mercredi 19 août 2015

Avant les élections de l’IAAF, Message subliminal sur fond de dopage


Dans nos dernières chroniques nous avons délaissé l’actualité sportive nationale pour nous intéresser à l’athlétisme mondial. Il est vrai que depuis le meeting de la « Ligue de Diamant » organisé au stade Louis II de la principauté de Monaco (à la mi-juillet), la presse sportive internationale  a commenté, avec force allusion à des pratiques dopantes, le record du monde du 1 500 mètres réalisé par l’Ethiopienne Genzebe Dibaba dont le parcours au plus haut niveau est suivi de très près par les spécialistes.
Cette même presse s’est tue (ou presque)  sur la progression phénoménale d’Amel Tuka, un Bosniaque entraîné par un coach italien. Nous n’avons pas l’intention de prétendre que cet athlète était dopé mais les mêmes journalistes auraient pu s’interroger un peu plus sur les conditions qui ont mené aux chronos de cette année. 
En arrière plan, également une campagne conduite par des organes de presse anglais et allemands avec le renfort de spécialistes (?) australiens sur le thème du dopage dans les rangs des athlètes de haut niveau, une manière très médiatique et subliminale de critiquer la fédération internationale d’athlétisme et la fin du mandat de son président, le Sénégalais Lamine Diack.
C’est une fuite de données (ou plutôt l’exploitation médiatique d’une prétendue fuite) qui a emporté, dans un premier temps, les athlètes turcs et quelques athlètes russes. En cette période pré-électorale des fichiers informatiques ont « fuité » visant deux nations : la Russie et le Kenya.
Première conséquence, une trentaine de médailles distribuées depuis 10 ans sera retirée et redistribuée. Les grands bénéficiaires seront à n’en pas douter des athlètes occidentaux appartenant à des pays où l’avancée dans le domaine pharmaceutique  est importante et dont la tricherie ne sera repérée que dans quelques années, lorsque les moyens de contrôle seront adaptés aux nouvelle formules indécelables aujourd’hui.
La Russie et le Kenya (l’Ethiopie est également touchée pour l’instant à travers des athlètes ayant répudié leur nationalité d’origine) ont accaparé les médailles dans les dernières compétitions d’athlétisme et ont été jalousées. Il est clair que tous les athlètes suspectés de dopage ne seront pas présents aux championnats du monde de Pékin dont l’ouverture aura lieu dans quelques jours, le 22 août prochain. La Russie en a d’ailleurs fait l’annonce. Quant aux Kenyans qui tempêtent (40 cas répertoriés), cette question de dopés et de suspects de dopage les indiffèrent. Leur réservoir d’athlètes de valeur mondiale est si grand qu’ils n’auront aucune difficulté de remplacer ces athlètes par d’autres de presque égale valeur.
Un site d’information spécialisé en athlétisme a rapporté, à la fin du mois de mai, que pour l’inauguration de la piste (les gradins sont restés tels qu’ils étaient, taillés dans la terre) du stade d’Eldoret (la capitale du demi-fond kenyan n’en disposait pas avant cette date et malgré cela produisait chaque année de nouveaux athlètes de très haut niveau), le meeting avait vu 4 séries de 10 000 mètres et 7 séries au 5000 mètres, chaque série comptant 30 coureurs. Au 1 500, ils étaient, a-t-on- rapporté, plus d’une centaine.   
La deuxième aura un effet indéniable sur l’élection du nouveau président de l’IAAF. Deux postulants briguent ce poste à la tête de la deuxième fédération internationale (après la FIFA, le CIO étant hors concours): le Britannique Sébastian Coe et l’Ukrainien Serguei Bubka. Deux grands anciens champions que nul ne pourra effacer de l’histoire de l’athlétisme mondial, occupent aujourd’hui - avant que les électeurs (les présidents des fédérations membres de l’IAAF) ne les départagent- les fonctions de vice-présidents de cette organisation internationale.
Deux grands athlètes certes. Mais, aussi deux symboles de l’athlétisme mondial. Sébastian Coe représente, quoiqu’on en dise l’Europe, l’Empire britannique et le Commonwealth, c'est-à-dire les pays fondateurs de l’athlétisme moderne et normalisé, une Histoire qui a changé de cap avec la montée des nations socialistes d’abord puis des pays du tiers monde anciennement colonisé, ensuite. Un univers à la recherche d’un nouveau leadership et qui sait subtilement utiliser les moyens de communications.
Serguei Bubka, bien qu’il ait recouvré sa nationalité ukrainienne, est représentatif de l’athlétisme soviétique déclinant certes mais encore dominateur dans quelques spécialités athlétiques faisant encore partie de la culture de l’ancien bloc socialiste : la marche, les lancers et les sauts ainsi que les courses de demi-fond chez les dames. Bubka n’est plus soviétique depuis l’éclatement de l’URSS mais dans la mémoire des dirigeants de l’athlétisme mondial, dont la jeunesse n’est pas la première qualité et qui l’ont connu en tant qu’athlète porteur des couleurs de cette nation disparue qui dérangeait, il en est le symbole. Malgré les événements actuels de Crimée et d’autres régions orientales d’Ukraine.   


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