Dans le premier processus de mise en circulation de l’information, qui
est en action dans la chronique, les
informateurs qui sont aussi des énonciateurs (dont les énoncés sont repris par
l’énonciateur principal) à la recherche de l’anonymat, ne sont pas apparents.
Les récits multiples de ces énonciateurs tapis dans la pénombre sont
le plus souvent déconnectés les uns des autres. Les faits transmis ne prennent
sens que dans un contexte déterminé. En dehors de ce contexte, ils n’ont aucune
valeur informationnelle intrinsèque pour un lecteur moyen. Au-delà du moment où
ils sont exprimés. L’information est souvent si usée…jusqu’à la trame par les
répétitions désordonnées qu’elle vaut à certains, soucieux de rechercher
l’oubli par l’amoncellement d’autres faits d’actualité, de parler de « réchauffé ».
Dans le second, les leaders d’opinion apparaissent splendidement et
spectaculairement sur les écrans. La mise sous projecteurs fait la différence.
Ils recherchent - pour différentes raisons
(celle de conforter un statut social en fait partie) dont l’explication
ne sera perceptible que bien après - l’exposition aux regards du public.
Il nous faudra convenir que derrière les apparences quelques fois très
trompeuses, c’est la personnalité des uns (informateurs) et des autres (leaders
d’opinion) qui produit la véritable distinction.
La recherche de la visibilité est, dans le système médiatique que nous
connaissons depuis 1990, le fait de deux catégories de personnes dont
l’activité fait la richesse quantitative du discours journalistique.
La première catégorie est celle à laquelle appartiennent les « décideurs », responsables (nommés ou élus) de structures
sportives en quête du raffermissement de leurs statuts (le plus souvent
instables, fluctuant au gré des alliances contractées) en relation avec leurs
légitimités….erratiques et controversées. Mais également en butte à la fragilisation
de leurs bases par une « opposition » (ouvertement
déclarée ou pas) discursivement agissante, affermie par le jeu constant des
chaises musicales.
La seconde est celle des « activistes » appartenant
aux deux parties en présence : les tenants du pouvoir sportif et leurs
adversaires. Ce sont ceux qui ont besoin de la presse pour exister, pour « faire
passer un message » en permanente adéquation avec les discours
ambiants légitimant la parole politique. Jamais (ou très rarement) en position
de décideurs, ils alimentent la mouvante actualité sportive en mettant à nu les
stigmates des autres, premiers et seconds rôles.
Il est pertinent d’observer que « les rumeurs »
peuvent devenir l’outil de
manipulations, de déformations des faits du quotidien sportif. Nous verrons
qu’elles deviennent un instrument de propagande lorsqu’elles se mettent au
service d’une cause dans les interminables guerres de clans agitant sans
discontinuer le landernau. En particulier lorsque la fonction pédagogique des
médias est dénaturée.
Les lecteurs, bien qu’ils ne maîtrisent pas la mécanique systémique de
l’empire de la presse, perçoivent les enjeux de la médiatisation d’une
information dont le calendrier de parution n’est pas toujours innocent. Dans le
domaine sportif, comme dans les autres secteurs de l’activité humaine, la mise
en valeur d’une information, d’un événement ou d’un simple fait divers, n’est
pas toujours indemne d’arrière-pensées ou de manigances de la part de celui qui
l’apporte sur un plateau.
Le discours de la « presse people foot », dont
l’armée de correspondants missionnés auprès de structures précisément désignées
(associations sportives, ligues, fédérations), est obligatoirement influencé
par la proximité relationnelle qui se construit au gré des affinités et de
l’écoulement temporel, ne peut que se
solidariser avec ceux qu’elle côtoie au quotidien dans les escarmouches de la
guerre déclenchée plus particulièrement par les ténors.
L’alliance de ces ténors, leaders d’opinion fabriqués avec cette
« presse people foot » fabriquant ces leaders, entraîne dans
une nappe artificielle de brouillard tendant vers la propagande de
l’idéologie du souk.
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