lundi 1 août 2016

« Mo » Farah (8), Des innovations à la mode RDA

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epuis le début de l’année 2015, Mo Farah est au cœur d’une tempête médiatique. Celle-ci, rappelons-le, a débuté par les relations (un stage à Sulultha, la base d’entraînement à 2400 mètres d’altitude  où Aden Jama regroupe l’hiver les athlètes qu’il dirige et au cours duquel le champion britannique est apparu avec le jeune athlète qatari Hamza Driouch suspendu pour des anomalies sur son passeport biologique d’athlète) qu’il entretenait avec l’entraineur Aden Jama qui, à ce moment-là, affiche deux athlètes suspendus pour cause de dopage (Driouch et la franco-marocaine Layla Traby qu’il entraînait par correspondance).

Elle s’est poursuivie, à partir du début du mois de juin 2015, par une émission de la BBC, la chaîne de télévision britannique qui vise son entraîneur, l’américano-cubain Alberto Salazar l’ayant accueilli dans son groupe d’entrainement le Nike Oregon Project, depuis un peu plus de 4 ans (au jour de la diffusion du documentaire) et qui semble être à l’origine d’une progression que l’esprit cartésien des passionnés de la course à pied a des difficultés à admettre. Surtout que Farah est partagé entre plusieurs sites répartis sur plusieurs continents : Londres (sa résidence habituelle) Portland en Oregon (sa résidence aux Etats Unis) et ses bases d’entraînements (Barcelone en Espagne, Font Romeu en France, Sulultha en Ethiopie) où il apparait de plus en plus qu’il retrouvait Aden Jama et son groupe cosmopolite de champions et de recordmen. Un groupe au sein duquel Genzebe Dibaba est la seule athlète féminine du groupe.

Selon la chaîne anglaise, Alberto Salazar était, à quelques semaines de l’ouverture des championnats du monde d’athlétisme de Pékin, l’objet d’une enquête de l’agence antidopage américaine (Usada). Le documentaire  de la BBC basé sur la collecte de témoignages d’anciens coureurs du groupe NOP l’accuse d’avoir non pas dopé ses athlètes mais d’avoir essayé d’obtenir des autorisations à usage thérapeutique (AUT) en vue de contourner le règlement antidopage. Ce qui au bout du compte revient au même puisqu’il s’agit de leur faire prendre des produits interdits aux sportifs par la voie d’une ordonnance médicale.

Le documentaire de la chaine de télévision repose sur le témoignage d’un certain Steve Magness, présenté comme étant l’ancien n°2 du NOP. Celui-ci assure avoir vu un document montrant les niveaux sanguins du coureur américain Galen Rupp, lui aussi membre du NOP. Selon Steve Magness, le meilleur coureur de 10 000 et de marathon des USA a bénéficié d’une « prescription de testostérone ».

Galen Rupp, deuxième du 10 000 m des jeux olympiques de Londres (2012),  derrière son camarade de groupe, Mo Farah, a bien sûr nié toute pratique dopante. Alberto Salazar en a fait de même. En cette occasion, il a été rappelé que le marathonien des années 80 n’hésitait pas à utiliser des produits pharmaceutiques pour être plus performant.

Depuis le milieu des années 2000, les médias américains avaient décrit la manière dont s’entraînait ses athlètes. Beaucoup d’innovations dans les pratiques d’entraînement avec des réminiscences de ce qui avaient eu cours en ex-RDA, telles que maisons équipées pour reproduire un environnement d’altitude, caisson hyperbare pour les lésions musculaires, etc.

Notons que Mo Farah n’est pas été mis personnellement en cause par la BBC. Au contraire, il est épargné et a apporté son témoignage en affirmant n’avoir «jamais pris de substance interdite » et en disculpant son entraîneur qui « ne m’a jamais suggéré de le faire». A la diffusion du documentaire, la presse a remarqué que l’affaire dévoilée, « si elle ne le vise pour l’instant pas directement, jette une ombre sur le Britannique, car la courbe de ses performances a connu une ascension spectaculaire depuis 2011 et son intégration dans le groupe de Salazar ».

Les mêmes titres de presse ont observé la progression des performances le faisant passer sur 1 500 mètres de la 25ème  performance mondiale de l’année 2009 à la 2ème performance mondiale de l’année 2013 tandis que sur le 10 000 m, sa meilleure performance personnelle est passée de la 17ème  performance de l’année 2010 au 3ème meilleur chrono de l’année 2014.


Quinze jours plus tard, le 18 juin 2015, le Daily Mail révèle que Mo Farah a raté deux contrôles en 2010 et 2011. Remarquons que ces deux « no shows » ont eu lieu  à quelques mois des Mondiaux à Daegu (Corée du Sud) et un an avant les Jeux de Londres. Troublant, n’est-ce-pas ?

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