du rôle qu’aurait joué par cet entraîneur dans les évènements de l’été) pouvait être confiée à « Mouh » Hocine, l’éternel entraîneur-adjoint ou entraîneur-assistant de Mahour Bacha et accompagnateur (souvent clandestin) du duo aux frais de la fédération. Selon tous les plans et scénarii, cet entraîneur est un de ceux  sensés connaitre le mieux l’athlète et donc en capacité de poursuivre l’œuvre de leur mentor.
Selon des indiscrétions plus récentes, « Mouh » Hocine  n’était guère intéressé. Il aurait été en pourparlers avec la fédération d’Arabie Saoudite qu’il aurait rejoint en catimini depuis quelques jours.
 Les autorités publiques, après le résultat honorable des jeux olympiques de Rio (2016), confirmant celui des championnats du monde de Pékin (2015), s’étaient engagées publiquement à assurer à Bouraâda les moyens pour réaliser son potentiel. Cette partie de l’engagement semble avoir été respectée. La fédération algérienne a choisi un entraîneur parmi ceux figurant sur une « short-list » de coaches étrangers de réputation mondiale  comportant un ukrainien et un cubain proposé par le président de la FAA en personne.
Remarquons que le processus de sélection de l’entraîneur avait été préalablement orienté par Ahmed Mahour Bacha qui, en confiant la préparation de « son » athlète aux autorités sportives nationales (FAA, COA et MJS) avait déprécié (devant les caméras de télévision) la compétence de ses pairs, de ses collègues algériens.
Selon les déclarations tonitruantes faites à la presse, pour atteindre les cimes mondiales et le fameux seuil des 9 000 points au décathlon, Bouraâda devait impérativement être conseillé par un entraîneur étranger.
On comprend donc mieux le rôle confié au jeune entraineur. Mais, lorsque l’on sait les capacités de dévalorisations des compétences des autres, il ne pouvait en être autrement. Même Hocine, son assistant avait été « grillé ».
Pourtant, il y a peu, le mouvement sportif national évoquait, quasiment dans son ensemble, le recours aux compétences nationales et la qualité de la formation algérienne pour atteindre l’Excellence. Comme pour le football (ayant acquis une autonomie financière par rapport aux autorités nationales), l’athlétisme est entré dans l’engrenage de la dépréciation de ses propres enfants.
La question de l’entraîneur a été réglée. Celle de la préparation en vue des championnats l’a aussi été. Deux stages ont été retenus. Le premier à Cuba. Le second aux Etats Unis. Les informations publiées dans la presse laissent entendre que l’entraîneur cubain retenu fut un bon spécialiste mondial de l’épreuve. Le second stage se déroulerait aux Etats Unis sous la coupe de l’entraîneur du multiple champion du monde et champion olympique Ashton Eaton. Comme dirait l’autre : le top du top !
Le stage à Cuba devait être entamé au début de l’année 2017. A la fin de la semaine dernière, le dossier de sortie de l’athlète n’avait pas été validé par le ministère de la jeunesse et des sports. L’athlète complet de l’Algérie, l’espoir de médaille s’entraîne toujours au Sato.

Qui connait l’histoire de l’athlétisme algérien et les mésaventures des champions, cette circonstance des plus malheureuses qui soit, appartient désormais à la routine des ratages de débuts de saison. Souvenons-nous qu’au cours de l’hiver 2014-2015, c’est à une situation quasi-similaire qu’avait été confronté Toufik Makhloufi, champion olympique 2012 du 1 500 mètres.

