jeudi 25 août 2016

L’athlétisme constantinois

Introduction

Nous dirons que Hamid Meradji (ancien athlète, éducateur sportif, dirigeant de club) a fait œuvre utile en partageant (sur sa page Facebook) ces fragments, ces « bonnes feuilles », comme on l’écrirait dans les pages culturelles d’un organe de presse généraliste, d’un texte dont la première mouture remonte à 1995, rappelant les belles heures de l’athlétisme constantinois.

Nous saluons l’effort fourni puisqu’il lui a fallu saisir un texte qui a connu plusieurs version depuis sa première publication, dans un opuscule destiné à présenter l’édition 1995 du « meeting international d’athlétisme de Constantine » à plusieurs catégories de public dont les chefs d’entreprises (et les autorités locales) visés par les démarches de sponsoring et les pouvoirs publics en priorité, puis « les honorables invités » installés  à la tribune officielle du stade du 17 juin ainsi que les autorités sportives (MJS, FAA, CAA, IAAF) qui en reçurent des exemplaires dans le paquet-bilan qui leur fut adressé après la compétition.

La disposition de ce document (dont nous ne possédons pas le moindre exemplaire mais qui doit encore être disponible dans les archives de la ligue constantinoise d’athlétisme à moins que les dirigeants actuels aient profité du déménagement pour jeter ou brûler les « vieux papiers ») ne correspond pas tout à fait au souvenir que nous en avons.

Ceux qui ont eu l’opportunité de lire ces « fragments » dans la version Meradji (et la version originale ou celle remaniée en 1996) auront conscience de constater que nous l’avons restructurée  de manière à ce qu’elle se rapproche autant que possible de la version originale reprise, dans son intégralité dans un journal local par un journaliste qui a eu la « délicatesse » de le signer de son nom, en tant que présentation de l’édition 1996 du meeting.

+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++

  • Le précurseur

« Ammi Moussa», Semeur de passion

Moussa Embarek découvrit l’athlétisme après un passage par la gymnastique. Il fut le premier constantinois à suivre une formation d’entraîneur à l’I. N. S de Paris (Institut National des Sports), « la Sorbonne » des entraîneurs, qui inocula « le virus de l’athlétisme » aux athlètes qu’il prit en charge.
Il fut à l’origine de l’introduction de l’intervall- training et de l’entraînement fractionné à la fin des années 50. Il incita également de nombreux athlètes à la reconversion en qualité d’entraîneurs. Il fut également avec feu docteur Bencharif, un des piliers du mouvement sportif constantinois, l’un des fondateurs de la Fédération Algérienne d’Athlétisme.

Note : Si sur le plan technique « Ammi » Moussa Embarek fut le précurseur et sur le plan administratif et légal le docteur Bencharif furent les fondateurs de la Ligue Constantinoise d’Athlétisme couvrant un territoire plus vaste que la wilaya actuelle (en firent partie, Jijel, Oum El Bouaghi( ?), Mila), lhistoire ne doit pas oublier monsieur Maghmoul, un commis de l’Etat qui assura la transition avec Youcef Boulfelfel.

  • Des entraîneurs

Grabsi Chérif,  Le premier « mondialiste »

Chérif Grabsi, actuellement en retraite des P et T, a été l’un de ces athlètes drivés par Moussa Embarek.
Avec son compère Erridir, Grabsi marqua le demi-fond long (5000 et 10.000 m.) et le cross-country. Il fut en 1965 le premier athlète constantinois, à prendre part aux championnats du monde de cross-country. C’était à Ostende, lors de ce qui était alors dénommé « Cross des Nations ».
 A 50 ans passés, Grabsi fait partie des meilleurs coureurs sur route (dans sa catégorie d’âge). Mais, il est aussi un entraîneur passionné et performant. Un coup d’œil sur la liste des athlètes ayant représenté le pays dans les compétitions internationales comporte, depuis une quinzaine d’années, au moins un de ses athlètes par saison athlétique.
Naima Souag, Riad Gatte, Tarek Zoghmar, Lyes Ramoul… ont été, depuis 1989, les athlètes formés par ce personnage passionnant et méconnu qui intégrèrent les équipes nationales juniors de cross-country ayant couru les championnats du monde. Bourfaa Noureddine, Filali Tayeb (de Hamma – Bouziane) en sont les derniers de la série sans oublier Saidi Sief Ali et beaucoup d’autres.

