Nous avons précédemment décrit l’athlétisme comme un « no
stats land », un univers où les statistiques sont absentes. Un
univers où la recherche d’informations est ardue, rendue difficile par leurs
éparpillements. Le bilan national ne retient que les 10 meilleures performances
de l’année. Quand certaines ne sont pas oubliées (voir les chronos de Zahra
Bouras et d’Abdelhamid Zerifi que nous avons précédemment signalés).
Les jeunes à moins qu’ils n’émergent de la masse indistincte
et qu’ils ne fassent partie de ces 10 meilleurs performers de l’année n’apparaissent
nulle part. Exceptionnellement, les jeunes ayant brillé à l’international ont
une existence athlétique comme Touil, champion (2008) et Anou, vice-champion (2010)
du monde junior du 1 500.
Pour certains ardents défenseurs du bricolage fédéral, ces
informations sont disponibles……en cherchant dans la masse indistincte des
résultats non centralisés des ligues, en compulsant les résultats des meetings
des challenges nationaux et des championnats régionaux et nationaux. Ou ceux des
fédérations étrangères. Que penser de la délégation de service public dont dispose la FAA ?
Dans la communauté de l’athlétisme rien n’est facile. Il
semblerait au contraire que tout soit fait pour compliquer la tâche y compris
celles des étudiants dans les métiers du sport et futurs collègues des cadres
permanents et des élus fédéraux. Y trouver une information mérite véritablement
la démarche, le sens véhiculé par le mot « recherche ».
En nous appuyant sur les seules informations disponibles
aisément, il est possible de constater que les trois coureurs (Halil, Anou et
Keddar) après avoir rejoint le leader incontesté (depuis 2009) du demi-fond
algérien (800 et 1 500) ont progressé en assumant le rôle qui leur a été
confié et que l’année suivante est marquée par une régression notable.
Une observation empirique montre que la progression est
importante (environ 3 secondes) pour ceux qui ont un vécu sur 1 500 (Halil
et Anou) et qu’elle ne peut être
quantifiée pour Keddar, auteur d’un 8.56 au 3 000m mètres steeple.
La progression de Keddar peut cependant être appréciée à
partir de la 10ème
performance nationale. Depuis 2008 (année de l’apparition de Makhloufi),
la moyenne sur 1 500 mètres se situe autour de 3.43. Les chronos extrêmes ont été de 3.47 en 2008
et 3.39 en 2012. Les autres années, elles ont varié entre 3.45 et 3.43.
Comme Makhloufi, Keddar est sorti du néant. En 2015, il
établit sa meilleure performance (3.35.92) qui représente une progression
minimale d’au moins 7 secondes comparativement à la moyenne de la 10ème
performance annuelle. Agé de 23 ans en 2016, Keddar Salim n’avait jamais figuré
parmi le « Top 10 » du 1 500. Il régresse la saison
suivante (celle des jeux olympiques) de 3 secondes.
Lorsque les trois jeunes intègrent le compagnonnage de
Makhloufi, ils sont âgés de 22 ans environ. Ils sont statistiquement inconnus.
L’écart chronométrique entre la star et les meneurs d’allure est supérieur à 6
secondes sur 1 500 mètres.
Dans la légende qui se construit autour de Makhloufi est fait
état d’une séance réalisée en 2015. Elle se situe avant les championnats du
monde de Pékin. L’information indique qu’il aurait couru un 800 mètres en 1.44.50
(récupération (10’), un 500 en 1.04.05 (récupération 4’) un 400 en 52.50
(récupération 2’) pour finir avec un 300 en 39.20.
Nous laisserons le soin aux spécialistes de commenter. Nous
mettrons seulement à leurs dispositions quelques données qui leur serviront
certainement. Nous observerons seulement que Keddar ne figure pas au « Top
10 » du 800 en 2013 (10ème performance 1.50.60) ou 2015
(1.48.64 pour le 10ème) que les meilleures performance de Halil et
d’Anou sont respectivement de 1.49.12 en 2009 et de 1.47.81 en 2013 quand Makhloufi
était chronométré en 1.43.71 (2012), 1.43.53 (2014), 1.45.17 au 800 et 2.13.08
au 1 000 mètres (2015) et 1.42.61 (2016).
La conclusion à tirer de ces données est entre les mains des
diplômés algériens des filières du sport, de ceux qui ont un vécu en tant
qu’athlètes de haut niveau, de ceux qui se définissent en tant qu’experts. De
ceux qui ont droit à la parole.
Nous attirerons
simplement l’attention sur les conséquences de séances aussi difficiles sur des
organismes qui ne sont pas prêts à ce type d’efforts. Des séances inadaptées à
leurs capacités physiologiques et psychologiques du moment.
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