vendredi 17 février 2017

Contrat programme, L’argument fallacieux des révoltés

Les fédérations ou plutôt les présidents de fédérations ont signé des contrats-programme annuels et pluriannuel. Un bien grand mot pour ce qui n’est en fin de compte qu’un contrat d’objectifs engageant deux partie qui sont les fédérations sportives nationales (démultipliées à l’infini) et leur ministère de tutelle (le ministère de la jeunesse et des sports).
En contrepartie de milliards de centimes alloués annuellement à ces associations sportives par le Trésor Public, le MJS demande aux fédérations contractantes qu’elles lui indiquent, qu’elles lui désignent (par écrit et non via les médias) des objectifs sportifs à atteindre, des résultats quantifiés en titres et des médailles, niveau de participation (demi-finales, finales) à des compétitions et manifestations sportives internationales.
En plus évidemment de la participation de ces mêmes fédérations à la politique nationale de la promotion et du développement de la discipline sportive. Un discours relevant de la politique politicienne certes mais qui appartient aux servitudes d’utilité publique ou sociale qui sont celles de ces entités sportives nationales dans le cadre de la délégation du service public qui leur est confiée.
De cet aspect important, on ne le met presque plus en valeur puisque cela fait partie intégrante du discours récurrent que les présidents de fédération produisent à chacune de leurs  rencontres avec les pouvoirs publics, les médias ou de la cour de sujets qu’il s’agit de subjuguer. Le baratin tant de fois ressassé, est devenu inaudible.
Ce type de discours (bien rodé, bien appris comme sur les tapis des écoles coraniques et mis à toutes les sauces) sonnait creux, n’a plus eu d’effets tangibles sur les actes des gestionnaires du mouvement sportif…quand le MJS et les pouvoirs publics d’une manière générale, aussi bien en temps de prospérité qu’en temps de crise économique et d’austérité, ne demandaient pas réellement de rendre compte.
Les caisses des fédérations ont été continuellement alimentées et les pertes épongées. Sans qu’il n’y ait parallèlement un enrichissement en ces breloques synonymes de réussite sportive. Un échec généralisé masqué par une logorrhée témoignant rétrospectivement de l’incompétence des uns et de la suffisance hautaine des autres s’adressant à la valetaille.
Ces fédérations - dans un contexte où le sport, dans sa perception globale réunissant tant l’aspect relatif à la pratique sportive proprement dite que celui porté par le spectacle mimant la logique romaine du pain et du cirque,  s’est astreint à proposer ad aeternam au public populaire des référents anesthésiants - ont su drainer des sommes folles sans véritables résultats probants.
Ils (les présidents de fédération) ont su admirablement jouer un jeu dans lequel la poudre aux yeux, admise en tant qu’accessoire prépondérant, a permis l’établissement d’un vaste réseau invisible d’écrémage des fonds publics, de prise de pourcentage diront des observateurs n’ayant pas froid aux yeux ou connaissant le milieu.
Le constat négatif est que les canaux de distribution n’ont pas (ou insuffisamment) irrigué les structures vitales de la base, les clubs. La fameuse « Excellence », dont on nous rebat les oreilles depuis plusieurs décennies, n’a été en fait qu’un subterfuge employé soit pour recouvrir d’un voile un pillage organisé soit pour masquer les incompétences individuelles et collectives. Le choix malheureusement n’est pas large.
« Contrat-programme », « contrat d’objectifs » : deux expressions grandiloquentes, en phase avec la modernité, suscitant l’incompréhension sémantique des lecteurs qui n’y connaissent rien, ne veulent pas également faire l’effort d’en connaître le sens et auxquels la connaissance n’a pas été apportée. Sans compter cette indifférence cognitive, la marque de nos temps modernes, dans laquelle se plaisent ceux qui ont atteint leurs objectifs personnels.
A se demander aussi si quelques fois il n’y a pas eu rétention volontaire (avec le consentement complice des intéressés) pour faire des membres de l’AG (principalement concernés, gestionnaires  principaux des ligues, parfois immatures ou aveuglés par le sentiment d’impunité débridée donné par l’exercice du pouvoir au niveau local où le contrôle des structures décentralisées est minée par le népotisme et le clientélisme) des  moutons de Panurge que l’on conduit à l’abattoir ou au spectacle.
Ces deux expressions sont utilisées avec forfanterie pour éblouir les badauds et les ignares dont nous avons fait partie. Jusqu’à ce que nous ayons eu la possibilité de lire quelques lignes (les premières) de celui de la fédération algérienne d’athlétisme.
Le contrat-programme est un document dont la simplicité effraye et rassure à la fois. Il est la matérialisation d’un engagement acté par les représentants des deux parties dans lequel chacune d’elles promet pour l’une (le MJS) de dégager des moyens financiers afin de permettre à la seconde (la fédération) de réaliser les objectifs qu’elle s’est donnée ou qu’elle a habilement négocié.

(A suivre)

