lundi 3 décembre 2018

Migration des athlètes (11), Quatorze intentions de jumelage


L’ensemble des athlètes algériennes ayant pris part aux « championnats Open », en particulier celles qui n’ont point l’habitude de participer à des compétitions internationales (ce sont essentiellement les meilleures jeunes et les plus âgées qui sont admises dans ce cercle restreint), représentant la quasi-totalité des athlètes, ont pu mesurer que les suprématies exercées sur les compétitions nationales étaient le plus souvent surfaites.  

L’option jumelage est récente. Elle a été concrétisée  au début de l’année 2018 lorsque la convention a été signée entre les représentants des deux parties, réunis lors d’une cérémonie protocolaire destinée à mettre sur un certes modeste piédestal les meilleurs jeunes du MAC. Une réception   consacrée uniquement  aux athlètes de l’école qui servit de mise en évidence interne le travail réalisé au niveau des pôles extramuros de développement.

Pourtant, en y repensant, l’idée de jumelage en elle-même n’est qu’une remise au goût du jour de pratiques si anciennes qu’elles en paraissent éculées, hors du temps. Le jumelage, les échanges sportifs ont fait partie des outils de promotion à la fois de l’essor des activités sportives et de l’organisation des compétitions sportives extraordinaires, soucieuses d’émerger du calendrier sportif habituel.

Une sorte de hors normes qui permit à ces actions de se distinguer de la routine sérieusement implantée dans les rouages et les mentalités. Comme fut le cas, en son temps (les décennies 80 et 90) du challenge régional interclubs (CRIC) inédit dans le paysage athlétique algérien et dont le succès le fit passer au stade de compétition zonale (inter-régionale) en conservant son appellation.

La participation de délégations étrangères aux premières compétitions sportives sur route (semi-marathon Abdelhamid Benbadis de Constantine et le semi-marathon Chihani Bachir à El Khroub) organisées dans une collaboration entre la ligue de wilaya d’athlétisme et les APC, a été favorisée, au milieu des années 1980, par ce type d’échanges avec des municipalités françaises. Il n’est pas à dissimuler  que celles-ci étaient dirigées par les courants progressistes favorables aux rapprochements suscités par les proximités (réelles ou factices) idéologiques. L’Histoire récente montre qu’il a suffi de peu pour que les maoïstes, trotskystes et communistes d’hier deviennent les ultra-libéraux d’aujourd’hui. En sport comme dans les autres domaines d’activités.

Quatorze intentions de jumelage
Depuis que le jumelage avec les Tunisiens a été concrétisé à travers la signature d’une convention et le « National Open 2018 » qui en fut la matérialisation, ce modèle de relations a pris une l’ampleur contrastant étrangement avec la pluie de critiques qui s’est abattue, comme une nuée de frelons, sur le projet de promotion des jeunes talents athlétiques de Constantine renvoyant explicitement à la dénomination incomprise de Mawaheeb Athlétic de Constantine dont les critiques se gaussent sur les réseaux sociaux.
Pourtant, l’idée est prometteuse. Quatorze  intentions de jumelage seraient, selon des indiscrétions qui nous sont parvenue, en phase de finalisation. Ces intentions associeraient cette fois-ci le MAC à des associations sportives nationales formatrices dans le domaine du demi-fond, la discipline-reine de l’athlétisme algérien, le cœur du projet du club initiateur.

Ces associations sont majoritairement domiciliées dans cette Algérie profonde où la course à pied est le dernier souci des responsables locaux et nationaux bien que totalisant de multiples succès nationaux dans la course à travers champs. Ces jumelages formalisent, mieux que milles discours, la tentative de passage du statut de « laboureurs » à celui de « pistards », de la ruralité à la citadinité.

La caractéristique essentielle de ces conventions de jumelage est qu’elles seraient fondées sur des échanges réciproques de prestations de service (hébergement, restauration) lors de manifestations sportives organisées sur le territoire national.

Les catégories d’âges concernées par ces accords de partenariat seraient essentiellement les cadets-juniors des deux sexes sans exclusion cependant des catégories d’âge supérieures. Ces conventions sont ainsi la transposition au plan national  d’un modèle mis à l’épreuve, avec un certain succès, à l’international.

Le challenge international de demi-fond est incontestablement au centre de ce nouveau projet puisant ses racines à la fois dans l’ADN du club et dans les enjeux internationaux futurs matérialisés par les « IAAF World Relays » délaissant Nassau (Bahamas) pour Yokohama (Japon).

Dans le nouveau concept du challenge apparu lors de l’édition 2018, les relais se sont substitués (chez les jeunes uniquement) aux courses individuelles. Les passionnés d’athlétisme connaissent l’ambiance que font naître les courses de relais, inscrites généralement aux programmes des compétitions d’athlétisme, telles le 4x100 et le 4x400 ou ce « Relais d’argent » qui marque indélébilement le « Challenge des Aurès » renaissant cycliquement de ses cendres.

Il est possible d’imaginer l’actuel challenge international de demi-fond, renversant les habitudes solidement ancrées avec une importance accrue accordée aux jeunes avec un programme repoussant vers la marge les courses des grands (espoirs et seniors) devenant alors accessoires.

Il est en effet notoire que les meilleurs représentants algériens de courses de demi-fond sont indisponibles, en préparation quelque part à l’extérieur des frontières, ou engagés dans une tournée de batailles avec les seconds couteaux des pays visités.


mardi 27 novembre 2018

Migration des athlètes, Le challenge à la pointe de la modernité



Il y a lieu d’admettre qu’en période de disette en devises, frappant les deux côtés de la frontière commune, la prise en charge en monnaie nationale est un facteur facilitant de l’échange athlétique algéro-tunisien inscrit dans un contexte d’instabilité politico-économique difficile pour les deux parties.

Dans ce contexte à la fois pénalisant et d’ouverture sur les autres, chacun des deux partenaires n’est préoccupé que par les questions domestiques, celles liées essentiellement aux questions d’hébergement, de restauration et de transport, etc. des athlètes invités qui sont considérés au même titre que les athlètes nationaux….dès le franchissement des postes -frontières, dès lors que la délégation hôte pose le pied sur le territoire national de la partie invitante.

L’avantage incontestable est que ces athlètes « à la double licence tuniso-algérienne » ne revêtent la casaque constantinoise que lors des compétitions de niveau intéressant (national ou international) sélectionnées et proposées à la délégation étrangère partenaire.

Pour le MAC, en sa qualité d’organisateur du challenge international de courses de demi-fond, la priorité a été indubitablement d’assurer une participation étrangère de niveau au moins égal au niveau national et de proposer à ses athlètes (et par extension aux athlètes algériens engagés) une concurrence de bon aloi.

Le jumelage offre également aux meilleurs athlètes du MAC la possibilité de prendre part à quelques compétitions étrangères sans que le budget du club ne soit grevé outre mesure.

Le « Top 10 2018» a été l’illustration décisive (au grand désespoir des clubs accaparateurs des athlètes algériens) que les athlètes tunisiennes ont été à la hauteur du pari engagé en trustant les premières places du classement national de la catégorie féminine.

Cette situation (ce classement) a été par ailleurs fort opportune. Elle a été l’occasion de montrer aux clubs formateurs (lesquels auraient dû applaudir la démarche en appréciant la confrontation inespérée mettant en valeur la qualité de leurs propres efforts) le long chemin restant à parcourir, l’importance des efforts à consentir et de ne pas se griser de résultats obtenus dans la bulle athlétique nationale.

La polémique (relancée avec une insistance accrue depuis la publication du « Top 10 provisoire ») a montré que cette participation tunisienne a incité les observateurs à se pencher rétroactivement sur les résultats des championnats nationaux dont le niveau a été incontestablement rehaussé comparativement au niveau habituel.

dimanche 25 novembre 2018

Ali Saidi-Sief (54), Pensée pour Zine El Abidine


Pendant ce semestre de transition, sur le plan de l’accompagnement technique, Yahia Azaidj a été écartelé, comme peut l’être un jouet que de grands enfants se disputent, entre les programmes de préparation concoctés les entraineurs nationaux (Mohamed Salem, entraîneur de l’EN junior de cross-country et de demi-fond fut l’un d’eux) et par les entraîneurs rémunérés par le MCA.

