Chaque été et chaque hiver, le football se met en transe. Partout dans
ces territoires qui nous sont géographiquement proches, en Afrique du Nord ou
en cette Europe riveraine de la mer Méditerranée occidentale, vivants au rythme
des mêmes saisons…..sportives.
Ces deux courtes périodes marquant chez nous deux saisons climatiques
fortement contrastées avec la venue des grandes chaleurs incitant au farniente
et ensuite, quelques six mois plus tard, l’arrivée de la froidure
glaciale perçant les os - accueillent l’arrivée du plus grand cirque du
monde, le Barnum qui eut une réputation internationale (avant que son nom
prenne un tout autre sens) offrant son chapiteau aux clowneries et jongleries des
messieurs Loyal, ci-devant présidents de clubs de chez nous lourdement endettés
qui achètent et vendent avec frénésie leurs joueurs, animateurs d’une discipline
sportive dont la qualité est décriée par tous.
Il faut se dire qu’au-delà de la rime et des sens figurés liant Barnum
et capharnaüm, il n’y a que très peu de place pour abriter ce qui ailleurs est
le « mercato » du football doté de règles clairement
affichées sur le tableau de la mercuriale et qui chez nous devrait, en toute
légitimité linguistique, se dénommer « le souk » et
quelquefois « le bazar ». Un lieu d’échanges
commerciaux et financiers où se négocie - comme diraient « les
traders » de Wall Street ou de la City londonienne, les places
boursières et financières les plus réputées mondialement - les joueurs de
football.
Dans la cacophonie déréglementée par la main invisible traquée par
Marx et ses partisans accompagnant ce souk, on se surprendrait presque à remplacer
les dits joueurs, véritables gladiateurs des temps modernes, par des esclaves et
des prisonniers destinés s’affronter les armes à la main sur le sable des
arènes de Rome, Pompéi ou Capoue pour faire les délices et proposer une
jouissance inégalable à une populace en quête de ces jeux et de ce pain promis
par les César Imperator. Un pain qui ne prendra certainement pas les apparences
et les qualités nutritives et gustatives de la brioche chère à Marie Antoinette,
reine de France qui laissa sa tête sur un échafaud.
Les mécanismes de valorisation de ces joueurs ne déparent guère de
ceux qui, il y a bien des siècles, au vu du spectacle proposé par les média,
s’apparentent encore et aussi à la détermination des prix des troupeaux mis en
vente sur les marchés aux bestiaux.
On y perçoit des joueurs véritablement appréhendés comme de belles
bêtes que se disputent des maquignons surenchérissant sur le compère soucieux
de subtiliser les plus belles pièces. Celles qui, dans six mois ou une année,
malgré l’asséchement des pis, seront considérées comme des vaches normandes.
L’impécuniosité du trabendiste est passée par là. Le hangar à fourrage s’est
vidé.
La vue de ce spectacle désopilant incite à sourire. Il fait fureur, depuis
une dizaine d’années correspondant grossièrement à la naissance du football
professionnel algérien (dans sa version libérale fondée sur le libre-échange)
ainsi qu’à la compréhension qu’en ont les maîtres du caravansérail pour lesquels
cette activité commerciale footballistique correspond grosso modo à
l’interprétation d’une ligne figurant sur les bilans et les comptes sociaux des
entreprises régies par la comptabilité moderne et planétaire connue sous
l’acronyme d’IAS/IFRS.
Les joueurs ne sont plus, parce qu’ils font le spectacle et
participent à l’enrichissement de l’entreprise footballistique, que la partie
la plus importante du patrimoine de la SSPA. Ces êtres humains, dont l’habileté
balle au pied serait en régression constante, seraient donc devenus « les
actifs » de la société que l’on peut acquérir et céder selon le
bon vouloir des actionnaires.
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