mercredi 10 janvier 2018

Retour aux principes originels (3), Objectivité relative


Les lecteurs de la presse sportive algérienne sont le produit d’un système éducatif promoteur de clichés et de concepts à reproduire inlassablement ainsi que pourrait le décrire avec pertinence une perception reposant sur une thèse empruntée à Jean Piaget.

Psychologue de l’éducation et épistémologue, Piaget est le concepteur d’une théorie de l’apprentissage cognitif fondée en premier lieu sur le concept d’« assimilation » vue comme une phase de l’acquisition et de la reproduction répétitive intégrale des connaissances acquises.

Dans le système piagétien, l’étape suivante, dite d’ « accommodation », est celle de la mise en jeu des  compétences intellectuelles des apprenants. Des compétences auxquelles le système (dans sa conception englobant ses dimensions politique, sociale, éducationnelle, religieuse) ne fait pas appel et refuse même d’y recourir car y percevant un danger pour sa survie.  

C’est certainement en référence à cette activité sociale (qu’est la pratique sportive) outrancièrement popularisée, qui ne s’est pourtant pas substituée à la religion (contrairement à ce que l’on pense habituellement dans certaines sphères sportives la portant au rang de nouvel « opium du peuple ») mais l’accompagne, plongeant ses racines et modelant les esprits des masses populaires idéologiquement endoctrinées, enkystés dans les quartiers populaires péri-urbains nouvellement édifiés et dans les marges sociales intramuros (à libérer dans un avenir proche en vue de laisser la place aux futures friches citadines, les poches urbaines à  investir par les oligarchies locales) que l’on est allé puiser (au sein des plus hautes strates idéologiques et exécutives nationales) l’idée dépréciative d’une presse nationale animée et alimentée en commérages par des pipelettes. Un moyen de communication à grande échelle que d’aucuns se plurent par ailleurs à soudoyer par l’attribution de l’aide orientée au secteur médiatique à la fois démultiplié et moribond.

L’idée première de « Sous l’olivier » était de déconstruire les articles publiés sur un thème donné, de l’enrichir par d’autres informations et de reconstruire l’idée sous-jacente perçue selon une conception qui voudrait tendre à l’objectivité en examinant d’autres aspects que ceux qui sont habituellement présentés.

La recherche de l’objectivité est périphérique. Nous savons qu’elle est toute relative puisque le traitement que nous faisons de l’information est porté par une énonciation, par un discours à soumettre à un effort supplémentaire de compréhension (destruction-reconstruction) conduit par les lecteurs qui, nous n’aurions garde de l’oublier, sont eux-mêmes porteurs de systèmes idéologiques différenciés et détenteurs de modes énonciatifs rapportant à la fois à la langue d’expression (ou de la confrontation diglossiques des systèmes linguistiques connus et usités), à la génération qui l’utilise et à l’appartenance à une catégorie socio-professionnelle dont l’une des caractéristiques essentielles est le niveau de maîtrise de la compétence et de la performance linguistique.

Contrairement aux autres formes d’articles journalistiques (également traversés par le processus insidieux d’énonciation), s’imposant, aux yeux des lecteurs, comme le reflet de la réalité à laquelle ils s’attendent (et à un modèle d’objectivité qu’ils recherchent désespérément) et présentant les formes du produit d’un conditionnement imposé par les règles et les usages, la chronique s’assume en tant qu’espace rédactionnel dans lequel la part d’individualité est plus importante que le comportement social normé.


La chronique ne décrit pas la Réalité. Elle ne dévoile pas la Vérité. Elle n’y prétend d’ailleurs pas. Elle tente, simplement de dénouer des contradictions apparues, de faire apparaitre de nouveaux éléments d’informations et d’éclairer les discours (passés ou présents) des leaders d’opinion (mis en avant, propulsés sur la scène médiatique par les journalistes qui les ont suscité) en restituant les situations ainsi que les conjonctures, les contextes particuliers et/ou généraux, dans lesquels ils ont été exprimés. Pour reprendre un terme à la mode, elle tente de contextualiser les faits journalistiques. 

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