Il était également partagé entre les objectifs (devenus secondaires) du club de Ksar El Bokhari, évincé et confiné au simple rang de façade administrative, et ceux du MCA et de la fédération qui, au début de la décennie 1990, se percevait plus comme un opérateur et non tel un régulateur. La compréhension des textes réglementaires en vigueur à l’époque aidant avait fait  d’elle, en accord avec la vision du centralisme démocratique hérité du Parti Unique et du jacobinisme légué par le colonialisme,  un super  club réceptacle ultime de l’élite nationale.

Il fait partie de la nature de l’athlétisme, ou plutôt de la politique sportive telle que perçue par les entraîneurs en mal de notoriété ou désireux de la conserver, sous l’impulsion d’une politique plus libérale, de se disputer les jeunes talents émergents.

Nous avons vu que l’encadrement administratif d’Ali Saidi-Sief fut stable. Comme ce fut le cas pour Azaidj et tous ceux qui firent partie de l’association sportive pétrolière. Ayons en permanence à l’esprit que celle-ci est adossée à la plus importante entreprise économique et industrielle, le pis nourricier du pays. Toutefois, des informations tardives (les langues ont tardé à se délier) laissent à croire que tout ne fut pas toujours rose, aussi limpide que ce qui a été raconté dans les chaumières et dans les cénacles sportifs.

Aïssa Belaout a narré sur les réseaux sociaux les mésaventures qu’il a rencontrées lors de la fin de son parcours avec le Mouloudia et ceux (entraîneurs, manager, etc.) avec qui il était en contact. C’est au cours de cette période que semble avoir débuté la fragilité que connue Ali Saïdi-Sief.

Le temps passé, se comptant maintenant en décennies, n’efface pas toujours les ressentiments et les frictions d’hier. Il se dit aujourd’hui, dans cet univers que l’on ne voit qu’à travers le prisme déformant  des grands moments de la fabuleuse décennie athlétique (1990-2000), que les rapports entre les individus, plus particulièrement entre les membres du couple de base que sont les athlètes et leurs entraîneurs, ne furent pas toujours aussi harmonieux que ce que l’on peut entrevoir lorsqu’on est à distance ou lorsque les résultats sont présents et sont exposés « à la  Une » des journaux télévisés. Ce qui a pour conséquence d’attiser de toute évidence les convoitises naissantes.

La décennie 1990 a enregistré l’essentiel des titres et médailles mondiales et olympiques attribuées aux athlètes algériens. Boulmerka, Morceli, Merah-Benida, Hammad, Saïd-Guerni, Saïdi-Sief sont synonymes de moments de joie populaire.

Cette séquence temporelle de joies éphémères tranche paradoxalement avec le contexte de la décennie sanglante. Les victoires sportives, les plus belles qu’ait connues l’Histoire de l’athlétisme, furent le seul et unique rempart immatériel au sentiment de terreur que l’Algérie eut à connaitre. Un rempart qui transcendait les hommes (et les femmes) debout.

Les sportifs de haut niveau, mis dans un cocon quasi-imperméable aux effets et méfaits de la vie quotidienne, étaient perçus, médiatiquement parlant, par le petit bout de la lorgnette chère à Gulliver, ce personnage romanesque de Jonathan Swift, à travers la mise en avant du soutien polymorphe accordé par Sonatrach et l’Etat à ces ambassadeurs sportifs devenus des idoles nationales (et internationales) de la résistance à cette barbarie que la planète ne découvrit réellement qu’avec une décennie de retard.

Pendant longtemps (la décennie comprise entre 1996 à 2005), Djabir Saïd Guerni fut le compagnon, au club et en équipe nationale, de Saïdi-Sief et de tant d’autres champions dont beaucoup restèrent en plan. Contrairement à la leur, la carrière internationale de Djabir fut jalonnée par des médailles et des titres africains, mondiaux et olympiques.

Djabir Saïd-Guerni eut la chance (dont on ne mesure pas toute l’importance) d’avoir été accompagné, dès son plus jeune âge (13 ans), par son père. Zine El Abidine, un entraîneur venu de l’EPS qui ne fut pas apprécié de son vivant à sa juste valeur car il n’appartenait pas au sérail, sut protéger son fils, un champion musculairement fragile et, à ce titre, sujet à des blessures à répétions qui handicapèrent sa carrière.

 Il ne fait pas de doute que cet aspect (la protection de l’athlète) n’aurait certainement pas été au cœur des motivations d’un autre entraîneur qui ne serait pas lié à l’athlète par ce lien de parenté très fort. Préparation, repos, respects des consignes médicales, participations à des meetings soigneusement sélectionnés semblent avoir été préoccupations primordiales des Said-Guerni.

mercredi 21 novembre 2018

Migration des athlètes, Les effets de cavalerie



Dans le contexte actuel dans lequel se mêle beaucoup de résignation et de réminiscences de cet âge d’or disparu, emporté par les vagues successives d’adaptation aux chambardements idéologiques et économiques, la démarche du MAC est rebelle.
                                                                                  
Elle l’est d’autant plus que dans son action elle s’appuie sur une  gestion  la moins dispendieuse possible  des moyens financiers dont l’association dispose. C’est un modèle de gestion qui pourtant, dans l’histoire de l’économie, est conservateur et rétrograde tout en renvoyant aux premiers pas de l’humanité.

L’approche retenue appartient au registre de ces actes de gestion qu’auraient privilégiés un homme d’affaires gérant son entreprise en « bon père de famille ». Une notion qui a complétement disparue des discours modernistes pour faire place à des actions spéculatives en harmonie avec l’ambiance générale, celle qui a valeur de référence dans les souks.  Elle consiste à ne pas nuire aux activités en cours ou en projet.

Beaucoup de clubs ont en effet opté pour une course-poursuite perpétuelle consistant à recourir aux découverts, couvrir les dettes contractées par les crédits, les subventions tardant à venir : payer avec les subventions de l’année prochaine les dépenses engagées cette année. On reconnait une stratégie comparable à ce que les banquiers nomment les « effets de cavalerie ». Les prévisions inscrites dans les cahiers de charge annuels sont outrepassées par les charges induites par l’imprévoyance.

Le mode de gestion remis à l’honneur par le MAC ne plombe pas exagérément les comptes financiers de la structure sportive dans un contexte où l’austérité est de rigueur. Les recettes (subventions) sont limitées tandis que les dépenses sont en constante augmentation. L’inflation galopante et  l’apparition « normale », logique de nouveaux besoins (inspirés et portés à bouts de bras par une société consumériste à l’affut de la nouveauté) à satisfaire avec les fonds appartenant à autrui (les pouvoirs publics) dont les associations n’ont pas la maîtrise, en sont  la cause principale.

La démarche du MAC repose sur un mécanisme économique vieux comme le monde. Un mécanisme si usé qu’on a oublié qu’il a existé. Il est de toute évidence le modèle économique le plus ancien qu’ait connu l’humanité.

Il remonte indéniablement à Cro-Magnon ou à Neandertal. Il s’agit de ce bon vieux troc, ou échanges de biens (ou services) entre deux entités, matérialisé dans la situation présente par le jumelage de deux associations sportives désireuses d’apporter un plus à leurs membres sans générer d’effets pervers sur leurs trésoreries respectives.

samedi 17 novembre 2018

Ali Saidi-Sief (53), Azaidj, colocataire de l’« appartement »



Le trio flamboyant de coureurs de demi-fond que formaient Morceli, Belaout, Azaidj ne sera supplanté chronométriquement parlant  qu’avec l’émergence d’Ali Saïdi-Sief qui s’empara, en lui faisant faire un bond de 13 secondes, du record national.

Il fut, en 2000, le premier (et au demeurant l’unique) coureur algérien à avoir couru le 5 000 mètres en moins de 13 minutes (12.50. 85). A l’âge de 22 ans ! Le meilleur et le plus jeune ! Quelques mois plus tard, il sera à l’origine du pire, de la première grande flétrissure de l’athlétisme algérien qui, une dizaine d’années plus tard (en au printemps 2012), subira les atteintes portées par trois athlètes de l’élite nationale dont deux champions continentaux fortement soutenues par l’appareil fédéral dont ils portaient les espoirs et ambitions de médailles olympiques et mondiales.  Comme le fut Saïdi-Sief.

