Dans le parler populaire, la langue arabe dialectale, maternelle d’une
grande majorité de la population, comprise par la minorité amazighophone, cette
fameuse « derdja » (ou « daridja ») que l’on redécouvre au
détour d’une proposition de pédagogues pour améliorer le niveau de compétences
de nos enfants déroutés, dès leur entrée à l’école, par une langue qu’ils ne
reconnaissent pas à moins d’être très assidus, aux côtés de leurs géniteurs,
dans les salles de prière et les mosquées ou aux classes préparatoires
(mi-classes maternelles et mi-crèches) qui font florès, en concurrence avec le
cycle préscolaire de l’éducation publique nationale, est objet d’un débat
polémique dans lequel s’affrontent les idéologues et les hommes politiques prenant
le pas, comme à l’accoutumée, sur les pédagogues.
Un mot dans cette langue vernaculaire, « taïhoudite »,
exprime une partie de la mémoire collective. Celle où se juxtapose, spatialement
parlant, depuis au moins le reflux andalou du 16ème siècle, deux
communautés religieuses, venues du centre mythique du monde, en rivalité
séculaire mais qui pourtant se sont interpénétrées socialement et
culturellement. « Taïhoudite » exprime le comportement initialement
connu et perpétué au fil des siècles par les communautés juives et mauresques
déportées par la Reconquista ibérique.
Un comportement ne correspondant pas, selon le commun des mortels, aux normes
sociales idéalisées d’inspiration musulmane. En fait, dans ce sémème seraient
regroupés, depuis le recouvrement de la souveraineté nationale, des normes
sociales attribuées aux alliés des colonisateurs, aux rivaux religieux
héréditaires. C’est à travers des perceptions négatives portées par l’Histoire
que ces derniers sont décrits par le commun des Algériens et les membres des
autres communautés monothéistes du bassin méditerranéen. Dans ce pack se mêlent
hypocrisie, capacité de nuisance, sournoiserie, etc. transcendées par des
capacités intellectuelles mises au service du Mal. C’est aussi la différence
entre deux strates de la société, entre le milieu citadin (celui des villes du
16ème et 17ème, Tlemcen, Alger, Oran, Blida, Béjaïa,
Constantine, Annaba) qui ont recueilli cette diaspora au raffinement
civilisationnel inégalé et l’exode rural post indépendance qui ne s’y est pas
encore habitué
C’est « taïhoudite » qui nous vient à l’esprit en observant
le comportement des dirigeants et des supporters du CSC, un club de football
algérien, prétendument doyen dans une conception de clubs autochtones, musulmans,
portant haut le fanion « Vert et Noir ».
On connait le différent financier qui oppose l’actionnaire majoritaire
de la SSPA/CSC (le groupe public Tassili) aux autres actionnaires que sont le
CSA/ CSC et les actionnaires fondateurs du club professionnel (dignes
représentants du secteur privé à l’algérienne) et la décision de justice, qui
contraint le premier à verser aux seconds près de 19 milliards de centimes qui auraient permis au
club de survivre, et a assorti la décision à un blocage des comptes.
Enfermés dans une impasse, les « opposants », avec à leur
tête le président du conseil d’administration, ont voulu tenir une réunion de
travail ou de conciliation prenant la forme d’une réunion extraordinaire du CA
pour trouver une solution. Pour bien faire, seul le président du CA s’est
présenté pour faire face aux représentants désignés du propriétaire du club
rencontrés au cours d’une réunion informelle (puisque la réunion du CA a été
avortée) au cours de laquelle il a présenté au nom de ses pairs constantinois
une proposition apaisante (?) consistant à ne pas perturber le fonctionnement
de l’équipe en ne prélevant pas sur les fonds que verseraient le groupe
Tassili, les montants destinés à couvrir la dette.
Notons que les « copropriétaires », c’est à dire le CSA et
les autres actionnaires que sont Boulhabib (le chef de file), les frères
Boukhezra (les commanditaires) et Haddad (le président du conseil) ont échoués
dans leur tentative de ramener au stade Hamlaoui les Sanafirs. Observons
également que si ces derniers furent nombreux (une estimation donne 45 000
spectateurs entassés dans les gradins), seulement un peu moins du tiers ont
consenti à passer à la caisse
(13 000 billets vendus, dit-on). En fait, Boulhabib et consorts n’ont pas
eu le soutien (financier) attendu et espéré. Mais, pouvait-il en être autrement
alors que ce problème est connu de tous depuis des lustres et n’a jamais été
résolu.
Dans cette histoire de resquille, tous les intervenants sont
perdants : le fisc, les pouvoirs publics, le stade et les clubs. C’est
pour remplacer ces pertes financières que l’administration taxe au prix fort
(1 500 dinars/mois) les sportifs du troisième âge qui tentent de conserver
ou de retrouver la santé. Pendant ce temps, les supporters et les stadiers
jouent à cache-cache à coup de milliards de centimes par grande affiche.
En une rencontre (CSC-MOC), 8 millions de dinars sont passés en pertes
et profits. Plutôt en pertes.
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