jeudi 16 février 2017

Contrat programme, La FAA en faillite

Se présentant sous la forme d’une décision prenant de fait un caractère juridique (renvoi à des textes réglementaires et législatifs et développement en articles), le contrat-programme est tout simplement le budget de la fédération agencé en chapitre de dépenses impérativement limitées aux montants désignés et aux actions libellées et en contraintes d’exécution qui sont (il n’y a aucune raison de s’alarmer) celles des règles de bonnes gestion telles que définies dans le corps du contrat d’objectifs à savoir les règles administratives et comptables algériennes à respecter mais qui sont également celles auxquelles s’astreindrait qui dépenserait ses propres deniers pour son propre compte.
La seconde partie du contrat-programme (que nous n’avons pas consulté) est certainement la définition de résultats sportifs à atteindre au cours de l’année en termes de titres, de médailles, éventuellement de classements dans la hiérarchie internationale répartis par niveau de compétitions (championnats ou jeux arabes, africains, méditerranéens, mondiaux ou olympiques) et catégories d’âges. 
La lecture dudit contrat-programme montre que le MJS a octroyé un peu plus de 10 milliards de centimes pour le fonctionnement de la FAA. La répartition par nature d’activités indique que 3 milliards sont destinés à la prise en charge des équipes nationales, 2.5 milliards pour l’organisation en Algérie des compétitions internationales (championnats juniors arabes à Tlemcen), 250 millions de dinars sont consacrés à la prise en charge des jeunes talents, 300 millions à l’organisation des compétitions nationales. Des montants (des côtes budgétaires) arrêtés d’un commun accord après un travail préparatoire de la FAA.
Par ailleurs, près de 3 milliards ont été octroyés au titre de remboursement de prêts accordés par le fonds national (dont 2.2 milliards qui sont un prêt accordé pour l’organisation du marathon international d’Alger et près de 800 millions pour le remboursement de la prise en charge des athlètes des EN).
Le contrat-programme stipule que le président de la FAA s’engage à assurer la concrétisation des objectifs et des activités et à justifier  l’emploi des crédits (les dépenses). Il prévoit également que les dépassements ne sont pas pris en charge par le MJS et n’autorise pas le transfert de chapitres. Ces deux aspects doivent être examinés avec minutie dans l’hypothèse prévisible d’un constat désagréable à faire par l’AGO.
Ces deux limitations aux dérives probablement rencontrées au cours des exercices précédents, semblent prendre en charge une préoccupation du MJS observant l’impossibilité de la FAA a respecter ses engagements et à rembourser ses dettes (3 milliards), contractées auprès du fonds national.
Si l’origine de cette situation (préjudiciable au fonctionnement harmonieux du prochain bureau fédéral) reste à déterminer entre l’imprévoyance, l’incapacité à établir des prévisions correctes ou encore la mauvaise gestion, il y a lieu de prendre en considération la cécité volontaire des membres de l’AGO souvent eux-mêmes impliqués (au niveau local) dans une politique de refinancement par l’Etat des dettes contractées.
Ces membres de l’AG connaitront dans quelques jours le bilan officiel de l’année 2016 arrêté par le bureau fédéral. Ils pourront en débattre, connaitre l’avis du commissaire aux comptes avant d’accorder (ou non) le quitus au président de la fédération en se fondant (normalement) sur les ressources octroyées par le MJS et les dépenses engagées par le président de la FAA et cosignées par le trésorier.
En attendant les données officielles qui n’ont pas été transmises à leurs destinataires dans les 15 jours précédant la tenue de l’AGO, nous proposons quelques indications chiffrées dont nous avons pu avoir connaissance. Elles montrent que la situation financière de la FAA était (bien avant la clôture de l’exercice) très difficile.
L’endettement général (plus 10 milliards) était légèrement supérieur aux montants des crédits (budget) alloués par le MJS. Nous avons pu remarquer qu’au début de l’automne:
Ø  Les frais de fonctionnement ont été contenus à la côte arrêtée,
Ø  Les frais de préparations des équipes nationales ont connu un dépassement de près de 50%,
Ø  La prise en charge des jeunes talents a été plus que doublée,
Ø  Les frais d’organisation de compétitions nationales a connu une augmentation de 150%,
Ø  Plus de 2 milliards  ont été consacrés (figurant en tant que dettes) à l’organisation des championnats régionaux (près de 600 millions), au challenge national de cross-country (près d’un milliard) et au challenge national des courses sur route (plus de 700 millions). Ces dépenses (subventions de la FAA aux compétitions citées) ne sont pas couvertes par le contrat- programme. Elles doivent l’être par les activités de sponsoring dont le montant nous est inconnu mais doit être communiqué aux membres de l’AG et au ministère. Nous noterons que les ressources de sponsoring ont été réduites suite à l’annulation d’un contrat.
La conséquence (à laquelle les membres de l’AG doivent prêter une attention soutenue) est que certainement la fédération est redevable de ce montant (2 milliards) auprès des ligues de wilayas organisatrices de ces activités (régionaux, challenges cross et route), qui elles-mêmes sont sans doute endettées auprès de leurs fournisseurs et prestataires de services.