Un rapide regard sur le bilan national « tous temps », montre qu’avec son record personnel, aujourd’hui vieux de 23 ans, Yahia Azaidj y figure encore aujourd’hui en bonne place (9ème).

En 1990, Yahia Azaidj, alors junior 1ère année (il est né  en 1972), était encore lié administrativement par le lien ténu d’une licence délivrée en faveur du club de Ksar El Bokhari avec lequel il fit sa percée. Vers le milieu de la saison, il avait viré vers le MCA qui, en complémentarité avec l’aide apportée par la fédération en prévision des échéances internationales, lui accordait une prise en charge, sur le plan des moyens logistiques, que nous qualifierons de non négligeable. Il était incontestablement un jeune placé dans de bonnes conditions pour percer. 

Au sein du Mouloudia, à ses débuts, il posséda ainsi le statut ambivalent de membre transitoire, de membre en devenir de l’association…. pendant la durée approximative d’un semestre. Membre transitoire certes, mais déjà il jouissait de l’avantage accordé aux athlètes venus de l’intérieur du pays, aux leaders d’une équipe de ténors nationaux de la course à pied.

Il a été, comme tant d’autres jeunes et moins jeunes, colocataire de l’appartement de la « cité Les Sources » (aujourd’hui « Les Anassers ») qui plus tard sera remplacé par « la villa ». Un appartement qui en faisait les voisins de Boualem Rahoui, Sakina Boutamine, Abderrahmane Morceli, Amar Brahmia, les leaders, les stars de l’athlétisme des seventies et des eighties.

Un avantage dont Aïssa Belaout, émigré en France depuis le séisme d’El Asnam (1980) et pilier du « groupe de Brahmia » fut évincé, quelques années plus tard, pour des raisons restant encore à expliquer mais dont on subodore qu’elles relèvent du mode de  gestion de ce club dont on s’est plu très longtemps à caractériser, à mots couverts, la marginalité en tous points de vue dérangeante. Un système posé sur un socle d’autoritarisme et d’opacité, il (l’appartement) aurait ainsi servi d’instrument de mise au pas, de chantage et de représailles si besoin en était.

Le statut du jeune Azaidj était, on le voit, particulier. Il était compris entre celui d’un CDD (non formalisé administrativement parlant) et d’un CDI qu’il anticipait. Une sorte de période d’essai ne disant pas son nom, diraient les nombreux DRH de la compagnie pétrolière et de ses filiales.

Ce statut interlope, en marge de toutes les règles connues de gestion normalisée, moderne et scientifique dont l’entreprise marraine se voulait l’exemple national et continental, a cependant permis son entrée et son  intégration dans les groupes d’entraînement du MCA en attendant la future régularisation quasi-inéluctable de sa situation administrative vis-à-vis des instances sportives dont l’incontournable et indispensable mutation de Ksar El Bokhari au Mouloudia.

mardi 13 novembre 2018

Migration des athlètes, Le jumelage révolutionnaire


La diminution stigmatisée des savoirs par les cadres techniques (et technico-administratifs issus également de la filière avant que les établissements de formation ne proposent des spécialisations autres que techniques) les plus importants est liée, si l’on n’y prête attention, à l’amélioration inégalitaire des situations administratives et aux changements népotique des statuts administratifs.

Les réseaux sociaux (exutoires aux rancœurs emmagasinées pendant des décennies)  illustrent parfaitement ces situations par le foisonnement des récriminations émises par des entraîneurs ayant réussi, avec le peu moyens disponibles, à inscrire les athlètes aux portes de la renommée internationale. En dépit des embûches en tous genres préludant les détournements de talents.

Il est temps de remarquer que les discours critiques, ont conduit à un très formidable changement de paradigmes, à l’apparition d’une démarche totalement inconnue. Sur les traces de Marx, dans le lignage de  sa théorie du renversement, l’univers sportif algérien est présumé avoir bouleversé, retourné l’approche traditionnelle.

De nos jours, avec ce phénomène contemporain de la migration réservée à l’élite, selon les théories dévoilées par ces messieurs les critiqueurs, ce sont les athlètes (dont il est de notoriété publique que très peu ont eu la chance d’avoir fréquenté les amphithéâtres des IEPS, des Staps ou des ENS) à qui ils ont attribué la charge de former, de faciliter ou de concourir au perfectionnement de leurs entraîneurs en allant récolter butiner pour eux le savoir y compris et surtout en France, le pays honni par ces autoproclamés nationalistes formés aux règles du mondialisme et du trabendisme sportif.

La migration sportive est un déplacement dans lequel sont impliqués essentiellement les membres de la catégorie sportive supérieure, l’élite nationale en devenir sélectionnée par les piliers de la caste dominante.

Nous comprenons mieux l’avalanche de critiques qui s’est abattue sur le MAC et sur ses dirigeants. La démarche innovante qui a été la leur a bouleversé les pratiques traditionnelles solidement ancrées dans les esprits. Souvent à courte vue. Il s’agit avant tout pour ses partisans de préserver les avantages et autres privilèges susceptibles de pérenniser le statu-quo-ante qui leur convenait tant.


samedi 10 novembre 2018

Migration des athlètes (9,) Tentatives de revirginisation


L’Algérie a la particularité impossible à occulter d’être une nation où les dirigeants sportifs et politico-sportifs développent, à longueur de conférences, sans aucune espèce de retenue pudique, des discours regorgeant de vantardises, glorifiant le « système » d’avoir formé au fil des décennies (et de continuer à former) des générations de cadres sportifs de haut niveau.

Toute honte bue, la migration des athlètes serait, selon le point de vue de ses thuriféraires, un bienfait pour l’athlétisme, une opportunité miraculeuse pour l’amélioration du niveau de compétence des entraîneurs dont on n’estime pas nécessaire de dire qu’ils sont isolés de tout au pays qui les a vu naître, lorsqu’ils ne sont pas totalement enfermés dans le phénomène englobant de marginalisation édifié depuis des décennies en institution et de mise à l’écart de rivaux susceptibles de faire de l’ombre à une notoriété factice qui a pris racine à toutes les strates de la hiérarchie au sein de laquelle la compétence relative a pris le pouvoir.

On se garde bien de dire aussi qu’aucun système institutionnel de formation continue (cela fait partie des sujets qui fâchent dans les cercles de prédation) ne leur a été proposé ou mis à leurs dispositions.

Quant aux palliatifs à cette absence de formation continue et d’actions de perfectionnement qui furent l’apanage des collèges techniques nationaux, en cette époque bénie de la Réforme Sportive où les responsables techniques étaient portés sur le partage des connaissances et l’amélioration des compétences avec leurs collègues et pairs, ils se sont mus en des moments de rencontre sans intérêt pour la transmission, l’échange et la dissémination de savoirs et d’expériences.

La circulation de l’information cognitive (savoirs et expériences) a été confinée au sommet de la hiérarchie sportive dans ce qui pourrait être analysé en termes de souci de constitution de cercles restreints, de préservation népotique des territoires et des avantages afférents.

Ces anciens détenteurs du pouvoir, exclus des rouages fédéraux à la suite de l’échec consommé des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro, détracteurs affirmés de tous leurs confrères susceptibles de leur faire de l’ombre, sont en première ligne d’une tentative désespérément réitérée de retrouver une virginité perdue.  

Cette tentative est marquée par le comble de l’aberration. Ce sont en effet ces mêmes critiqueurs de la vision du MAC qui, dans des discours récents, se sont autorisés à réprouver la stagnation cognitive et à condamner la diminution du volume horaire et de la qualité de la formation initiale (celles dispensée par des instituts placés sous tutelle du MJS et du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique) qu’ils n’ont pas été en mesure de compenser par des actions de mise à niveau lorsqu’ils détenaient leadership. 

lundi 5 novembre 2018

Ali Saidi-Sief (52), Azaidj, reconversion réussie


Azaidj fait partie de ces athlètes algériens que l’on a tendance à reléguer dans les oubliettes mémorielles. Sans doute la conséquence de ce phénomène naturellement humain qui fait qu’ils appartinrent à la nombreuse cohorte d’athlètes qui restèrent en-deçà de leurs potentiels, qui auraient pu faire mieux et auxquels il manqua  si  peu de choses pour se constituer un palmarès plus brillant que celui qu’on leur connait et que les bilans et les mémoires retiennent.

