dimanche 24 janvier 2016

Benzia et Ounas, Temporisation et précipitation

N
ous avons ici même, il y a quelques jours, aborder la complexité de la relation liant la nouvelle génération de joueurs franco-algériens, la FAF et l’équipe des Fennecs. Une relation (que certains veulent conflictualiser puisque, semble-t-il, dans notre société, seules les divergences de points de vue, d’appréciations, les polémiques stériles donnent du piment à l’existence)  marquée par la temporisation des premiers et la précipitation des dirigeants du football. Il ne fait aucun doute que, dans les semaines à venir, les hostilités vont être déclenchées et que tous les moyens seront utilisés pour ramener à la raison ces récalcitrants, ces jeunes joueurs de football imperméables aux raisons fédérales et de la communauté footballistique nationale. Des raisons fondées sur une perception historique de l’algérianité qui n’est pas, à n’en pas douter, la leur.
Chacune des deux parties détient le ballon. L’une au bout de ses pieds, l’autre entre les mains. Toutes les deux ont des projets. Pour les joueurs, ces projets sont individuels et les concernent au premier degré en particulier dans le choix de vie et de carrière. Problématique cornélienne s’il peut en être. On ne peut les contraindre à ne pas réfléchir sur une situation difficile qui n’est pas uniquement celui du choix entre deux sélections nationales (la question n’est pas encore posée et risque de ne pas l’être pour beaucoup d’entre eux) mais sur les avantages de l’une ou l’autre éventualité. Ne soyons pas indifférent aux réflexions et autres considération qui peuvent intervenir lorsqu’on examine sereinement les perspectives qui leurs sont offertes dont celles bien réelles et effectives de jouer, pendant quelques années ou quelques rencontres, avec les équipes de France jeunes disputant des matchs  d’un niveau élevé contre des équipes européennes et mondiales  et la certitude d’un strapontin, d’une place dans la liste élargie (compte tenu de la qualité actuelle et des avantages comparatifs des joueurs titulaires et remplaçants des Verts) de l’équipe d’Algérie confortée par l’impossibilité causée par les embuches de leurs employeurs étrangers à rejoindre les équipes algériennes jeunes non soumises aux dates FIFA.  
Pour les dirigeants, motivés par d’autres considérations dont ne sont pas exclues celles liées à un plan de carrière post-retraite professionnelle dans des sphères autres, sont mus par l’effet de l’immédiateté, d’une réaction positive immédiate qui mettrait en valeur leurs compétences managériales dans un contexte psychosociologique de poursuite de la légitimation historique du pouvoir dominant finissant.
La sur-médiatisation est certainement le travers majeur de la caste dirigeante du football national ainsi que le démontre les fuites d’informations et les accointances avec les milieux journalistiques utilisés comme moyen de pression et de conditionnement des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs. Prenant au pied de la lettre, ce concept de communication qui serait la caractéristique de la transparence que l’on voudrait concéder à la gestion des affaires du football national. Une communication débridée, à l’emporte pièce, dans l’outrance alors que dans ces cas d’une sensibilité extrême (si l’on prend en compte les substrats émotionnels, historiques, etc. marquant les relations bilatérales) alors que c’est le silence du protocole diplomatique qui devrait être de mise. Les passages en force, la manipulation des esprits sont mis en valeur par les réactions intempestivement exagérées à ce qui est perçu comme un échec alors qu’il n’est que mise en attente, marqueur n’ont pas  d’une indécision ou d’une trahison, mais de la longue mise en route d’un processus de maturation dont l’intégration à l’équipe nationale est l’étape finale. Le dévoilement des intentions des instances fédérales algériennes contribuent immanquablement à une réaction en chaîne de la part des dirigeants de clubs étrangers auxquels on ne peut pas reprocher un nationalisme aussi exagéré que le notre dont ces franco-algériens sont la cible. L’ « affaire Fekir Nabil » n’a pas été assimilée dans l’ensemble de ses implications. Malheureusement.

La politique de renforcement des Verts par les franco-algériens est aussi matérialisée (à tous les niveaux de la hiérarchie du football professionnel) par l’ostentation, par cette volonté d’afficher pour les uns (la fédération) son aisance financière et pour les clubs par l’illusion de richesse se traduisant, dans la relation médiatique documentée des rencontres entre les dirigeants (ou le sélectionneur national) et les joueurs démarchés dans des hôtels dont on met en première intention le luxe pour signifier sans doute que les gros moyens ont été employés alors que le but essentiel est d’impressionner.   

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