lundi 31 août 2015

Larbi Bouraâda, Le champion marqué à jamais par l’infamie


Dans la littérature française du 19ème siècle, des livres, dont la notoriété n’est plus à faire (₺Les misérables₺ de Victor Hugo et ₺Les trois mousquetaires ₺ d’Alexandre Dumas), ont pour personnages centraux des reclus, des réprouvés, des exclus de la société, des prisonniers souvent condamnés aux travaux forcés, portant indélébilement une marque qui est celle de l’infamie. Cette marque (la fleur de lys, symbole de la royauté française) avait été gravée au fer rouge, à même la chair, sur l’épaule de Milady (l’espionne, ex-épouse d’Athos, le compagnon d’armes de d’Artagnan, héros des ₺Trois mousquetaires₺). C’est une marque du même genre qui distinguait ad aeternam (pour l’éternité), les condamnés au bagne (Jean Valjean dans ₺Les misérables₺) du reste des membres honorables de la société. Une sorte de casier judiciaire à fleur de peau.
Larbi Bouraâda, un des héros algériens de la 15ème édition des championnats du monde d’athlétisme qui viennent de s’achever, revenu de Pékin avec une cinquième place du décathlon accompagnée d’un record personnel enrichi d’un record national et même d’un record continental (8 461 points) dans un concours de très haut niveau dont le vainqueur a lui-même amélioré son propre record du monde, fait partie des hommes forts, des athlètes complets capables de briller dans presque toutes les épreuves que propose un programme de compétitions d’athlétisme, des Hercule des temps modernes. Bons sprinters, bons lanceurs, bons sauteurs mais médiocres coureurs de demi-fond pourrait âtre le profil de ces athlètes hors du commun.
Il y a donc de quoi se gargariser du résultat réalisé au « Nid d’Oiseau », si ce n’est que, malheureusement, cet exploit est entaché d’une tare, d’une casserole que le pauvre athlète trainera derrière lui et avec lui pendant toute carrière. En effet, toutes les performances présentes et à venir seront accompagnées à jamais par la mention d’une suspension de deux années, prononcée en juin 2012, à la suite d’un contrôle positif au Stanozolol lors d’une compétition d’épreuves combinées disputée à la mi-juin 2012 en Allemagne.
Ce jour-là, Larbi Bouraâda avait remporté la victoire et amélioré le record d’Afrique (8 332 points) qui n’a jamais été validé et n’a jamais été porté sur les tablettes nationale et africaine.
Sanctionné par la fédération d’athlétisme, l’athlète a continué à faire partie de la liste des athlètes soutenus (contre vents et marées) par elle. C’est ce qui expliquerait que l’athlète ait continué à progresser et a réalisé une performance meilleure que celle produite sous l’influence de stéroïdes anabolisants.
D’autres athlètes de valeur mondiale ont été sanctionnés pour les mêmes faits. Les Américain Justin Gastin (double médaillé d’argent sur 100 et 200 mètres) et Tyson Gay, le Jamaïcain Assafa Powell (ex recordman du monde), sa compatriote Shelly Ann Fraser Price (championne du monde 2015 du 100 m)  ont été sanctionnés à divers degrés pour usage de produits dopants et ont réintégré, au plus haut niveau, le circuit mondial, en portant cependant une pancarte qui les met au ban de la société des athlètes honnêtes et rappelle constamment leur déshonneur.

Larbi Bouraâda (et les autres athlètes sanctionnés) bénéficie d’une forme de mansuétude (suspension temporaire) qui risque de ne pas être éternelle. En effet, des débats alimentent le monde de la lutte antidopage. Des recherches effectuées sur ce sujet (en Norvège, en Suède et même en Allemagne de l’Est au temps où la RDA était à la tête du dopage mondial, c'est-à-dire antérieurement à la « chute du Mur de Berlin ») montreraient que les effets du dopage aux stéroïdes anabolisants seraient permanents, qu’en quelque sorte que « dopé un jour serait dopé toujours». Il semblerait que si les analyses pratiquées ne peuvent mettre en évidence l’utilisation présente de produits dopants, ceux-ci, employées antérieurement, modifieraient profondément les cellules de l’athlète et lui fourniraient donc indéfiniment un avantage sur leurs concurrents. C’est ce qui expliquerait l’amélioration des performances individuelles constatées entre la période d’usage des anabolisants et aujourd’hui où ils sont ₺clean₺.  

dimanche 30 août 2015

« Taïhoudite », Le CSC pris dans l’engrenage


Dans le parler populaire, la langue arabe dialectale, maternelle d’une grande majorité de la population, comprise par la minorité amazighophone, cette fameuse « derdja » (ou « daridja ») que l’on redécouvre au détour d’une proposition de pédagogues pour améliorer le niveau de compétences de nos enfants déroutés, dès leur entrée à l’école, par une langue qu’ils ne reconnaissent pas à moins d’être très assidus, aux côtés de leurs géniteurs, dans les salles de prière et les mosquées ou aux classes préparatoires (mi-classes maternelles et mi-crèches) qui font florès, en concurrence avec le cycle préscolaire de l’éducation publique nationale, est objet d’un débat polémique dans lequel s’affrontent les idéologues et les hommes politiques prenant le pas, comme à l’accoutumée, sur les pédagogues.
Un mot dans cette langue vernaculaire, « taïhoudite », exprime une partie de la mémoire collective. Celle où se juxtapose, spatialement parlant, depuis au moins le reflux andalou du 16ème siècle, deux communautés religieuses, venues du centre mythique du monde, en rivalité séculaire mais qui pourtant se sont interpénétrées socialement et culturellement. « Taïhoudite » exprime le comportement initialement connu et perpétué au fil des siècles par les communautés juives et mauresques déportées par la Reconquista  ibérique. Un comportement ne correspondant pas, selon le commun des mortels, aux normes sociales idéalisées d’inspiration musulmane. En fait, dans ce sémème seraient regroupés, depuis le recouvrement de la souveraineté nationale, des normes sociales attribuées aux alliés des colonisateurs, aux rivaux religieux héréditaires. C’est à travers des perceptions négatives portées par l’Histoire que ces derniers sont décrits par le commun des Algériens et les membres des autres communautés monothéistes du bassin méditerranéen. Dans ce pack se mêlent hypocrisie, capacité de nuisance, sournoiserie, etc. transcendées par des capacités intellectuelles mises au service du Mal. C’est aussi la différence entre deux strates de la société, entre le milieu citadin (celui des villes du 16ème et 17ème, Tlemcen, Alger, Oran, Blida, Béjaïa, Constantine, Annaba) qui ont recueilli cette diaspora au raffinement civilisationnel inégalé et l’exode rural post indépendance qui ne s’y est pas encore habitué   
C’est « taïhoudite » qui nous vient à l’esprit en observant le comportement des dirigeants et des supporters du CSC, un club de football algérien, prétendument doyen dans une conception de clubs autochtones, musulmans, portant haut le fanion « Vert et Noir ».
On connait le différent financier qui oppose l’actionnaire majoritaire de la SSPA/CSC (le groupe public Tassili) aux autres actionnaires que sont le CSA/ CSC et les actionnaires fondateurs du club professionnel (dignes représentants du secteur privé à l’algérienne) et la décision de justice, qui contraint le premier à verser aux seconds près de 19  milliards de centimes qui auraient permis au club de survivre, et a assorti la décision à un blocage des comptes.
Enfermés dans une impasse, les « opposants », avec à leur tête le président du conseil d’administration, ont voulu tenir une réunion de travail ou de conciliation prenant la forme d’une réunion extraordinaire du CA pour trouver une solution. Pour bien faire, seul le président du CA s’est présenté pour faire face aux représentants désignés du propriétaire du club rencontrés au cours d’une réunion informelle (puisque la réunion du CA a été avortée) au cours de laquelle il a présenté au nom de ses pairs constantinois une proposition apaisante (?) consistant à ne pas perturber le fonctionnement de l’équipe en ne prélevant pas sur les fonds que verseraient le groupe Tassili, les montants destinés à couvrir la dette.
Notons que les « copropriétaires », c’est à dire le CSA et les autres actionnaires que sont Boulhabib (le chef de file), les frères Boukhezra (les commanditaires) et Haddad (le président du conseil) ont échoués dans leur tentative de ramener au stade Hamlaoui les Sanafirs. Observons également que si ces derniers furent nombreux (une estimation donne 45 000 spectateurs entassés dans les gradins), seulement un peu moins du tiers ont consenti  à passer à la caisse (13 000 billets vendus, dit-on). En fait, Boulhabib et consorts n’ont pas eu le soutien (financier) attendu et espéré. Mais, pouvait-il en être autrement alors que ce problème est connu de tous depuis des lustres et n’a jamais été résolu.
Dans cette histoire de resquille, tous les intervenants sont perdants : le fisc, les pouvoirs publics, le stade et les clubs. C’est pour remplacer ces pertes financières que l’administration taxe au prix fort (1 500 dinars/mois) les sportifs du troisième âge qui tentent de conserver ou de retrouver la santé. Pendant ce temps, les supporters et les stadiers jouent à cache-cache à coup de milliards de centimes par grande affiche.

En une rencontre (CSC-MOC), 8 millions de dinars sont passés en pertes et profits. Plutôt en pertes.            

samedi 29 août 2015

Publicité sportive, Mobilis, un encouragement au dopage ?