Cette situation d’endettement  est appelée à évoluer avec les dépenses (et les ressources) engagées au cours des derniers mois de l’année 2016.

mardi 14 février 2017

Ingérence du MJS, La grande embrouille (2)

Dans la gigantesque pétaudière qu’est devenu le mouvement sportif, on oublie allégrement que sans l’apport des pouvoirs publics, nombre de ces fédérations (à l’exception de la FAF qui aurait retourné les subventions étatiques et a participé à l’emprunt obligataire d’Etat à hauteur de 5 milliards de dinars),  en fait toutes les autres fédérations sans exception, n’aurait pu financer ne serait-ce qu’une partie dérisoire de leurs activités.
Certaines, parmi les plus illustres d’entre elles (telle celle de l’athlétisme) se sont ingéniées à gâcher le dérisoire soutien financier des sponsors relevant pour la plupart de la sphère économique publique. Des subsides souvent obtenus par des particuliers, admirateurs de la discipline, évoluant dans la marge de la communauté sportive, sans aucun lien organique. Pour l’amour de la discipline.
Les points de vue exprimés, les raisonnements, les argumentaires présentés (aussi honorables les uns que les autres soient-ils) sont viciés par les préjugés forgés par les années et les magouilles qui ont  marqué le quotidien du mouvement national sportif. Les débatteurs se connaissent très (trop) bien. Déjà sur les réseaux sociaux, certains aspects hideux de leurs comportements sont dévoilés par des cadres du sport qui ne risquent plus rien.
Or donc, nos agitateurs de l’été ont vu le vent tourner. Leur exigence d’enquête sur le fonctionnement du COA a été entendue. La loi algérienne, depuis la fin de l’année 2015 (décret 15.153 publié au journal officiel une année avant la fin du mandat olympique), stipule que les bilans des présidents de fédération postulant à un nouveau mandat sont examinés par les services du MJS sur un triple plan (administratif, financier et des objectifs définis par eux dans le cadre d’une gestion participative).
Pour qui n’est pas aveugle, l’ensemble du dispositif de contrôle INTERNE a seulement été renforcé par un contrôle EXTERNE, exercé par le représentant du gouvernement algérien en charge des activités sportives (MJS) intervenant en fin d’un processus faisant appel préalablement aux contrôles et missions dévolues au commissaire aux comptes (examen de la régularité, de la sincérité, de la conformité des écritures comptables enregistrées par le trésorier avec au final la certification du bilan comptable), des membres de l’assemblée générale ordinaire (bilan moral et financier se penchant sur l’opportunité des actes de gestion).
Les commentateurs (opposés à l’intervention du ministère dans le contrôle de l’utilisation des fonds publics) brandissent la menace de l’ingérence des instances transnationales sportives qui ne pourront que constater que le processus d’élection démocratique a été formellement respecté. La procédure d’audit administratif et financier ne peut être mise en cause.
Dans le raisonnement des opposants à la loi algérienne, il fait abstraction du fait que toutes les candidatures sont examinées par une commission de candidature (avec possibilité de faire appel à une commission de recours) élue par l’assemblée générale ordinaire.
Cela suppose que seuls les présidents de fédération (et de ligues) sont assujettis à un contrôle de gestion. Une démarche tout à fait logique puisque les nouveaux candidats à ces fonctions ne sont jugés que sur un dossier administratif faisant toutefois référence à leurs antécédents sportifs ou judiciaires.
Une douzaine de fédérations (dont l’athlétisme, le judo, le cyclisme et la boxe, celles qui prétendaient aux médailles olympiques) est pour l’heure concernée par une inéligibilité de leurs présidents sortants. Présageons que le couronnement du processus de renouvellement des instances sportives sera attendu avec impatience au mois d’avril lorsqu’il s’agira de clôturer les opérations par l’élection du président du COA.
C’est alors que les accusations proférées, par Makhloufi, Bouraâda et d’autres (boxeurs, judokas, cyclistes), à l’encontre des responsables sportifs connaitront véritablement leurs issues.
Radio trottoir, « Radio Sato » (appuyée par les réseaux sociaux) est, dans le contexte actuel, en effervescence, livrant des éléments parcellaires de connaissance fort pertinents d’une logique aussi statique que le serait une girouette.
Le vent a tourné. L’ingérence ministérielle (que nous venons de décrire) est apparue dans un rôle d’équilibre tardif, de neutralité retardataire. Le premier responsable du secteur ne s’est intéressé qu’à la finalisation du processus reposant sur des fondations fragilisées par les agissements des membres de ligues, élus au début du précédent cycle olympique, soutenus à la fois par les membres des bureaux fédéraux et des lobbyistes incrustés, depuis des décennies dans le mouvement sportif national et local.