Sans doute également qu’il fit partie de ces marées éternelles de jeunes coureurs qui vinrent rituellement chaque année, à chaque saison de cross-country, briller avant de se replier dans le reflux de la normalité.

Ils surent toutefois se tirer honorablement d’affaire avec l’accompagnement que l’on dit à la fois généreux et parcimonieux de Sonatrach dont la filiale sportive (le MCA) a été longtemps dirigée de main de maître par Mohamed Djouad ainsi que par l'inspiration plutôt controversée d’Amar Brahmia faisant figure, dans ce milieu très chahuté par les  questions de leadership, de personnage à la Janus, à la fois ange et démon.

L’attitude si contrastée de Sonatrach (?) ou du MCA est à découvrir dans la relation qu’entretenait le club avec ses jeunes coureurs talentueux. Une relation non dénuée d’une prise de risque. En effet, en cette même année 1996, un futur champion du monde du 800m perçait: Aïssa Djabir Saïd-Guerni.

On ne dira jamais assez que les talents mouloudéens étaient l’objet d’une  attention particulière, plus qu’elle ne pouvait l’être dans les autres clubs, hormis les grandes écuries de la capitale recensant les dernières associations sportives de performance méritant ce label.

A la fin de l’hiver 1996, alors qu’Ali Sidi-Sief était en stage de regroupement avec ses compères de l’équipe nationale de cross-country, le géant algérois Saïd-Guerni était en stage, pris en charge (hébergement-restauration) par le MCA, à « l’hôtel du BCR », à quelques pas des installations du Golf de Dely Ibrahim et de celles du stade du 05 juillet où il retrouvait à l’entrainement ses pairs de l’élite nationale junior.

En ces temps glorieux de l’athlétisme algérien auréolé par les titres et les médailles olympiques, les observateurs étaient déjà bercés  par le flot ininterrompu de rumeurs laissant entrevoir que les  jeunes talents  étaient enserrés dans les mailles des rets tendus par les manigances pas toujours glorieuses de leurs  mentors techniques et de leurs aînés intéressés.

Ce type de comportement, perdurant jusqu’aux temps présents, donne à penser qu’il fait partie intégrante des codes athlétiques et sportifs en usage dans une société peinant à décoller, oscillant en permanence entre les dogmes révolus et d’autres en gestation, entre le professionnalisme d’Etat inhérent à la Réforme sportive et celui de la nouvelle doxa installé sur un fond de débrouillardise débridée.

Aujourd’hui, c’est l’avantage d’avoir été un athlète licencié au sein du Mouloudia et d’y avoir fait la totalité de sa carrière qui vaut à Azaidj d’avoir réussi sa reconversion professionnelle en qualité d’éducateur sportif au sein de la compagnie nationale pétrolière.

Lorsque l’on revisite sa carrière bien des années après qu’il eût remisé son équipement d’athlète d’élite, on constate rétrospectivement qu’il fut, en 1995, avant qu’Ali Saïdi-Sief ne lui succède dans la lignée historique des jeunes athlètes algériens susceptibles de percer au niveau mondial, le plus jeune ( à 23 ans) meilleur coureur algérien  de 5 000 m.

Cette année-là, Azaidj était alors classé à la troisième place nationale (13.21.27) juste derrière le recordman national  de l’époque (Noureddine Morceli, 13.03.85 à 24 ans, en 1994) et son prédécesseur sur les tablettes nationales (Aïssa Belaout 13.08.03, 24 ans également, en 1993).

dimanche 28 octobre 2018

Migrations des athlètes, Les dérapages de la flagornerie



Sans qu’il n’y paraisse, ce repli sur soi de l’athlétisme algérien avait eu pour effet majeur de donner une forme matérielle à la parole populaire faisant qu’au pays où règne la cécité intellectuelle les boiteux régentent.   

Les athlètes des clubs les mieux nantis, bénéficiaires d’avantages et autres privilèges le plus souvent liés à la proximité (aides de la fédération, du ministère et comité olympique), ont monopolisé le devant de la scène sportive, trustant, à qui mieux-mieux, titres, accessits et autres records. Ils ont été à l’origine d’une sorte d’incitation attractive encourageant la migration endogène en étant également les bénéficiaires de l’émigration sportive qui n’est venue titillée l’esprit commun des citoyens en situation de se projeter vers cette idée. 

Le « plus pire » dans cette  polémique stérile, alimentant un microcosme inefficient, ayant pour objet la migration des athlètes est le dernier coup de massue, estocade portée par les ex-leaders du coaching algérien à leurs pairs, à ceux qui se débattent (on ne le sait que trop) dans la difficulté quotidienne d’un sacerdoce sans horizon, à ceux qui luttent, Don Quichotte des temps modernes, contre les moulins à vent érigés par un système sportif défaillant et un système de compétitions peu productif en performances mais facilitateur de l’introduction d’un athlétisme tout en dualité, à la fois à deux vitesses, à deux temporalités et à deux espaces.

On distingue, lorsque l’on veut bien faire l’effort de voir, l’existence de plusieurs formes d’athlétismes juxtaposées l’une à côté de l’autre. Il existe en premier lieu celui qui se pratique sur les stades d’Algérie et qui clôt sa saison en juillet avec le championnat national. C’est celui des amateurs antinomique de celui auquel appartiennent ceux qui se bercent des illusions de professionnalisme fait essentiellement d’obligations de résultats sans la possibilité de faire valoir un quelconque droit.

Le second de niveau de pratique est cet autre athlétisme qui se décline sur les stades d’Europe, entame sa saison en mai-juin pour l’achever avec les étapes les plus importantes des échéanciers internationaux.

C’est aussi la mise en place de règles qui s’appliquent à une minorité tandis que d’autres intéressent la majorité qui n’est pas concernée par les décisions les plus avantageuses proposées et validées par ces lobbies noyauteurs des instances fédérales.

lundi 22 octobre 2018

Ali Saidi-Sief (51), Azaidj : de Boghar au toit du monde


La pratique de la préemption fait partie des rouages, de la mécanique fonctionnelle de l’athlétisme. Nous avons souvenir que, quelques années plus tôt avant que Saïdi-Sief n’opte pour le MCA, au tout début de la décennie 1990, d’une situation de préemption, visible à tous, quasi-similaire à celle du coureur de Hamma. Il s’agit de celle de Yahia Azaidj, un cadet au talent malheureusement incomplètement développé.

Lui aussi, plus précocement, avait vu sa vie basculer. Quelques heures séparant la fin d’une course et la  montée dans le bus pour le retour à la maison avaient suffi pour passer d’une fin de matinée au début de l’après-midi. Deux instants symboliques du franchissement de la barrière marquant les territoires de l’insignifiance, inscrite dans le regard hautain porté au pays profond par l’algérocentrisme dominateur, et la mise en lumière éblouissante née de la révélation sur le champ de bataille national sur lequel Merlin l’enchanteur ou le djinn de la lampe magique d’Aladin serait intervenu.

Yahia Azaidj est ainsi passé de Ksar El Bokhari à l’équipe nationale junior de cross-country, puis à l’équipe nationale U20 (on disait alors juniors) d’athlétisme qui se déplaça aux championnats du monde de la catégorie qui se  disputèrent à Plovdiv (Bulgarie) au cours des mois qui suivirent sa percée et enfin, pendant de longues années, et l’équipe fanion qu’il quittera par une dernière course à l’édition 2008 des championnats du monde IAAF de cross-country .

Ksar El Bokhari a été connue sous le nom de Boghar. La ville est restée tristement célèbre dans les mémoires des anciens pour avoir été, lors de la guerre civile espagnole de 1936, un centre d’internement des réfugiés fuyant le franquisme.

Puis, pendant la guerre de Libération Nationale, il reçut les combattants de l’ALN et les militants du FLN faits prisonniers par l’armée française et condamnés à la réclusion et aux sévices.

Et enfin, après l’indépendance, ce même camp d’internement à la triste renommée fut transformé en un bataillon disciplinaire accueillant les jeunes insoumis aux obligations du service national et les jeunes étudiants réfractaires à l’idéologie dominante d’alors. La ville était réputée pour la rudesse des conditions de vie dignes du bagne.