Mobilis est une entreprise publique de téléphonie mobile qui dans le cadre de sa politique de communication a investi le champ sportif. En plus du « naming » du championnat de football professionnel, cette entreprise sponsorise des fédérations, des événements sportifs et d’autres événements. Elle se veut être une entreprise citoyenne.
Mobilis est le parrain officiel de la fédération algérienne d’athlétisme et à ce titre participe au financement de quelques compétitions nationales telles que le challenge national des courses sur routes, perçu par la FAA, comme un moyen de promouvoir et de développer la course à pied alors que ces mêmes courses sur routes s’adressent essentiellement à des athlètes qui souvent ont fait le tour de la course pédestre (seniors et vétérans des deux sexes de toutes les catégories d’âges) et n’accordent qu’un intérêt secondaire aux jeunes catégories dont les courses meublent le temps mort entre le départ et l’arrivée des courses. Il est vrai toutefois, qu’elles permettent à de nombreuses villes d’animer leurs artères pendant quelques heures et aux athlètes locaux de se distinguer devant leurs concitoyens.
Dans ce qui semble devenir une tradition, ou pour le moins d’une pratique systématique de distribution de fonds sous la forme de sponsoring, Mobilis a publié des placards publicitaires pour accompagner la FAA en campagne aux championnats du monde d’athlétisme de Pékin. Un placard sur lequel figure le champion olympique du 1 500 mètres (Londres 2012) Taoufik Makhloufi soutenu par l’opérateur et le triple champion d’Afrique du décathlon, Larbi Bouraâda qui par le biais de la fédération aurait contractualisé sa relation avec l’opérateur de téléphonie.
Si nous ne pouvons nous permettre de juger le volet esthétique de cette affiche (les goûts et les couleurs….), nous sommes dans l’obligation de noter, du point de vue sémiologique, que les concepteurs de produit publicitaire (ici nous ne visons pas ceux qui ont été choisis par Mobilis mais ceux qui ont représentés la FAA) ont opté pour un message subliminal établissant un amalgame malheureux entre un champion (Makhloufi), pour l’heure exemplaire (bien que des suspicions sur son titre olympique aient été propagées par la presse sportive internationale lors de son titre olympique à la suite de sa participation plus qu’équivoque à la finale du 1 500 après un abandon sur 800)  et un autre (Bouraâda) certes plus complet (spécialiste des épreuves combinées) mais suspendu de la pratique pendant deux années (juin 2012-juin 2014) à la suite d’un contrôle positif au Stanozolol.
Ce qui est contrariant est que, dans un contexte d’exposition médiatique moins important, une manifestation sportive (challenge international de courses de demi-fond de Constantine), organisée à la fin du mois de mai 2015, par le MAC (Mawaheeb Athlétic de Constantine), créé et présidé par Hassiba Boulmerka pour promouvoir la course à pied avait refusé de faire figurer sur l’affiche de son meeting, Saidi Sief Ali (médaillé d’argent du 5 000 mètres des jeux olympiques de Sidney, 2000), pourtant enfant de la wilaya (né à Hamma Bouziane à quelques 8 kilomètres de la « ville aux 8 ponts ») parce que contrôlé positif aux championnats du monde d’Edmonton (2001). Tous les champions et championnes du monde et olympiques (Boulmerka, Morceli, Saïd-Guerni, Benida et Makhloufi) devaient figurer sur le projet initial d’affiche sauf Saidi Sief.
Les hommes forts de la fédération algérienne d’athlétisme sont connus, de très longue date, pour être des partisans de la « préparation biologique » dont les frontières sont bien ténues avec « la préparation pharmaceutique » et les pratiques de dopage. On peut donc comprendre que, pour remplir les caisses de la fédération, ils aient omis de préciser ce point de détail qui…change toute l’interprétation que l’on peut donner à cette affiche.

Pendant que Mobilis mettait en valeur un athlète peu représentatif (sur le plan de l’éthique), les lecteurs de la presse généraliste algérienne apprenaient que les pouvoirs publics étaient en guerre contre ce type d’agissements. La commission nationale anti dopage suspendait un cycliste et un lutteur. Une contradiction flagrante, s’il peut en être.

vendredi 28 août 2015

Dopage en Algérie, A la recherche du cerveau du réseau

Le sport algérien vient d’être secoué par une affaire de contrôle positif à des produits dopants. L’agence nationale de presse a en effet annoncé la semaine dernière que la commission nationale antidopage (CNAD)  à suspendu deux sportifs de haut niveau pour une durée de quatre ans. Ces deux sportifs (le cycliste Hichem Chaabane et le lutteur Abdelkrim Ouakali) avaient été précédemment sanctionnés par le comité de discipline de la CNAD par une suspension de 18 mois (Hichem Chaabane) et de 6 mois (Abdelkrim Ouakali) qui donc ont été revues par la commission d’appel.
La suspension d’Hichem Chaabane prend effet à partir du 23 avril 2015 et celle d’Ouakali à compter du 12 mars 2015. Outre la suspension de 4 ans (48 mois), tous les résultats réalisés par ces deux athlètes en compétitions sont annulés à partir du 24 mars 2015 pour Chaabane et à partir du 12 mars pour Ouakali, précise la même source.
Le porte parole de la CNAD précise que Hichem Chaabane avait été contrôlé positif par la CNAD à deux substances interdites (l’érythropoïétine plus connue en tant qu’EPO et la méthylprédnisolone, suite à deux contrôles opérés respectivement à Constantine et à Annaba, les 24 et 28 mars, lors du Tour d’Algérie cycliste 2015.
Le lutteur Abdelkrim Ouakali, avait été contrôlé positif par la CNAD à une substance interdite, (un diurétique, le furosémide) à la suite d’un contrôle effectué à Alger, le 14 février 2015, à l’occasion du championnat national 2015 de lutte.
Cette information navrante confirme que le sport algérien n’est pas épargné par ce fléau mondial qui touche un grand nombre de disciplines sportives. L’athlétisme et le cyclisme sont celles qui sont le plus souvent épinglées. Mais, il est vrai également qu’elles sont celles qui prennent le plus au sérieux ce phénomène navrant qui frappent les sports où l’argent est distribué en abondance et qu’elles sont celles qui tentent de le juguler en mettant en place le passeport biologique de l’athlète (PBA).
L’été qui s’achève a d’ailleurs été agité par de nombreuse interrogations, tant dans la presse que sur les réseaux sociaux, pendant le Tour de France cycliste et au cours du mois qui a précédé l’ouverture des championnats du monde d’athlétisme. Des campagnes médiatiques ont, sur un fond de sensationnalisme visant essentiellement deux nations (la Russie et le Kenya) mais qui écorchent également la réputation de la Turquie, des Etats Unis (Lance Amstrong Justin Gatlin, Marion Jones, Tim Montgomery), la Jamaïque (Shelly Ann Fraser Price, Assafa Powel) de la Grande Bretagne (Christopher Frome) et même de la France (Bernard Moulinet et Leyla Traby).
En Algérie, l’athlète Ali Sidi Sief (médaille d’argent du 5 000 mètres des jeux olympiques de Sidney, 2 000) avait été en 2 001 contrôlé positif après avoir gagné la médaille d’argent (toujours sur 5 000 mètres) aux championnats du monde d’Edmonton.
En 2012, à la veille des 18èmes championnats d’Afrique, trois autres athlètes avaient été contrôlés positifs dans des compétitions s’étant déroulées à l’étranger. Le premier a été le spécialiste de sprint et de sauteur en longueur, Réda Arezki Megdoud,  lors du meeting de Namur (Belgique) puis, cinq semaines plus tard, deux athlètes potentiellement candidats au podium africain: Zahra Bouras (800m) et Larbi Bouraâda (décathlon) ont été contrôlés positifs au Stanozolol, un anabolisant qu’avait utilisé le sprinter canadien Ben Johnson aux Jeux olympiques de Séoul, en 1988. Une information du reste confirmée par la suite par la Fédération algérienne d’athlétisme (FAA), à travers un communiqué laconique. Zahra Bouras, championne d’Afrique du 800m est tombée à deux reprises dans les mailles du filet : une première fois au meeting de  Montreuil (près de Paris) où elle avait remporté la course du 800m (1’58’’78) et quatre jours plus tard à Lille (1ère en 2’00’’03).
Larbi Bouraâda, son ex-partenaire d’entraînement, a l’a été une semaine plus tard, lors de sa première compétition des épreuves combinées de la saison (Ratingen, Allemagne). Bouraâda s’était imposé en Allemagne en pulvérisant son propre record d’Afrique du décathlon (8.332 points) et en réalisant la 7ème  performance mondiale de l’année. Toutes les performances ont été invalidées.
Lorsque Zahra Bouras a été épinglée, elle était entraînée, depuis quelques mois, par son père Ammar (anciennement entraîneur de Hassiba Boulmerka et actuel président de la FAA) après avoir fait partie du groupe d’athlètes d’Ahmed Mahour Bacha (ancien entraîneur d’Yasmina Azzizi) dans lequel figurait Larbi Bouraâda.

Alors que se pose la question lancinante de savoir qui a ‘‘fourni’’ les produits anabolisants aux athlètes, certaines voix, dans le milieu de l’athlétisme, ont fait un raccourci entre les cas de 2012 et la suspension de Hichem Chaabane à travers la personne du manager de l’équipe du cycliste. 