A nouveau, comment souvent, la révolte n’est pas celle du peuple sportif mais une rébellion des seigneurs du sport contre d’autres féodaux avec lesquels ils sont en conflit. 

lundi 13 février 2017

Ingérence du MJS, La grande embrouille

Le renouvellement des fédérations sportives nationales a pointé le bout de son nez. Certaines d’entre elles ont déjà tenues leurs assises quadriennales. Les fédérations « mineures », (celles qui, dans le concert sportif national, font galerie) ne posent aucun problème majeur. Elles sont (y compris dans l’imaginaire des responsables sportifs) si insignifiantes que les agitations (il y en a toujours) ne dépassent pas les murs des salles qui les accueillent et ne franchissent pas les portes closes.
Quelques-unes ont vacillé sur leurs bases incertaines, sur leurs fondations fragiles. Par un sursaut difficilement compréhensibles puisque, jusqu’à l’heure décisive, les membres de l’AG se sont complus dans l’absence de réaction face aux anomalies.
 Pour ce qui concerne les prétendument « grandes fédérations » - celles qui attirent le regard et l’attention du « peuple algérien », émerveillé par les artifices et les feux d’artifices, connaissant, sur le bout de la langue, les moindres faits et gestes des clubs et des stars suivis « un peu, passionnément et à la folie » à travers les écrans de télé, quitte à n’avoir jamais chaussé les chaussures de sport  pour autre chose que la frime – les enjeux attisent les passions.
Certaines voix « déstabilisatrices », rompant avec le ronronnement des habitudes, annoncent que quelques-unes de ces « fédérations majeures » (mais bien misérables ces derniers mois) seraient entrées en dissidence et programmeraient leurs assises après la date limite arrêtée par leur tutelle administrative. Une façon étrange d’engager un bras de fer qui n’aurait, disent-ils, aucune raison d’être. Si ce n’est de faire plier le système dont l’on s’est abondamment servi et que la nomenklatura sportive voudrait éternelle.  
Dans le même temps, d’autres (les « opposants » d’hier à ces « révoltés » d’aujourd’hui) indiquent que ces responsables en fin de mandat, jouant aux fanfarons, ont préparé leur départ pour les pays du Golfe ou préparent leur défense à présenter devant les juges pour …..« dilapidation des  fonds publics ». Des sous-fifres (revenant fréquemment dans nos chroniques de l’été) se seraient envolés précipitamment.
 Le sort de la puissante fédération de  football a  affolé les commentateurs depuis que, suite à la désolante participation à la CAN, le ministère de la jeunesse et des sports (sensible à la vox populi représentée par la presse sportive portée par les ailes de ses intérêts endogènes et de la subjectivité) a demandé à ses dirigeants de rendre des comptes et a suggéré à son président de remettre le tablier.
Une réaction épidermique de bon ton qui a déplu à certains milieux qui, en d’autres circonstances, se seraient extasiés. Mais, la représentativité nationale dans le concert des nations étant en jeu, les pouvoirs publics auraient demandé à tempérer l’excitation qui devient contagieuse, en sollicitant  l’intercession du président du COA.
Une autre fédération (celle du cyclisme dont l’ancien président a postulé à un autre mandat) a entraîné la frénésie sur les réseaux sociaux s’insurgeant contre l’intervention du MJS. Nous avons noté que ce sont ceux-là  qui avaient agité l’été olympique, s’étaient acharnés sur le COA, une ONG à laquelle il était exigé une reddition des comptes pour masquer leurs échecs trop visibles. Ils sont de retour pour…défendre l’un des leurs, mis en cause devant les tribunaux et mis au ban de l’instance olympique. Un président qui se présenterait à la barre dans les jours à venir.
Remarquons aussi que les défenseurs de ce président de fédération sont ceux dont il avait pris la défense en ces temps estivaux agités. Ce ne serait donc qu’un retour à l’envoyeur qu’il faut apprécier à sa juste valeur (les amitiés dans le milieu sportif étant toujours éphémères) dans ce qu’il peut apporter dans la connaissance de l’environnement, des alliances qui y sont contractées et dans le partage.
Dans leur plaidoyer sur les méfaits de l’ingérence ministérielle (si fortement sollicitée hier et si décriée aujourd’hui) les censeurs d’hier et les défenseurs de la morale et de valeurs éducatives (souvent bafouées par ceux qui les invitent dans leurs discours) invoquent la possibilité, l’éventualité d’une immixtion des instances internationales prétendument garantes de la survie des instances nationales dans un contexte de démocratie à géométrie variable.
Observons que de manière inconsidérée, ce sont ces mêmes commentateurs qui, il y a quelques mois, se prosternaient, suppliaient leurs pairs du MJS (souvent issus du même établissement de formation et des mêmes promotions) pour des faveurs à accorder à leurs athlètes et (au mieux) leurs fédérations.