Yahia Azaidj, natif de cette petite ville d’altitude moyenne (800 m), aux écarts de températures importants oscillant entre les chaleurs torrides du Sud et le froid rigoureux des Hauts-Plateaux, a fait partie de ces myriades de jeunes athlètes préemptés par le Mouloudia d’Alger, régnant en suzerain sur l’athlétisme.

Sa carrière sportive est restée (comme celles de tant d’autres) éloignée des ambitions chronométriques qui lui étaient pronostiquées. Amar Bouras, alors entraîneur de Hassiba Boulmerka et Azzedine Brahmi, et bien d’autres respectables spécialiste des courses de demi-fond voyaient alors en Azaidj le premier coureur algérien capable de courir le 5 000 mètres en moins de 13 minutes s’il passait sous leur coupe.

Ces projections ambitieuses ne se réalisèrent point. Yahia Azaidj est resté bien en retrait par rapport à cet objectif chronométrique. Il réalisa toutefois une carrière sportive internationale, somme toute plus qu’honorable, agrémentée du nec le plus ultra en matière de sélections dont celles pour les championnats du monde de cross-country (43ème en 2008 à 36 ans) et d’athlétisme et toutes les sélections pour les compétitions internationales intermédiaires (africaines, arabes, etc.) qui classent un coureur dans la hiérarchie algérienne.

Sa carrière se poursuivit jusqu’en 2008 avec de très estimables résultats dans les courses de fond (2 heures 14 minutes au marathon national de…. Mostaganem en 2006 dont le tracé avait tout à envier aux circuits internationaux réfléchis pour permettre aux coureurs de réaliser des chronos).

dimanche 14 octobre 2018

Migration des athlètes, Au cœur du « système»


Nous renvoyons encore une fois à la consultation des documents fédéraux, des listes établies par la fédération algérienne d’athlétisme à l’issue de chaque période de « mercato athlétique » érigé en moment le plus fort de la saison sportive balbutiante, celui où les forces en présence sont définies pour la saison à venir.

Cette documentation valide administrativement, en faveur d’athlètes de tous âges mais essentiellement les plus jeunes dont les règles de mutation sont censées être rigoureuses, la migration  d’un quartier à un autre, d’une commune à une autre, et d’un club à un autre ou extraordinairement (du jamais vu sous d’autres cieux et en d’autre temps) d’un club à une ligue ou à la fédération.

Cet état de fait a eu pour effet principal la disparition de la licence « individuelle » accompagnée autrefois du célèbre « maillot noir » aujourd’hui disparu d’une part et, d’autre part, l’apparition de situations scabreuses transformant des instances d’organisation et de régulation en des organes de gestion de cas particuliers.

Le plus souvent ces situations extraordinaires devenues communes ont vu l’implication de membres fédéraux en tant qu’intermédiaires pour passer outre au véto des clubs.

On observera dans ces documents que les limites réglementaires, imposées par les résolutions fédérales annuellement amendées, font l’objet de passe-droits connus de tous les responsables administratifs et techniques des clubs se résignant à contrecœur à ne pas pénaliser les jeunes pratiquants (benjamins, minimes, cadets) concernés par ce marché d’esclavagisme sportif cautionné par des parents aveuglés par les futurs profits mis en avant et les 1 000 dinars immédiats de mieux qui le plus souvent ne seront pas aux rendez-vous.

L’examen des listes fédérales d’athlètes licenciés montrera que de nombreux clubs, parmi les plus huppés du paysage athlétique national, ont eu recours par le passé à cette pratique peu usuelle dans le monde de l’athlétisme algérien. Le recrutement d’athlètes étrangers a toujours été opéré à doses  homéopathiques.

Il s’est agi généralement d’étudiant(e)s de nationalités étrangères, venus des contrées de l’Afrique subsaharienne, inscrit(e)s dans les universités algériennes dans le cadre des accords de coopération Sud-Sud. Un élément qui est de nature à minorer l’impact numérique de la migration vers l’Algérie.

Les études universitaires, dans l’immensité continentale, n’ont jamais fait bon ménage avec la pratique sportive de haut niveau. Excepté ces cas peu nombreux et la participation de quelques champions venus relever occasionnellement les plateaux de quelques meetings à participation internationale que l’histoire récente à reléguer aux oubliettes, l’athlétisme algérien a vécu en vase clos, en autarcie totale.

lundi 8 octobre 2018

Ali Saidi-Sief (50), Le ver est dans le fruit


Alors que les collègues proches, évoluant dans la proximité des deux entraîneurs, ont créé, sans que ce ne soit de leur part intentionnel, une zizanie qui n’avait plus raison d’être, Ali Saïdi-Sief (et ceux qui l’accompagnèrent dans son parcours mouloudéen) attribue depuis très longtemps la paternité de son éclosion à Hocine Benzaïma, un entraîneur d’une très grande discrétion.

Nous reviendrons sur cette controverse tapie et le plus souvent muette, retenue par ceux qui n’ont pas les moyens de réagir efficacement, qui apparait de manière récurrente lorsqu’un athlète émerge du lot. La carrière de Saïdi-Sief semble en être jalonnée.

Pourtant, au cœur de cette chicane, apparaissent en germe (c’est sans doute la dimension la plus importante que l’on puisse déceler) les rivalités locales qui, de notre point de vue, seront, quelques années plus tard, à l’origine du foisonnement et de la multiplication effrénée de clubs d’athlétisme dans la localité, si bien calés dans la hiérarchie départementale et régionale qu’ils rivaliseront d’égal à égal avec les leaders sur le plan des effectifs et des résultats en cross-country.

 Il en va autrement pour les deux grandes séquences temporelles de dissensions qui suivront. Nous préciserons simplement que la première est la période mouloudéenne antérieure à son insertion dans le gotha mondial correspondant globalement à l’avant 1999.

La seconde est relative au parcours sportif d’Ali Saïdi-Sief après le chamboulement consécutif aux événements liés aux championnats du monde d’Edmonton et à la suspension pour dopage qui s’en est suivie.

Dans les faits, cette période est chronologiquement la troisième : la période Hamma (avant 1996), la période MCA qui se subdivise entre la période MCA proprement dite (1996-1999) et la période angevine (1999-2001) qui est celle de l’envol. Elle est également celle qui eut pour pivot ou démiurge Philippe Dupont. Elle est la période qui voit Ali Saïdi-Sief être propulsé vers le très haut niveau.

La période mouloudéenne a été scindée en plusieurs séquences qui, comme toutes les autres,  demandent à être affinées. On sait que les relations athlètes-entraîneurs manquent de sérénité. De  plus, elles ne sont pas régies par le carcan administratif, précieux outil de reconstruction historique.

Par ailleurs, ces séquences ne s’inscrivent jamais dans la temporalité calendaire (année civile) ni dans le calendrier sportif (saison sportive). Ces deux organisations du temps et des activités s’entrechoquent, se croisent, se décalent, s’entrelacent et se superposent dans une multitude d’agendas.

Des éléments d’informations laissent supposer que l’on peut considérer qu’Ali Saïdi-Sief a fait partie du « groupe Mouloudia » dès que les résultats du championnat national de cross-country de Tarf ont été connus. Ce moment correspond à la fin de la saison nationale de cross (mars-avril 1996) à laquelle succède la saison internationale à laquelle Saïdi-Sief prit part tout en étant absent au sommet que sont les championnats du monde junior.

Dans l’organisation effective de l’athlétisme algérien, une formule transitoire dite de « la préemption » parait avoir fait partie des usages en vigueur. Ali Saïdi-Sief a bénéficié de ce système intégré en tant qu’élément de la brume de l’informalité ambiante qui l’accompagnera toujours.

Cette démarche de préemption est plus fréquente qu’on voudra l’admettre. Pourtant, de nombreux athlètes, surtout de jeunes espoirs placés dans le même contexte que celui dans lequel Saïdi-Sief était plongé, en ont joui.