mercredi 26 août 2015

Usain Bolt, Le champion des champions



En remportant le titre de champion du monde 2015 du 100 mètres qui s’est disputé à Pékin que tous les pronostics voyait tombé dans l’escarcelle de l’Américain Justin Gatlin, un athlète suspendu à deux reprises pour dopage et qui a survolé la saison,  le Jamaïcain Usain Bolt surnommé « fightening » ou la « foudre » est devenu le « champion des champions », un titre symbolique qu’on ne lui disputera pas avant longtemps, très longtemps même.
Depuis septembre 2013, Usain Bolt est à la traine. Ou du moins traine des blessures récurrentes qui ne lui ont pas permis de réaliser de véritables saisons sportives. Même la présente a été très laborieuse avec des blessures qui l’ont retardé dans sa préparation jusque dans les premiers jours du mois de juillet.
Notons que pour beaucoup de commentateurs, Usain Bolt n’a pas gagné les championnats du monde et que  plutôt c’est Justin Gatlin, impérial jusque-là y compris dans les tours qualificatifs à la finale, qui l’aurait perdu. Perdant pour avoir trop dominé. Perdant pour n’avoir pas su résister psychologiquement à un adversaire qui n’était pas (et n’est pas encore) en possession de tous ses moyens physiques qui lui avaient valu ce surnom de « la foudre » et l’avaient vu dominé cette course (qui n’est pas sa préférée) avec tant d’insolence qu’il n’a été battu que par lui-même aux championnats du monde de Daegu de 2011 en anticipant le coup de feu du starter depuis sa médaille d’argent du 200 mètres d’Osaka en 2007.
Athlète le plus médaillé d’or chez les hommes, Usain Bolt qui peut être encore rejoint par la sprinteuse américaine Allyson Felix qui devrait obtenir la médaille d’or du 400 mètres. Il est cependant en mesure d’en conquérir deux autres sur 200 mètre et au relais 4X100.
Mais, Usain Bolt n’est pas l’athlète le plus médaillé des championnats du monde d’athlétisme. Dans ce concours, il est devancé par son ex-compatriote  la « sublime Merlene Ottey » qui comptabilise 14 médailles dont seulement 3 dans le métal le plus précieux, l’or. Il s’en rapprochera certainement à la fin de cette édition des championnats du monde, dans ce stade du « nid d’oiseau » où à l’occasion des jeux olympiques de 2008, il avait gagné trois médailles d’or. Beaucoup plus difficile cette fois-ci avec un relais 4X100 américain très fort et favori des pronostiqueurs alors que la course du 200 sera plus ardue à remporter que celle du 100.  Pour battre Merlene Ottey, Usain Bolt sera contraint de poursuivre sa carrière jusqu'aux Mondiaux 2017 à Londres, lui qui aspire à prendre sa retraite sportive juste après les jeux olympiques de Rio de Janeiro, l’été prochain. Mais, sait-on jamais.
Notons qu’avec ses 11 médailles, Bolt, bien  que deuxième, devance « Carl » Lewis son prédécesseur dans la hiérarchie du sprint. Un « Carl » Lewis, un brin jaloux du succès de l’’homme des îles et surtout de son empathie avec les foules, qui en tant que consultant a tenté d’entacher la réputation du Jamaïcain par des allégations  de dopage.
Il est vrai que l’Américain en connait un bout sur la question. Lui qui, selon certains experts du monde de la lutte contre dopage, aurait été plusieurs fois été contrôlé positif mais aurait été blanchi par les instances sportives américaines de son époque. On dit même qu’il aurait du être disqualifié avec le Canadien Ben Johnson, exclu des jeux olympiques de Séoul (1988) en  lui cédant la médaille d’or. 
Au cumul, des Championnats du monde et des Jeux Olympiques, le palmarès de « la foudre » s'élève maintenant (donc avant le 200 et le 4X100) à 17 médailles, dont 15 en or. « Carl » Lewis  a remporté dix médailles olympiques (neuf en or) et dix médailles aux championnats du monde d'athlétisme (huit en or).

A seulement 29 ans. Lorsqu’on sait que Justin Gatlin est âgé de 33 ans et que Carl Lewis termina sa carrière plus tardivement, à 35 ans.

mardi 25 août 2015

Elections de l’IAAF, Le rejet des Algériens du cénacle de l’athlétisme



Abderrahmane Morceli, frère et entraineur de Nouredinne, champion du monde et champion olympique du 1 500 mètres, a utilisé, dans un entretien accordé à un confère à la fin de la décennie 2 000, une formule très simple permettant de qualifier l’athlétisme. Il disait alors, dans un commentaire sur ce qu’il qualifiait de régression de l’athlétisme national, que cette discipline employait « le chronomètre et le métrage » pour langue. Abderrahmane ne se préoccupait que du terrain et de ce qui s’y passait. Il n’a d’ailleurs jamais été passionné par ce qui se passe dans les coulisses des instances sportives. Dans sa vision du monde, la valeur d’un athlète n’est pas mesurée par les discours aussi dithyrambiques soient-ils mais par les temps enregistrés par le chrono et par la mesure donné par  un décamètre. Peu disert, Abderrahmane tenait un discours de technicien, d’homme de terrain.
Le 50ème congrès de l’IAAF, l’organisation supranationale de la discipline-reine des sports olympiques, précédant de quelques jours le déroulement des championnats du monde de la discipline qui se tiennent depuis samedi à Pékin, montre, à travers les élections qui ont permis aux 214 représentants des fédérations-membres de sélectionner le nouveau président, les 4 vice-présidents, les 15 membres du conseil exécutif et les membres des comités, que la génération montante des dirigeants est en phase avec le discours de A. Morceli. Beaucoup de ces électeurs sont issus de la discipline, d’anciens athlètes qui se sont tournés, à la fin de leurs carrières sportives, vers des fonctions que nous dirons de politique sportive, du sport qui leur a beaucoup donné sur le plan sportif et professionnel.
Le congrès de l’IAAF a élu un président, le Britannique Sébastian Coe qui fut, dans les années 80, le meilleur coureur de 1 500 mètres de son époque (double champion olympique). Son premier vice-président, l’Ukrainien Serguei Bubka, est un sauteur à la perche (multiple champion du monde et 35 fois recordman du monde).  Le quatrième vice-président,  le Cubain Alberto Juantorena, surnommé « el caballo » pour l’impression visuelle de puissance qu’il dégageait et la longueur de sa foulée, fut double médaillé d’or du 400 et du 800 des jeux olympiques de Montréal (1976).
Les Marocains Khalid Skah (vainqueur du 10 000 des jeux olympiques de Barcelone 1992) et Nawel el Moutawakel (médaille d’or du 400 mètres haies des jeux olympiques de Los Angeles (1980) ou encore le Namibien Frank Fredericks (médaillé d’argent du 100 et du 200 des jeux olympiques de Barcelone puis à nouveau double médaillé d’argent du 100 et du 200 aux jeux d’Atlanta, 1996) ont été élus au conseil exécutif de l’IAAF qui toute proportion gardée, est l’équivalent du bureau exécutif d’une fédération nationale d’athlétisme.    
Nous avons rapporté ici même que deux Algériens s’étaient auto-candidatés pour occuper des fonctions dans ces instances. Le président  de la fédération algérienne d’athlétisme, Ammar Bouras, pour une place au conseil exécutif et Ahmed Boubrit, le directeur technique national, pour siéger au comité de cross-country. On connait le résultat d’une démarche qui n’avait pas cherché l’agrément des instances sportives (FAA, MJS et COA).
Au-delà de ces démarches éminemment individuelles et individualistes, les deux postulants, prédisposés à ce camouflet car illustres inconnus au milieu de stars mondiales de la discipline et non soutenus par l’appareil de l’Etat, n’avaient pas pris en compte le pouvoir magique du palmarès, des titres et médailles obtenus dans les grandes manifestations dans un cénacle qui les compte par centaines si ce n’est par milliers.

En un tel environnement, les candidatures de Hassiba Boulmerka et de Nouredinne Morceli auraient été plus adaptées. Sauf que, les deux grandes stars de l’athlétisme national, les deux premières aussi, celles qui ont frappé l’imagination et les mémoires en remportant en l’espace de quelques heures de 1991, les deux premiers titres mondiaux sur une même distance (1 500 mètres) pour un pays alors inconnu sur l’échiquier mondial, dérangent tellement que la première n’a même pas invité à assister à la dernière assemblée générale de la FAA par celui qui fut son entraîneur dont la crainte d’être éclipsé est forte et qui pour être « le soleil de l’athlétisme algérien » a été jusqu’à faire perdre une fonction au sein de la confédération africaine à un ancien secrétaire général de la FAA. Heureusement pour ce dernier que le président de la confédération élu en qualité de 3ème vice-président de l’IAAF, l’aurait maintenu à ses côtés comme membre honoraire. 

lundi 24 août 2015

Comptes bloqués, Le CSC pris au piège tendu par ses dirigeants



Une action en justice menée contre le CSC a conduit, selon une décision prononcée par le juge, à ce que certains de nos collègues, proches du club constantinois, nomment une « saisie-attribution » qui serait, par déduction lexicale et sémantique, une nouvelle forme de blocage de comptes bancaires venant se positionner aux côtés des traditionnels « saisies arrêts » et « avis à tiers détenteurs » (A.T.D.).
Cette décision a été prononcée par la justice afin de contraindre la SSPA/CSC à régler des créances que détiendraient des tiers (en fait des dirigeants membres de l’organe de gestion de l’équipe professionnelle de football domiciliée Constantine). Par un concours de circonstances, cela équivaudrait in fine à obliger leur propre société commerciale. Du moins celle qu’ils ont créé avant qu’ils ne soient détrônés par le groupe Tassili, devenu actionnaire majoritaire. Par un tour de passe-passe, ils comptent se faire payer par le nouveau propriétaire des sommes qu’ils avaient certainement passé par « pertes et profits » et qui semble-t-il n’auraient pas été porté à la connaissance des nouveaux patrons.
La subtilité de cette affaire est que l’actionnaire majoritaire actuel n’a pu faire valoir la totalité de ses droits ou du moins recourir à l’ensemble des moyens que lui permet la procédure de justice puisque trompé par le conseil d’administration en place, c'est-à-dire par les prêteurs ou leurs proches.
Le montant revendiqué n’est pas négligeable. Selon les informations qui ont fuité dans la presse, il s’élèverait à 18.6 milliards de centimes que le groupe Tassili, s’estimant à juste titre d’ailleurs, trahi par les serpents qu’il a abrité en son sein, se refuse à payer.
La conséquence inéluctable découlant d’une décision de justice exécutoire, car n’ayant pas fait l’objet d’appel et mise en application par les bénéficiaires de la décision de justice, est le blocage du compte bancaire de la SSPA. Cette mesure a pour effet de consigner (jusqu’à ce que le solde du compte atteigne le montant du et déterminé par la décision de justice) les somme qui y seront logées portées au crédit du compte à la suite de virements ou de versements en faveur de la SSPA. Précisons que nul ne pourra en disposer jusqu’à extinction de la procédure.
Apparemment, les initiateurs de la procédure en justice sont pris à leur propre piège. Le groupe Tassili ne versant pas les tranches du budget prévisionnel arrêté de concert avec le C.A et le directeur général démissionnaire de la SSPA (Bentobbal) avant l’achèvement de la précédente édition du championnat, la direction du club  est dans l’obligation de trouver d’autres ressources financières en attendant de trouver une solution qui satisfasse toutes les parties.
En se plaçant dans une situation très britannique de « wait and see » très confortable au demeurant, le groupe Tassili met les gestionnaires directs (le président Haddad et ses mentors) de l’équipe face à leurs responsabilités : pérenniser l’équipe, assurer son fonctionnement, régler les salaires, les charges et les primes sans avoir recours à l’apport financier de l’actionnaire majoritaire et sans pouvoir utiliser les sommes contenues dans le compte de la société.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’appel lancé, aux Sanafirs à venir très nombreux remplir les gradins du stade Hamlaoui, par les responsables du club qui souhaitaient profiter de la venue du MC Oran pour remplir les caisses en vue de verser la prime du match contre la JSK, celle de la victoire face au MCO et les dépenses inhérentes au déplacement pour jouer le match contre l’Entente de Sétif. La duplicité étant une seconde nature, le président du CA convoque une réunion de l’organe de gestion pour résoudre un obstacle qu’ils ont eux même créé, rétablir le contact avec le propriétaire du club.  
Par ces hasards de l’histoire, ce qui devait être un remake de l’affaire SSPA/MCA (Sonatrach) - Omar Ghrib peut se  transformer en un remake de l’affaire JSMB (CSA vs SSPA) où les actionnaires de la SSPA ont laissé les membres du CSA, un commanditaire et les autorités locales s’enferrer dans une situation inextricable résolue  par la désignation d’un CA (en fait une reconduction du précédent) pour relancer provisoirement l’équipe.

