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endant que tout le monde
attendait avec impatience l’arrivée retardée de Toufik Makhloufi annoncé comme
le seul et unique sportif algérien pouvant
accéder à la plus haute marche du podium olympique, un autre athlète se
morfondait comme un amoureux transi en l’absence de sa dulcinée.
Larbi Bourraâda a marqué (gardons-nous
de l’oublier) l’histoire de l’athlétisme algérien de plusieurs manières. D’abord
en remportant des titres et des records d’Afrique au décathlon, l’épreuve réservée aux grands
champions ou du moins aux plus complets, aux talents sportifs multiples, à ceux pouvant briller sur presque toutes les
épreuves proposées par le règlement technique. Ensuite, en démontrant que
l’élève pouvait dépasser son maître. Et enfin, en se faisant porter sur la
liste des tricheurs, ceux qui s’adonnent à la consommation des produits
pharmaceutiques interdits déjà par la simple éthique olympique et aussi par la
réglementation sportive afin de décupler leurs chances de succès.
Depuis l’été dernier, depuis les
championnats du monde d’athlétisme disputés à Pékin qui le virent se classer à
la 5ème place et battre un
nouveau record d’Afrique, Larbi Bourraâda est (avec Toufik Makhloufi), si l’on
croit les discours des grands spécialistes algérois qui connaissent les dessous
de la fédération algérienne d’athlétisme, le seul autre athlète susceptible de
ramener dans ses bagages une médaille des jeux olympiques de Rio. Cette
croyance est évidemment partagée par toutes les instances sportives nationales.
Elle est également espérée par d’autres milieux à la recherche désespérée de
porte-drapeaux, d’un motif de festoyer et de parader. Une situation qui
(faisant l’impasse sur sa dérive de 2012 au nom du pardon à accorder) lui a
valu un statut particulier parmi ses pairs. Un statut qui se situe entre celui
de Toufik Makhloufi et de la majorité des autres athlètes dont ne font pas
partie ceux dont les coaches sont dans les bonnes grâces fédérales et bénéficient
à ce titre de certains avantages.
Il est bon de savoir que Larbi
Bourraâda, malgré le bannissement des compétitions auquel il fut assujetti par
les instances sportives, jouit d’un respect non affecté dans le milieu sportif.
Y compris dans les milieux où se rangent les athlètes et les entraîneurs qui (pour
de multiples et disparates raisons dont la première est le peu d’attention qui
leur est accordée) sont en froid avec les dirigeants de la fédération et
surtout avec son « entraîneur », Ahmed Mahour Bacha
surnommé par beaucoup « le Diable ».
Selon ces milieux attentifs à
tous les égarements courants dans le camp adverse, Larbi Bourraâda serait en bisbille depuis
quelques mois, depuis ce qui a été annoncé dans la presse comme un forfait aux
championnats indoor d’athlétisme. Sous le prétexte d’une blessure au dos dont
on se plait à répéter qu’elle fut imaginaire et qu’elle aurait en outre permis d’ajouter à son
programme de stages (controversés) une session de soins spécialisés loin du
territoire national. Il se dit, avec force conviction, qu’au mois de février
dernier, Larbi Bourraâda pétait la grande forme et se voyait revenir de
Portland (Oregon), fief du NOP d’Alberto Salazar et de Nike, avec une médaille
de vermeil autour du cou qui aurait effacée dans les esprits du petit peuple le
revers, l’énormité de 2012. Une médaille virtuelle par la volonté de « son »
entraîneur.
Larbi Bourraâda a aussi en
travers de la gorge sa « mésaventure » de 2012 (quelques semaines avant les jeux de Londres
qui le conduisit vers une suspension de deux ans) et de l’étiquette inaltérable
qu’elle lui vaut. Certains (nous avons surpris le sobriquet de «bourreau
de travail » qui lui est attribué) lui accordent une capacité de
travail hors du commun et une volonté phénoménale.