(A suivre)

dimanche 12 février 2017

Début de saison, Rime en ouille

En ce début d’année 2017, comme les années précédentes d’ailleurs, l’athlétisme algérien rime avec « ouille ». Une rime qui fait mal…. aux tripes lorsqu’on a la discipline bien implantée dans le cœur. Pour tout dire, dans le monde de l’athlétisme national, certains vadrouillent et d’autres cafouillent et bafouillent.
Beaucoup n’ont pas apprécié que nous considérions les membres de l’élite nationale (les athlètes du troisième niveau de notre segmentation - que nous révisons en adoptant la classification des chemins de fer- qui devrait évoluer en 2017 avec le passage de Larbi Bourraâda en première classe où il rejoint Makhloufi ainsi que le glissement pressenti de Malek Lahoulou en 2ème classe)  comme étant des athlètes-migrateurs.
Un qualificatif d’une dureté certaine mais conforme à la réalité que justement certains adorateurs de la politique fédérale ne voulaient absolument pas voir, admettre. Un épisode de la vie athlétique qui démontre l’échec d’une politique qui ne peut  offrir aux athlètes-migrateurs les moyens de la réussite.   
Avec les saisons battantes de cross-country et d’athlétisme en salle, les réseaux sociaux algériens (la fédération d’athlétisme en tête)  nous ont finalement donné  raison en répercutant, week-end après week-end (d’ici et d’ailleurs), les résultats des meilleurs athlètes de demi-fond algérien obtenus sur le territoire national et à l’étranger.
Des résultats qui, malheureusement pour l’honneur et la dignité de la discipline, sont à la fois une offense et la confirmation indirecte de l’existence de ces mouvements migratoires saisonniers (hiver et été). Ces mouvements, dans un premier temps périodiques, sont accompagnés également par une tendance, de plus en plus prononcée, à conduire les athlètes à s’installer là où ils peuvent s’exprimer. Une tendance que ces mêmes réseaux sociaux dévoileront en saison précompétitive et compétitive estivale.
En restant à l’écoute des mois à venir, cette tendance sera perceptible à tous ceux qui ôteront les œillères. Elle l’est déjà pour les observateurs avertis. Il est vrai qu’il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir….la perte de la nationalité algérienne  qu’il est possible de déceler dans les bilans français.
Remarquons que ces athlètes courent sur deux tableaux. Ils participent à la fois aux courses du challenge national de cross-country et aux phases qualificatives aux championnats de France de cross-country avant de venir pour quelques-uns concourir aux championnats d’Algérie. Certains d’entre eux, les plus aguerris sont incontestablement de potentiels candidats aux titres nationaux. Nous verrons s’ils seront présents aux championnats de France. Tandis que l’un deux a failli (il y a peu) remporter (en cross-country) la course de la Coupe d’Europe des clubs vainqueurs des championnats de leurs pays respectifs.
Un regard sur les bilans de la fédération française d’athlétisme montre aussi qu’ils occupent des places du haut de la récapitulation des résultats des athlètes licenciés dans les clubs français comptabilisant (pour chacune des distances) plusieurs milliers de coureurs représentant toutes les catégories d’âges. Une démonstration de leurs qualités sportives et de l’incompétence des fédérations algériennes successives.
Pour les besoins des clubs français ou autres dans lesquels ils sont signataires, ils apparaissent également dans les compétitions en salle (un genre de compétitions qui n’existe pas chez nous en l’absence de salles) ce qui incitera certainement le service de l’organisation sportive de la DTN/FAA à suivre et à prendre en compte toutes les performances réalisées par des athlètes algériens autorisés à la détention de la double licence inscrites au bilan français afin d’enrichir à moindre coût le « Top 10 » algérien.
Observons au passage que ces athlètes migrateurs appartiennent tous sans exception à la 3ème classe. La « classe populaire » de l’élite que l’on convoque pour porter les couleurs nationales lorsque le besoin se fait sentir, qui se prépare souvent et concourent sous d’autres couleurs que celle de leurs clubs nationaux pour subvenir à leurs besoins sportifs de préparation et de compétition que la fédération algérienne d’athlétisme ne peut leur offrir.