Pire encore, les dirigeants du CSC peuvent se trouver dans les prémices d’une « affaire HB Chelghoum Laïd » qui a vu le président de cette équipe de DNA/Est  être  condamné à une peine de prison pour avoir, dans une situation similaire, fait transité des subventions par un compte tiers.

dimanche 23 août 2015

Passeports biologiques et re-testings, Comprendre les prochaines sanctions



Un des  griefs adressés à l’IAAF repose sur son inaction face aux résultats que des médias se sont procurés. Il est cependant observé que les données sont  issues du module hématologique du Passeport Biologique de l’Athlète (PBA), utilisées comme une méthode dite "indirecte" de détection. Elles ne pouvaient être qu’une base de données ne pouvant en aucun cas être utilisées pour engager des sanctions. En effet, le PBA n’a été officiellement et légalement mis en place qu’en 2009. Les données portent sur la période 2001-2009.
La suspension de ces 800 athlètes par le biais du passeport,  oblige l’IAAF à suivre une procédure. Le non-respect de cette démarche lui aurait valu d’être systématiquement déboutée par le Tribunal Arbitral du Sport. Il est noté que la caution scientifique a été obtenue grâce a la publication des résultats de l’étude dans Clinical Chemistry.
Depuis  que la méthode indirecte a été entérinée et approuvée, c’est une longue procédure qui est mise en œuvre. Elle dure entre 2 et 3 ans, faites d’une succession de vérifications  qui permet à l’IAAF d’éviter de punir un « faux positif », et une série d’appels formulés par les athlètes pour échapper à la sanction. Cependant, une cinquantaine d’athlètes a été suspendue.
Depuis la publication de cette série d’articles, l’IAAF a annoncé que les analyses rétrospectives des échantillons prélevés des championnats du monde de 2005 et de 2007 a permis de confondre 28 athlètes positifs, dont 27 avaient pris des stéroïdes ( a priori des lanceurs, des sprinters ou des sauteurs).  Ces contrôles dits « re-testings »,  qui relèvent de la méthode "directe", n’ont rien aucun lien avec le PBA (« méthode indirecte »). Il s’agit de rechercher avec les dernières avancées technologiques les traces de produits indétectables à l’époque. On notera que l’athlétisme est l’un des rares sports à s’être doté du PBA, et qu’il est le seul à pratiquer des analyses rétrospectives dont la période avant prescription a été étendue de 8 à 10 ans. Concernant les mondiaux de 2005, 5 Russes ou Biélorusses ont déjà été déchus de leur récompense (en sauts ou en lancers) lors du précédent "re-tests" effectués en 2013. D'autres modifications de palmarès sont donc attendues.
Le journaliste de Le Monde.fr trouve quand même matière à critiquer l’IAAF. Il liste une longue série d’insuffisances : l’incapacité à protéger les bases de données du passeport et la préservation de l’anonymat ainsi du secret médical des athlètes concernés ; les annonces de cas positifs en remettant à plus tard la divulgation des noms qui contribuent à alimenter les rumeurs et dénonciations calomnieuses ; la gestion du programme de localisation des athlètes ; le manque de réactivité aux sanctions (ou absence de) prononcées par des fédération nationales complaisantes à l'égard de leurs athlètes ; l’insuffisance du budget  alloué à la lutte antidopage (6 millions d’euros par an)  qui, bien que relativement plus conséquent que dans d’autres sports, reste modeste comparé à d’autres budgets comme celui du gala de récompense de fin d’année qui coûte plus du double ; les critères de plus en plus exigeants de qualification pour les championnats du monde, la suppression des minima B alors que depuis deux décennies on observe une stagnation des performances, voire des régressions dans certaines régions du monde ou pour certaines disciplines, conduisant certains à y voir un encouragement au dopage afin de rester dans la course.
En conclusion, le bloggeur après avoir reconnu à l’ARD et au Sunday Times le mérite d’avoir contribué « à une meilleure compréhension du phénomène du dopage avec des recueils de témoignages effarants sur les pratiques en cours en Russie et au Kenya » et constaté que « l’utilisation des études portant sur le questionnaire dont personne ne voulait et le passeport que tout le monde réclamait pour accabler l’IAAF relève plutôt du sensationnalisme à quelques jours des mondiaux » remarque avec pertinence qu’il y a « suffisamment de motifs d’inquiétude au sujet de l'IAAF pour ne pas l’accuser de comploter précisément là où elle agit ».


samedi 22 août 2015

Dossiers sur le dopage, Les critiques pris à défaut


Un bloggeur français a publié récemment un article sur le site Le Monde.fr, un article fort intéressant sur le documentaire de la chaîne de télévision allemande ARD et les articles du tabloïd britannique The Sunday Times à l’origine d’un déballage médiatique dans la presse généraliste et spécialisée. Ce sont ces deux médias qui sont à l’origine de ce qui a pris la forme de campagne de presse visant la fédération internationale d’athlétisme (IAAF), la première des fédérations des sports olympiques. Une campagne de dénigrement qui, par ricochets, a porté atteinte à la crédibilité de beaucoup de champions africains et des performances réalisées par eux.
En titrant son article « Quand les critiques manquent leur cible », le bloggeur a, de notre point de vue, visé juste. A l’approche de l’ouverture des championnats du monde de la discipline qui ont lieu du 22 au 30 août à Pékin (Chine) -dont les athlètes sont une des cibles de ce genre de critiques- et des commentaires qui seront proposés par les journalistes sportifs et autres consultants.
Le bloggeur a affirmé sans détours que « «  une semaine de l’ouverture de ses championnats du monde, la Fédération Internationale des Associations d’Athlétisme (IAAF) est une nouvelle fois accusée d’avoir caché l’ampleur des pratiques dopantes chez les sportifs ». Suivons-le dans son argumentation.
En premier lieu, il observe que l’affirmation du  Sunday Times d’un empêchement de publication d’une étude, menée par l’université allemande de Tübingen lors des Mondiaux de Daegu en 2011, sur la base de questionnaires anonymes soumis aux athlètes afin d’estimer le nombre ayant eu recours au dopage n’est pas, contrairement à ce qui est prétendu ou cru, un scoop, puisque le journal américain New York Times en avait parlé en aout 2013 après avoir reçu le manuscrit.
Les auteurs de l’étude s’étaient, à cette époque-là, déjà plaints du barrage  fait l’IAAF qui aurait été embarrassée par les résultats. Le bloggeur indique que cette étude, financée par l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), avait été soumise, sans succès, par l’université allemande à plusieurs revues à comité de lecture et qu’elle avait été refusée par la prestigieuse revue Science. Il précise également que l’AMA aurait demandé aux universitaires de suspendre leurs démarches jusqu’à ce que l’IAAF prenne connaissance du manuscrit et donne son accord pour publication.
Le journaliste rapporte que la situation n’a pas évolué et  que l’IAAF a fait savoir  qu’elle n’a jamais eu de droit de véto et qu’elle n’aurait pas eu à l’exercer puisque l’étude a été recalée par les journaux spécialisés. Elle a déclaré que, selon les spécialistes qu’elle a pu consulter, le protocole et l’interprétation de cette étude classée dans les sciences humaines serait contestable.
Sunday Times, en collaboration avec la chaine de télévision allemande ARD, a été à l’origine, au début de ce mois d’août, d’un précédent pseudo "scoop" : sur la base des statistiques 2001 - 2012, environ 800 athlètes sur 5000 auraient présenté des anomalies dans leur passeport biologique soit un taux de 16 % de cas suspects. L’IAAF aurait couvert ce fait. Il s’avère, selon notre bloggeur, que les deux médias ont omis de préciser que l’IAAF avait publié, il y a 4 ans, dans la revue Clinical Chemistry, avec le laboratoire d’analyse suisse, une étude utilisant les statistiques de 2001 à 2009  intitulée  "Prévalence du dopage sanguin dans les échantillons collectés sur des athlètes élite".

