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e NOP ne pouvait échapper à la règle qui veut que tout projet naissant
s’appuie sur ce qui se fait de mieux dans la discipline, dans la spécialité. Mais,
Salazar a finalement constaté que cette perception recélait beaucoup de
désavantages, dont celui d’avoir à supporter les « mauvaises »
habitudes acquises…..par les coureurs auprès de ses confrères.
Cette notion de « mauvaises habitudes » doit
être clarifiée. Chacun de nous y apportera mille et un sens, mille et un aspects
puisés de son expérience personnelle, dans ce qui fait que nous sommes ce que
nous sommes. Une perception de l’univers qui renvoie sans y paraître à d’autres
concepts aussi fluctuants que « objectivité », « subjectivité »
et que l’on retrouve dans la notion linguistique d’ «énonciation »,
à savoir la somme des contenus psychologiques, sociologiques, philosophiques,
idéologiques, cognitifs de notre personnalité.
Nous sommes, tous sans exception, le produit d’un formatage social.
Celui qui résulte à la fois de notre individualité et des environnements proches
et lointains. Celui qui découle de conditionnements, de normes à respecter et
de tabous à ne pas enfreindre, des contraintes imposées par la société dans
laquelle nous sommes immergés.
L’entraîneur Alberto Salazar, pilote du NOP, comme tous les autres
entraîneurs, dispose au départ d’un modèle d’entraînement acquis auprès de ses
maîtres, dans le système enseigné et
reproduit par les structures de formation académique définissant un cadre
général dans lequel il est amené à s’inscrire. Ce cadre n’est pas immuable. Il
est modulé, dans l’espace et dans le temps, consécutivement à une meilleure
maîtrise des concepts et des philosophies qui sous-tendent la formation
initiale ainsi qu’à des rencontres et à l’acquisition de nouvelles
connaissances, à la fois dans le domaine et dans les spécialités connexes, via
un effort personnel.
Pour Salazar, le recrutement initial du NOP ne répondait pas (en
termes de performances et de qualités) à ses attentes. Il dut modifier ses
critères de recrutement et s’intéresser à une population d’athlètes plus jeunes
que, se voulant Pygmalion des temps modernes, il pourrait modeler à sa guise,
selon ses canons, ses principes. Avec un atout supplémentaire, celui de n’avoir
pas à se préoccuper des modifications, des correctifs à apporter dans les habitudes
de courses acquises.
Lancé dans une nouvelle version du projet, Salazar n’eut pas à aller
bien loin pour trouver celui qui sera le produit-phare du NOP, celui de la
révolution salazarienne. Dans son
autobiographie, Alberto Salazar écrit qu’il avait repéré, dans un lycée de
Portland, Galen Rupp alors que celui-ci était âgé de 15 ans et montrait déjà
beaucoup de talent. Il rappelle qu’au début il voulait « commencer
le projet Oregon avec les meilleurs coureurs professionnels disponibles, mais
finalement, Galen allais être la star ». En 2004 et 2005, le jeune
coureur de lycée (il est né en 1986) réalisait des performances dignes d’un
athlète plus âgé et son palmarès était déjà très riche avec notamment les
records des États-Unis juniors en plein air du 3 000 m (7.49. 16), du 5 000 m
(13.37.91) et du 10 000 m (28.15.52).
Au cours des années suivantes, Galen Rupp est effectivement la star du
10 000 mètres aux USA. Après s’être classé à la seconde place des
championnats des Etat Unis de la distance (2007 et 2008), il remporte, à partir
de 2009, tous les titres nationaux attribués et double en 2012 (5 000 et
10 000) et 2016 (10 000 et marathon). Ses meilleures performances
personnelles sont aussi ébouriffantes tout en n’étant pas toutefois au niveau
de celles de Mo Farah ou des Kenyans et Ethiopiens (5 000 m, 12.58.90 le 2 juin
2012 ; 10 000 m, 26. 44.36 le 30 mai 2014, record de la Concacaf ; 1
500 m, 3.34.15 le 5 septembre 2014 et marathon, 2 h 11 min 12 sec le 13 février
2016).
Au niveau international, il est en retrait par rapport aux attentes.
Son seul fait d’armes est la seconde place sur le 10 000 des jeux
olympiques de Londres (2012) derrière Mo Farah, nouveau leader du NOP depuis
février 2011, qu’il accompagne sur le podium. Si Rupp est le produit du NOP,
Farah est la façade médiatique du groupe engagé dans un processus
d’internationalisation du recrutement : le label Nike oblige !
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