Ayant dévoilé les bases identitaires prétexte à son changement de
nationalité sportive, David Torrence a cherché à identifier le processus
administratif qui lui permettait d’y être candidat. Le principe est que
celui-ci (le changement) est permis après une « période blanche »
(sans participations à des compétitions internationales en tant que
représentant d’une nation) de généralement trois années sauf réduction possible
(à seulement une année) avec l’agrément de deux instances sportives :
l’USTAF (fédération américaine, fédération quittée) et l’IAAF(fédération internationale
validant le changement).
L’obtention de la dérogation (une année blanche) surprend. Certaines
nations quittées n’autorisent pas aisément ces libérations, refusent ce
compromis favorable à l’athlète et à la fédération rejointe. Selon Torrence, le
Pérou l’avait accepté dans ses rangs et les USA consentaient à le libérer de
cette contrainte puisque « la politique des États - Unis est qu'ils libèrent
toute personne voulant représenter un autre pays ».
Torrence précise qu’il n’a pas rencontré de difficultés particulières :
«l’USATF a été très utile dans le processus. Ils me voulaient le
meilleur. J'ai obtenu la libération ». Ensuite, le CIO, ayant
constaté l’accord de toutes les parties (Torrence, la fédération américaine et
la fédération péruvienne) a entériné le changement.
Le processus s’est déroulé sans anicroches si ce n’est que Sébastian
Coe, président de l’IAAF avait eu, au sujet de cette question devenue
extrêmement sensible au sein de confédérations continentales (Europe et
Afrique), des commentaires qui incitaient à l’inquiétude. Le lord britannique
n’apprécie pas les très nombreux changements de nationalité sportive. Torrence
pensait que Sir Sébastian risquait de faire un exemple car il était le premier cas
soumis à l’IAAF depuis son élection à la présidence de l’instance faîtière de
l’athlétisme. Cette hantise serait l’explication du silence de Torrence qui ne
voulut pas « l'annoncer jusqu'à ce qu'il soit confirmé à cent pour
cent ».
Torrence évoque des commentaires de Sébastian Coe dont nous n’avons
pas trouvé trace. Commentant ces propos, Torrence estime que les autorités
sportives devraient adopter une vision plus nuancée que celle qui est prônée.
Le commentaire est celui du nouveau
Péruvien et n’a pas pour objet d’influencer le processus de décision.
Il rappelle qu’il a fait partie d’une sélection américaine à l’âge de
18 ans alors qu’il venait d’entrer à l’université. Il avait intégré l'équipe US
qui participa aux championnats du Monde Junior (en 2004) où il avait couru le
1 500 mètres. La question qu’il pose est récurrente dans toutes les
disciplines sportives : « est-il vraiment juste pour de jeunes
athlètes de décider la nation pour
laquelle ils vont concourir le reste de leur carrière sportive? Beaucoup de
choses changent, beaucoup de choses se passent dans la vie des gens ».
Notons que Torrence comprend en partie les réflexions de Coe. Notamment,
lorsqu’il n’y a pas de liens entre l’athlète et le pays rejoint. Un phénomène
devenu fréquent sur la planète athlétisme.
Torrence défend habilement sa cause. Il évoque la renaissance du
demi-fond américain qu’il lie avec l’arrivée du Kenyan Bernard Lagat dans les rangs américains ce qui
a permis aux athlètes locaux de rivaliser avec lui et d’élever leur niveau pour
tenter de le détrôner. Etablissant un parallèle avec le vétéran américain, il
se voit « aller au Pérou et pas seulement courir, battre les
athlètes de ce pays en les aidant à s’entraîner et les amener à atteindre ses
niveaux de performance qu’ils n’auraient pu atteindre autrement ».
Torrence se voit en apporteur de la bonne parole. Un travers, dont
nous dirons qu’il fait partie des mœurs américaines, puisé dans les fondements,
dans l’inconscient collectif de ce « Nouveau Monde »
sur le sol duquel le prosélytisme religieux est présent depuis le début du 16ème
siècle à la fois avec les conquistadores catholiques du sud de l’Europe posant
le pied en Amérique du Sud et les partisans de la religion réformée apportée
par les colons de la partie nordique du « Vieux Continent ».
Son apport à l’athlétisme péruvien serait celui de l’exemplarité sportive
véhiculée par ses futures participations aux compétitions emblématiques de la
discipline telles que les meetings de la
« Diamond League », les épreuves de qualifications et les
finales des championnats du monde et des Jeux Olympiques.
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