On peut y lire que « un total de 7 289 échantillons sanguins a été collecté sur 2 737 athlètes hors et en compétition internationales d’athlétisme. (…) La prévalence estimée du dopage sanguin allait de 1 à 48 % (selon les pays) et une moyenne de 14 % pour l’ensemble de la population étudiée. ». Le bloggeur constatant que le taux de 14 % est  très proche des 16 % rapportés par l’ARD et le Sunday Times se demande si les deux médias connaissaient l'existence de cette publication ou s’ils l’ont volontairement tue. 

vendredi 21 août 2015

Renouvellement des instances de l’IAAF, Premiers échecs algériens

 

Au moment où vous lirez cette chronique, les premières épreuves des championnats du monde d’athlétisme auront débuté depuis quelques heures, à Pékin. Le premier coup de starter a été donné alors que nous étions encore endormis. Décalage horaire oblige. Nous connaitrons les résultats des 3 athlètes algériens  - Bilal Tabti (SB 1 et PB2 : 8.21.15, 27ème au classement mondial 2015), Hicham Bouchicha (SB : 8.24.65 et PB : 8.20.11, 43ème mondial) et Abdelhamid Zerrifi (SB : 8.31.08 et PB : 8.25.96, 73ème) - engagés dans l’épreuve du 3 000 mètres steeple qui auront couru les 3 séries qualificatives (de 14 athlètes chacune) à partir de  2 heures 30.  Puis, deux heures plus tard, aux environs de 4 heures, dans la première série du 800 mètres, du sort qui sera réservé au second repêché, Khaled Belmahdi (1.46.06, 64ème  mondial)   Dans cette course Zerrifi et Belmahdi, repêchés par l’IAAF pour compléter les séries, n’avaient pas réussi les minimas. Ils sauront certainement saisir la chance offerte de briller à ce niveau de compétition. Heureusement pour eux que les critères de sélection ne permettent que la participation de 3 athlètes par nation (plus éventuellement le champion du monde de la précédente édition) ont entrainé l’élimination « administrative » de 21 Kenyans (sans compter quelques Américains, Marocains, Espagnols et Ethiopiens) mieux classés. Les minimas « B » d’antan (destinés aux espoirs) ont été supprimés. Peu importe, ils auront une opportunité de s’illustrer dans au moins cette première course qui sera à leur portée car tactique, donc courue à un rythme qu’ils pourront soutenir s’ils rééditent leurs meilleures performances de l’année. Mais, ceci est une autre histoire. Celle que doivent écrire des athlètes qui ont fait des efforts pour déjà arriver à ce niveau de compétitions dont beaucoup de leurs pairs rêvent.
Les dirigeants ont quant à eux achevé les épreuves qui leur étaient réservées avant que ces championnats ne soient déclarés ouverts. Désormais, leur rôle sera protocolaire. Dans la nuit de mardi à mercredi, ils ont pris part aux élections qui se déroulent traditionnellement avant le début des épreuves sportives. Des élections destinées à renouveler les instances  à tous les niveaux de l’IAAF. A commencer par la présidence de la fédération internationale qui est revenue comme attendu à l’ancien miler britannique Sébastian Coe, lord et ex-président du comité d’organisation des jeux olympiques de Londres (2012) devant son unique rival, l’ancien champion et recordman du monde du saut à la perche, l’Ukrainien Serguei Bubka qui a été élu vice-président aux côtés du Qatari Al Hamad Dahlan, du Camerounais Malboum Kalkaba (président de la Confédération africaine d’athlétisme) et de l’ancien double champion olympique (400 et 800 des JO de Montréal 1976, président de la fédération cubaine), le Cubain Alberto Juantorena .
Deux membres de la fédération algérienne d’athlétisme (le président de la FAA, Amar Bouras et le directeur technique national Ahmed Boubrit) s’étaient candidatés respectivement pour une place au conseil exécutif de l’IAAF et de la commission de cross-country et ont essuyé un cuisant échec. Du côté du Sato, le stade annexe du 5 juillet, des voix (aussi pointues que peuvent l’être les « pointes » des coureurs ou les engins des lanceurs de javelot) affirment avec force insistance que le ministère de la jeunesse et des sports n’aurait pas été informé de ces candidatures. Une explication plausible à cette déroute puisque les auto-candidatés n’ont pu bénéficier des soutiens qui auraient pu leur être apportés par les institutions nationales. Sans évoquer d’autres considérations de simple bienséance.
On rapporte également (comme pour faire bonne mesure) du côté de Delly Ibrahim que la liste des accompagnateurs de la délégation algérienne à ces championnats ne serait pas tout à fait conforme à celle approuvée par le MJS. On se laisse à dire à dire qu’un entraineur,  non concerné directement par cette compétition car n’ayant pas d’athlète qualifié, aurait été ajouté en tant que « préparateur physique » ce qui, si l’information est confirmée, signifierait que le premier sport olympique en Algérie marche bien sur la tête. Il est en effet connu, dans les milieux sportifs, que ce n’est pas pendant la compétition que l’on peut parler de préparation physique.
Ces mêmes voies ne peuvent aussi s’empêcher d’établir un lien entre ce membre de délégation supplémentaire et le repêchage de deux athlètes par l’IAAF (Zerrifi au 3 000 mètres steeple et Khaled Belmahdi au 800 m) qui aurait augmenté le nombre d’accompagnateurs pris en charge par l’IAAF.   

1. SB = Season Best : Meilleure performance de la saison

2. PB = Personnal Best : Meilleure performance personnelle 

mercredi 19 août 2015

Avant les élections de l’IAAF, Message subliminal sur fond de dopage


Dans nos dernières chroniques nous avons délaissé l’actualité sportive nationale pour nous intéresser à l’athlétisme mondial. Il est vrai que depuis le meeting de la « Ligue de Diamant » organisé au stade Louis II de la principauté de Monaco (à la mi-juillet), la presse sportive internationale  a commenté, avec force allusion à des pratiques dopantes, le record du monde du 1 500 mètres réalisé par l’Ethiopienne Genzebe Dibaba dont le parcours au plus haut niveau est suivi de très près par les spécialistes.
Cette même presse s’est tue (ou presque)  sur la progression phénoménale d’Amel Tuka, un Bosniaque entraîné par un coach italien. Nous n’avons pas l’intention de prétendre que cet athlète était dopé mais les mêmes journalistes auraient pu s’interroger un peu plus sur les conditions qui ont mené aux chronos de cette année. 
En arrière plan, également une campagne conduite par des organes de presse anglais et allemands avec le renfort de spécialistes (?) australiens sur le thème du dopage dans les rangs des athlètes de haut niveau, une manière très médiatique et subliminale de critiquer la fédération internationale d’athlétisme et la fin du mandat de son président, le Sénégalais Lamine Diack.
C’est une fuite de données (ou plutôt l’exploitation médiatique d’une prétendue fuite) qui a emporté, dans un premier temps, les athlètes turcs et quelques athlètes russes. En cette période pré-électorale des fichiers informatiques ont « fuité » visant deux nations : la Russie et le Kenya.
Première conséquence, une trentaine de médailles distribuées depuis 10 ans sera retirée et redistribuée. Les grands bénéficiaires seront à n’en pas douter des athlètes occidentaux appartenant à des pays où l’avancée dans le domaine pharmaceutique  est importante et dont la tricherie ne sera repérée que dans quelques années, lorsque les moyens de contrôle seront adaptés aux nouvelle formules indécelables aujourd’hui.
La Russie et le Kenya (l’Ethiopie est également touchée pour l’instant à travers des athlètes ayant répudié leur nationalité d’origine) ont accaparé les médailles dans les dernières compétitions d’athlétisme et ont été jalousées. Il est clair que tous les athlètes suspectés de dopage ne seront pas présents aux championnats du monde de Pékin dont l’ouverture aura lieu dans quelques jours, le 22 août prochain. La Russie en a d’ailleurs fait l’annonce. Quant aux Kenyans qui tempêtent (40 cas répertoriés), cette question de dopés et de suspects de dopage les indiffèrent. Leur réservoir d’athlètes de valeur mondiale est si grand qu’ils n’auront aucune difficulté de remplacer ces athlètes par d’autres de presque égale valeur.
Un site d’information spécialisé en athlétisme a rapporté, à la fin du mois de mai, que pour l’inauguration de la piste (les gradins sont restés tels qu’ils étaient, taillés dans la terre) du stade d’Eldoret (la capitale du demi-fond kenyan n’en disposait pas avant cette date et malgré cela produisait chaque année de nouveaux athlètes de très haut niveau), le meeting avait vu 4 séries de 10 000 mètres et 7 séries au 5000 mètres, chaque série comptant 30 coureurs. Au 1 500, ils étaient, a-t-on- rapporté, plus d’une centaine.   
La deuxième aura un effet indéniable sur l’élection du nouveau président de l’IAAF. Deux postulants briguent ce poste à la tête de la deuxième fédération internationale (après la FIFA, le CIO étant hors concours): le Britannique Sébastian Coe et l’Ukrainien Serguei Bubka. Deux grands anciens champions que nul ne pourra effacer de l’histoire de l’athlétisme mondial, occupent aujourd’hui - avant que les électeurs (les présidents des fédérations membres de l’IAAF) ne les départagent- les fonctions de vice-présidents de cette organisation internationale.
Deux grands athlètes certes. Mais, aussi deux symboles de l’athlétisme mondial. Sébastian Coe représente, quoiqu’on en dise l’Europe, l’Empire britannique et le Commonwealth, c'est-à-dire les pays fondateurs de l’athlétisme moderne et normalisé, une Histoire qui a changé de cap avec la montée des nations socialistes d’abord puis des pays du tiers monde anciennement colonisé, ensuite. Un univers à la recherche d’un nouveau leadership et qui sait subtilement utiliser les moyens de communications.
Serguei Bubka, bien qu’il ait recouvré sa nationalité ukrainienne, est représentatif de l’athlétisme soviétique déclinant certes mais encore dominateur dans quelques spécialités athlétiques faisant encore partie de la culture de l’ancien bloc socialiste : la marche, les lancers et les sauts ainsi que les courses de demi-fond chez les dames. Bubka n’est plus soviétique depuis l’éclatement de l’URSS mais dans la mémoire des dirigeants de l’athlétisme mondial, dont la jeunesse n’est pas la première qualité et qui l’ont connu en tant qu’athlète porteur des couleurs de cette nation disparue qui dérangeait, il en est le symbole. Malgré les événements actuels de Crimée et d’autres régions orientales d’Ukraine.   


