Dans nos dernières chroniques nous avons délaissé l’actualité sportive
nationale pour nous intéresser à l’athlétisme mondial. Il est vrai que depuis
le meeting de la « Ligue de Diamant » organisé au stade Louis II de
la principauté de Monaco (à la mi-juillet), la presse sportive
internationale a commenté, avec force
allusion à des pratiques dopantes, le record du monde du 1 500 mètres
réalisé par l’Ethiopienne Genzebe Dibaba dont le parcours au plus haut niveau
est suivi de très près par les spécialistes.
Cette même presse s’est tue (ou presque) sur la progression phénoménale d’Amel Tuka, un
Bosniaque entraîné par un coach italien. Nous n’avons pas l’intention de
prétendre que cet athlète était dopé mais les mêmes journalistes auraient pu
s’interroger un peu plus sur les conditions qui ont mené aux chronos de cette
année.
En arrière plan, également une campagne conduite par des organes de
presse anglais et allemands avec le renfort de spécialistes (?) australiens sur
le thème du dopage dans les rangs des athlètes de haut niveau, une manière très
médiatique et subliminale de critiquer la fédération internationale
d’athlétisme et la fin du mandat de son président, le Sénégalais Lamine Diack.
C’est une fuite de données (ou plutôt l’exploitation médiatique d’une
prétendue fuite) qui a emporté, dans un premier temps, les athlètes turcs et
quelques athlètes russes. En cette période pré-électorale des fichiers
informatiques ont « fuité » visant deux nations : la Russie et
le Kenya.
Première conséquence, une trentaine de médailles distribuées depuis 10
ans sera retirée et redistribuée. Les grands bénéficiaires seront à n’en pas
douter des athlètes occidentaux appartenant à des pays où l’avancée dans le
domaine pharmaceutique est importante et
dont la tricherie ne sera repérée que dans quelques années, lorsque les moyens
de contrôle seront adaptés aux nouvelle formules indécelables aujourd’hui.
La Russie et le Kenya (l’Ethiopie est également touchée pour l’instant
à travers des athlètes ayant répudié leur nationalité d’origine) ont accaparé
les médailles dans les dernières compétitions d’athlétisme et ont été
jalousées. Il est clair que tous les athlètes suspectés de dopage ne seront pas
présents aux championnats du monde de Pékin dont l’ouverture aura lieu dans
quelques jours, le 22 août prochain. La Russie en a d’ailleurs fait l’annonce.
Quant aux Kenyans qui tempêtent (40 cas répertoriés), cette question de dopés
et de suspects de dopage les indiffèrent. Leur réservoir d’athlètes de valeur
mondiale est si grand qu’ils n’auront aucune difficulté de remplacer ces
athlètes par d’autres de presque égale valeur.
Un site d’information spécialisé en athlétisme a rapporté, à la fin du
mois de mai, que pour l’inauguration de la piste (les gradins sont restés tels
qu’ils étaient, taillés dans la terre) du stade d’Eldoret (la capitale du
demi-fond kenyan n’en disposait pas avant cette date et malgré cela produisait
chaque année de nouveaux athlètes de très haut niveau), le meeting avait vu 4
séries de 10 000 mètres et 7 séries au 5000 mètres, chaque série comptant
30 coureurs. Au 1 500, ils étaient, a-t-on- rapporté, plus d’une centaine.
La deuxième aura un effet indéniable sur l’élection du nouveau
président de l’IAAF. Deux postulants briguent ce poste à la tête de la deuxième
fédération internationale (après la FIFA, le CIO étant hors concours): le
Britannique Sébastian Coe et l’Ukrainien Serguei Bubka. Deux grands anciens
champions que nul ne pourra effacer de l’histoire de l’athlétisme mondial, occupent
aujourd’hui - avant que les électeurs (les présidents des fédérations membres
de l’IAAF) ne les départagent- les fonctions de vice-présidents de cette organisation
internationale.
Deux grands athlètes certes. Mais, aussi deux symboles de l’athlétisme
mondial. Sébastian Coe représente, quoiqu’on en dise l’Europe, l’Empire
britannique et le Commonwealth, c'est-à-dire les pays fondateurs de
l’athlétisme moderne et normalisé, une Histoire qui a changé de cap avec la
montée des nations socialistes d’abord puis des pays du tiers monde
anciennement colonisé, ensuite. Un univers à la recherche d’un nouveau
leadership et qui sait subtilement utiliser les moyens de communications.
Serguei Bubka, bien qu’il ait recouvré sa nationalité ukrainienne, est
représentatif de l’athlétisme soviétique déclinant certes mais encore
dominateur dans quelques spécialités athlétiques faisant encore partie de la
culture de l’ancien bloc socialiste : la marche, les lancers et les sauts
ainsi que les courses de demi-fond chez les dames. Bubka n’est plus soviétique
depuis l’éclatement de l’URSS mais dans la mémoire des dirigeants de
l’athlétisme mondial, dont la jeunesse n’est pas la première qualité et qui
l’ont connu en tant qu’athlète porteur des couleurs de cette nation disparue
qui dérangeait, il en est le symbole. Malgré les événements actuels de Crimée
et d’autres régions orientales d’Ukraine.
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