Cette vision du réel renvoie pour le moins à une gestion particulière des deniers publics. Elle a été, au nom des intérêts supérieurs du club ou de la nation, intégrée dans les mécanismes du fonctionnement général de l’athlétisme national et fédéral. Les usages du microcosme sportif avaient pris le pas sur la règle administrative.


jeudi 27 septembre 2018

Migration des athlètes, L’atterrissage en catastrophe


Il faut comprendre le discours des critiqueurs du MAC et le contexte dans lequel s’inscrit la polémique. Elle est à décrypter à l’aune du désenchantement des uns, du désengagement de l’Etat, de l’asséchement des flux financiers, de l’incapacité des ténors déchus à reprendre pieds dans la normalité qui s’est transformée en anormalité.
La gloire préfabriquée et les moyens qui l’accompagnaient sont passés. Un cycle (après bien d’autres aussi enrichissants à tous points de vue) s’est achevé en queue de poisson avec la déroute de Rio de Janeiro.
L’échec de Rio (par rapport aux pronostics aventureusement formulés), que l’on tenta déjà de dissimuler par le recours à des polémiques stériles et dilatoires, a eu pour aboutissement la mise à l’écart de certains de ces leaders et leur départ vers d’autres cieux.
Le retour, après une expérience écourtée, de ces mêmes critiqueurs véhéments a coïncidé avec le summum de la polémique culminant après le retour de la délégation algérienne des Jeux Méditerranéens de Tarragone et surtout la conférence de presse donnée par la cheffe de délégation, Hassiba Boulmerka (encore elle !) dont les interventions excitent les esprits.
Au cours de la dernière décennie, avant l’atterrissage catastrophique de la caravane olympique brésilienne (rehaussée cependant par la double médaille argentée, au demeurant dissimulatrice, de Toufik Makhloufi), le discours fédéral, porté haut et fort par la DTN présente dans tous les dérapages qui ont été recensés, avait classé le soutien étatique en deux catégories d’athlètes.
Plus exactement, la liste du soutien fédéralo-ministériel était restreinte à une si courte liste qui ne comportait que deux noms : Toufik Makhloufi et Larbi Bouraâda. Chacun d’eux remplissaient une des deux classes.
Les autres internationaux se partageaient le peu du reste à…..partager. Les miettes d’un festin pantagruélique facturé en euros expliquant comment un entraîneur aurait avancé des fonds pour organiser un stage en faveur de son athlète lequel prétendit, des mois plus tard après la Bérézina brésilienne, lorsque la polémique olympique se fut éteinte, ne pas être informé des subtilités de l’aide étatique. Sans le savoir, il ressuscitait une antienne déjà entendue sur les pratiques de certains entraîneurs spoliant leurs athlètes de leurs droits légitimes.

mardi 25 septembre 2018

Ali Saidi-Sief (49), Des entraîneurs dans l’ombre


Ces deux chronos étaient avant-coureurs d’autres performances de niveau mondial tant sur 1 500 m que sur 5 000 m,  En 1999, les chronos s’étaient arrêtés à 3.30.91 au 1 500 m et 7.36.96 au 3 000m. Nous sommes tentés d’expliquer ces deux chronos, cette reprise de la progression par les changements, toujours invisibles aux yeux du grand public, d’entraîneur. Il nous est aujourd’hui de dire, que sur ce plan, on ne peut que reconnaitre a postériori, donc avec le recul que donne le temps, que ce fût l’instabilité la plus totale.  Cet aspect fut, au cours de la carrière sportive de Saïdi-Sief, majeur.

En 1998, Abaoub a provisoirement repris le dessus sur Saïdi-Sief. Il réalisa sa meilleure performance  personnelle (3.34.37). Une performance qu’il ne pourra jamais dépasser ou renouveler. Elle amorce le déclin. Le sien et celui de l’athlétisme national qui pourtant brillera encore de quelques feux, de quelques performances ou médailles qui feront illusions. Avec cette performance, il occupe la neuvième place du classement national tous temps. Il ne fait aucun doute, rétrospectivement, que le choix de l’expatriation lui a été fatal.

C’est en effet au cours de l’année 1999 qu’Ali Saïdi-Sief opta pour l’entraîneur français Philippe Dupont. Ce changement visible d’entraîneur a été indiscutablement le second tournant important de sa carrière sportive. Une fenêtre temporelle, un moment de transition qui le vit  passer de l’antichambre du niveau international au gotha mondial où son record personnel le situe encore aujourd’hui à la 23ème place mondiale…. et à la 3ème place algérienne de  tous les temps sur 1500m et à la 24ème sur 5000 m, distance sur laquelle il détient toujours le record national (12.50.86).

Le tournant de 1999 n’est pas le premier de la carrière sportive d’Ali Saïdi- Sief.  Il y en eût bien d’autres auparavant (dont l’intégration au MCA) et ensuite. Comme bien de ses prédécesseurs (et de ses successeurs), la carrière du coureur de Hamma-Bouziane est enveloppée de zones de pénombre, de mystères, du mutisme de toutes les parties concernées ou d’arrangements avec la réalité.

La vérité est, si on peut le dire ainsi, travestie par tous les ingrédients que chaque narrateur apporte à la sauce en termes d’épices et de fines herbes pour en faire un récit idyllique, romanesque ou dramatique selon les scénarios que l’on veut présenter à son auditeur.

Généralement, lorsqu’il s’agit de réussite ou des éléments accompagnateurs de la réussite, chacun se donne le beau rôle. Celui d’ « adjuvant » (de soutien précieux à un moment-clé du récit narratif) cher au sémiologue Tzvetan Todorov penché sur l’analyse structurale des contes russes.

Même la période « hammia », celle des débuts à Hamma Bouziane, n’est pas revêtue de la transparence à laquelle on pourrait (ou devrait) s’attendre, que l’on est en droit d’espérer. La paternité de la formation de base du futur médaillé olympique est mise implicitement en doute. Elle est en fait attribuée, selon les différentes versions portées, par des voix différentes, à notre connaissance, à deux entraîneurs, deux techniciens supérieurs en poste à l’époque dans la petite agglomération de Hamma.

Si pendant cette période initiale, la place de l’un ou de l’autre dans la mise sur orbite est anecdotique. Elle indique seulement que ce n’est qu’un débat qui agite les mémoires au fond de l’Algérie profonde et qui ne trouble guère les esprits algérocentristes. D’autant que la chicane locale ne fût mise à jour que bien plus tard quand la gloire et les possibles retombées morales sur la notoriété des uns et des autres se furent effacées….et qu’il n’y avait aucun avantage matériel à en tirer.

samedi 22 septembre 2018

Migration des athlètes, Les acteurs du « prêt à gagner »



Quelques années plus tôt avant que cette escouade d’athlètes ne s’aventure dans cette expédition, en 2015, Zahra Bouras, championne d’Afrique du 800 et fille du président de la fédération alors en poste, avait devancé ce beau monde. Elle était licenciée au SCO Sainte Marguerite, un grand club de la région marseillaise.

Souad Aït Salem, l’inamovible leader féminin des courses sur route, a été une des pionnières de la migration. Ella avait pris une licence au Stade Français dès le début des années 2000. Quant à Larbi Bourraâda promu second grand champion algérien, derrière Toufik Makhloufi, ci-devant recordman et champion d’Afrique du décathlon, il est sociétaire de l’AS Villejuif depuis 2014. Il avait précédé d’une année, dans la quand même  longue file d’athlètes atteints de la « migratite », son ancienne camarade d’entraînement Zahra Bouras.

Cette courte liste de champions d’exception est à compléter par le nom d’un jeune spécialiste du 3 000 m steeple choyé par cet athlétisme différent. Ali Messaoudi vint s’incorporer dans ce groupe bien particulier en rejoignant le Lyon athlétisme.

Ce groupe présente une caractéristique très singulière. Ces athlètes ont été suspendus après avoir été reconnus coupables de dopage.

Cette liste est également celle comportant le nom de champions et championnes ayant bénéficié des conseils de coaches regardés comme les plus représentatifs de la profession. Ceux qui sont, de notoriété publique,  reconnus pour être à la fois les plus performants de l’athlétisme national et les utilisateurs d’aides multiples et multiformes. Y compris les aides biologico-pharmaceutiques.