Note : Erridir était également un « postier » Il faudrait ajouter à cette version récente du document les noms d’Amel Boudjelti  et (400 et 800) et de Fatima Zohra Oulmi (marche) qui firent partie des athlètes de la génération de Hassiba Boulmerka et furent internationales.
Après une longue éclipse, Fatma Zohra Oulmi, classée en V2, bouscula (au plan régional et national, pendant quelques années, au début de la présente décennie, les jeunes athlètes sur le 20 kilomètres marche et les courses sur route.
 Ali Saidi Sief n’a pas été entraîné par « Ammi » Chérif Grabsi. L’entraîneur de Saidi Sief, avant qu’il ne rejoigne le MCA de Brahmia, fut Boulkadid, entraîneur au club de Hamma Bouziane, un ancien athlète de Grabsi.

Kamel Benmissi,  Le passionné

Kamel Benmissi, international junior de cross-country des années 70, est l’enfant terrible de l’athlétisme constantinois et algérien.
Il est lui aussi passionné, compétent et impétueux. Les athlètes qu’il a découverts et entraînés ont conquis des titres et des médailles maghrébines et arabes et nombre d’entre eux sont devenus entraîneurs (T. S. S. et conseillers des sports).
Il fut entraîneur de l’équipe nationale junior de demi-fond, au niveau de la fédération algérienne d’athlétisme avant de devenir chef de département « Athlétisme » à la fédération algérienne des sports scolaires puis entraîneur national dans un pays du Golfe.
Diplômé de l’institut des sports de Leipzig (Ex- R. D. A), Kamel Benmissi, en sa qualité de responsable de la formation à la F. A. A, est à l’origine de la révélation de nombreux jeunes entraîneurs de valeur sur tout le territoire national.
En novembre 1995, Kamel Benmissi a été porté à la présidence de la fédération algérienne d’athlétisme avant de devenir directeur de la jeunesse et des sports à Skikda puis à Guelma.

Note : L’ensemble du « portrait » a été remanié. Le dernier paragraphe n’appartient pas aux versions originales.

Amor Benhabyles, Le roi des haies

Le troisième membre du quatuor de l’athlétisme constantinois est Amor « Zizi » Benhabyles. Contrairement aux autres entraîneurs (répertoriés ici) portés sur les courses de demi-fond, ce fut un spécialiste du sprint, des courses de haies et des sauts. Sa valeur d’entraîneur est reconnue au niveau national.
A maintes reprises, il lui a été proposé de prendre en charge les équipes nationales de sprints et de haies. Il a refusé toutes les propositions pour se consacrer à la formation des jeunes.
Ceux-ci l’ont dignement représenté à tous les niveaux. Le plus brillant des athlètes qu’il a formé est incontestablement Noureddine Tadjine, le leader incontournable du 110m/haies arabe et africain à partir de 1988.
Note : Dans l’histoire de l’athlétisme constantinois et dans la mémoire des « Anciens », le nom d’Amor « Zizi » Benhabyles est indissociable de celui de son frère « Tenoune » Benhabyles, décédé prématurément. Il n’est plus en activité.

Abboud Labed, le spécialiste de l’athlétisme féminin

L’athlétisme constantinois repose également sur un autre entraîneur de valeur, Abboud Labed.
Celui-ci a acquis sa réputation pour ce qui est de la prise en charge de l’athlétisme féminin constantinois.
Il est celui qui découvrit et forma les deux stars de l’athlétisme féminin constantinois et algérien qui ont pour nom Sakina Boutamine et Hassiba Boulmerka, deux athlètes qu’il est inutile de présenter.

Note : Abboud Labed fut un entraîneur polyvalent. On lui doit la découverte et la formation initiale de Saliha Djeblahi, une heptathlonienne qui fut prise (en catégorie junior, nous semble-t-il) en charge par Ahmed Mahour Bacha qui la conduisit sur la voie de garage. Djeblahi était, à notre humble avis, aussi talentueuse que Yasmina Azzizi . Abboud Labed seconde (sur les plans administratif et technique) Hassiba Boulmerka, fondatrice et présidente du MAC.

