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endant sept ans, Kara Wheeler-Goucher a été une star au sein du groupe
NOP. Elle a fait partie des coureuses de fond parmi les plus célèbres
d’Amérique du Nord. A son palmarès, à l’époque où elle s’entraîna sous la
direction de Salazar, on trouve dans son palmarès, une médaille de bronze remportée
sur le 10.000 m des championnats du monde 2007 (Osaka). Ce qui étonne les
observateurs c’est qu’elle a toujours tenu des propos élogieux au sujet de son
coach. Son changement d’attitude mérite des explications
Lors de la première interview qu’elle aurait accordée depuis son
départ du groupe, elle est assise à côté d’Adam, qui est à la fois son époux et
son ancien partenaire d’entraînement dans le groupe. Elle observe (ce qui n’est
pas, jusqu’à preuve du contraire, un défaut) que Salazar est un obsédé de la
victoire, « un gagnant-à-tout-prix».
Kara Goucher explique sa déclaration, sa dénonciation à la fois par la
crainte et la lassitude ressenties. Une déclaration au sujet de laquelle on ne
se gêne pas pour dire qu’elle aurait été facilitée par le fait qu’elle ne fasse
plus partie du projet Oregon et a donné naissance à un bébé. C’est cela (la
naissance d’un enfant) qui aurait modifié sa perception de l’existence. Elle
nous apprend que son départ du groupe serait consécutif à l’incitation de
Salazar à lui faire prendre un médicament thyroïdien (Cytomel) - pour laquelle
elle n'aurait pas eu de prescription médicale - destiné à lui faire perdre du poids
pendant sa préparation en vue de sa course de rentrée, après la naissance de
son fils Colten.
Kara Goucher ne fait pas dans la demi-mesure. En complément à cette
affirmation, elle assure (excusez du peu) que Salazar a violé l'esprit des
règlements américains sur les prescriptions médicales. Nous noterons que, dans
le prolongement de nos précédentes chroniques sur cet aspect de la gestion de
l’entraînement et des fondements scientifiques sur laquelle il repose, Goucher
révèle qu’elle prenait déjà une hormone thyroïdienne de synthèse (Levoxyl) prescrite,
avant son entrée dans le NOP, en raison d’une hypothyroïdie héréditaire. Donc
une AUT authentique.
Mark Daly (qui porte à notre connaissance cette information) indique
que le Cytomel ne doit pas être utilisé avec d'autres médicaments utilisés dans
les affections de la thyroïde, ou pour perdre du poids (ce qui est incidemment
la situation dans laquelle se trouve K. Goucher). Il signale aussi (sans donner
d’autres précisions) que de fortes doses de ce médicament « peuvent
causer un préjudice grave ». On comprend un peu mieux maintenant
les craintes de Kara.
Nous l’avons vu précédemment, Salazar a été approché par la BBC pour
apporter sa version des faits. Il a refusé et se contente (avec Galen Rupp) de
communiquer par déclarations. Il ne répond jamais aux questions qui lui sont
posées si ce n’est en prenant du recul, en imposant son timing et en se donnant
le temps de réfléchir aux conséquences qui pourraient en résulter et donc de
fignoler sa réponse.
Au sujet de cette tentative qu’il aurait exercée sur Kara Goucher afin
qu’elle prenne du Cytomel et de la
déclaration de cette dernière, il a beau jeu de réfuter l’accusation portée par
son ancienne athlète en déclarant qu’«aucun
athlète au sein du projet Oregon utilise un médicament qui aille à l’encontre
de l'esprit de ce sport que nous aimons ». Il ajoute pour écarter
toute forme de suspicion (née ou à venir) que tout médicament pris l’est en
considération « des conseils et sous la supervision de
professionnels médicaux enregistrés ». Il se réfugie donc derrière
le paravent apporté par l’expertise du corps médical.
L’article de Mark Daly montre incontestablement qu’Alberto Salazar est
un habile communicateur capable à la fois de faire valoir une maitrise sûre des
méandres de la réglementation de la lutte antidopage en affirmant que le
traitement de la thyroïde n’est pas interdit par la réglementation mise en
place par l’AMA et, en même temps, de faire prévaloir son incompétence en
matière d’avantages qui pouvaient en découler sur le plan de l’amélioration de
performances.
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