mardi 18 août 2015

Retour au « stade Louis II », Ce Tuka qui ne dérange pas


A la mi-juillet, le circuit des meetings de la Ligue de diamant a fait une halte au mythique stade Louis II de la principauté de Monaco. Parmi les principaux résultats (toujours aussi affolants), deux ont attiré l’attention. Le déclencheur de tempête médiatique a été le record du monde du 1 500 mètres de l’Ethiopienne Genzabe Dibaba qui a autorisé beaucoup d’observateurs à extérioriser, sans retenue aucune, la suspicion maladive de dopage par les athlètes des Hautes Plaines de la corne de l’Afrique (Kenya, Ethiopie, Erythrée, Soudan et Djibouti), malheureusement encouragée par le nombre croissant de cas confirmés soit pas des examens de laboratoires soit par des anomalies des passeports biologiques et par la nationalité des précédentes détentrices de ce record (une Soviétique et une Chinoise).
Le niveau de la course masculine, (sans doute l’une des plus rapides de tous les temps) a moins fait parler. Le record d’Hichem El Guerroudj n’ayant pas été amélioré, il n’y avait pas lieu de trop déblatérer surtout que Genzebe Dibaba fournissait matière à le faire à satiété avec un fond de vérité présent avec le dopage de masse qui sévirait dans cette région du monde d’où elle vient.
Une autre performance de tout premier ordre a pourtant été réalisée sans que quiconque ne trouve à redire. Sur le 800 mètres, un coureur inconnu au plus haut niveau a remporté la course devant les meilleurs mondiaux (Mohamed Aman, Nijel Amos et Ayanleh Souleiman), devant des athlètes habitués à affoler les chronos.
Ce coureur, le Bosniaque Amel Tuka, que des observateurs n’ont pas hésité à qualifier de « nouvelle étoile (…) apparue sur le 800 mètres » a couru en 1.42.54 et s’est hissé au 13ème  rang mondial de tous les temps. Remarquons cependant que ces mêmes observateurs ne peuvent s’empêcher de s’exclamer « quelle performance pour ce Bosniaque quasi-inconnu »
Ces mêmes observateurs insistent en affirmant qu’il « supplante les meilleurs mondiaux et descend sous les 1’43’’ ». L’énormité de la performance les oblige cependant à noter que ce chrono marque « une progression incroyable, avec un gain de plus de trois secondes en une saison ».
Ils révèlent toutefois que c’est « une véritable bombe atomique que ce Amel Tuka, qu’on ne connaissait jusqu’alors que pour sa médaille de bronze aux Championnats d’Europe espoirs de Tampere en 2013 » et un chrono à 1.46.
On observe avec pertinence que depuis le début du mois de juillet de cette année, Amel Tuka semble frapper de « frénésie » en réalisant une progression phénoménale (un journaliste écrit même qu’ « il tombe les secondes à tour de bras ») en courant en  1’44’’19 le 1er  juillet, 1’43’’84 le 11 juillet et 1’42’’54 le 17 juillet. Interrogé, le coureur bosniaque a déclaré à l’arrivée de la course de Monaco  « Je ne sais pas ce qui m’arrive ! Vous devez demander à mon entraîneur pourquoi je connais une si grosse progression». Celui-ci est un coach qu’il a rejoint à Vérone (Italie) il y a de deux ans, juste après sa médaille de bronze du championnat d’Europe espoirs.
Gianni Ghidini n’est pas un inconnu. Il a entrainé les Kenyans Wilfred Bungei (champion olympique du 800 en 2008 à Pékin, auteur d’un record personnel à 1’42’’34) et Gregory Konchellah (fils de Bily Konchellah), plus connu comme Yusuf Saad Kamel, nom adopté à sa naturalisation pour le Bahrein, pays sous les couleurs duquel il a décroché, au Mondial 2009, l’or sur 1500 m et le bronze sur 800 mètres et auteur d’un record à 1’42’’79.
Wilfred Bungei avait lui aussi connu une forte progression en passant en un an de 1’44’’23 en 2000 à 1’42’’96 en 2001 qui n’est pas aussi importante que celle de la nouvelle pépite de l’entraîneur italien. Ce qui surprend (on parle d’ « effarement ») ce n’est pas la progression mais la nationalité d’Amel Tuka. Son pays est en effet quasiment inconnu dans le monde de l’athlétisme.

Un amalgame serait alors facile en établissant un lien entre progressions inouïes, entraineur italien (donc originaire d’un pays où le dopage, en athlétisme et surtout cyclisme, est répandu) athlètes kenyans et bosniaque inconnu. Tout pour faire naître des soupçons que l’on n’a pas encore exprimés.

lundi 17 août 2015

Préparation des champions, L’altitude pour dénominateur commun


Nous avons vu précédemment, dans une chronique qui s’est intéressée à Genzebe Dibaba que la nouvelle star du demi-fond européen est originaire de Bekoji, un village de montagne situé  à 200 kilomètres de la capitale Addis-Abeba, à une altitude de  2 800 mètres. L’altitude, dans la littérature sur les résultats en athlétisme (les courses de demi-fond et de fond essentiellement), fait partie des phénomènes facilitateurs de la pratique à un très haut niveau de la course à pied. Une explication, validée par ailleurs par les travaux de recherche scientifique sur cette thématique et la compilation des statistiques, sur les performances à mettre à l’actif des athlètes nés et ayant vécu dans ces pays (Kenya, Ethiopie, Mexique, Colombie, etc.) et la ferveur que connaissent les stations de préparation en haute altitude mises en place dans toutes les parties du monde.
Nous avons vu également que ce petit village est un haut lieu de la course à pied éthiopienne comptabilisant 10 records du monde, 8 médailles d’or des jeux olympiques et 32 autres aux championnats du monde d’athlétisme et de cross-country. Nous avons listé quelques uns de ces champions tels que les frères Bekele Kenenisa (3 médailles d’or olympiques, 5 titres mondiaux sur piste, 12 titre de champion du monde de cross-country) et Tariku, les sœurs Dibaba( dont la plus jeune, Genzebe a succédé au palmarès mondial à ses sœurs plus âgées Ejegayehu – l’ainée des 3 sœurs  qui fut médaillée d’argent du 10 000 mètres des JO de 2004 et médailles de bronze des 5000 et 10 000 des championnats du monde de 2005) et la plus connue (jusqu’à présent) Tirunesh - au palmarès de laquelle on comptabilise (excusez du peu) 3 médailles d’or olympiques, 5 titres de  championne du monde sur piste et 4 titres de championne du monde de cross-  et leur cousine Derartu Tulu (la première des grandes championnes éthiopiennes et inspiratrice d’une longue liste d’athlètes de très haut niveau) qui a engrangé une médaille d’or olympique, 3 titres de championne du monde sur piste, trois de  championne du monde de cross-country.
Au Kenya, pays voisin, Eldoret est la capitale de la course à pied. Comme Bekoji qui lui tient la dragée haute, elle est située en altitude. Un peu moins haut mais à 2 400 mètres au dessus du niveau de la mer. La même altitude que Iten, une autre ville kenyane devenu le lieu de rencontre des meilleurs spécialistes mondiaux qui viennent y chercher les meilleures conditions de préparation dans un cadre où le confort est absent, réduit à l’indispensable, qualifié de spartiate par les meilleurs athlètes européens. Les centres de préparation, les hôtels qui accueillent les plus grands champions de la course à pied venus goûter au régime kenyan, les écoles et lycées qui regroupent les jeunes coureurs de la région sont propriétés d’anciens athlètes, d’anciens champions du monde et olympiques.

C’est à Iten (dont est natif Amos Rudisha, champion du monde du 800 mètres) que Taoufik Makhloufi, connaissant les lieux pour s’y être déjà préparé avec le groupe d’entrainement de Djamaa Adem dont est membre Genzebe Dibaba, avait choisi pour être le lieu de sa préparation hivernale. Certains cadres au niveau des institutions sportives nationales (FAA et ministère) avaient considéré que les conditions d’accueil étaient indignes d’un champion olympique. D’aucuns pensent plutôt qu’elles étaient inadaptés au standing des accompagnateurs que ces instances se proposaient de désigner. On connait comment s’est terminé le débat, avec une polémique dans les grands quotidiens généralistes nationaux et un bras de fer, par déclarations interposées entre le champion et le ministre des sports de l’époque. La suite, Taoufik Makhloufi n’a pas attendu le financement de sa préparation par l’Etat pour rejoindre un autre centre de préparation en altitude aux Etats Unis.       