Il nous faut admettre que dans leurs domaines, ils ont été des innovateurs. Ils font partie intégrante de la petite communauté qui s’est auto-attribuée et partagée la qualité de meilleurs entraîneurs d’Algérie. Une caste ou une secte qui, selon la légende née sur les hauteurs d’Alger, aurait imprégné de son empreinte le paysage athlétique algérien de ces dernières années. Ils sont également les capteurs patentés de talents prometteurs. En quelque sorte les ordonnateurs ou au moins les acteurs du « prêt à faire gagner »

Ces « super-entraîneurs », porteurs d’une tradition bien ancrée dans les mœurs, ont profité plus que largement des privilèges du système. Ce sont leurs poulains qui ont été les mieux lotis lorsqu’il était question de bénéficier du soutien de l’Etat. Ils ont été aussi ceux qui ont pris une part importante de la rente avant et jusqu’aux jeux olympiques de 2016. Le plus à perdre est devenu leur lot. Sur le même plan de leurs alter ego en permanence à la traîne.

samedi 15 septembre 2018

Migration des athlètes, Les précurseurs de la migration athlétique



Sur ce plan, la consultation des bilans de la fédération française est significative. Elle montre une apparition massive de ces athlètes concomitamment à la décision fédérale. La décision fédérale n’était pas une interdiction mais une autorisation. Il est possible de penser que cette autorisation a été imposée par une disposition inscrite dans la réglementation française imposant l’accord préalable de la fédération d’origine (algérienne) pour l’établissement d’une licence FFA pour tout athlète de niveau international.
Pour ce qui concerne cette année 2018, il est curieux de constater que, l’athlète junior 1ère année, Oussama Cherrad (champion du monde scolaire de cross-country deux fois médaillé-disqualifié des championnats du monde du 800 cadets et du 1 500 juniors) y figure (à la première place des listes françaises de ces deux courses) sous les couleurs de Gayant Athlétisme. Grâce aux  performances réalisées, sous la bannière algérienne, à Portland et à Tempere. 
 A ceux qui ne prêteront pas d’attention à ce fait, nous les convierons à jeter un regard sur les résultats aux championnats de France de cross-country et d’athlétisme des internationaux (participations aux championnats d’Afrique, du monde et jeux olympiques).
Abderrahmane Anou, Abdelhamid Zerrifi sont deux ex-internationaux algériens (1 500m et 3 000m steeple) licenciés à Montpellier Athlétisme. Ils y figurent en bonne place Pour ce qui concerne cette année 2018, dans les bilans français. Rien de plus normal puisque tous deux élisent résidence en France.
Pour faire bonne mesure, nous ajouterons un groupe non exhaustif d’athlètes tels que Benchaa Fethi (Neuilly Plaisance Sport), Laredj Miloud (Athlétisme 3 Tours), Lahoulou Abdelmalek, champion d’Afrique 2018 du 400m haies (Amiens Université club), Belbachir Mohamed (Athlé 91), tous membres du relais 4x400m.
La liste des athlètes à créditer d’une double licence doit être complétée par Djamil Skander Athmani (Lille Métropole), recordman d’Algérie du 100 mètres ; Salim Keddar (Entente Franconville), longtemps partenaire d’entraînement de Toufik Makhloufi et sélectionné pour les jeux de Rio; Chenah Ryma (spécialiste du 3 000 mètres steeple, coéquipière de Cherrad à Gayant Plaisance et qui l’accompagna pendant son périple américain) ou encore la lanceuse de marteau Bouzebra Zouina (Metz), 4ème des championnats d’Afrique, Triki Yasser Mohamed Tahar (Lille Métropole Athlétisme), médaillé de bronze des derniers championnats d’Afrique du triple saut, etc. Ceci pour la seule année 2018.
Pour les années antérieures, les noms qui viennent à l’esprit sont ceux, sur le 3 000 mètres steeple, d’Ali Messaoudi (Lyon athlétisme) et Bilal Tabti (Amiens UC), Nawel Yahi (dont le changement de statut matrimonial peut expliquer sa double licence actuelle) ainsi qu’Amine Cheniti (1 500 m, Amiens UC).

mercredi 12 septembre 2018

Migration des athlètes, Les souteneurs de la migration



Cette disposition fédérale particulière portant interdiction aux athlètes algériens de concourir pour un club étranger avait été rapidement mise à profit par de nombreux athlètes de l’élite nationale. Comme par hasard, on retrouve dans ce groupe restreint la fille de l’ex-président sous le mandat duquel la décision a été prise. Les aveugles avaient retrouvé la vue sur une pratique qui, à notre connaissance, n’avait jamais été interdite. Quantitativement, elle était insignifiante pour que la question soit abordée et débattue.
Parmi les soutiens de cette décision fédérale, dont il faudra examiner l’ensemble des tenants et des aboutissants, figurent en première ligne les dirigeants et les entraîneurs qui ont été les auteurs des attaques  portées pendant la transition nationale estivale contre Hassiba Boulmerka et le MAC. Ils ont été les plus incisifs et les plus actifs sur les réseaux sociaux.
Certains, parmi les plus virulents des critiques d’aujourd’hui, avaient été de forts partisans de ce phénomène migratoire des athlètes. Un courant allant essentiellement de l’Algérie vers la France puisque l’on retrouve quelques cas qui se sont dirigés vers d’autres pays dont le Portugal.
Ils fanfaronnaient sur les réseaux sociaux. Ils ont plaidé en faveur de la migration perçue, disaient-ils, en tant que moyen de développement à moindre coût cette de élite algérienne que la fédération ne pouvait décidément plus prendre en charge.
Ce sont les mêmes qui se refusaient à reconnaitre que la fédération était en faillite, au sens juridique et économique du terme. Si celui-ci peut s’appliquer à une association dotée de la délégation de service public. Elle était asphyxiée par des milliards de centimes de dettes s’accumulant d’années en années sous la gestion de dirigeants qui auraient fait « amis-amis » avec des entraîneurs ou s’étaient fait remarquer par des actions somptuaires en faveurs de ces mêmes amis.
Bizarrement, la critique de l’apparition des « athlètes migrateurs » avait été perçue, par ces « critiqueurs »,   comme une atteinte à la liberté de circuler. Plus tard, on apprendra incidemment pourquoi cette liberté fondamentale avait été invoquée : les athlètes, coachés  par ces mêmes « critiqueurs », étaient les premiers à être impliqués dans ce mouvement migratoire inédit et être bénéficiaires des « indulgences » (au sens catholique du mot) fédérales.

dimanche 9 septembre 2018

Ali Saidi-Sief (48) Les changements de destin


Ali Saïdi-Sief est alors un talent en devenir, une graine de champion. Il appartient à une catégorie d’âge, à une génération d’athlètes qui, comme tant d’autres, avant et après lui, ont rapidement disparu des radars ! Il sera un rescapé puisqu’il saura se tirer des embûches qui se dressent sous ses pas. Provisoirement, d’ailleurs ! La Baraka ne l’a pas suivi.
Pendant ce temps, Miloud Abaoub est à inclure dans la catégorie intermédiaire des « athlètes semi-professionnels », une caste qui, pour reprendre le discours marxisant en voie d’extinction, est en formation. Il dispose de ce minimum nécessaire, selon l’imaginaire extensible à l’infini de l’idéologie des premiers mercenaires boulimiques du sport de haut niveau soutenu par l’Etat, qui impactera profondément le mode de pensée des générations suivantes. Mais, ses conditions de vie hors des frontières ne sont pas connues. Quant à Ali Saïdi-Sief, il appartient, pour peu de temps encore, à  celle des amateurs.

Pour Abaoub, le soutien logistique institutionnel celui inhérent à la prise en charge, de tous temps très controversée, par la fédération) relativement conséquent se maintien au niveau antérieur. Hors préparation des charges découlant de la préparation à des événements internationaux, l’athlétisme algérien est déchargé des obligations auquel il était astreint. Pour Saïdi-Sief, au contraire, il augmente avec son entrée dans la grande maison du MCA.

Le rattrapage est amorcé. Dorénavant, à partir de 1996, l’écart entre les deux athlètes se réduit. Il sera incontestablement en faveur du coureur de Hamma-Bouziane qui a fait son entrée dans la cour des grands. En quelques mois, le changement de statut sera perceptible à travers les performances et surtout par le niveau de leurs apogées respectives. Dès 1997, Ali Saïdi Sief est le leader national chez les jeunes laissant entrevoir des espérances de réussite.