Quant au reste des athlètes, que l’on prétend dans les discours électoraux pompeux être l’élite de demain, il est confiné (que les athlètes et leurs entraîneurs nous pardonnent) dans le « fourgon à bagages », dans « le wagon à bestiaux » d’un train où ils ont eu accès en clandestins.

samedi 11 février 2017

David Torrence (4), La mission civilisatrice du néo-péruvien

Dans le discours du nouveau citoyen péruvien perce la vocation civilisatrice qui a accompagné, sublimé ses colonialistes européens. Cette vocation se traduit par un questionnement supposé être celui de ses nouveaux compatriotes stupéfaits de le voir courir avec les athlètes des autres nations: « Qui est ce? », « Je ne savais pas que les gens pouvaient courir sur un stade ! », « je ne savais pas que cela faisait  partie des Jeux ! ».

Inconsciemment, car cela fait partie de son « Moi » américain (celui que n’a pu pourtant lui léguer son père décédé  prématurément et qui fait partie des stéréotypes de la société américaine), il reprend le bon vieux discours du « sauvage », celui popularisé par les ouvrages littéraires (et philosophiques) du 17ème siècle  de Defoe, Rousseau et le Voltaire sarcastique  et surtout du 19ème siècle que l’on mit dans la bouche des Mayas, Incas et autres Amérindiens au débarquement des Conquistadores au 16ème  siècle.

Dans cette série de questions, les idées préconçues d’un américano-péruvien, de la partie américaine de sa personnalité sont en place. On les retrouve aussi dans cette réduction cognitive que l’on trouve dans les idéologies présentes dans l’esprit de beaucoup de membres de nations prétendument civilisées, technologiquement modernes: « ils ne regardent que le marathon et 10 kilomètres, deux épreuves qui sont vraiment connues là - bas, deux courses qui font partie de la culture ». Un sentiment de supériorité vivifié par cette autre déclaration : « ma seule présence, nous l'espérons, permettra d’introduire un changement ». Comme si la télévision et les NTIC ne faisaient pas partie de leur univers.

On ne sait, à vrai dire, si ce sont les pensées de David Torrence ou celles du journaliste qui transparaissent. Mais, comme il s’agit d’une interview destinée à un lectorat américain, nous sommes censés croire que ce sont les propos de David Torrence, dont le prénom est prémonitoire.

Doit-on condamner l’ensemble des propos tenus. Sans doute pas lorsqu’il s’agit de noter le « grand, grand décalage entre non seulement le Pérou, mais l'Amérique du Sud dans son ensemble et le côté courant de ce sport ».  Encore moins lorsqu’il se (et nous) questionne en se demandant « combien de fois avons-nous vu des athlètes d’Amérique du Sud concurrencer ceux des États -Unis ou d’Europe? ». Le constat est lucide lorsqu’il affirme que  « vous ne les voyez jamais dans les meetings de la "Diamond League" ou dans les très gros "invitationals meetings" ».  La visibilité internationale des athlètes sud-américains est portée au chapitre, mise en exergue.

Sa mission, celle qu’il s’est attribuée, est de « combler cette lacune » en leur permettant de réaliser des performances de niveau mondial et de les introduire dans ce genre de rencontres sportives. L’aspect linguistique (« ils ne parlent que l'espagnol ») est aussi relevé. La méconnaissance de l’anglais (langue universellement parlée) leur interdirait  toutes relations avec les meetings organisés aux Etats Unis, avec les circuits canadien, belge, etc. Sa connaissance du milieu athlétique, son bilinguisme seraient, pour les athlètes péruviens, des atouts qui leur permettraient d’y prendre part et de se voir offrir des possibilités qu’ils ne pouvaient auparavant envisager.

Il prévoit également de partager ses connaissances en matière d’entraînement. « Quand je me suis entraîné là - bas, dit-il, j’ai vu que ces gars sont super, super-talentueux. Et je sais qu'ils peuvent être de classe mondiale ». Puisque c’est lui qui le dit, lui qui vient d’une nation qui domine formidablement le sport mondial, cela doit vrai.

Son espoir est d’« aller là - bas avec mes connaissances et mon savoir-faire pour leur organiser des camps d’entrainement aux  Etats - Unis et quelques-uns  au Pérou ».  Ses références ne peuvent être qu’américaines alors que ses nouveaux compatriotes sportifs ne connaissent pas les hauts lieux de l’entraînement aux Etats Unis, ne « sont jamais allés à Flagstaff, ils ne sont jamais allés à Park City ou nulle part ailleurs ». Ils ne s’entraînent qu’au Pérou, repliés sur eux-mêmes. David Torrence leur apportera l’ouverture sur le monde, la technologie de la course à pied.


