lundi 4 janvier 2016

Au cœur de l’IAAF, « On n’était pas au courant »


C
ertains éléments d’informations laissaient penser que l’actuel président de l’IAAF, lord Sébastian Coe aurait pu être au courant des agissements de son prédécesseur, le Sénégalais Lamine Diack et du médecin français (Gabriel Dollé) alors en charge du département dopage. Le président de la fédération française d’athlétisme, interrogé à ce sujet, avant qu’un  courriel de l’actuel chef de cabinet du président de l’IAAF, son compatriote et ex-responsable de la communication adressé au fils de Lamine Diack, alors consultant en marketing de l’instance faîtière de l’athlétisme ne soit diffusé, affirme sans détour que  cela ne peut être.
Son argumentation repose sur le fonctionnement du conseil d’administration de l’IAAF (dont il était membre à l’époque des faits) qui faisait que « quand on siégeait au Conseil d’Administration,(…), on n’était au courant de rien. On n’avait pas d’infos ». A l’en croire, les membres du conseil n’évoquaient que les  dossiers qui étaient présentés. Quant à la gestion de l’IAAF, « on n’avait pas de regard ».
L’IAAF, telle qu’elle est décrite, fonctionnerait comme une machine, une administration n’accordant que peu d’importance aux membres élus perçus comme des « participants, des observateurs » qui posent des questions mais n’ont pas de réponse. Ce membre du CA de l’IAAF, représentant d’une fédération nationale importante, pense, malgré cela,  «que l’ensemble des salariés de l’IAAF sont honnêtes, ils font bien leur travail y compris dans le service médical et anti-dopage », un volet qui pourtant est au cœur des embrouilles rencontrées présentement et où à l’exception du docteur Dollé (impliqué et mis en examen) « les autres sont des gens honnêtes, sincères » et qui n’ont pas été entendus lorsqu’ils « avaient alerté leur hiérarchie interne, après avoir vu 4 athlètes russes contrôlés positifs, qui participaient aux JO. Mais on leur a dit de se taire ».
L’ « affaire Lamine Diack » était là aussi présente insidieusement. L’ancien maire de Dakar et ex-président de l’IAAF serait incriminé affectivement. Le président avoue que « le problème de Lamine Diack, c’est son fils ». En fait, ses deux fils (Pape Massetta et Khalil), selon certaines versions, seraient impliqués dans une affaire de corruption et d’extorsion de fonds  concernant des athlètes turques. Aucune certitude cependant. Rien que des suspicions et une absence de clarté qui résulte de cette affectivité qui fait qu’il y a « des choses qui ne sont pas très claires ». Il reconnait que « tout le monde savait qu’il y avait des problèmes avec le fils chargé de faire du consulting dans le marketing. Il y avait déjà eu des dossiers sortis dans d’autres sports. On savait bien que ça allait sortir un jour ». Il s’interroge en vain sur une éventuelle complicité de Lamine Diack, sur une possible tentative  de protéger son fils ou même  sa participation à la corruption et laisse à l’enquête le soin de découvrir la vérité.
Afin d’exonérer l’IAAF de tout ce qui pourrait lui être imputé, il rappelle que, dès novembre 2014, il avait été demandé à l’AMA « qu’une commission d’enquête soit nommée pour enquêter sur les problèmes dévoilés dans le documentaire de l’ARD », ce fameux reportage de la télévision publique allemande qui a mis le feu aux poudres. Il observe aussi qu’ « il a fallu un an pour que le rapport aboutisse ». La deuxième partie du rapport qui sera publiée en janvier mettraient en cause d’autres pays. Bien que son contenu ne soit pas encore connu, le président de la FFA dit que l’ « on parle de pays de l’Est, l’Ukraine, la Biélorussie, le Kenya, la Turquie, la Jamaïque, etc.». Heureusement que les membres du CA de l’AAF ne sont pas informés de tout se passe en son sein. Ce qui n’empêche pas de dévoiler quelles sont les nations visées par un rapport établi par une autre institution internationale. La porosité semble être l’élément essentiel des relations à haut niveau.
Ne plaçant pas sur un pied d’égalité les pays infectés par le fléau du dopage, évitant de faire des amalgames inopportuns, il fait une distinction en fonction des capacités financières. Le Kenya et la Jamaïque, étant des « pays pauvres», n’ayant pas les moyens (comme les pays occidentaux et les pays de l’Europe de l’Est) de disposer d’une agence anti-dopage devrait être aidés...par le CIO (et non par l’IAAF) « qui gagne beaucoup d’argent à travers les Jeux ».


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