Larbi Bourraâda ne serait pas
bien dans sa peau. A Rio, il se sentirait bien esseulé. Pendant que des photos
circulant sur les réseaux sociaux le montrent déambulant en compagnie de ses coéquipiers
de la sélection algérienne en promenade avec « son »
coach (Mahour Bacha), un autre entraîneur (Mohamed Hocine, cet entraîneur qui
accompagna la triple sauteuse Baya Rahouli lorsqu’elle eut atteint le haut
niveau) resté à Alger, déclare - sur un plateaux des nombreuses télévisions
pullulant sans agrément dans le paysage audio-visuel algérien, où il a été invité avec l’ancien ministre de
la jeunesse et des sports (Aziz Derouaz) - que « son »
athlète est parti sans lui. Un débat récurrent dans les rangs de l’athlétisme
national. Une polémique que suscita, dans les travées du stade annexe,
l’arrivée de cet entraîneur aux côtés de la fille de Bab El Oued.
Drôle d’affaire que celle où celui que l’on
désigne comme « pique-assiette »
(surnom donné sur les réseaux sociaux à un confrère journaliste qui n’est plus
dans les petits papiers de la fédération et de Mahour Bacha et se trouverait
dans la délégation olympique algérienne) n’est pas celui que l’on montre du
doigt.
La fédération s’est embourbée
dans l’indécision, dans un cafouillage permanent, dans la confusion apparemment
préméditée en déclarant, il y a quelques mois (pendant que débutait la guerre
entre la CPO et certains entraîneurs regroupés autour de Mahour Bacha) que
Bourraâda s’entraînait normalement avec son entraîneur Mohamed Hocine (nommément
désigné) au stade du 5 juillet puis en confiant l’encadrement d’un stage en
péninsule ibérique à un autre (Mahour Bacha) qui désigne Mohamed Hocine sous le
qualificatif de « mon assistant », un statut qui fut
aussi le sien lors des championnats du monde de Pékin, pour services rendus et
en application de cette politique de sélection qu’aurait prônée dans les années
90 un président de la fédération dont il était de notoriété publique qu’il fut
très proche de lui.
Si nous avons compris la
situation, le partage des tâches et des avantages, à Hocine est réservé le
travail ingrat de terrain tandis qu’à Mahour Bacha iraient les honneurs et les
euros qui les accompagnent lorsqu’il est question de stages et de compétitions
majeures à l’étranger.
Pour lever toute équivoque
(encore que cela risque de compliquer plus qu’elle ne l’est déjà la
compréhension de la situation présente), Mahour Bacha, en butte avec
l’intransigeance de la CPO (commission de préparation des jeux olympiques) et
certainement du COA (comité olympique algérien, décideur en dernier ressort, instance
avec laquelle il est en guerre permanent depuis des années, depuis au moins le
nouveau siècle) qui décemment ne peuvent admettre qu’un athlète ait plusieurs
entraîneurs-accompagnateurs, a plaidé, en faveur de son « assistant »,
le droit d’avoir une place dans la délégation.
Mahour Bacha, en grand seigneur,
a refusé, dans des déclarations émises sur les réseaux sociaux, (ce qui ne
l’engage guère si ce n’est en tant que déclaration d’intention pour s’attirer
les faveurs de ses amis Facebook) de percevoir l’indemnité au montant uniforme
de 1 400 euros promise à chacun des membres de la délégation en proposant
(tout en sachant l’impossibilité de la chose) de l’attribuer à Mohamed Hocine.
Ce sont ces événements qu’il faut
avoir à l’esprit lorsque l’on se penche sur la polémique née de la présence,
dans l’avion affrété par le COA, dans le village olympique, de personnes
proches de dirigeants sportifs qui n’auraient rien à y faire.
On peut donc comprendre que Larbi
Bourraâda soit irrité. Ballotté entre deux entraîneurs, manipulable à souhait
(ce serait son principal défaut, celui qui l’a conduit à être mis en marge des
compétitions entre juin 2012 et juin 2014), il tempête à Rio exigeant la venue
de « son » entraîneur, proposant de le prendre en
charge poursuivant ainsi une démarche d’intox, de manipulation entamée « par
son entraîneur » (Mahour Bacha) formulant une manie bien
déroutante destinée à importuner tout le
monde. Y compris l’athlète mené par le bout du nez.
Alors que de Rio, certains
affirment que Bourraâda est déstabilisé par cette situation peu ordinaire, d’autres
à Alger estiment qu’il s’agit d’une manœuvre destinée à préparer un forfait de
l’athlète ou dans une moindre mesure un échec annoncé.
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