Son raisonnement, quelque part, tient la route. Faire partie des meilleurs athlètes impliquerait de voyager à travers le monde, de s’entraîner partout. Sinon, on s’installe dans la monotonie et la routine qui sont préjudiciables au progrès.

jeudi 9 février 2017

David Torrence (3), Dans le tourbillon du changement

Ayant dévoilé les bases identitaires prétexte à son changement de nationalité sportive, David Torrence a cherché à identifier le processus administratif qui lui permettait d’y être candidat. Le principe est que celui-ci (le changement) est permis après une « période blanche » (sans participations à des compétitions internationales en tant que représentant d’une nation) de généralement trois années sauf réduction possible (à seulement une année) avec l’agrément de deux instances sportives : l’USTAF (fédération américaine, fédération quittée) et l’IAAF(fédération internationale validant le changement).

L’obtention de la dérogation (une année blanche) surprend. Certaines nations quittées n’autorisent pas aisément ces libérations, refusent ce compromis favorable à l’athlète et à la fédération rejointe. Selon Torrence, le Pérou l’avait accepté dans ses rangs et les USA consentaient à le libérer de cette contrainte puisque « la politique des États - Unis est qu'ils libèrent toute personne voulant représenter un autre pays ».

Torrence précise qu’il n’a pas rencontré de difficultés particulières : «l’USATF a été très utile dans le processus. Ils me voulaient le meilleur. J'ai obtenu la libération ». Ensuite, le CIO, ayant constaté l’accord de toutes les parties (Torrence, la fédération américaine et la fédération péruvienne) a entériné le changement.

Le processus s’est déroulé sans anicroches si ce n’est que Sébastian Coe, président de l’IAAF avait eu, au sujet de cette question devenue extrêmement sensible au sein de confédérations continentales (Europe et Afrique), des commentaires qui incitaient à l’inquiétude. Le lord britannique n’apprécie pas les très nombreux changements de nationalité sportive. Torrence pensait que Sir Sébastian risquait de faire un exemple car il était le premier cas soumis à l’IAAF depuis son élection à la présidence de l’instance faîtière de l’athlétisme. Cette hantise serait l’explication du silence de Torrence qui ne voulut pas « l'annoncer jusqu'à ce qu'il soit confirmé à cent pour cent ».

Torrence évoque des commentaires de Sébastian Coe dont nous n’avons pas trouvé trace. Commentant ces propos, Torrence estime que les autorités sportives devraient adopter une vision plus nuancée que celle qui est prônée. Le commentaire est  celui du nouveau Péruvien et n’a pas pour objet d’influencer le processus de décision.

Il rappelle qu’il a fait partie d’une sélection américaine à l’âge de 18 ans alors qu’il venait d’entrer à l’université. Il avait intégré l'équipe US qui participa aux championnats du Monde Junior (en 2004) où il avait couru le 1 500 mètres. La question qu’il pose est récurrente dans toutes les disciplines sportives : « est-il vraiment juste pour de jeunes athlètes  de décider la nation pour laquelle ils vont concourir le reste de leur carrière sportive? Beaucoup de choses changent, beaucoup de choses se passent dans la vie des gens ». Notons que Torrence comprend en partie les réflexions de Coe. Notamment, lorsqu’il n’y a pas de liens entre l’athlète et le pays rejoint. Un phénomène devenu fréquent sur la planète athlétisme.

Torrence défend habilement sa cause. Il évoque la renaissance du demi-fond américain qu’il lie avec l’arrivée du Kenyan  Bernard Lagat dans les rangs américains ce qui a permis aux athlètes locaux de rivaliser avec lui et d’élever leur niveau pour tenter de le détrôner. Etablissant un parallèle avec le vétéran américain, il se voit « aller au Pérou et pas seulement courir, battre les athlètes de ce pays en les aidant à s’entraîner et les amener à atteindre ses niveaux de performance qu’ils n’auraient pu atteindre autrement ».

Torrence se voit en apporteur de la bonne parole. Un travers, dont nous dirons qu’il fait partie des mœurs américaines, puisé dans les fondements, dans l’inconscient collectif de ce « Nouveau Monde » sur le sol duquel le prosélytisme religieux est présent depuis le début du 16ème siècle à la fois avec les conquistadores catholiques du sud de l’Europe posant le pied en Amérique du Sud et les partisans de la religion réformée apportée par les colons de la partie nordique du « Vieux Continent ». 


Son apport à l’athlétisme péruvien serait celui de l’exemplarité sportive véhiculée par ses futures participations aux compétitions emblématiques de la discipline telles que les  meetings de la « Diamond League », les épreuves de qualifications et les finales des championnats du monde et des Jeux Olympiques.