Les lecteurs de la presse sportive algérienne sont le produit d’un
système éducatif promoteur de clichés et de concepts à reproduire
inlassablement ainsi que pourrait le décrire avec pertinence une perception
reposant sur une thèse empruntée à Jean Piaget.
Psychologue de l’éducation et épistémologue, Piaget est le concepteur
d’une théorie de l’apprentissage cognitif fondée en premier lieu sur le concept
d’« assimilation » vue comme une phase de l’acquisition
et de la reproduction répétitive intégrale des connaissances acquises.
Dans le système piagétien, l’étape suivante, dite d’ « accommodation »,
est celle de la mise en jeu des compétences
intellectuelles des apprenants. Des compétences auxquelles le système (dans sa conception
englobant ses dimensions politique, sociale, éducationnelle, religieuse) ne fait
pas appel et refuse même d’y recourir car y percevant un danger pour sa
survie.
C’est certainement en référence à cette activité sociale (qu’est la
pratique sportive) outrancièrement popularisée, qui ne s’est pourtant pas
substituée à la religion (contrairement à ce que l’on pense habituellement dans
certaines sphères sportives la portant au rang de nouvel « opium du
peuple ») mais l’accompagne, plongeant ses racines et modelant les
esprits des masses populaires idéologiquement endoctrinées, enkystés dans les
quartiers populaires péri-urbains nouvellement édifiés et dans les marges
sociales intramuros (à libérer dans un avenir proche en vue de laisser la place
aux futures friches citadines, les poches urbaines à investir par les oligarchies locales) que
l’on est allé puiser (au sein des plus hautes strates idéologiques et
exécutives nationales) l’idée dépréciative d’une presse nationale animée et
alimentée en commérages par des pipelettes. Un moyen de communication à grande
échelle que d’aucuns se plurent par ailleurs à soudoyer par l’attribution de
l’aide orientée au secteur médiatique à la fois démultiplié et moribond.
L’idée première de « Sous l’olivier »
était de déconstruire les articles publiés sur un thème donné, de l’enrichir
par d’autres informations et de reconstruire l’idée sous-jacente perçue selon
une conception qui voudrait tendre à l’objectivité en examinant d’autres
aspects que ceux qui sont habituellement présentés.
La recherche de l’objectivité est périphérique. Nous savons qu’elle
est toute relative puisque le traitement que nous faisons de l’information est
porté par une énonciation, par un discours à soumettre à un effort
supplémentaire de compréhension (destruction-reconstruction) conduit par les
lecteurs qui, nous n’aurions garde de l’oublier, sont eux-mêmes porteurs de
systèmes idéologiques différenciés et détenteurs de modes énonciatifs rapportant
à la fois à la langue d’expression (ou de la confrontation diglossiques des
systèmes linguistiques connus et usités), à la génération qui l’utilise et à l’appartenance
à une catégorie socio-professionnelle dont l’une des caractéristiques essentielles
est le niveau de maîtrise de la compétence et de la performance linguistique.
Contrairement aux autres formes d’articles journalistiques (également
traversés par le processus insidieux d’énonciation), s’imposant, aux yeux des
lecteurs, comme le reflet de la réalité à laquelle ils s’attendent (et à un
modèle d’objectivité qu’ils recherchent désespérément) et présentant les formes
du produit d’un conditionnement imposé par les règles et les usages, la
chronique s’assume en tant qu’espace rédactionnel dans lequel la part
d’individualité est plus importante que le comportement social normé.
La chronique ne décrit pas la Réalité. Elle ne dévoile pas la Vérité. Elle
n’y prétend d’ailleurs pas. Elle tente, simplement de dénouer des
contradictions apparues, de faire apparaitre de nouveaux éléments
d’informations et d’éclairer les discours (passés ou présents) des leaders
d’opinion (mis en avant, propulsés sur la scène médiatique par les journalistes
qui les ont suscité) en restituant les situations ainsi que les conjonctures, les
contextes particuliers et/ou généraux, dans lesquels ils ont été exprimés. Pour
reprendre un terme à la mode, elle tente de contextualiser les faits
journalistiques.
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