lundi 31 août 2015

Larbi Bouraâda, Le champion marqué à jamais par l’infamie


Dans la littérature française du 19ème siècle, des livres, dont la notoriété n’est plus à faire (₺Les misérables₺ de Victor Hugo et ₺Les trois mousquetaires ₺ d’Alexandre Dumas), ont pour personnages centraux des reclus, des réprouvés, des exclus de la société, des prisonniers souvent condamnés aux travaux forcés, portant indélébilement une marque qui est celle de l’infamie. Cette marque (la fleur de lys, symbole de la royauté française) avait été gravée au fer rouge, à même la chair, sur l’épaule de Milady (l’espionne, ex-épouse d’Athos, le compagnon d’armes de d’Artagnan, héros des ₺Trois mousquetaires₺). C’est une marque du même genre qui distinguait ad aeternam (pour l’éternité), les condamnés au bagne (Jean Valjean dans ₺Les misérables₺) du reste des membres honorables de la société. Une sorte de casier judiciaire à fleur de peau.
Larbi Bouraâda, un des héros algériens de la 15ème édition des championnats du monde d’athlétisme qui viennent de s’achever, revenu de Pékin avec une cinquième place du décathlon accompagnée d’un record personnel enrichi d’un record national et même d’un record continental (8 461 points) dans un concours de très haut niveau dont le vainqueur a lui-même amélioré son propre record du monde, fait partie des hommes forts, des athlètes complets capables de briller dans presque toutes les épreuves que propose un programme de compétitions d’athlétisme, des Hercule des temps modernes. Bons sprinters, bons lanceurs, bons sauteurs mais médiocres coureurs de demi-fond pourrait âtre le profil de ces athlètes hors du commun.
Il y a donc de quoi se gargariser du résultat réalisé au « Nid d’Oiseau », si ce n’est que, malheureusement, cet exploit est entaché d’une tare, d’une casserole que le pauvre athlète trainera derrière lui et avec lui pendant toute carrière. En effet, toutes les performances présentes et à venir seront accompagnées à jamais par la mention d’une suspension de deux années, prononcée en juin 2012, à la suite d’un contrôle positif au Stanozolol lors d’une compétition d’épreuves combinées disputée à la mi-juin 2012 en Allemagne.
Ce jour-là, Larbi Bouraâda avait remporté la victoire et amélioré le record d’Afrique (8 332 points) qui n’a jamais été validé et n’a jamais été porté sur les tablettes nationale et africaine.
Sanctionné par la fédération d’athlétisme, l’athlète a continué à faire partie de la liste des athlètes soutenus (contre vents et marées) par elle. C’est ce qui expliquerait que l’athlète ait continué à progresser et a réalisé une performance meilleure que celle produite sous l’influence de stéroïdes anabolisants.
D’autres athlètes de valeur mondiale ont été sanctionnés pour les mêmes faits. Les Américain Justin Gastin (double médaillé d’argent sur 100 et 200 mètres) et Tyson Gay, le Jamaïcain Assafa Powell (ex recordman du monde), sa compatriote Shelly Ann Fraser Price (championne du monde 2015 du 100 m)  ont été sanctionnés à divers degrés pour usage de produits dopants et ont réintégré, au plus haut niveau, le circuit mondial, en portant cependant une pancarte qui les met au ban de la société des athlètes honnêtes et rappelle constamment leur déshonneur.

Larbi Bouraâda (et les autres athlètes sanctionnés) bénéficie d’une forme de mansuétude (suspension temporaire) qui risque de ne pas être éternelle. En effet, des débats alimentent le monde de la lutte antidopage. Des recherches effectuées sur ce sujet (en Norvège, en Suède et même en Allemagne de l’Est au temps où la RDA était à la tête du dopage mondial, c'est-à-dire antérieurement à la « chute du Mur de Berlin ») montreraient que les effets du dopage aux stéroïdes anabolisants seraient permanents, qu’en quelque sorte que « dopé un jour serait dopé toujours». Il semblerait que si les analyses pratiquées ne peuvent mettre en évidence l’utilisation présente de produits dopants, ceux-ci, employées antérieurement, modifieraient profondément les cellules de l’athlète et lui fourniraient donc indéfiniment un avantage sur leurs concurrents. C’est ce qui expliquerait l’amélioration des performances individuelles constatées entre la période d’usage des anabolisants et aujourd’hui où ils sont ₺clean₺.  

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