lundi 11 janvier 2016

Domiciliations du MCA, Un Mouloudia riche et très malheureux


L
e Mouloudia d’Alger domine médiatiquement le football national. Le phénomène est connu depuis la nuit des temps, en fait depuis que le pays a recouvré sa souveraineté et que les médias lui ont accordé une importance surdimensionnée par rapport aux autres clubs.
Le fait d’être né dans le centre populaire d’Alger de la période coloniale (où l’USMA  lui dispute cependant la masse des supporters dans ce périmètre où aujourd’hui se mêle, étroitement liés, la Casbah et les quartiers, rues et ruelles environnantes du poumon de la capitale) lui a attribué une forme de préséance (qui n’est pas seulement protocolaire) confinant à une sorte de légitimité historique à laquelle a grandement contribué le passé révolutionnaire de cette zone urbaine. Pourtant d’autres quartiers d’Alger (en particulier ceux de l’Est de la mégalopole avec Laâquiba et Clos Salembier, fiefs de ce CR Belcourt devenu CR Belouizdad en souvenir d’un des grands martyrs de la Révolution et de l’OM Ruisseau) et d’autres clubs de la capitale se revendiquent avec autant de pertinence de ce passé glorieux et du décompte macabre des joueurs, dirigeants, supporters, adhérents et autres sympathisants qui ont donné leurs vies pour la renaissance de la nation algérienne.
Cette position du club (populaire par sa naissance et son essence)  dans l’histoire du mouvement sportif national lui a permis de devenir le centre d’un univers dominateur qui a envahi au fil des années le monde des médias (dont on ne peut ignorer qu’ils furent au départ, et pendant une très longue période publics, avant de devenir gouvernementaux puis indépendants via l’essaimage intellectuel) installés à leurs créations dans les fiefs mouloudéens de l’Alger Centre, dans le cœur médiatique, politique et économique d’Alger et donc du pays où règne  un algéro-centrisme phagocytant et où les institutions nationales ont été géographiquement proches.
Le Mouloudia d’Alger, il faut en convenir, serait pour ces considérations et pour d’autres liées à l’importance de sa capacité à rameuter ses milliers de supporters, a longtemps été perçue à travers sa proximité avec les pouvoirs de décision ce que confirmerait, selon certains observateurs, le parrainage pendant plusieurs décennies de la plus importante entreprise industrielle, commerciale et financière du pays et du continent africain.
Malgré tous ces atouts, nous dirons environnementaux, le Mouloudia, par la faute d’une histoire de la gestion approximative du club à écrire où justement interfèrent tous ces aspects plutôt subjectifs, n’a pas la capacité à agir comme tous les autres clubs (de la capitale et d’ailleurs) qui ont su au moins se faire attribuer par qui de droit (les autorités publiques locales) les moyens infrastructurels et financiers minimaux à la pérennité de l’entité.
Le MCA, par la démesure outrancière qui le caractérise que nous qualifierons de congénitale puisque reposant sur un socle temporel de plus d’un demi siècle marqué par des avantages superficiels et ostentatoires de toutes sortes, s’est retrouvé, en ces temps où la puissance s’analyse en terme de possession de biens mobiliers et immobiliers durables, démuni d’un stade où s’entrîiner régulièrement et surtout où jouer sans quémander l’appui, l’aide, le soutien d’autrui.
C’est dans ce contexte qu’il faut poser un regard sur la polémique renouvelée lorsque s’approche les nombreux derbys algérois que propose le championnat de Ligue 1. Une polémique qui, ces dernières années, s’appuie sur de nouveaux arguments tels que l’accessibilité en grand nombre (souvent supérieur à celui des dispositions réglementaires régissant la répartition des places dans une enceinte sportive) de leurs supporters à tous les stades d’Algérie et la sécurité à laquelle ils ouvrent droit lors de leurs déplacements en dépit des conduites comportementales, pour le moins irrévérencieuses (caractéristique des déplacements de foules importantes autorisant l’anonymat ) qui sont les leurs, vis-à-vis de leurs hôtes d’un jour.                 

Les dirigeants du Mouloudia ne sont pas satisfaits du changement de domiciliation de la rencontre qui opposera leur club au CR Belouizdad, dans l’antique stade du 20 août au lieu de ce 5 juillet qu’ils veulent s’approprier et sur la pelouse duquel ils espèrent jouer la quasi-totalité de leurs matchs. Histoire de se constituer, devant leur public, un palmarès que leurs prédécesseurs et les autres clubs n’ont pu leur permettre de réaliser.     

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