Abaoub ne gagnera qu’une petite seconde, passant de 3.39.37 à 3.38.49. Une performance plus que respectable dans le contexte qui est le sien. Une vingtaine d’années plus tard, alors que la migration des athlètes est au cœur des débats, cette question sera mise en valeur par les meilleurs entraîneurs algériens. Ils vanteront l’expertise des entraîneurs français et s’auto-dénigreront en entraînant dans leurs sillages leurs pairs. Le comble de la duplicité intellectuelle de la part de cadres sportifs bénéficiaires de tous les avantages pendant un quart de siècle.

De son côté, en moins d’une année, Ali Saïdi-Sief progressa de cinq secondes sur 1 500 m. De 3.42.12, réalisées aux championnats du monde junior de Sydney, à ces 3.37.47 qui sont encore aujourd’hui inscrits en tant que meilleure performance algérienne junior de tous les temps.

Un chrono inaccessible aux juniors d’aujourd’hui et a fortiori à ceux qui ont émergé au cours des deux dernières décennies. Y compris ceux qui brillèrent lors des championnats du monde de la catégorie U20 y récoltant médailles et accessits. Ou simplement une place en finales.

L’amélioration des performances sur 1 500 m ne fut pas aussi important l’année suivante. Nous dirons qu’il ne fut que d’un peu moins de deux « petites » secondes (3.35.87). Une amélioration qui montre comment la progression chronométrique n’est pas qu’un discours. Ce gain chronométrique (dissonant par rapport aux progressions antérieure et postérieure) fut cependant accompagné d’un chrono plus que respectable (c’est le moins que l’on puisse dire) de 7 minutes 46 secondes 26 centièmes sur 3 000 m.


mercredi 5 septembre 2018

Migration des athlètes,L’autre revers de la médaille


Nous noterons, à simple titre de rappel, que les « championnats Open » ont souvent connu, par le passé, une participation étrangère. La différence est que celle-ci transitait par le canal des échanges sportifs entre fédérations et non par l’appartenance à des clubs.
Les détracteurs du MAC (très motivés pour attenter à la parole et à l’action de Hassiba Boulmerka) ont soutenu sur les réseaux sociaux que le MAC aurait participé à l’ « Open » avec 15 athlètes Tunisiens. C’est donc l’importance numérique (plus que tout autre aspect) de la délégation tuniso-constantinoise qui a déclenché la controverse.  
Là aussi, la nouveauté que l’on doit au MAC a été perturbante. Elle a fait que ce club, occupant la deuxième place au classement des médailles derrière l’incontournable GSP dont les pratiques de recrutement sont connues de tous depuis des décennies, est en capacité d’améliorer sa position (il ne fait aucun doute à présent que les résultats de l’ « Open » vaudront certainement au MAC de grimper dans la classification des clubs dans le « Top 5 » si ce n’est le « Top 3 »).
Nous remarquerons que, malgré les récriminations des clubs et des entraîneurs adeptes du statu quo, l’action du Mouloudia avait été providentielle pour l’athlétisme de haut niveau lorsque le club pétrolier vint à se substituer (directement ou indirectement) à la fédération ou en intervenant en soutien à son action et que ce club et son successeur (le GSP) se comportait en racoleur.
La classification des clubs n’étant pas présentement notre préoccupation première, nous attendrons sa publication pour procéder à la vérification de ce pronostic quasi-certain compte tenu des critères  élitistes de classification retenus par l’instance fédéral et ses extensions.
Lorsque nous évoquons l’innovation, nous faisons référence à l’exploitation par le MAC d’une faille des règlementations techniques et juridiques adoptées par la fédération algérienne d’athlétisme. Ou plus exactement à l’absence de prise en charge juridique de la situation à laquelle se trouvent confrontés les clubs et la fédération.
Jusqu’à cette saison sportive, aucune clause n’interdisait cette pratique consistant à faire établir une licence pour cette catégorie d’athlètes ne disposant pas de la nationalité algérienne. En athlétisme, l’Algérie n’a pas été un pays de migration sportive. Hormis, le football bien entendu et les sports collectifs.
Rappelons (c’est le revers de la médaille) que le précédent bureau fédéral (dont quelques membres ont conservé leurs sièges au sein de l’actuel bureau où ils occupent aujourd’hui des positions de responsabilité) avait interdit la possibilité de la « double licence » algérienne et étrangère aux….athlètes algériens si ceux-ci n’avaient pas obtenu l’accord préalable de la fédération.

mardi 4 septembre 2018

Ali Saidi-Sief (47), L’inversion des trajectoires


Ces deux écoles (demi-fond et 400 m haies) avaient été inspirées et encadrées par des entraîneurs venus des contreforts de l’Oural. Deux écoles orientées par deux champions dont la notoriété olympique fut négligée, médiatiquement inexploitée. 

En ces temps-là, les champions du monde (les premiers championnats du monde eurent lieu à Helsinki à l’été 1983) n’étaient pas légions. Les champions olympiques étaient une denrée d’une grande rareté. La périodicité (quadri-annuelle) de la rencontre sportive universelle y concourait. Les premiers Algériens (Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli) premiers détenteurs algériens de ce titre ne  pourront s’en glorifier qu’après 1991.

Le petit commando de formateurs soviétiques sut mettre en valeur un territoire propice au développement de la course de demi-fond prolongé. Leurs efforts donnèrent des fruits qui prirent la forme d’escadrons d’athlètes appartenant à l’élite razziant titres, sélections nationale et accessits. Miloud Abaoub fut l’un de ces fruits. Sans doute l’un des tout derniers, l’un des plus brillants. Un élément de l’arrière garde, tel Roland à Roncevaux, retardant l’échéance.

Nous laisserons aux membres de la famille athlétique aurèsienne le soin de fouiller dans leurs mémoires, leurs archives afin d’indiquer les identités de ces deux champions dont l’un, soit dit en passant, fut champion olympique du 10 000 mètres.

A l’inverse, Hamma-Bouziane n’était alors qu’une petite ville dissimulée par l’ombre que rejetait sur elle Constantine, capitale historique, politique, culturelle, administrative. L’athlétisme, malgré le « Cross du parti » et le sport scolaire, n’y était qu’une activité sportive dont nous ne dirons pas qu’elle fut secondaire car elle fut dérisoire.
 
La discipline avait acquis une forme parasitaire dans le système de pensée. En outre, elle possédait de très forts accents populaires et protocolaires….. comme le serait un défilé de troupes folkloriques de « banadirs » (tambourins) et de « ghaïtas » (flûtes traditionnelles) animant les rues d’une petite cité provinciale en mutation.

Reconnaissons cependant que cela changea avec l’influence exercée par Ali Saïdi-Sief, sa médaille olympique argentée, ses victoires télévisées puis son statut victimaire (découlant de son contrôle positif) sur les mentalités et l’imaginaire locaux. La lumière fût. Le parasitisme fut plus marqué à partir du changement de  millénaire et ce malgré l’apparition, une bonne dizaine d’années plus tard d'un nouvel héros local, Tayeb Filali.

Ali Saïdi-Sief, le futur champion de course à pied, ne pouvait évoluer, progresser harmonieusement dans une ambiance où, en d’autres circonstances que celles accompagnatrices des titres de Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli, le football était déjà (depuis des décennies, on aurait tendance à l’oublier) en haut de l’affiche, au cœur de tous les discours, de toutes les préoccupations. Saïdi-Sief raconte que son parcours de champion de course à pied débuta par le poste de gardien de but dans une équipe locale.

Aux championnats du monde junior de Sidney (1996), le début du processus d’inversion était déjà amorcé. Abaoub Miloud ne savait pas qu’avec l’expatriation il perdrait les moyens logistiques qui lui avaient permis d’être un leader mondial dans sa catégorie d’âge. Même s’ils ne furent pas tout à fait à la hauteur de ses attentes, de ses rêves et du projet sportif envisagé ou simplement esquissé du fait des actions pénalisantes qui étaient et sont toujours monnaie courante. Ce sont ces mêmes moyens (plus que souvent décriés parce que jamais au diapason des besoins exprimés par les entraîneurs) qui lui avaient permis d’être performant chez les cadets et les juniors de son époque.

Les moyens (même en diminution depuis le changement de législation opérée en 1989) mis à disposition par un club « professionnel » algérien via un mouvement sportif soutenu financièrement par l’Etat et par les collectivités locales ne pouvaient qu’être supérieurs à ceux d’un club amateur français.