mardi 23 juin 2015

Rachid Mekhloufi, L’ «"Equipe" lui rend hommage un 8 mai



Rachid Mekhloufi, celui que l’on considère comme le «  footballeur des deux rives » de la Méditerranée pour avoir émerveillé les passionnés du ballon rond (et les autres) de la planète foot et fait partie des équipes nationales française et algérienne, comme un génie, un feu follet de la balle et certainement le plus doué et le plus attachant des footballeurs algériens est sorti de l’ombre dans laquelle il est confinée à l’occasion d’un article que lui a consacré la référence du journalisme sportif de langue française : « L’Equipe ». Un article d’une page correspondant à deux pages de nos tabloïds
Nul n’a relevé que cet article est le plus bel hommage qui puisse être accordé à un joueur de football algérien jouissant d’un très grand respect au Nord et au Sud de la « Mare Nostrum », cette mer que les Romains avaient fait leur. Pourtant, Rachid Mekhloufi aurait pu ne pas voir son talent reconnu par les Français. Lui, le ₺Stéphanois₺ venu de Sétif, un jeune joueur prometteur et promis aux plus grandes destinées qui a fait faux bond à l’équipe de France se préparant à disputer la Coupe du Monde de 1958 pour rejoindre ce qui deviendra l’équipe du FLN, l’équipe représentative des moudjahidine et des fellagas, des rebelles algériens montés au maquis pour lutter contre le système colonial.
Des hommages, le vénérable Rachid Mekhloufi en a reçu tout au long de sa carrière de joueur, d’entraineur et de dirigeant. Ici et surtout ailleurs. Mais, celui-là est le plus grand. Un hommage des adversaires d’hier, d’il y a plus d’un demi-siècle signifiant que quelque part, une page nostalgique a été tournée. Mais, pour Rachid, elle l’a été dès le recouvrement de la souveraineté nationale avec un retour dans les rangs des « Verts » de Saint Etienne tout en portant le maillot des « Verts » d’Algérie.
Le gamin de Sétif revient donc dans les pages d’un grand quotidien sportif à l’occasion d’un 8 mai, date symbolique d’une double commémoration d’un 70ème  anniversaire. Celui sur la rive Nord du retour de la paix après plusieurs années de combat et la défaite des nazis. Mais, aussi sur la rive Sud, celui des massacres de Sétif, Kherrata et Guelma.
Rachid Mekhloufi est un moudjahid dans l’âme. Un éducateur comme le furent ses pairs et ses ainés combattants et politiciens. Son combat il l’a mené des années durant balle au pied ou sifflet (signe distinctif des entraineurs) aux lèvres. L’éducation est la chose la plus importante qui soit. Avec des mots simples, il le dit : « Quand tu as des joueurs qui ont quelque chose dans la tête, tu peux leur faire réussir et comprendre beaucoup de choses. Mais quand ils ne savent pas dire deux mots de suite et que l’argent leur tourne la tête, c’est un malheur. C’est pour ça qu’il n’est pas question de pinailler avec l’école et l’éducation ». Nous comprenons qu’il soit déçu par ce qu’il voit sur les terrains d’aujourd’hui.
La France avait été traumatisée par le départ incompréhensible de Makhloufi, Aribi, Kermali (joueurs professionnels formés à Sétif), Maouche, Zitouni, Boumezrag, etc. dont le statut social était meilleur que celui de la majorité de leurs compatriotes du « bled ». Elle l’est toujours. Chaque joueur franco-algérien qui rejoint l’équipe des « Fennecs » est ressenti comme un autre outrage ravivant des souvenirs, des douleurs qui malgré les ans ne veulent pas s’effacer. Les similitudes sont si nombreuses. La question identitaire demeure posée.

Le choix de Rachid Mekhloufi est connu, accepté, respecté. Ceux des Franco-algériens l’est moins. Encore une similitude même si Rachid Mekhloufi observe qu’ils ne sont ni tout à fait Français, ni tout à fait Algérien, rendant le choix encore plus difficile. Il ne pouvait ne pas évoquer le cas de Nabil Fekir dont il comprend le choix «à partir du moment où il est né en France, qu’il y habite et y joue» mais dont l’hésitation lui a déplu. Il dira à ce sujet «  Ça n’a été que du marchandage » avant d’ajouter « on n’a pas le droit de marchander son pays ». Il aurait pu ajouter quelque soit le pays choisi. Rachid Mekhloufi ne l’a pas fait mais a du le penser.

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