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mina Bettiche, la spécialiste algérienne du 3 000 steeple serait
à la recherche d’un entraîneur depuis qu’elle aurait rompu (à l’amiable) avec
Mohamed Salem. S’il est vrai qu’un (e) athlète de haut niveau, espérant
remporter des médailles aux championnats d’Afrique, du monde ou aux jeux
olympiques, se doit d’être conseillé par ce qui se fait de mieux dans la
corporation des entraîneurs (ou des « coachs » comme on les dénomme
de plus en plus), beaucoup, à juste titre d’ailleurs, sont étonnés que l’élite
nationale du demi-fond (ces dernières années) se tourne vers des étrangers.
Amina Bettiche, ainsi que deux autres athlètes algériens de demi-fond
(Hathat et Belferrar), auraient rejoint, du moins pour un stage de préparation
en altitude organisé en Ethiopie, le groupe d’athlètes dirigé par l’entraîneur
américano-somalien Adem Djamaa qui fut aux commandes de la préparation de
Taoufik Makhloufi lorsque l’athlète algérien remporta la médaille d’or du
1 500 mètres des jeux olympiques de Londres (2012) et qui aujourd’hui
préside aux destinées du demi-fond qatari se préparant pour les championnats du
monde qu’abritera ce pays.
Adem Djemaa est un entraineur très controversé dans les milieux de
l’athlétisme mondial d’abord pour les performances atteintes (dont le record du
monde du 1 500 mètres de Genzebe Dibaba qui suscite maintes suspicions) par ses athlètes mais aussi pour avoir coacher
des athlètes contrôlés positivement à des produits interdits par la
réglementation.
Si cette information est confirmée, ce serait donc 5 athlètes
algériens connus (si l’on compte Taoufik Makhloufi et Salim Keddar entrainés
par Philippe Dupont et actuellement en stage en Afrique du Sud avec les
meilleurs coureurs de demi-fond français) qui seraient cette saison sous la coupe
d’entraîneurs étrangers. Un paradoxe dans un pays où les grands champions de
demi-fond (court et long) ont été, de tous temps, depuis le recouvrement de la
souveraineté nationale, découverts, formés et conduit sur les cimes de
l’athlétisme africain et mondial par des entraîneurs algériens formés en
Algérie.
En fait, l’athlétisme algérien comme le football et les autres
disciplines, malgré quelques éclats, périclite. Il n’est plus ce qu’il a été. Un
sport qui il est vrai n’était pas représenté sur les podiums mondiaux et
olympiques mais fournissait des armadas d’athlètes parmi les 50 meilleurs
continentaux en s’appuyant sur une politique de démocratisation de la pratique
athlétique, dont les plus anciens parmi nos lecteurs se souviendront avec ravissement.
La Réforme sportive était passée par là faisant de nos coureurs de demi-fond
des années 70, 80 et 90, l’élite africaine, rivalisant avec grand bonheur et
honneurs avec les Kenyans dans les classements africains. Devant les
Ethiopiens, les Erythréens et même les
Marocains qui ne s’étaient pas encore adonnés au dopage et n’avaient pas encore
découverts les Aouita, Boutayeb, Skah et autres Guerroudj.
En 1990, l’entraîneur de Saïd Aouita jeune, déclara avec respect que le modèle marocain qui se
construisait alors s’était grandement inspiré de l’organisation sportive
algérienne. D’autre part, quelques mois plus tard, le Tunisien Mohamed
Gammoudi, le premier maghrébin champion olympique du 10 000 mètres (Mexico
1968) - vainqueur des plus grands coureurs d’Europe et du Commonwealth
(Britanniques et australiens dont le récemment disparu « Ron »
Clarke) dominateurs de ces courses - représentant la fédération tunisienne d’athlétisme
à Saket Sidi Youcef (championnats maghrébins de cross scolaire) et à Alger (championnat maghrébin de cross), disait
qu’il était en admiration devant les coureurs, les entraîneurs et l’athlétisme
algériens. Hassiba Boulmerka et Nouredinne Morceli venaient tout juste
d’émerger au plan mondial !
Nos anciens athlètes, entraîneurs, officiels et dirigeants se
souviennent dans aucun doute que le demi-fond algérien reposait en ce temps-là
sur un système pyramidal de prospection des talents de coureurs qu’était « le
cross du Parti et de collectivités locales » qui deviendra ensuite
(à partir de 1990 et le tournant démocratique) le « cross de la jeunesse »
organisé dans les moindres recoins de l’Algérie profonde mais aussi sur un sport scolaire très
fortement ancré dans les mœurs.
Aujourd’hui, il nous semble que le moteur du demi-fond, si l’on
considère la politique fédérale, soit les courses sur route. Avec un challenge
national richement rémunéré dont les participants sont essentiellement des coureurs
usés sous le harnais. Ce ne sont pas les quelques courses réservées aux jeunes
des 11 localités retenues qui nous feront changé d’avis.
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