dimanche 16 août 2015

Dopage, La contamination par la professionnalisation


 A la mi-juin, l‘Ethiopienne Genzebe Dibaba battait le record du monde du 1 500 mètres féminin. Un vieux record qui figurait sur les tablettes parce que les notables de l’IAAF et les experts des laboratoires de lutte contre le dopage n’avaient pu prendre à défaut les athlètes de « l’armée de Ma » aux méthodes d’entraînement très controversées. Une performance inaccessible aux athlètes de l’Europe occidentale et prenait le pas sur un chrono établi par une sportive de l’ex-URSS, Tatyana Kazankina. Un record qui lui aussi dura quelques 13 années et fut amélioré de 2 secondes.
Dans la mémoire collective, ces deux chronos sont représentatifs d’une approche du haut niveau ne correspondant pas aux standards en vigueur à l’époque et aussi de la dépréciation des résultats en provenance des pays où l’idéologie socialiste était dominante. La ₺Guerre froide₺ rythmait les relations entre les grandes nations à l’époque de Kazankina et n’était pas encore un vestige du passé (même si le ₺Mur de Berlin₺ était tombé et que la Perestroïka était à l’œuvre dans la Fédération des pays soviétiques) lorsque les Chinoises (ultime rempart du communisme) furent sur les podiums.
Il est vrai que l’éclatement du bloc des pays de l’Est a mis à jour des pratiques qui permettaient de créer des surhommes en jouant avec les règles de la déontologie médicale et en faisant d’êtres humains des cobayes de laboratoires.
L’athlétisme de l’Europe de l’Ouest, pendant la même période, n’a pas été exempt de ce fâcheux phénomène. Même si celui-ci n’était pas encore érigé en système, de temps à autre, quelques contrôles mettaient au ban de la société sportive des athlètes de réputation. Il faut dire qu’il est vrai que l’infestation apparaîtra un peu plus tard, dans une forme individualisée ou de petits groupes n’ayant pas l’impact que le fléau avait pris dans l’ «autre » Europe en déclin technologique.
L’avance prise par les laboratoires de production sur ceux de lutte contre le dopage s’est réduite au fil des aveux et des dénonciations, des politiques de délation et d’incitation à la délation. On pourrait expliquer la multiplication des contrôles positifs par le recours à «des formules dépassées », connues et répertoriées par les laboratoires de contrôle, utilisées en désespoir de cause par des athlètes peu fortunés. Ce qui appartenait à la course aux médailles, entre les deux blocs idéologiques dominants de plus en plus défavorable au groupe des nations socialistes, s’est transformé en une guerre de financement entre les pays occidentaux.      
La gangrène qui aurait du s’estomper avec la disparition du « bloc de l’Est » a pris des proportions incroyables aux Etats Unis et des nations idéologiquement proches tels le Canada et la Grande Bretagne. Ce seront les épisodes (à deux époques différentes) Ben Johnson, Tim Montgomery et Marion Jones et de l’affaire Balco en athlétisme et Lance Amstrong en cyclisme. Par un curieux hasard, ces athlètes performants à plus d’un titre, « tombent » au moment où ils deviennent « intouchables », si souvent contrôlés qu’ils sont insoupçonnables. C’est ici que la fameuse « théorie du complot » devient crédible et que l’implication des structures d’accompagnement des athlètes (équipementiers, staff médical, coachs, managers, etc.) semble plausible ainsi qu’a tenté de le faire croire B. Johnson. 
Comment expliquer la montée des « prises » dans le milieu d’athlètes spécialistes des courses sur route espagnols et Italiens si ce n’est par une contamination par les réseaux à l’œuvre dans le cyclisme professionnel ayant trouvé un déboucher dans un domaine sportif où les qualités physiques impliquées sont proches.
On remarquera que le phénomène du dopage a pris, en Europe du Sud (Espagne, Italie, Grèce) une propagation incroyable allant de pair avec la professionnalisation à outrance de l’athlétisme et de l’augmentation vertigineuse des primes de participation et des bonus.
L’athlétisme africain tant qu’il était refermé sur lui-même n’a pas connu de véritables scandales de dopage. Nous supposons que c’est la formule de groupes d’entrainement (ayant pris son essor dans la dernière décennie du 20ème siècle autour d’un staff européen) qui a introduit le mal dans le continent noir mais surtout dans les pays où les courses de demi-fond et de fond (Kenya, Ethiopie, Maroc), les courses de sprint (Nigéria) et de lancers ou d’épreuves combinées (Egypte, Afrique du Sud) sont devenus des faits culturels.   


samedi 15 août 2015

Football professionnel, Raouraoua ouvre le bal


 La saison 2015-2016 de football professionnel ne pouvait débuter sans une intervention radiodiffusée des principaux responsables à savoir le président de la fédération algérienne de football (Mohamed Raouraoua) et le président de la ligue nationale de football (Mahfoud Kerbadj). Hasard, partage des interventions et des médias, le premier s’est livré au micro de la radio publique et le second a fait son show sous le regard des caméras d’une télévision privée qui monte et à su trouver sa place dans le système au point de rivaliser avec les chaines étatiques.
Hasard heureux ou choix de la rédaction de la chaîne de radio, le thème essentiel (et celui des commentaires de la presse écrite qui ont suivi le débat) a été axé sur la question du recrutement des joueurs étrangers qui font objet d’une interdiction fédérale depuis la réunion ordinaire du bureau fédéral tenue le 24 juillet dernier.
Prisonnier de l’argumentaire fédéral, le président de la plus haute instance du football national ne pouvait sortir des limites tracées il y a une vingtaine de jours : faire supporter aux clubs les impérities relevant d’un autre niveau.
Le président de la FAF ne pouvait que se cacher derrière des arguments étalés sur la place publique, ceux qui ont trait à la protection des personnes (joueurs étrangers). Raouraoua a, de nouveau, sorti l’argument qui veut faire des instances fédérales « le chevalier blanc » des joueurs étrangers qui «ne sont pas protégés, pas payés et lorsqu’ils le sont c’est avec des devises achetés sur le marché informel. Cela sans oublier qu’ils ne sont pas logés décemment ») et des institutions publiques  prises en défaut dans ce dossier.
En affirmant que la fédération a tenté de préserver les clubs algériens des foudres des instances disciplinaires de la FIFA, le président de la FAF a démontré à nouveau que l’instance fédérale nationale n’est qu’un paravent tentant de dissimuler et au mieux de sauvegarder les intérêts de ces mêmes clubs. S’il est vrai que la fédération algérienne de football n’est, du point de vue de la FIFA qu’une interface vis-à-vis des clubs, elle n’avait pas à se substituer à eux. Le paiement par elle, (la fédération) des créances dues par des entités économiques autonomes et juridiquement responsables, a été un acte irresponsable destinée à couvrir d’un voile les errements des dirigeants des clubs.
Le président Raouraoua en a pleinement conscience puisqu’il affirme que « la décision sera levée dès la présence d’un climat adéquat » et que l’instance n’a « jamais été contre le recrutement d’un joueur étranger ». Une position justifiée par l’augmentation du  nombre autorisé de ces joueurs depuis la mise en place du professionnalisme.
Mohamed Raouraoua reconnait l’illégalité du fonctionnement des clubs en déclarant que la réglementation n’autorise pas le transfert des salaires et des indemnités de formations des joueurs à l’étranger. C’est cet aspect qui pousserait certains dirigeants à aller sur le marché parallèle pour acheter des devises dans l’illégalité la plus totale. Une pratique qui serait étendue aux joueurs qui se situeraient également sur le même plan d’illégalité  car eux aussi sortent les devises. Une description qui laisse penser à un système de blanchiment d’argent.
Selon Mohamed Raouraoua, la solution à un problème qui « ne peut pas continuer comme ca » est que l’Etat mette en place un système autorisant  les clubs à transférer l’argent. En fait, Raouraoua reconnait l’incapacité des instances du football à se faire respecter par les clubs en relevant que la panacée se trouve dans le nouveau cahier de charges qu’imposeront les pouvoirs publics.
L’autre thème incontournable lorsqu’on aborde la gestion des clubs est celui des salaires mirobolants versés à des joueurs incapables de rejoindre les rangs de l’équipe nationale ₺A₺. Le comble de l’aberration est que le président de la FAF ne perçoit la réduction de la masse salariale des clubs que par une réduction des effectifs déjà limité par les règlements nationaux à 25 joueurs ou encore par une action des pouvoirs publics. Comme toujours, la fédération est en position d’observateur.

   

vendredi 14 août 2015

Le phénomène Dibaba, Tentatives d’explications


En 2009, Genzebe Dibaba remporte le titre de  championne d'Afrique junior du 5 000 m. Cela lui vaut d’être retenue dans l'équipe d’Éthiopie qui participe aux championnats du monde de Berlin en remplacement de sa sœur Tirunesh Dibaba qui déclara forfait sur blessure. Âgée de dix-huit ans seulement, elle atteignit la finale du 5 000 m et se classa huitième en 15 min 11 s 126.
En 2010, elle poursuivit son ascension. Elle porta son record personnel du 5 000 m à 14 min 37 s 56 au meeting d’Oslo, et remporta, quelques jours plus tard, à Moncton, les championnats du monde juniors en 15 min 08 s 06.
En 2011, Genzebe Dibaba porta ses records personnels du 1 500 m à 4 min 05 s 90 et du 5 000 m à 14 min 37 s 56. Elle atteignit la finale du 5 000 m des championnats du monde de Daegu où elle se classe huitième comme lors de l'édition précédente.
Son premier succès lors d'un championnat intercontinental senior sur piste intervint en début de saison 2012 à l'occasion des Championnats du monde en salle d'Istanbul. Dibaba remporte l'épreuve du 1 500 m en 4 min 05 s 78, devant la Marocaine Mariem Alaoui Selsouli et la Turque Aslı Çakır. En mai, Dibaba remporte le 1 500 mètres du meeting de Shanghai (Ligue de Diamant) et améliore à cette occasion le record d’Éthiopie du 1 500 m en terminant en 3.57.77.
Ce qui surprend c’est que, malgré les déclarations désobligeantes qui entourent sa progression, la jeune fille s’accroche mordicus à un discours qui ne semble pas être entendu ou plutôt que l’on écoute avec scepticisme. L’ambiance délétère qui enveloppe l’athlétisme de haut niveau ne peut conduire qu’à des réactions n’accordant plus aucune importance à la notion d’effort, de travail. Réussir une performance de très haut niveau est devenu aujourd’hui synonyme d’utilisation d’aides répréhensibles.
Dans une interview accordée à un site américain consacré à l’athlétisme, Genzebe Dibaba évoque une séance d’entrainement de folie pour qui connait un peu la valeur de l’effort. Une séance qui rebuterait beaucoup d’hommes avec 5X800 mètres en 2.02 et 2.04 et pour finir un 800 en 1.58, ce qui, en compétition, l’a placerait dans le Top 10 mondial (seules 7 athlètes ont couru en moins de 1.59 cette année).
Bien que l’on ne connaisse pas le temps de récupération entre chaque 800 mètres, on comprend un peu mieux, les temps de passage de la course de Monaco (400 en 60.31, 800 en 2.04.52) et un dernier tour en 59.79.
Contrairement aux autres athlètes de demi-fond féminin qui trouvent des difficultés à trouver des partenaires d’entrainement de leur niveau (pour compenser ce handicap, certaines athlètes européennes sont accompagnées à vélo par leurs entraineurs), Genzebe Dibaba n’a pas ce problème. Elle raconte qu’elle s’entraîne « avec des hommes, pas du tout avec des filles ». Un petit peu comme le faisait Hassiba Boulmerka qui avait pour sparring-partners Ryad Gatte et Tarek Zoghmar. Genzebe explique que cette approche n’a que des avantages : «du fait de s'entraîner avec quelqu'un de plus fort, on ne peut que s'améliorer ». Elle précise que « ce serait difficile maintenant de m'entraîner avec des filles. D'ailleurs, il n'y en pas vraiment dans mon groupe. C'est sans doute ça qui m'a amenée à ce niveau ».
Un autre paramètre pourrait expliquer cet exploit chronométrique (et son 14.11 au 5 000 mètres de Paris). De nombreux athlètes Kenyans sont originaires des régions d’Eldoret et d’Iten où se préparent de plus en plus les meilleurs athlètes mondiaux de demi-fond et de fond (T. Makhloufi semble apprécier ces lieux). Pour l’Ethiopie, c’est Bekoji, un village situé  à 200 kilomètres de la capitale Addis-Abeba, à une altitude de  2 800 mètres, le lieu  de naissance de Dibaba. Bekoji est un haut lieu de la course à pied éthiopienne comptabilisant 10 records du monde, 8 médailles d’or des jeux olympiques et 32 aux championnats du monde d’athlétisme et de cross-country.


