mardi 12 janvier 2016

Sélections, Choix contestés et (éternellement) contestables

N
otre dernière chronique (« Domiciliations du MCA, Un Mouloudia riche et très malheureux ») s’est intéressée à la domiciliation du prochain derby algérois MCA-CRB. Une lectrice, apparemment supportrice inconditionnelle du Mouloudia, nous a gentiment interpellé pour nous faire part de détails historiques qui, de son point de vue, sont primordiaux pour contredire l’opinion que nous avons formulée sur l’insistance des dirigeants de ce club (faisant partie de l’élite sportive footballistique nationale depuis l’acquisition de l’Indépendance) à domicilier ce match (et les autres derbies) au temple du football algérien, le complexe olympique du 5 juillet.
Mais, ce ne sont que des détails historiques dans une longue trame temporelle dans laquelle d’autres détails construisent ce que nous avons appelé le comportement (devenu presque un conditionnement) des dirigeants du Mouloudia surmédiatisé par la grâce des nouvelles technologies de l’information et de la communication par des fans de ce même club qui se posent en défenseurs déterminés et quasi sectaires des couleurs de ce club. C’est cette dimension dominatrice de l’espace communicationnel et de l’effet subliminal de répulsion que ce matraquage provoque chez les autres lecteurs qui est décrit.
L’interpellation de notre lectrice nous incite à revenir sur cet espace journalistique qu’est la chronique. Un mode d’écriture qui autorise beaucoup plus de libertés que les articles informatifs mais aussi et surtout exprime une sensibilité, un point de vue, une opinion, un ressenti, en un mot  une forme de subjectivité qui n’est pas possible ailleurs.
Dès la première livraison, nous avions indiqué que malgré cet ancrage, avoué dès le départ, nous tenterions de lui donner une dimension plus objective qu’elle ne l’est habituellement en élargissant le contexte dans lequel s’inscrit un fait sportif (qui n’est qu’un autre détail actuel de ce que sera l’histoire), dans quelques unes des dimensions qui l’accompagnent et qui viennent à l’esprit à ce moment-là.
Cette chronique est donc le ressenti qui fait suite à la lecture d’événements liés à la vie sportive dans les colonnes de la presse. Un ressenti qui peut être (ou ne pas être) celui d’autres lecteurs. Bien entendu, la chronique « Sous l’olivier » est produite en léger décalage avec le flot événementiel. Bien loin de la scène où ils se déroulent et de l’ébullition émotionnelle qui en découle chez leurs acteurs. Dans une forme de bulle esquissée par son titre. Sous les branches d’un olivier, dans une campagne exempte d’effervescence.
L’émotion est pourtant présente dans le matériel documentaire qui sert de support à notre lecture. Elle est aussi présente dans les pensées et les idées qui affluent. Nous ne sommes à cet instant-là qu’un lecteur (comme des milliers ou des millions d’autres) qui réagit intuitivement aux faits qui sont exposés.
Comme tout un chacun, les réactions varient en fonction de ce que nous sommes (sur les plans psychologique, sociologique, culturel, philosophique, idéologique, cognitif, etc.) et de l’interaction quasi permanente des menus faits de la vie quotidienne (un thé qui n’est pas tout à fait celui qu’on apprécie, une rafale de vent, une goutte de pluie, une olive qui tombe sur vos genoux, l’arrivée d’une personne importune, etc.). Elles peuvent être positives, ou malheureusement le plus souvent, négatives. Nous sommes (encore et toujours) dans une dimension qu’il est difficile de contrôler et incontrôlable. Celle du bouillonnement intellectuel qui naît de ce que l’on lit.
C’est dans cette fermentation que se formalise, s’énonce diraient certains, la chronique. Un texte jamais abouti. Toujours à la recherche d’un équilibre (jamais trouvé) thématique, structurel, syntaxique, sémantique. Un texte qui n’est, au moment où il est achevé et transmis, qu’un compromis. Un texte qui, s’il était réécrit plus tard (une heure, un jour, une semaine), serait différent aussi bien dans sa formulation que dans les idées retenues ou écartées parce qu’elles répondent ou pas à l’état d’esprit du moment ou tout simplement suite à l’apparition de faits nouveaux.  

Il y a bien longtemps, à l’époque de l’insouciance sur les bancs de l’université, il nous avait été enseigné que l’énonciation (l’acte de dire ou d’écrire) était le produit d’un cheminement, en forme d’entonnoir, allant de « l’à dire » (savoir universel emmagasiné par l’humanité depuis qu’elle existe), d’un « dire » (connaissances de la personne qui parle ou écrit) et un « dit » (ce que l’on dit ou écrit au moment où l’on parle ou écrit).   

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