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ue savons-nous jusqu’à présent de David Torrence ? Peu de choses,
si ce n’est qu’il s’agit d’un coureur de demi-fond américain ayant obtenu la
nationalité (sportive) péruvienne. Membre des sélections des Etat Unis, il a
été médaillé d’argent sur le 5 000
mètres des jeux panaméricains de 2015, nous lui avons attribué le statut de
« lanceur d’alerte » que nous verrons plus tard. A 31 ans
(il est né le 26 novembre 1985 à Okinawa au Japon), il n’est plus un espoir de
l’athlétisme.
Son profil d’athlète (ses meilleures performances) permet de mieux le
situer dans la hiérarchie chronométrique mondiale. Nous dirons que c’est un
coureur d’un bon niveau continental, aux portes du niveau mondial qui serait
celui définit par la participation à des finales mondiale ou olympiques. Les
performances réalisées le définissent sur un panel d’épreuves de demi-fond
relativement large : 800 (1.45.14),
1500 (3.33.23), mile (3.52.01), 3 000 (7.40.78) et sur 5 000
(13.16.53). Il détient également le record continental du 1 000 mètres
indoor (2.16.76).
David Torrence est, on peut l’affirmer sans trop d’hésitations, comme
un coureur de demi-fond polyvalent pouvant évoluer (au plus haut niveau) sur
toutes les distances citées précédemment. Au début du mois de juin 2016, il
avait réalisé les minima de participation aux jeux olympiques sur 800 et 1 500.
Qu’il ait choisi de participer avec le Pérou perturbe quelque peu le
journaliste. Au début du mois de juin 2016 (l’interview a été publiée le 3
juin) peu d’athlètes américains (David Torrence détient alors la meilleure
performance américaine sur 1 500) ont réalisé ces minimas qui ouvrent la
porte à…..une participation aux trials US qui déterminent la sélection
américaine.
Le néo-péruvien reconnait que l’idée d’y courir lui a traversé un
instant l’esprit mais l’autorisation de
participer aux jeux olympiques sous le drapeau péruvien l’emporte pour les
raisons présentées dans notre précédente chronique. La veille de la publication
de l’interview, en marge du « Adrian Martinez classic »,
Torrence se voyait bien doubler le 800 et 1 500 aux jeux de Rio et finaliste
potentiel. Etonnamment, ce doublé qui, pour beaucoup serait un aboutissement,
est pour lui l’occasion d’acquérir un peu plus d'expérience. A 31 ans !
David Torrence a comme un sentiment d’inachevé sur le 800. Ses 1.45
datent de 2011. Sans entraînement spécifique pour cette distance. Il dit que
son rêve inabouti sur 800 est la conséquence de pressions qui l’ont fait courir
sur la distance supérieure au nom de l’intérêt supérieur des Etats Unis, ce
pays qui fut le sien où on le voyait faire des étincelles (compte tenu de sa
valeur sur 800-1500) sur le 5 000.
Le changement de nationalité sportive lui permet de revenir à la
concrétisation de son rêve, de « mon propre développement
personnel ». Le fameux « rêve américain »
n’est pas le sien. Son rêve est péruvien, là-bas au pays des Andes où tout
serait à faire. Comme les nouveaux convertis, dont la foi déplacerait les
montagnes, il le croit fermement. A ce moment-là, David Torrence ne peut savoir
qu’il participera certes aux jeux olympiques…. mais sur 5 000 mètres.
Le journaliste insistant sur sa non-participation aux championnats US,
Torrence reconnait que, d’une certaine manière, ils lui manqueront (« Les
championnats américains ont été une partie de moi depuis longtemps. Ils ont été
un point focal majeur chaque année ») et qu’il y assistera en tant
que spectateur: « je vais regarder ces courses et voir comment elles
vont se disputer. En me demandant ce que j’aurai pu faire ».
Mais à la fin de la journée, toutes ces pensées, les émotions
suscitées seront effacées. Il ne sera pas perturbé par ce fait. La décision de
changement de nationalité sportive a été prise.
Définitivement. Sans retour possible. Il le sait. Il dit être heureux de
l’avoir prise et qu’il est aussi « très
fier de représenter le Pérou ».
En fait, David Torrence est la proie d’une excitation inexprimable
qu’il aurait étendue à ses proches. Ecoutons-le : « je suis
très excité. Ma famille, mes amis, les athlètes péruviens avec lesquels j'ai
parlé sont tous très heureux pour moi. Donc, bien que je ne participe pas aux
trials et aux championnats américains, j'ai hâte de découvrir cette toute
nouvelle expérience. Je ne l'échangerais pour rien d'autre ».
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