Observation : L’athlétisme constantinois a connu d’autres entraîneurs qui marquèrent l’histoire de la discipline. Ce sont les spécialistes des lancers : Abdelmadgid Kahlouche, Rachid « Tarzan » Latreche qui se tournèrent vers l’handisports, une discipline où ils formèrent des champions du monde et paralympiques.
Trois de leurs poulains seront présent aux jeux paralympiques de RIO (Karim Bettina, Nadia Medjmedj et Asmahan Boudjadar)
Nous citerons également Salim Beniou encadréur d’une école de lanceurs de javelot qui brilla au le plan continental au début des années 80.

  • Les présidents de la LCA

Youcef Boulfelfel, un décathlonien « prof » d’université

Aux côtés de ces entraîneurs, on trouve des dirigeants anonymes qui eux aussi font partie, depuis leurs adolescences, de l’histoire de l’athlétisme algérien.
Youcef Boulfelfel, président de la Ligue Constantinoise d’Athlétisme jusqu’au 1984 a été un athlète complet (décathlon), détenteur de nombreux titres maghrébins dans différentes épreuves.
Il a été entraîneur au MOC. Il enseigne aujourd’hui à l’Université de Constantine comme professeur à l’institut des sciences de la terre.
Note : Nous retiendrons, sous la foi du témoignage d’Abboud Labed, que c’est Youcef Boulfelfel qui orienta les entraîneurs cités précédemment vers la spécialisation.

Messaoud Zaarour, Porteur du développement de ligue

Pendant huit années, Messaoud Zaarour succéda à Youcef Boulfelfel. Cadre à la SNTA (note : société nationale des tabacs et allumettes), Messaoud Zaarour, aidé par un groupe de plus en plus important de dirigeants et d’officiels, fit de la Ligue de Constantine celle dont la compétence, le savoir-faire et l’expérience en matière d’organisation des compétitions d’athlétisme ont dépassé les frontières.
Toutes les compétitions nationales ou internationales se déroulant en Algérie (championnat d’Algérie, du Maghreb, arabes, d’Afrique) font appel aux officiels constantinois pour garantir une technicité de haut niveau.

Tewfik Chaouche Tayara, Président de la FAA

L’ancien Président de la L. C. A, Tewfik Chaouche Tayara, élu en 1992, fait partie de ceux qui ont marqué l’histoire de l’athlétisme.
Ce fut d’abord en tant que meilleur sprinter du pays et du Maghreb, ensuite en qualité de dirigeant lorsqu’il présida aux destinées de la D. N. C de Constantine qui devint L’ E. C. Mila avant de disparaître, à son départ. C’était lors de la « Reforme Sportive », une période qui vit la D. N. C. Constantine rivaliser avec les plus grands clubs Algériens (MCA – DNC Oran – DNC Alger – CRB) regroupant, récupérant les valeurs nationales sûres et qui malgré cela les devança au classement du Championnat National Inter - Clubs (1982).

Note : Tewfik Chaouche Tayara a été ensuite élu à la présidence de la FAA.

  • De la ligue constantinoise d’athlétisme

Imprégnés des mœurs qui prévalent dans le circuit international athlétique où les dollars dominent, conscients de la situation financière du pays, les responsables de la ligue d’athlétisme espèrent un changement des mentalités suite à l’ouverture des marchés. Celle-ci est, pour eux , synonyme de sponsoring, c’est à dire d’une manne financière supplémentaire pouvant leur permettre de passer à une étape supérieure qui consisterait à accueillir un effectif d’athlètes proches des normes internationales.
 Constantine s’est spécialisée aussi dans l’organisation des courses sur route à l’image du semi-marathon « Chihani Bachir» d’El Khroub qui a débuté en 1989. Il a vu la participation des Tunisiens, Marocains et Français en 1989, 1990 et 1991. Au niveau local, 35 Wilaya y prennent part chaque année grâce à l’apport de l’APC D’El Khroub et des entreprises étatiques et privées de la localité.
Le 2ème Semi-Marathon organisé par la LCA a pris de l’ampleur au fil des ans. C’est celui de la ville de Constantine baptise ces dernières années au nom révélateur de « Ben-Badis ».
Cette manifestation organisée tous les 16 Avril, à l’occasion du « Youm El Ilm», a vu la participation de la Tunisie et de la France au début des années 1990.
Une autre compétition, qui n’a pas fait long feu pour des contraintes autre que sportives, est la course appelée « Parcours du cœur » qui se déroula sur le site de Djebel - Elouahch et patronnée pour l’ex EGILCO. Elle traînait aussi une grande foule des adeptes de la course à pied.