mercredi 12 août 2015

"Incrédible" Dibaba, Des performances qui sentent le soufre


 Le 17 juillet dernier, au stade Louis II de Monaco, la jeune athlète (24 ans) éthiopienne Genzebe Dibaba s’était mise en piste dans une tentative de battre le record du monde du 1 500 mètres détenu par la Chinoise Yunxia Qu  avec un chrono stupéfiant (il faut bien le reconnaître) de 3’50’’46 établi il y a 22 ans (11 septembre 1993). Un record suspicieux réalisé par une athlète de ce qu’on appelait, en ce temps-là, l’ « armée de Ma Junren », un groupe de jeunes femmes qui écrasait toutes les courses féminines de demi-fond.
Leur domination était si écrasante que les soupçons de dopage furent ébruités et suivirent ces athlètes tout au long de leurs carrières et accompagna le second groupe que forma  « le général Ma».  Dans la longue histoire de la suspicion, les athlètes chinoises succédaient aux athlètes de l’Europe de l’Est (Soviétiques, Allemandes de l’Est, Roumaines) sur-dominatrices, taxées de cobayes de laboratoires. « Ma » justifiait, quant à lui, tous les meilleurs chronos réalisés par ses athlètes par un entraînement de « commandos », impitoyable, mais aussi  par un régime alimentaire faisant la part belle à la consommation de sang de tortue, l’animal pourtant réputé pour sa lenteur.
En Europe, le nouveau record du monde réalisé par Genzebe Dibaba fait renaître les soupçons de dopage qui accompagnent malheureusement (à tort ou à raison, nous ne saurions le dire) toute performance exceptionnelle.  
Pourtant, l’Ethiopienne n’est pas une inconnue. Une dizaine de jours plus tôt, elle s’était déjà signalé en courant à Barcelone la même distance en 3.54.11 qui, au moment de sa réalisation, n’était rien d’autre que la 9ème  performance mondiale de tous les temps. Ce jour-là, Genzebe battait le record d’Afrique que détenait notre Hassiba Boulmerka (3 min 55 s 30), datant de 23 ans. Excusez du peu !
Le chrono barcelonais a fait naitre la polémique. La raison ? L’athlète se dirigeait vers le centre de préparation en altitude de Font Romeu lorsqu’elle revint sur ses pas dans des circonstances inexpliquées. Le stage de Font Romeu est remplacé par un autre à Barcelone. Evidemment, des rumeurs de dopage se firent jour. Surtout qu’elle fait partie d’un groupe d’entraînement placé sous l’autorité d’Adem Djamaa dont deux athlètes furent contrôlés positifs. Cette proximité avec des athlètes dopés, la présence de Djamaa aux nombreux succès jalousés font que les performances de Genzebe Dibaba sentent le souffre ou du moins laissent penser à l’utilisation de produits qui autoriseraient le dépassement des limites ou plus exactement celles d’un être humain lambda relevant de cette « normalité » statistique qui sert de caution à toutes les dérives subjectives.
Comme pour aggraver son cas, son pays (l’Ethiopie) qui est aussi celui de Gebrselassie, de Bekele et de tant d’autres de coureurs de demi-fond et de fond, se trouve dans cette corne de l’Afrique qui fournit, depuis quelques années, les meilleurs coureurs (coureuses) de demi-fond et de fond de la planète. Des athlètes qui se  répartissent entre l’Ethiopie, l’Erythrée, Djibouti, la Somalie et le Soudan. Grands rivaux de leurs voisins du Kenya sur lesquels planent, depuis quelques temps, de fort soupçons de dopage de masse, les performances des coureurs et coureuses du pays de l’ex-Roi des Rois sont scrutés la loupe.
Pourtant, Genzebe Dibaba n’est pas une nouvelle venue dans le monde de l’athlétisme mondial. Au contraire, elle est connue des spécialistes depuis bien des années. Elle détient trois records du monde en salle sur 1 500 m, 3 000 m et 5 000 m. Les deux premiers depuis l’hiver 2014 et le dernier a été amélioré l’hiver dernier. Et avant, elle avait été sur le devant de la scène athlétique dès 2007.
A 17 ans (elle est alors cadette), elle se classa à la 5ème place des championnats du monde de cross. L’année suivante (2008), elle remporta le titre qu’elle conserva, un an plus tard, en 2009 pour devenir la première athlète de la catégorie à réaliser le doublé.
Sur piste, en 2008, à Oslo, dans la course remportée par sa sœur Tirunesh en établissant le record du monde de la distance, Genzebe se rapproche des 15 minutes sur 5 000 m (15 min 02 s 41) puis se classe seconde du championnat du monde junior du 5 000 derrière sa compatriote Sule Utura.


mardi 11 août 2015

Début de saison, Tassili piégée par Boulhabib and c° ?


Ce weekend, les deux championnats de Ligue 1 et de Ligue entameront la saison 2015-2016. Une saison qui s’annonce aussi aventureuse que la précédente. Ou du moins aussi mouvementée !
Les premiers signes sont apparus. La JSK continue de vivre la polémique (sur fond de marche des supporters à Tizi et à Paris) qui avait marqué la fin de la saison dernière entre le président controversé « Moh » Cherif Hannachi Hannachi et les membres du  ₺comité de sauvegarde₺. Tandis que « Moh Cherif » est un tant soit peu en retrait, une nouvelle crise couve. Le manager général du club (Karim Doudane), déçu par l’ingratitude et l’absence de moyens, démissionne avant d’être rejoint, quelques heures plus tard, par le kiné qui n’aurait pas perçu ses émoluments depuis 5 mois.
A Béjaïa, on efface tout et on recommence. Les supporters, les autorités locales et les actionnaires de la SSPA se sont rendus en délégations auprès du ₺vieux₺ Boualem Tiab pour l’inviter à reprendre sa place à la tête du conseil d’administration moribond. Le temps de refaire démarrer le club, régler quelques affaires courantes (recrutements et régularisations de joueurs, stages de préparation) avant de laisser le nouveau président du CSA s’exprimer au nom de l’équipe professionnelle et signifiant par là même que tout continue à fonctionner comme par un passé récent. Seuls, le commanditaire-sponsor Berkati et l’ancien président du CSA se sont retirés.
En Ligue africaine, l’USM Alger est qualifiée pour le tour suivant et le MC El Eulma a fait ses bagages. Après avoir été rétrogradé en Ligue 2, l’équipe des comptoirs commerciaux continue sa spirale négative en se faisant éliminée très rapidement. Ici encore les présidents du CA de la SSPA et du CSA ont montré tout l’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre.
Les présidents du MCA (Raïssi) et du RCA (Amani) persistent à se donner en spectacle dans la presse pour domicilier où ils veulent et comme ils veulent les rencontres de leurs équipes respectives. Comme si leurs seules intentions étaient d’enquiquiner les lecteurs. Pendant ce temps, leurs équipes sont sans stades fixes.
A Constantine, la ville aux huit ponts, le CSC a ramené Bezaz et Meghni, d’anciens excellents joueurs de l’équipe nationale ayant de très beaux restes mais dont la fin de carrière (malheureusement pour le plaisir des spectateurs) est en voie d’achèvement. Un remake du recrutement de Yazid Mansouri. Objectif ? Remplir le stade au détriment de la caisse de son actionnaire majoritaire (Tassili Airlines) en butte avec des problèmes judiciaires dont elle serait bien passée et qu’on lui aurait cachés.
Il semblerait d’ailleurs que cette entreprise publique de transport aérien, filiale de la compagnie nationale pétrolière, ait tiré la mauvaise carte. Nous dirons même que les dès étaient pipés dès le départ. La SSPA, propriétaire de l’équipe professionnelle, vient d’être condamnée à rembourser quelques 18 milliards à des créanciers auprès desquels l’ancien directeur général, Mohamed ₺Soussou₺ Boulhabib, aurait contracté des emprunts et des dettes. Nous observerons qu’il s’agit d’un scénario qui présente de fortes ressemblances avec celui vécu par le MCA, parrainé par Sonatrach (société- mère de Tassili), condamné à payer environ la moitié de cette somme à Omar Ghrib, un autre étrange  personnage (comme l’indique si bien son patronyme) du football algérien évoluant, dit-on, dans la proximité des sphères informelles.
Tassili Airlines ne semble pas désireuse de payer des engagements qu’elle n’a pas pris. Elle menace de se retirer, de céder ses actions dans une ₺affaire₺ qui montre de plus en plus qu’elle est incertaine et que les responsables du club n’ont pas à cœur à défendre au mieux de ses intérêts. Gageons que dans quelques semaines, dans quelques mois au plus, Boulhabib et consorts seront de retour aux commandes du club, vitrine sportive de la capitale 2015 de la culture arabe.