mercredi 31 août 2016

Polémiques (3), Ahmed Mahour Bacha, l’agitateur

N’allez pas croire que l’interview ne se soit pas déroulée dans de bonnes conditions. Bien au contraire. En fait, l’échange questions-réponses s’est déroulé le plus normalement du monde. Aucune question n’a été esquivée et toutes les réponses ont présenté (au souvenir que nous en avons aujourd’hui) les symptômes de la franchise.
La gêne que nous avions ressenti pendant toute l’interview était due - avons-nous compris plus tard, après d’abord en avoir discuté avec mes confrères, puis à partir de 1990, dans nos rapports de plus grande proximité avec des éléments de la composante de l’athlétisme  national -  à son attitude qui avait parasitée l’interview, qui incitait à repousser ou à restreindre les contacts avec lui.
Physiquement, Ahmed Mahour Bacha en impose. Il est en effet le lanceur tel que  représenté par les images d’Epinal. Grand et fort ! Ce n’était certainement pas celui vu (sur les écrans de télévision) au retour de Rio, vieilli et le visage émacié. Malgré notre 1 m82, nous avons ressenti une impression d’écrasement qui n’existe pas auprès d’autres athlètes de ce gabarit (nous pensons plus particulièrement à Youcef Boufelfel, un de ses prédécesseurs aussi bien au décathlon que dans les autres lancers où il excella) et de tant d’autres lanceurs algériens (ou étrangers) dont certains (copies de Lou Ferrigno-Hulk) font de Mahour Bacha un individu d’apparence physique moyenne.
En plus du gabarit, Ahmed Mahour Bacha est tout en rudesse, en brusquerie. Loin de l’impression de douceur que donne la maitrise de la force. « Rudesse » est un mot que l’on pourrait croire déplacé, exagéré si ce n’est que, lors de nos pérégrinations, à l’intérieur du pays, dans des endroits reculés des hauts plateaux  du Sétifois  ou des Aurès, nous avons retrouvé cette façade rébarbative qui s’estompe toutefois rapidement lorsque la population (contrainte de composer avec les rigueurs climatiques et à la dureté des travaux des champs en solitaire et de la vie de manière générale) laisse libre cours à une sensibilité et à une générosité sans limites.
Ce caractère abrupt, une forme de violence physique retenue mais prête à exploser, nous l’avons perçue aussi dans ses rapports avec les autres….entraîneurs et dirigeants. Ahmed Mahour Bacha prenait de haut les autres, les traitants avec mépris et condescendance.  Déjà, en ce temps-là (entre 1989 et 1996), Ahmed Mahour Bacha se comportait en seigneur de l’athlétisme, ravalant les autres au rang de simple faire-valoir, les humiliant en public. C’est l’image que nous en avons lorsqu’il fait ses déclarations à la presse.
Contrairement à beaucoup de champions  (Boualem Rahoui, Sakina Boutamine, Rachid Habchaoui, El Hachemi Abdenouz, Othman Bellefaa, etc.), Ahmed Mahour Bacha ne fait pas dans la simplicité, dans la modestie. Que dire alors si on le compare avec Hassiba Boulmerka, Noureddine Morceli  ou l’adorable Nouria Benida-Merah (pour rester dans le groupe restreint des champions olympiques)  abordables par le commun des mortels.
Ce portrait (négatif jusqu’à maintenant) ne peut laisser passer une intelligence, une capacité d’adaptation aux circonstances qui en font un caméléon machiavélique que les polémiques entourant la participation algérienne ont mises en valeur. Mahour Bacha est connu également pour être un agitateur qui se complait dans les situations équivoques qu’il planifie avec une certaine habileté, avec cette particularité que, comme les footballeurs considérant que « la meilleure défense est l’attaque »,  il est toujours l’initiateur de l’ « agression » (celui qui porte le premier coup), de la polémique.
Surnommé, par certains de ses détracteurs, « El commandante » en référence à « Che » Guevara (le penseur-guérillero de la révolution cubaine dont il porte le couvre-chef), il se veut (se voit) l’idéologue, l’enfant terrible, le rebelle permanent de l’athlétisme national.
Contrairement à la croyance, à l’image qu’il s’est construite ces dernières années, Ahmed Mahour Bacha ne se contente plus d’un combat solitaire depuis qu’il a regroupé autour de lui un groupe d’ « abeilles butineuses » (cette engeance est de plus en plus nombreuse au sein d’une nation où la médiocrité, l’incompétence et l’allégeance sont  érigées en règles primordiales dans l’accession aux postes de responsabilité) qui se sont d’elles -mêmes marginalisées de leurs pairs en n’ayant pas su valoriser sur le terrain (les résultats des athlètes) les compétences acquises dans les instituts de formation.
La force d’Ahmed Mahour Bacha est qu’il a su fédéré autour de lui ceux qui ont besoin d’un leader, d’un bouclier, d’un bulldozer  pour…..tenter de se réinsérer dans un milieu dont l’unique critère de valorisation est - selon l’expression que l’on doit à un technicien humble parmi les humbles, un entraîneur au patronyme pourtant célèbre, Abderrahmane Morceli (frère de Noureddine) envoyé « pourrir à la cave » - « l’athlétisme ne connait qu’une langue, celle du chrono et du mètre ».
Abderrahmane Morceli, dont les anciens connaissent la capacité à produire un discours, malmené par un système où régnait déjà les apparences, malgré toutes les mésaventures  qu’il a pu rencontrer  au cours de ses carrières d’athlète et d’entraîneur, de passage à Alger (venant du Riverside Collège où étudia son frère et où il entraîna) proposa à son pays (aux plus hautes institutions sportives) un système d’échanges profitable à nos athlètes d’élite, des sessions et des camps d’entraînement avec les meilleurs américains que (à ce que l’on dit dans le milieu olympique algérien) Mahour Bacha et son athlète Larbi Bourraâda refusèrent pour se rendre au Portugal et en Espagne, un des paradis européens du dopage.
Ahmed Mahour Bacha, avec la complicité, l’aide de ses « collaborateurs » (au sens de la Résistance française au nazisme), ses supplétifs (au sens donné par l’armée française combattant les maquis de l’ALN) a créé un immense réseau de guérilleros (vrais et virtuels) sévissant sur l’Internet où ils ont pollué la blogosphère par des manipulations et des intoxications communicationnelles menées simultanément à partir de Rio et d’Alger.
Sur la place d’Alger, au stade du Sato, son expertise dans ce domaine est saluée à sa juste valeur. C’est cette expertise qui a conduit la fédération algérienne d’athlétisme à payer le billet d’avion Alger- Rio de Mohamed Hocine présenté sous différentes casquette (entraîneur et/ou entraîneur adjoint de Bourraâda, assistant de Mahour Bacha et de manager général de la fédération) puis à créer une nouvelle polémique pour son retour pendant que les autres athlètes (sauf Makhloufi) étaient sans soutien. Nous reviendrons sur l’ensemble de ces polémiques, des accidents de la préparation et de la participation olympique.


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