dimanche 14 janvier 2018

Retour aux principes originels (5), Rumeur et obligation de réserve

L’informateur, le producteur de « nos rumeurs », est un membre de la communauté, de la sphère sportive au sein de laquelle il jouit d’une bonne réputation. Le plus souvent, il est « une figure connue » pour sa respectabilité, son honorabilité, sa crédibilité. Il est porteur d’ « une nouvelle », recueillie à « bonne source », nommément citée. Il détient quelque fois la preuve de l’existence mais ne peut la divulguer ouvertement.

Le plus souvent, il fait appel, pour expliquer la rétention de l’information non publiable, à la célébrissime et obscure obligation du « droit de réserve », brandie à tout bout de champ. Une parade utilisée afin d’éviter la révélation publique d’une nouvelle le plus souvent préjudiciable à la bonne marche du corps social sportif encadré par d’autres corps sociaux, essentiellement administratifs, « politiques » et hiérarchiques, à la fois tout puissants et vindicatifs. Quelle que soit leurs positions dans la hiérarchie administrative et/ou sportive, ces informateurs requièrent l’anonymat protecteur.

Ces derniers temps, l’actualité politique et littéraire (nous nous référons à la parution, le 5 janvier 2018, du  livre « Fire and Fury : Inside the Trump White House » traduit en : « Le feu et la fureur : à l’intérieur de la Maison Blanche de Trump » écrit par le journaliste Michael Wolff) a permis à la presse française, dite de référence,  de montrer la perception très étatsunienne de l’objectivité journalistique.

Ce qui est intéressant, quand on se penche sur le débat polémique suscité à propos de la crédibilité des informations contenues dans le livre et sur l’objectivité de l’auteur, c’est qu’une présentatrice d’une émission phare de CNN, en décrivant le « modus operandi de Michael Wolff » permet de dévoiler un des angles d’analyse de la profession de journaliste telle qu’elle est perçue, par ceux (et celles) qui la pratiquent dans l’espace de la démocratie idéalisée et idyllique.

La technique utilisée par Michael Wolff serait de « laisser les personnes avec qui il s’entretient dérouler leur fil ». Cette technique serait amputée d’une partie importante de l’approche traditionnelle qui le conduirait à ne pas se donner « la peine de vérifier ce qu’elles disent ».  Cela amène cette présentatrice à affirmer qu’ « Il n’a pas besoin d’avoir deux sources pour avancer un fait ». Pour cette présentatrice de premier plan, cette démarche « Ce n’est pas du journalisme ».

En conclusion, le journalisme se manifesterait par la présence minimale de deux sources d’information. Nous devons convenir que ces deux sources doivent être concordantes. Pour Alisyn Camerota, la présentatrice de CNN, il y a donc obligation de deux sources en vue de la validation d’un fait à publier.

Sans qu’elle n’y prenne garde, elle a placé Donald Trump, le tout puissant président de la première nation planétaire, sur le même plan qu’un témoin lambda d’un fait divers. L’information qu’il communique doit absolument être vérifiée dans les coulisses du pouvoir pour être validée par ceux qui l’ont aidé à prendre sa décision.

En un mot, l’informateur, source d’une rumeur médiatique, est (dans le contexte moins pesant et si peu protocolaire dans lequel nous évoluons) une personne qui, de par son statut social, pourrait se voir attribuer le statut de « leader d’opinion », de porteur de sens et de significations à exprimer (dont la presse actuelle est friande pour soi-disant lui éviter de prendre part et de s’impliquer dans le débat) susceptibles d’être portés à la connaissance des masses.


Il est en capacité de s’imposer, de faire entendre avec pertinence sa voix dans les champs sportif et médiatique.

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