mardi 9 janvier 2018

Retour sur les principes originels (2), Informations et catharsis

Cette presse sportive incontournable, à laquelle nous sommes dans l’obligation impérieuse de nous reporter, s’est bâtie autour de deux fonctions. La première est la fonction-pivot dans une sémiologie structurale de l’information. C’est celle dite « fonction d’information », sans laquelle il n’y aurait pas existence de ce système économique médiatique débordant de vitalité. La seconde est la « fonction de catharsis » attribuant un rôle de soupape…et une posture d’opposition alléguée au système aux empires étroitement liés au régime auquel ils participent en structurant le discours idéologique.

La fonction d’information qui y préside se fonde sur la mise en valeur de faits mineurs, de crispations et des relations  conflictuelles marginales régissant les rapports sociaux normaux dans un contexte de surtensions physiques (pour les sportifs), intellectuelles (pour les staffs et les observateurs) et mentales. Une information si débridée qu’elle atteste le sentiment accordant la primauté à l’accessoire au détriment d’un essentiel (restant à définir selon des critères autres que ceux aussi variés que subjectifs proposés) qu’elle s’efforce d’ensevelir sous l’avalanche du superfétatoire.

La deuxième, accessoire dans la hiérarchie des fonctions médiatiques, la fonction cathartique, est (remarquons-le) portée sur les ailes d’une liberté d’expression démocratisée dans ses pires excès, exprimée sans contrôle apparent de ces « gate-keepers », les gardiens du Temple médiatique, les censeurs fonctionnels, la hiérarchie du journal dont il est patent qu’ils sont fins connaisseurs de l’idéologie à favoriser, à promouvoir et dont on disait qu’ils étaient ceux qui donnaient une cohésion idéologique au produit médiatique final.

Il faut avouer que la libération de la pensée et de l’expression est totale. Nous devons malheureusement  l’entrevoir comme une pensée, à la fois manipulée et manipulatrice, privilégiant les intérêts de quelques-uns. Une élite constituée essentiellement dans un rapport dominants/dominés mettant en présence des groupes « institutionnels » (clubs, ligues, fédération) socialement émérites et des individualités (joueurs, entraîneurs, arbitres) totalement asservis par les systèmes sportif et médiatiques.

La fonction intermédiaire dite « pédagogique » (ou de « formation » du lectorat) sensée apporter des connaissances y est complétement éludée. Il ne s’agit surtout pas, en aucune façon, d’éclairer les lecteurs sur les fondements et mécanismes des relations conflictuelles répercutées mais de mettre délibérément en avant celles prônées par les strates sociales supérieures du système sportif.

Une nomenklatura formée par ces castes intermédiaires néo-libérales qui sont les obligées du système englobant économique, politique et administratif,  de cet appareil idéologique de l’Etat que décrivit si bien, depuis sa cellule, Antonio Gramsci. Des serfs-gardes-chiourmes, asservissant leurs semblables pour un peu de notoriété et de monnaie, qui auraient fait le bonheur de Franz Fanon découvrant les nouveaux colons.

Les discussions sportives, aux relents chauvins et populistes, ont changé d’espaces d’expression. Elles ont migré à l’aune des politiques nationales d’occupation du territoire. Elles se sont déplacées des cafés du commerce enfumés et bruyants d’antan, où les éclats de voix étaient souvent couverts par les musiques localement appréciées (chaâbi, malouf, raï, seraoui, bédoui, kebaïli et autres variétés linguistiques et musicales, etc.) pour occuper les immensément étendus espaces virtuels  proposés par les réseaux sociaux, éparpillant à l’infini la portée de propos totalement débridés. 


Ce fut incontestablement dans les titres spécialisés de la « presse people foot » (devenus de véritables groupes de presse - édités dans la langue dominante du pays et dans sa rivale, celle perçue un temps d’abord comme un butin de guerre puis, les années et les décennies passant, comme un marqueur socialement visible d’aliénation intellectuelle et psychosociologique au système colonialiste) que sont conditionnés à satiété, formatés pour demeurer dans le jargon des NTIC, les esprits immatures. 

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