Mohamed Chicoto est un
joueur recruté l’été dernier par l’ASM Oran. Un joueur nigérien qui ne s’est
pas trop fait remarquer par ses exploits sportifs bien qu’il ait été retenu
pour faire partie de l’équipe nationale de son pays et qu’il ait participé à trois
éditions de la Coupe d’Afrique des Nations. Comme tous les joueurs de football,
Chicoto n’a pas été exempté de la phase d’adaptation et d’intégration à sa
nouvelle équipe, à sa manière de jouer, à l’organisation de son nouveau club.
Une phase qui est commune à tous les joueurs y compris les plus grands qui se
retrouvent en outre en pays étrangers, dans des sociétés dont les règles de vie
sont différentes de celles du pays d’où l’on vient et où communiquer n’est pas
toujours aisé.
Comme beaucoup de ses
pairs, les joueurs algériens et les joueurs étrangers évoluant dans le
championnat professionnel de football, Chicoto a bénéficié d’une avance
correspondant à trois mois de salaires qu’il a été tout heureux d’empocher. Un
pactole qui laissait présager, pour ce joueur subsaharien (l’observation est
tout aussi valable pour un joueur algérien), le paradis. Mohamed Chicoto s’est
retrouvé exactement dans la situation de dépaysement qui serait celle d’un
joueur algérien qui s’expatrierait pour jouer en Tunisie, en Egypte, en
Turquie, dans un des pays des Balkans, etc., et s’engagerait dans un football
véritablement professionnel (ou du moins plus professionnel que celui que l’on
vient de quitter) et où la rémunération serait, semble-t-il plus conséquente,
parce que perçue dans une monnaie convertible ou aisément convertible.
Pour son malheur,
Chicoto n’a pas eu le temps d’exprimer son talent, de montrer sa valeur
footballistique. Préparation estivale, quelques matchs d’application et amicaux
et une sélection ave son équipe nationale qui lui vaut de revenir à Oran, à l’ASMO,
avec une blessure. Un contexte des plus perturbateurs pour un joueur à la
recherche de ses repères. Une situation qui s’aggrave avec la non-perception de
salaires, modifie les attentes, les perspectives et les projets. Heureusement, tous
les autres joueurs sont concernés ce qui
atténue un tant soit peu la colère, le sentiment de révolte qui gronde
au fond de l’esprit.
Mohamed Chicoto ne
fait pas de vagues. Il retient son amertume. Fais comme les autres. Il attend
le versement des salaires qui … s’éternise. Pendant 6 mois, il ne voit rein
venir. Rien qui ressemble à ne subvention, à un apport d’argent frais par des
sponsors. Rien de rien, toujours rien ! Jusqu’au jour, où il apprend
incidemment qu’une partie de ses coéquipiers a perçu quelques mensualités.
Mohamed ne comprends
pas que ses dirigeants n’aient pas pensé à faire un geste envers lui,
l’expatrié ne disposant d’aucune autre ressource dans le pays. Le mettre
simplement dans le groupe des premiers payés. Puisqu’il y a plusieurs groupes,
une sorte hiérarchisation des prioritaires. Il s’est senti dans la peau d’un
mendiant quémandant quelques sous pour survivre alors que dans les comptes du
club des millions par centaines auraient du être versé dans son propre compte.
Un mendiant sans le sou dormant sur un tas de billets virtuels. D’un immigrant
clandestin qui doit se faire petit.
Mohamed a rué dans les
brancards, a fait entendre sa voix, a réclamé son argent. Rien de plus,
l’argent qu’on lui doit. Des confrères ont sauté sur l’opportunité offerte pour
médiatiser le sujet et fustiger les dirigeants de l’ASMO. En partie à juste
raison. Mais, aussi avec des intentions inavouées et inavouables de nuire à
l’association et au joueur, invoquant sa blessure, le désir de libérer à la fin
de la saison, etc. Des pratiques de bas étage que l’on met en avant lorsque
l’on veut dénouer un contrat qui dérange.
Mohamed Chicoto a su
garder raison. Pas trop de bruit, pas de propos inconsidérés. Réduisant à néant
les vaticinations journalistiques, il a vu la solution dans la saisie de la
chambre de résolution des litiges quoiqu’il lui en coûte. Une menace (ou une
réalité) qui n’avait pas besoin d’être brandie
Finalement, les
dirigeants de l’équipe oranaise se sont fait entendre. Chicoto sera payé avec
le second groupe. Tout est bien qui finit bien. Mais, à nouveau, ils (les
dirigeants) ont été piégés pour n’avoir pas su communiquer avec leurs propres
joueurs.
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