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epuis le début de l’année 2015, Mo Farah est au cœur d’une tempête
médiatique. Celle-ci, rappelons-le, a débuté par les relations (un stage à
Sulultha, la base d’entraînement à 2400 mètres d’altitude où Aden Jama regroupe l’hiver les athlètes
qu’il dirige et au cours duquel le champion britannique est apparu avec le
jeune athlète qatari Hamza Driouch suspendu pour des anomalies sur son
passeport biologique d’athlète) qu’il entretenait avec l’entraineur Aden Jama qui,
à ce moment-là, affiche deux athlètes suspendus pour cause de dopage (Driouch
et la franco-marocaine Layla Traby qu’il entraînait par correspondance).
Elle s’est poursuivie, à partir du début du mois de juin 2015, par une
émission de la BBC, la chaîne de télévision britannique qui vise son
entraîneur, l’américano-cubain Alberto Salazar l’ayant accueilli dans son
groupe d’entrainement le Nike Oregon Project, depuis un peu plus de 4 ans (au
jour de la diffusion du documentaire) et qui semble être à l’origine d’une
progression que l’esprit cartésien des passionnés de la course à pied a des
difficultés à admettre. Surtout que Farah est partagé entre plusieurs sites
répartis sur plusieurs continents : Londres (sa résidence habituelle)
Portland en Oregon (sa résidence aux Etats Unis) et ses bases d’entraînements
(Barcelone en Espagne, Font Romeu en France, Sulultha en Ethiopie) où il
apparait de plus en plus qu’il retrouvait Aden Jama et son groupe cosmopolite
de champions et de recordmen. Un groupe au sein duquel Genzebe Dibaba est la
seule athlète féminine du groupe.
Selon la chaîne anglaise, Alberto Salazar était, à quelques semaines
de l’ouverture des championnats du monde d’athlétisme de Pékin, l’objet d’une
enquête de l’agence antidopage américaine (Usada). Le documentaire de la BBC basé sur la collecte de témoignages
d’anciens coureurs du groupe NOP l’accuse d’avoir non pas dopé ses athlètes
mais d’avoir essayé d’obtenir des autorisations à usage thérapeutique (AUT) en
vue de contourner le règlement antidopage. Ce qui au bout du compte revient au
même puisqu’il s’agit de leur faire prendre des produits interdits aux sportifs
par la voie d’une ordonnance médicale.
Le documentaire de la chaine de télévision repose sur le témoignage
d’un certain Steve Magness, présenté comme étant l’ancien n°2 du NOP. Celui-ci
assure avoir vu un document montrant les niveaux sanguins du coureur américain
Galen Rupp, lui aussi membre du NOP. Selon Steve Magness, le meilleur coureur de
10 000 et de marathon des USA a bénéficié d’une « prescription de
testostérone ».
Galen Rupp, deuxième du 10 000 m des jeux olympiques de Londres
(2012), derrière son camarade de groupe,
Mo Farah, a bien sûr nié toute pratique dopante. Alberto Salazar en a fait de
même. En cette occasion, il a été rappelé que le marathonien des années 80 n’hésitait
pas à utiliser des produits pharmaceutiques pour être plus performant.
Depuis le milieu des années 2000, les médias américains avaient décrit
la manière dont s’entraînait ses athlètes. Beaucoup d’innovations dans les
pratiques d’entraînement avec des réminiscences de ce qui avaient eu cours en
ex-RDA, telles que maisons équipées pour reproduire un environnement
d’altitude, caisson hyperbare pour les lésions musculaires, etc.
Notons que Mo Farah n’est pas été mis personnellement en cause par la
BBC. Au contraire, il est épargné et a apporté son témoignage en affirmant
n’avoir «jamais pris de substance interdite » et en
disculpant son entraîneur qui « ne m’a jamais suggéré de le faire».
A la diffusion du documentaire, la presse a remarqué que l’affaire dévoilée, « si
elle ne le vise pour l’instant pas directement, jette une ombre sur le
Britannique, car la courbe de ses performances a connu une ascension
spectaculaire depuis 2011 et son intégration dans le groupe de Salazar ».
Les mêmes titres de presse ont observé la progression des performances
le faisant passer sur 1 500 mètres de la 25ème performance mondiale de l’année 2009 à la 2ème
performance mondiale de l’année 2013 tandis que sur le 10 000 m, sa meilleure
performance personnelle est passée de la 17ème performance de l’année 2010 au 3ème
meilleur chrono de l’année 2014.
Quinze jours plus tard, le 18 juin 2015, le Daily Mail
révèle que Mo Farah a raté deux contrôles en 2010 et 2011. Remarquons que ces
deux « no shows » ont eu lieu à quelques mois des Mondiaux à Daegu (Corée du
Sud) et un an avant les Jeux de Londres. Troublant, n’est-ce-pas ?
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