Le corps arbitral

En mars 1986, la L. C. A organisait pour la seconde fois après l’édition  de 78 le Critérium National Hivernal (Championnat National d’Hiver) dans des conditions atmosphériques apocalyptiques (froid glacial, pluie battante). l’élite de l’athlétisme national réalisa des performances jamais atteintes depuis Boulmerka (vainqueur du championnat arabe juniors de cross-country deux semaines plus tôt) qui remportait ce week-end là son premier titre senior et améliorait le record national junior du 3000 m. (9’39’’).
 Alors que tout concourrait à une annulation pure et simple de la compétition, les officiels restèrent sans bouger aux postes qui leur avaient été assignés. Les organisateurs acquièrent alors leurs lettres de noblesse et les officiels méritèrent un respect jusqu’à aujourd’hui glorieusement évoqué par ceux qui assistèrent à cet exploit dans les annales de l’athlétisme national.

Corps arbitral féminin

La Ligue Constantinoise d’Athlétisme a fait preuve en 1984 d’une innovation. Des femmes ont été intégrées dans une formation d’officiels et ont exercé cette tâche délicate pendant au moins quatre années. Elles sont certes parties, mais elles ont été remplacées.
A Constantine, il est impensable de ne pas trouver au moins un groupe de 3 où 4 officiels de sexe féminin sur le terrain. Elles réalisent les mêmes fonctions que les officiels de sexe masculin.

Note : L’importance de ce paragraphe anodin est à examiner après l’avoir situé dans le contexte temporel de la première version (1995). A un moment où l’islamiste radical stigmatisait la participation féminine aux compétitions sportives.

  • Meeting international de Constantine

En 1988, à l’issue des championnats d’Afrique disputés à Annaba, le président de l’IAAF (fédération internationale) les encouragea à organiser un meeting international d’athlétisme pouvant bénéficier du label de l’I. A. A. F. Le meeting international d’athlétisme
 Encouragée par les félicitations recueillies à cette occasion, la Ligue se décida à franchir le Rubicon : organiser un meeting international d’athlétisme à Constantine.
La première édition en 1990, a connu une participation d’athlètes Marocains, Tunisiens et d’un athlète Bulgare. Les éditions suivantes virent la venue des Syriens puis des Egyptiens.
En raison d’une infrastructure hôtelière insuffisante, les délégations étrangères (représentant des fédérations nationales) sont, à la demande des organisateurs réduites. Cela n’empêcha que chaque fois, elles furent composées de leurs meilleurs représentants où de leurs meilleurs espoirs.

Constantine connu ainsi les premiers pas internationaux des Marocains (Nezha Bidouane, Mohamed Choumassi, Salah Hissou et Lahlou Benyounes) des Tunisiens (Mordjane Rabia, Hend Kebaoui, Lamia Nouar), des Egyptiens (Karima Meskine Saad, Ahmed Kamel Dia, Mohamed Kamel Abdelkader) des Syriens (Ghada Shoua, future championne du monde de l’heptathlon, Zeid Abouhamed) que l’on retrouvent dans les palmarès des meetings du Grand Prix IAAF-Mobil, des meetings internationaux sur invitation de l’IAAF et de l’UEA ainsi que ceux des Championnats arabes, d’Afrique et d’Asie.


Note : L’avant dernière édition (celle de 1996) a vu une importante participation étrangère  venue de tous les continents : Europe (Allemagne avec la lanceuse de javelot Steffi Nerius, la Russie avec une délégation faisant escale à Constantine avant de se rendre à Madrid pour une participation à la Coupe d’Europe, l’Espagne, la Belgique, Grande Bretagne), d’Océanie (Nouvelle Zélande avec un coureur de 100 qui sera suspendu suite à un contrôle positif dont le dispositif avait mis en place par le médecin de la fédération, le docteur Baba), d’Amérique du Sud (Argentine), de la CONCACAF (Cuba qui repartie avec un record continental junior à 78 mètres), d’Asie (Qatar, Arabie Saoudite, Koweït), d’Afrique (Tunisie, Egypte, Ethiopie, Afrique du Sud).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire