mardi 31 janvier 2017

Polémiques (97), Les pieds dans le plat

Dupont, ayant « profilé » Makhloufi, s’attache à décrire un présent qui n’est guère brillant. Celui des difficultés rencontrées. En ce mois de décembre 2015, alors qu’il accorde une interview pour dénoncer (par ricochet) la difficulté à obtenir un visa Schengen qui, de son point de vue de coach français entraînant un athlète algérien, n’est qu’une opération administrative. Une démarche « qui n’est même pas de sa responsabilité à vrai-dire » (celle de l’athlète), Dupont remarque que tous les adversaires de Mekhloufi ont repris l’entraînement « depuis un bon bout de temps ».

C’est sur cette question de visa que s’appesantiront particulièrement aussi bien le président du COA que, un peu plus tard, la fédération algérienne d’athlétisme (qui prendra tardivement le relais) en observant qu’il s’agit de considérations consulaires relevant du domaine privé.

Nous remarquerons que dans ses réponses, Dupont reprend un certain nombre de déclarations qui ont cours dans le milieu sportif algérien. Celles qui considèrent qu’un athlète du  standing de Toufik Makhloufi « doit être soutenu, encadré », « ne doit manquer de rien » et que «c’est l’une des rares chances de l’Algérie aux Jeux olympiques ». Il doit donc être un privilégié du système. Une sorte d’oisillon attendant la bequetée.

Son entourage (qui comprend la fédération) est seulement présent pour la photo souvenir. Dupont (venant d’un autre monde, bercé pourtant par une approche qui, pour beaucoup d’athlètes de son pays, est faite de difficultés ressemblant à s’y méprendre à celles de notre élite du second collège mise dans l’obligation de se débrouiller les moyens de réussir) s’est enferré dans la vision du héros national à la mode soviétique que les Algériens savent reproduire à l’infini. Dupont a été pris au piège.

Le plus important est ailleurs.  Il se situe quand Dupont déclare que Makhloufi a du mal à respecter le programme de préparation qu’il aurait dû suivre en….. Algérie et que l’athlète lui aurait dit qu’il « n’est pas dans des conditions psychologiques adéquates ».

On ne peut rétrospectivement s’empêcher de penser que la préparation de Toufik Makhloufi (et des autres athlètes) ne peut être parsemée que par des polémiques s’apparentant à des rituels qui rythmeraient naturellement l’organisation et le fonctionnement du mouvement sportif national. On sait malheureusement que ce microcosme ne se différencie guère de l’univers dans lequel il s’insère puisque ce  sont les mêmes mécanismes et mécaniques qui sont en action et reproduits.

Revenant sur la finale du 1500 des championnats du monde de Pékin, Philippe Dupont replace la quatrième place (la plus mauvaise puisque venant tout juste après les médaillés) dans son contexte. Il admet que le champion des Algériens était obnubilé par une place sur le podium et que cet objectif était celui que lui avaient désigné les spécialistes. Une place qu’il s’était lui-même assigné pour maintenir son statut.
Ce résultat (4ème), il le porte au compte du choix fait par Makhloufi dont l’intention était de rééditer la course de Londres laquelle est devenue pour lui la course de référence. Après coup, quelques semaines après la course, à la fin de l’année 2015, Dupont note qu’il aurait dû choisir une autre tactique, courir différemment et qu’ « en prenant moins de risques, il aurait pu largement prétendre au podium et peut-être même gagner la course ». Sur le plan tactique, Dupont prend ses distances avec Makhloufi. Une confirmation que le coureur n’en fait qu’à sa tête.

Dupont répète que se classer « quatrième dans un championnat du monde, ce n’est pas rien ». Il y croit si fort qu’il invite les supporters algériens de Makhloufi à ne pas faire « la fine bouche sur une telle performance ». Il sait pourtant que les supporters de tous les pays ont en adoration les médailles, les places sur les podiums.


Son analyse de la  course de Pékin permet d’enrichir le portrait de Makhloufi. Il le voit comme une personne « très sensible », très marquée « par le côté affectif » et comme « un passionné ». Dans cet apport nouveau à la description de Makhloufi, une autre facette apparait. Il aurait « tout le temps besoin d’être soutenu ». La nécessité d’une écoute est mise sur le devant de la scène. Une écoute refusée.

lundi 30 janvier 2017

Polémiques (96), Makhloufi carbure au… moral

Il y a maintenant plus de d’une année, nous remarquions que Dupont a eu la décence de ne pas juger la préparation « offerte » à Toufik Makhloufi avant que celui-ci ne fasse partie de son groupe d’entraînement. Gardons toutefois en mémoire la déclaration de Bouraâda au sujet de la gestion fédérale des grands événements. Il n’y a aucun doute une préparation, telle que conçue dans les laboratoires de la FAA, ne pouvait être optimale.

Après la préparation chaotique du début de l’année 2015, pendant un peu moins de 5 mois, Makhloufi a eu droit à une préparation accélérée, un rattrapage qui fit dire à Dupont que le résultat de Pékin « c’est un miracle ».

Tout au long des réponses aux questions qui lui ont été posées, Philippe Dupont montra que Makhloufi, malgré les difficultés rencontrées, « voulait encore se défoncer pour ce titre ». Il nota d’ailleurs que c’est ce que l’athlète fit « en termes de préparation même si le résultat n’a pas suivi ».  Makhloufi aurait tenté de rattraper en partie le retard accumulé.

L’entraîneur avait estimé que l’atteinte de l’objectif (le titre mondial) serait difficile et que la réussite « n’était pas du tout évidente ». Dupont observa qu’au bout de trois mois de travail, le coureur s’acharna. Cet entêtement le conduisit à réaliser le chrono inattendu de 2’13’’ 08 au 1000 m (4ème performance mondiale) et 15 jours plus tard 3’28’’75 (7ème meilleure performance mondiales de tous les temps) au 1500 m.

Pour Dupont, l’atteinte de ce niveau de performance (avec si peu de préparation du moins comparativement à la façon dont il la conçoit) était si extraordinaire qu’il en resta ébahi : « pour moi, c’est tout simplement miraculeux ».

Ces chronos retentissants (le premier améliorant le record national de N. Morceli, la légende algérienne du demi-fond) firent que « beaucoup d’espoirs reposait sur lui pour une médaille ».

Dupont en avait conscience car il dit que le coureur était «l’espoir de tout le peuple qui l’a vu triompher à Londres ». Il comprit également que la 4ème place des championnats du monde fut « une grosse déception » pour le peuple algérien. Une déception qu’il partagea avec Makhloufi.

Le décalage entre l’attente et le résultat fait que la déconvenue est là. Pesante. Mais, le réalisme reprend le dessus. Nous dirons que l’exploit de Makhloufi (car s’en est un) n’est pas à la portée de tous et encore moins des charlatans, de ceux qui ne maîtrisent pas la complexité d’une préparation et comptent justement sur les miracles. Par un curieux hasard, nous retrouvons la dichotomie entre les vrais et les faux entraîneurs que nous avons abordé dans une chronique printanière.

Certainement par pudeur, Dupont ne fait pas le procès des charlatans. Il se limite à dire objectivement qu’être «quatrième dans un championnat du monde très relevé, ce n’est pas mauvais non plus ». Bien sûr, il prend la défense de son athlète  et en profite pour rehausser (c’est de bonne guerre) la qualité du travail réalisé sous sa houlette.

L’aide sollicitée, attendue par Makhloufi, contrairement à ce que les polémiques laissent croire, n’est pas spécialement matérielle. Elle est avant tout morale. Selon Dupont, Makhloufi ressentirait un déficit en « amour », en « reconnaissance » et en « confiance » chez les responsables de l’athlétisme algérien. Ce comportement distant de la part de ces responsables est pour lui « énigmatique et désolant ».

Dupont affirmait également que Makhloufi, s’il est mis dans des conditions idéales de préparation, « c'est-à-dire qu’il ne se soucie que de son travail sur le terrain », peut réaliser des choses fantastiques. Des résultats extraordinaires. Dupont a rencontré le professionnalisme à l’algérienne.

Il fait également valoir deux circonstances atténuantes à prendre objectivement en compte. La première étant celle qui met en avant  le « peu de temps durant lequel nous avons travaillé ensemble ». La seconde a été le « niveau exceptionnel qu’a connu cette année le 1500 m ». Les six premiers de la course ont couru par ailleurs (on ne le signale pas) en moins de 3’30’’ tandis que le champion du monde (Asbel Kiprop) avait été chronométré en 3’26’’69. Tout près du record du monde du Marocain Hicham El Gueroudj. La concurrence était rude.


dimanche 29 janvier 2017

Polémiques (95), Makhloufi vu par Dupont

Nous retiendrons de cet épisode agité que le train de vie (les conditions qui lui sont offertes par les pouvoirs publics algériens) de Toufik Makhloufi a été dévoilé (les montants ont de quoi affoler le commun des citoyens)…..en primeur aux lecteurs français avant de l’être (sous une autre forme) au lectorat algérien.
Des indices laissent à penser qu’en arrière-plan du coup de gueule du président du COA apparait l’incapacité de la fédération d’athlétisme à apurer les dossiers de sorties de Makhloufi dont le montant aurait atteint le montant de 7 milliards de centimes non régularisés, non justifiés. Trop c’est trop. Surtout que la fédération fait diversion et que Makhloufi profite de la situation. 
L’essentiel dans cette interview est que Dupont, ainsi que nous le notions alors, apportait un regard « neuf et de surcroit étranger » sur le champion et qu’elle permettait de « mieux cerner le personnage Toufik Makhloufi au sujet duquel beaucoup de choses (pas très agréables) ont été dites par des personnalités sportives dont on sait aujourd’hui qu’elles sont des acteurs de la lente agonie de la course à pied en Algérie ».
Dupont décrit Makhloufi  comme « assurément une personne très attachante, qui a des valeurs ». Le manager français du demi-fond affirmait aussi avoir eu « beaucoup de plaisir à travailler avec lui. C’est aussi un athlète de haut niveau, un professionnel qui ne rechigne pas au travail mais qui réfléchit ».

A travers cette observation de Dupont, on comprend mieux pourquoi, Makhloufi fut qualifié d’ « athlète ingérable » par le premier responsable de la fédération et nous y retrouvons certains traits du portrait tracé par des anciens de l’athlétisme  le montrant comme un bourreau de travail. 

Dupont remarqua également que le coureur de Souk Ahras « c’est une sorte de machine capable de faire des merveilles ». Il est décrit comme « un professionnel », un athlète qui « ne rechigne pas à au travail » et une « machine ». Une sorte de robot de la course à pied doté d’intelligence. Cette qualité considérée comme une tare dans le milieu.

Nous observions également que l’entraîneur français - fort du double avantage de rencontrer les meilleurs athlètes français de demi-fond et d’approcher régulièrement, lors des stages de préparation organisés  partout dans le monde, les plus grands athlètes (les adversaires de Toufik Makhloufi et les autres) - a noté que la belle machine « peut aussi être déréglée par des tracasseries administratives et par manque de soutien de son entourage immédiat ».

Nous poursuivions cette observation en remarquant que c’était le sort de Makhloufi ainsi que celui « de tant d’autres athlètes au potentiel étincelant (ils sont nombreux) qui n’intéressent pas particulièrement la fédération algérienne d’athlétisme dont les meilleures compétences sont en retrait ou meurent à petit feu ».
Pour illustrer cette capacité phénoménale de travail qu’il attribue à Makhloufi, Dupont raconte que, pendant la période de préparation des Championnats du monde de Pékin (en fait, il s’agit  de la courte période passée sous sa coupe), Makhloufi « a bossé durement » et qu’il avait « souvent terminé ses séances d’entraînement très fatigué ».

De cette période Dupont retint d’abord, qu’au sortir d’une période de quasi-inactivité (une notion ambiguë puisque Makhloufi s’est entraîné avec beaucoup de difficultés en Algérie et aux USA) Makhloufi « a  beaucoup souffert à l’entraînement» et ensuite que les sacrifices pour être à la hauteur à Pékin n’avaient pas été médiatisés (au pays) comme l’athlète (qui est devenu une star de l’athlétisme) l’aurait souhaité.


De cette brève période au cours de laquelle il fut en contact avec Makhloufi, Dupont constate que, à partir de l’ensemble des informations et données qu’il a en sa possession, le  champion olympique en titre est un membre à part entière « de la race des athlètes de haut niveau dans le demi-fond mondial ». Il a soin d’ajouter que l’on aurait tendance à oublier que  « c’est tout de même le champion olympique du 1500 m dont on parle là » et que lorsqu’il est mis « dans des conditions favorables, il peut être parmi les meilleurs de ce monde dans le demi-fond ». Les conditions favorables  dont a besoin Makhloufi ne sont pas immédiatement indiquées et restent à définir. 

samedi 28 janvier 2017

Polémiques (94), Du changement de nationalité

En rejoignant Philippe Dupont, Makhloufi déclencha une nouvelle polémique sur un fond de nationalisme sensible et d’ignorance de la réglementation. Le thème de celle-ci a été l’éventualité d’un changement de nationalité qui incitera la FAA a rédigé une mise au point des plus maladroites et confuses.

A l’époque de la polémique sur l’éventuel changement de nationalité de Makhloufi, nous avions écrit que « les faits (entrainements avec un groupe d’athlètes franco-algériens, passage sous la coupe technique d’un coach français) peuvent être interpréter comme concordants et annonciateurs d’une  telle éventualité » et nous remarquions aussi qu’« A nouveau, la fédération s’emmêle dans des propos oiseux et vains qui encouragent cette situation qui s’opacifie encore plus ».

Nous rapportions alors (Sous l’olivier n°49) que si le changement de nationalité sportive est connu (presque dans le détail) par tous les supporters des « Fennecs » depuis l’adoption – à l’instigation de de la FAF, fédération algérienne de football - de la « loi dite de Bahamas » qui permet à un joueur de foot de changer de « passeport sportif », à sa demandes expresse, pour peu qu’il n’ait pas intégré une équipe nationale « ». Il n’en est pas de même en athlétisme où la réglementation n’est pas connue des amoureux de la discipline.

« En athlétisme, disions-nous alors, la réglementation est plus permissive puisqu’elle permet ce changement à condition de passer 3 « saisons blanches », sans participations à des compétitions internationales organisées sous l’égide de l’IAAF, c'est-à-dire sans championnats continentaux, championnats du monde et Jeux Olympiques. Cette durée peut toutefois être réduite à une « saison blanche » lorsqu’il y a accord entre les deux membres (fédérations) au sujet de la « libération » de l’athlète.

Nous précisions aussi que si Toufik Makhloufi sollicitait ce changement de nationalité sportive, il serait interdit de participation aux Championnats du monde 2015, aux jeux olympiques de 2016 et aux championnats du monde de 2017 et que la seule possibilité qu’il aurait de courir serait de prendre part aux meetings « certes fort rémunérateurs, mais ne pourrait enrichir son palmarès par les titres qui comptent. Il suffisait de le dire pour clore le débat ! ».

Un détail toutefois, contrairement à Morceli (boulimique sur ce plan), Makhloufi n’est pas un participant assidu de ces meetings. Il se rapprocherait plutôt de Hassiba Boulmerka.

En ne faisant pas état de la réglementation internationale,  la FAA avait raté sa communication en s’engageant dans un de ces débats stériles qui semblent être son fort. Malgré une prétendue  collaboration avec une agence de communication-partenaire dont on constate les nombreuses défaillances.   

A la fin de l’année 2015, Makhloufi fait à nouveau le buzz. Une nouvelle polémique. Dans le même  titre de presse francophone qui, un an plus tôt  l’avait fait vider son sac. Le coureur, cette fois-ci, est muet. Spectateur. En tout cas en retrait. C’est son entraîneur (Philippe Dupont) qui est interviewé. Apparemment, il est celui qui déclenche involontairement ( ?) la polémique.
Un incident de parcours (le ratage d’un stage de préparation au Portugal par la faute d’un visa Schengen non obtenu) est monté en épingle. Cet incident n’est qu’un moment insignifiant de l’interview donnée par Dupont. Un détail de l’histoire. Il fera oublier tout le reste.
Le coach regrette seulement que, compte tenu de son statut, le champion n’ait pu obtenir rapidement son visa. Dupont ne sait sans doute pas (ou a oublié) que Makhloufi compte déjà à son passif une histoire de visa qui l’empêcha (au mois de juin précédent) de participer à une compétition. Une histoire qui mit tout le monde (le manager, le club, la fédération, la presse) en émoi. Encore une situation confuse qui attise l’agitation latente, en attente permanente du déclic qui la libérera.
Ce second visa non obtenu dans des délais raisonnables afin que Makhloufi puisse rejoindre ses compagnons devint une histoire d’Etat (ou presque) avec l’intervention médiatique du président du COA.

La réponse virulente de ce dernier fut suscitée par un site français (spécialisé en athlétisme et affaires de dopage). Nous estimons que cette réaction intempestive alimenta l’animosité ressentie, supportée et non exprimée par le champion. 

jeudi 26 janvier 2017

Polémiques (93), Le DTN en convoyeur de fonds

Outre le choix de l’entraîneur-accompagnateur, le diffèrent entre Toufik Makhloufi et la fédération portait également sur le lieu et les conditions de déroulement du stage de préparation. Selon les autorités sportives les conditions d’hébergement n’auraient pas été dignes du statut de champion olympique.
Dans sa critique médiatique, Makhloufi dira que les conditions de stage (celles que lui-même avaient pourtant choisies et qui avaient été refusées par les instances sportives) étaient au niveau de celles qui avaient été les siennes lorsqu’il était en préparation avec les athlètes du « groupe Aden ». Des athlètes de premier plan mondial dont Genzebe Dibaba. Le must du demi-fond national n’était pas trop regardant sur les conditions de stage. Il n’était pas aussi exigeant que la fédération algérienne.  
Nous ne doutons pas qu’un examen sérieux des dépenses engagées montrera certainement, aux membres de l’assemblée générale de la FAA, que l’inflation a débuté à ce moment-là.
Brahmia, en sa qualité de co-président de la commission de la préparation olympique, tenait les cordons de la bourse olympique (nous croyons avoir compris qu’il fut l’échelon ultime d’un processus de décision initié par les fédérations et entériné par une commission mixte MJS- COA). Il dira (en 2016) que le montant journalier par athlète a été quasiment doublé pour atteindre 95 dollars/jour.
Pendant que Makhloufi s’entraînait (avec ses propres moyens) aux Etats Unis, les décideurs sportifs se renvoyaient la balle, débattaient dans une version modernisée de Gulliver au pays de Lilliput. Avant l’écriture d’un scénario digne de séries télévisées où l’on verra le DTN prendre l’avion pour le pays de l’ « Oncle Sam » en transportant 200 000 euros dans une mallette.  Ahmed Boubrit était devenu convoyeur de fonds.
Toufik Makhloufi, coureur de 1 500 a été élevé à des sommets médiatiques que nul autre athlète (pratiquant d’athlétisme) n’atteindra avant des années. Ses prédécesseurs n’ont pas eu autant d’attention. Mais, comme le dit si bien l’adage : « Autres temps, autres mœurs ». Les champions et les médaillés d’hier et d’avant-hier évoluaient dans un véritable désert médiatique. Aujourd’hui, la centaine de journaux et les dizaines de chaînes de télévision se battent pour un instant précieux du champion. La polémique aidant !
L’importance de Makhloufi dans la société algérienne est à déceler dans l’intervention que fit, dans les colonnes du quotidien qui avait abrité l’interview de l’athlète, le ministre de la jeunesse et des sports de l’époque. Les explications données par le professeur en cardiologie revêtirent la forme d’une mise au point. Le ministre, représentant de l’Etat, avait été contraint de descendre dans l’arène pour tenter d’éclaircir une situation bien embrouillée dans laquelle interviennent maladroitement les responsables de l’athlétisme et du comité olympique.
 Au printemps 2015, Philippe Dupond devint le coach de Makhloufi. En contractant une convention avec la fédération algérienne d’athlétisme, Philippe Dupont se mis sur le dos des entraîneurs et des  dirigeants français à qui il fut très difficile de  comprendre que le manager du demi-fond français au sein de la FFA puisse coacher un athlète étranger, de surcroit rival direct des coureurs français qu’il dirigeait.
N’ayant pas accordé à Aden la totalité du bénéfice du titre olympique de 2012, nous n’imputerons pas à Philippe Dupont la quatrième place des championnats du monde de Pékin ressentie comme un échec par « le peuple algérien ».
Pour une durée de préparation quasiment identique (à partir de la signature des conventions), sous la coupe d’un nouveau coach, deux résultats différents. C’est certainement en s’appuyant sur ces expériences aux circonstances malheureuses de Makhloufi (Aden 2012 et Dupont 2015) que Larbi Bouraâda évoquera l’approche fédérale de trois mois de préparation avant une compétition importante.
Remarquons que lorsque Makhloufi a rejoint Aden, il était prêt à faire exploser les chronos. Quand il arrive dans le groupe de Dupont, il est préparation déséquilibrée. C’est sans doute-là qu’il est possible de trouver l’explication à l’échec relatif de Pékin.
Philippe Dupont était connu dans le milieu de l’athlétisme algérien et international pour avoir été l’entraineur du vice-champion olympique du 5000 des jeux de Sidney. On se souvient que ce dernier  (Ali Saidi Sief) fut impliqué dans un contrôle antidopage positif non élucidé à ce jour qui lui vaudra une suspension et le déclassement de la seconde place du 5 000 mètres des championnats du monde d’Edmonton (2001). 

mercredi 25 janvier 2017

Polémiques (92), Makhloufi en rupture de ban

L’athlétisme algérien évolue dans un brouillard très épais. Les informations (jamais officielles) qui circulent s’appuient sur des rumeurs et bien entendu sur leurs contraires. Chacun apporte son grain à moudre au moulin. Chacun en fonction de ses intérêts quelques fois mesquins.
L’une de ces rumeurs rapporta que l’entraîneur pressenti par la fédération aurait pu être Amar Benida, l’époux et entraîneur de Nouria Benida-Merah, la championne du 1 500 mètres des jeux olympiques de Sidney (2000). Lui-même ancien coureur de 1 500, en charge de l’élite nationale du demi-fond (Hathat et Belferrar qui seront sélectionnés pour  les JO de Rio 2016).  Un proche des rouages fédéraux.
Amar Benida sera, avec le DTN, un des protagonistes passifs de l’incident dit de « la voiture officielle » qui eut lieu à Rio après les épreuves de la première journée du décathlon auquel participait Larbi Bouraâda. Cette voiture qui devait accompagner le décathlonien à la clinique italienne de Técarthérapie et conduisit à une polémique médiatique qui restera longtemps dans les annales de l’athlétisme algérien bien malade. Amar Benida est également réputé proche d’Ahmed Mahour Bacha.
Benida ou pas Benida, peu importe. Makhloufi est seul pendant quelques mois. Il passa outre au véto fédéral et à la position d’attente ministérielle (le dossier de sortie étant concrétisé par le MJS) et s’envola pour les Etats Unis en compagnie d’un kiné et de deux sparring-partners dont Halli Nacereddine, un athlète résidant alors dans les pays scandinaves qui traversa comme une comète l’espace athlétique algérien. A l’instar de nombreux espoirs du demi-fond.
L’après-Londres (la saison 2013) peut être considérée comme une saison blanche. Toufik Makhloufi a été affaibli sans que l’on sache véritablement quelle en est la cause.  Une « maladie » qui a interrompu sa préparation, entravé sa progression chronométrique, ses ambitions et a engendré de fortes suspicions.
 On ne peut pas côtoyer le Diable sans que cela n’ait un effet sur le regard que portent sur vous ces Autres  prêts à bondir au moindre faux pas! Certains de ses contradicteurs (parmi les plus hardis) ont évoqué une année sabbatique pour…cause de désintoxication, élimination de son organisme des produits qu’il aurait ingurgité. Champion olympique en titre, il est devenu un coureur à suivre de près, avec un marquage à la culotte comme disent les footballeurs. Le système Adams est là pour le traquer.
Tous les commérages qui ont eu cours ont été facilités par l’absence d’une politique de communication fédérale bancale. Une situation préjudiciable au champion démontrant à nouveau l’incapacité de l’instance à protéger son champion, son héros. La politique de l’autruche : s’enfoncer la tête dans le sable pour ne pas voir le danger.
Nous constaterons malheureusement que la fédération ne pouvait décemment pas combattre de telles allusions puisque le président de la fédération a été compromis indirectement (par le biais de sa fille et de son meilleur ami) dans l’affaire du dopage de juin 2012. Elle n’aurait pas été crédible.
Certains indices laissent croire que, pendant son escapade américaine, Makhloufi reçu une aide symbolique d’Abderrahmane Morceli, devenu entraîneur en chef de l’équipe de cross-country du Riverside Collège où étudia et s’entraîna son frère, le champion du monde et olympique du 1500, Noureddine Morceli. Une certitude, c’est qu’au fil de la diminution des ressources financières de Makhloufi qui investit, dit-il dans l’interview, dans ce stage ses économies, le groupe de départ s’amenuisa. Les partenaires algériens d’entrainement quittèrent le stage. Aux Etats Unis, le petit groupe n’avait pas d’entraîneur pour superviser le travail effectué, la réalisation du programme.
C’est à cette période que Makhloufi rencontra le groupe d’athlètes français coachés par Philippe Dupont. Le groupe Makhloufi et le groupe français étaient en stage à Albuquerque que Noureddine Morceli fit connaitre en Algérie. Ils (Makhloufi et ces mêmes athlètes français, cette fois-ci accompagnés de leur mentor) raffermiront leurs liens plus tard au cours d’un autre stage à Font Romeu, le centre de préparation en altitude français.

C’est lors de ce stage américain que semble avoir émergée l’idée de la future collaboration. Une idée qui fut confortée par les bonnes relations qu’entretenaient Makhloufi et les coureurs de demi-fond français d’origine algérienne. Plus tard, Makhloufi dira aussi qu’il avait choisi Dupont parce qu’il connaissait la mentalité des athlètes algériens.

mardi 24 janvier 2017

Polémiques (91), Makhloufi sans entraîneur


A l’intérieur de nos frontières, Toufik Makhloufi est comme Pharaon. Les questions qui égratignent mondialement son image sont taboues. Comme toutes les allusions négatives qui, dans les cercles de l’athlétisme planétaire, il y a un quart de siècle, visées Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli.
La presse internationale est impitoyable. Depuis 2012, depuis qu’il a rejoint Aden et surtout depuis qu’il a remporté la médaille olympique aux jeux de Londres, elle l’a dans le viseur. Ce n’est pas Makhloufi l’athlète algérien qui est particulièrement visé. Il appartient comme les autres athlètes coachés par Aden Jama et comme ceux appartenant au « groupe Salazar », les coureurs kenyans, marocains ou russes à la confrérie suspecte même s’ils sont innocents de ce dont on les accuse. Les présomptions de culpabilité sont très, trop fortes.
Cette presse internationale affirme que Toufik Makhloufi, avant l’intervention policière et douanière de Sabadell, dans un hôtel de la périphérie de Barcelone, ayant conduit à l’incarcération puis au placement sous contrôle judiciaire (pour possession de produits interdits) d’Aden Jama (en compagnie d’un athlète et d’un kiné marocain), a été approché par l’investigateur en chef de l’IAAF pour des informations sur les pratiques de Jama.
Au cours des investigations préliminaires de l’IAAF qui aboutiront à l’opération coup de poings fortement médiatisée de Sabadell, Makhloufi n’a rien dévoilé de particulier sur ce qu’il aurait pu voir durant la période passée avec le groupe. On raconte même qu’il fut réticent à rencontrer et à s’entretenir avec l’enquêteur. Un comportement qui fut mal apprécié et considéré comme un refus de collaboration avec les autorités planétaires de l’athlétisme et de la lutte contre le dopage. Nous raconterons plus tard les fondements du déclenchement de l’ « opération Rial » qui ne le concerne pas directement.
Makhloufi quitte le « groupe Aden » sans fracas. Pendant quelques temps, il reste sans entraineur. Le départ du « groupe Brahmia » s’était fait également sans éclats de voix…..médiatiquement audibles. Il a pourtant laissé des séquelles que l’on ressentira plus tard. Aux jeux olympiques de Rio.
Après avoir quitté Aden, Makhloufi bricole. Il n’a pas d’entraîneur attitré. Avant de revenir se mettre temporairement sous la coupe de l’entraîneur de Souk Ahras qui lui avait mis le pied à l’étrier. Makhloufi qui a quitté Aden n’est pas retourné au bercail, sous la coupe de l’ancien staff. Dans le « groupe Brahmia ». Il est cependant licencié au GSP. La rupture entre le « groupe Brahmia » et Makhloufi est irréversible.
C’est cet entraîneur (Ali Redjimi mis en avant) qui recevra (a-t-on avancé) les éloges de ce Philippe Dupont qui, quelques mois plus tard, devint le coach de Makhloufi. C’est à lui que le manager du demi-fond français (certainement sur la foi des discussions qu’il a eu avec Makhloufi) aurait attribué le chrono de 3.30 du printemps 2012. Une paternité contestée.
Nous sommes à la fin de l’année 2014. Makhloufi a retrouvé, après une année 2013 sans résultats probants (3.36.3. au 1500), un peu d’allant. A nouveau, il fait partie de l’élite mondiale (1.43.53 au 800 et 3.30.40 au 1500). Ces chronos sont attribués à Aden. La collaboration s’achève avec la saison sportive.
Les championnats du monde de Pékin sont à l’horizon. Pour Makhloufi, la mécanique administrative, la logistique connait quelques grincements. La fédération, le comité olympique, le ministère sont donnés défaillants. Les désirs de plus en plus impératifs, les (prétendues) exigences de Makhloufi (l’aura de la médaille d’or olympique ?) ne peuvent être satisfaits. D’autant que ces trois institutions se tirent dans les pattes. Aucune coordination. Absence de concertation. Chacun pour soi. Chaque institution veut s’approprier l’image des lauriers olympiques. 
Ce qui se dit (Makhloufi l’exprimera maladroitement dans une interview accordée en fin d’année 2014) c’est que les décideurs sportifs auraient refusé que Redjimi ait en charge la préparation technique des championnats du monde. Il ne répondrait pas aux critères  retenus par ces décideurs sportifs.

En conséquence, il ne peut accompagner Makhloufi pour encadrer un stage à l’étranger. Les 3.30 au 1 500 mètres ne sont pas comptabilisés à son avantage. Parions qu’il s’agit d’une histoire de diplômes. Le dossier de sortie étant initié par la FAA, nous pouvons supposer que c’est le DTN (Ahmed Boubrit) qui  mit son véto. 

lundi 23 janvier 2017

Polémiques (90), A Aden les honneurs

Lorsque l’on analyse la trajectoire de Makhloufi et de Bouraâda et les polémiques qu’ils trainent, l’entourage des deux athlètes n’est pas exonéré de tout reproche. Leurs proches ont montré leur incompétence et leur incapacité à monter la structure d’accompagnement de leurs poulains dans un contexte de libéralisation économique et juridique permettant le professionnalisme prévu par la législation nationale.
Les entraîneurs, les dirigeants sont restés enfermés dans les dogmes du…. socialisme spécifique se parant de quelques attributs de l’économie de marché. Des attributs (sponsoring des opérateurs économiques publics et maintenant privés) qui, nous avons cru comprendre, ont été laissés, quant à leurs utilisations, à la libre appréciation des entourages des athlètes. Des fonds publics pour une utilisation privée. Avec une remise au goût du jour des critiques qui ont accompagnées la carrière de manager de Brahmia.
Le temps s’écoulant inexorablement, l’être humain à tendance à oublier. On attribue, le titre de champion olympique et tous les honneurs à Aden Djamaa en occultant (grâce à cette passivité qui nait de la paresse intellectuelle) que, en cette année olympique 2012, les records personnels de Makhloufi (autre élément d’évaluation de la progression et de la valorisation d’un athlète) ont été établis au mois d’avril. Avant le changement d’entraîneur.
Nous connaissons tous le raccourci discursif qui a cours dans les milieux de l’athlétisme. Celui qui fait qu’en signalant un chrono on omette les centièmes et les dixièmes de secondes. Lorsqu’il rejoint Aden, Makhloufi avait déjà été chronométré à 1.43 au 800 et à 3.30 au 1500. Des chronos qui résonnent élogieusement dans l’esprit des observateurs.
Avant d’intégrer son nouveau groupe d’entraînement, Toufik Makhloufi a nettement progressé. Le titre de champion d’Afrique et les chronos pour les entraîneurs algériens (Brahmia ou un autre entraîneur). Le titre olympique (plus marquant, plus glorieux) pour Aden qui récupère le travail fait sous la houlette des Algériens.  Car, il faut en convenir, ce n’est pas en trois-quatre mois que l’on progresse. Surtout pas avec le coaching d’Aden dont nous verrons plus tard (dans une autre situation) l’approche relationnelle avec les athlètes. Le chrono n’est pas le titre !
En 2012, le profil sportif de Makhloufi a mué. Courant régulièrement sur les deux distances (800 et 1500), il s’est orienté progressivement vers le 1 500. Sur 800, la progression se compte en dixièmes. Sur 1 500 par secondes entières.  Notons également que dans l’esprit des sportifs installés devant la télé, le 1 500 est plus évocateur. Porteur de titres mondiaux et olympiques.
Le changement de groupe d’entraînement est incontestablement une forme de reconnaissance internationale des capacités de Makhloufi. Le groupe du coach d’origine somalienne regroupe quelques-uns des meilleurs coureurs mondiaux de moyenne distance. Mieux, il recrute parmi les espoirs de la course de demi-fond.
Le « groupe Aden », rejoint par Toufik Makhloufi à la fin du printemps 2012, est un groupe d’entraînement controversé. Aussi dérangeant que peut l’être le « groupe Alberto Salazar » du « Nike Oregon Project ». De ces deux groupes émanent les relents très forts de pratiques litigieuses.
Le piratage de la base de données de l’AMA (juste après les JO de Rio) montrera que les athlètes du « NOP » sont des adeptes des AUT (Autorisation à usage thérapeutique de produits médicamenteux interdits aux sportifs) considérés comme une forme légalisée de dopage. Quant à Aden, un des athlètes qu’il entraîna (Hamza Driouch) a été suspendu en raison d’anomalies sur son PBA (passeport biologique d’athlète). D’autres athlètes qui furent proches du groupe (entraînés à distance) ont également été suspendus.
C’est certainement cette appartenance à un groupe sulfureux (marginal à tous points de vue) qui a donné naissance aux commentaires acerbes qui ont accompagné la médaille olympique de 2012.

0n y ajoutera pour bien faire, la gestion désastreuse de sa participation aux courses du 800 et du 1500 olympiques. Une conduite qui a conduit à enrichir le lot de médisances médiatiques internationales. Une gestion catastrophique, aléatoire que l’on a imputé à l’encadrement fédéral mais qui pourrait (à la lecture des péripéties ayant accompagné sa participation aux jeux de Rio et à d’autres manifestations sportives sous les couleurs nationales) être le résultat de l’ascendant qu’il a pris sur tous les gestionnaires du sport. Le président de la fédération n’a-t-il pas déclaré (toute honte bue) que Makhloufi est ingérable ?

dimanche 22 janvier 2017

Polémiques (89), Exit le patriotisme sportif

Rien n’a filtré sur les motivations qui ont conduit à ce changement de groupe d’entraînement, ce passage du « Groupe Brahmia » au « Groupe Aden » qui demande pourtant à être compris. Etrangement, le patriotisme sportif (et l’excellence supposée du personnel d’encadrement sportif) prend un coup sévère. Makhloufi passe sous la coupe d’un entraîneur étranger (absent du sol algérien) avec la bénédiction des autorités qui consentent à la signature d’une convention de…partenariat.
 Amar Brahmia, au sortir des jeux olympiques de Rio, interpellé par des journalistes avides de ce sensationnel que l’on trouve à profusion dans l’ambiance de guerre déclarée entre la CPO et la FAA, entre Mahour Bacha/Bouras et Brahmia/Berraf, eut une réponse sobre (s’inscrivant en droite ligne dans le positionnement des autorités politiques) aux déclarations tonitruantes du (maintenant) triple médaillé olympique (médaille d’or du 1500 de Londres, deux médailles d’argent des 800 et 1 500 de Rio). Il rappela seulement qu’il lui avait cru en lui, qu’il lui apporta son soutien. En le faisant signer au GSP et il l’amena (sans que cela ne soit explicitement dit) à quitter le club des pompiers de Souk Ahras. Comme les autres responsables sportifs, Brahmia en première position refusa « d’entrer en conflit avec les athlètes ».
Il laissa évidemment le grand public (informé que le GSP, ayant pris la succession du MCA, filiale omnisports de Sonatrach, n’est financièrement pas démuni) sur sa faim avec la possibilité de décrypter le sous-entendu qui nait implicitement du passage fulgurant d’un club d’une ville frontalière au club phare du pays.
Sans y prendre garde, en revenant rapidement sur l’histoire récente de Makhloufi, nous nous retrouvons au cœur des rouages et des mécanismes du système de la « captation d’athlètes ». Une démarche qui est la marque de l’athlétisme (et du sport) algérien. Au-delà de cet aspect, nous observerons qu’avec tous les moyens mis à sa disposition (ceux du GSP/Sonatrach et de la fédération/MJS), Makhloufi a atteint un niveau très appréciable de la hiérarchie internationale accompagné d’un titre continental sur une distance où les Africains dominent.
Selon des indiscrétions, la pierre d’achoppement, la naissance des dissensions (entre Brahmia et Makhloufi) serait née des difficultés à intégrer le coureur dans les rangs de la compagnie pétrolière. Pour les sportifs (autres que les footballeurs) les temps sont durs. Très durs.
Notons que la rupture entre la Sonatrach/GSP et Makhloufi est antérieure à l’exacerbation apparue avec le décret exécutif interdisant aux clubs amateurs le versement de salaires et d’indemnités à partir des subventions accordées par les collectivités locales et les démembrements de l’Etat.
Le profil de Makhloufi présente de très grandes similitudes avec ceux de Hassiba Boulmerka et Ali Saidi Sief et aujourd’hui de Larbi Bouraâda. Pour ces athlètes au parcours scolaire réduit au minimum légal, la pratique sportive est un ascenseur social. La réussite sociale passe obligatoirement par la réussite sportive. Malheureusement, pour Bouraâda et Makhloufi le contexte juridique, légal a été modifié dans les textes tout en s’accrochant, comme le lierre sur un mur, dans l’esprit des sportifs.
La « Réforme sportive » n’est plus…..depuis 1990. Quasiment avec l’éclosion de Hassiba Boulmerka et de Noureddine Morceli qui, on oublie trop souvent de le dire, n’intégra le giron des ASP qu’après Tokyo et le titre de champion du monde du 1 500 mètres. Dans une tentative de récupération sportive et politicienne. Souvenons-nous que Noureddine a quitté le territoire national au début de l’hiver préludant la saison 1988-1989. Il passait  junior 2ème année. Il avait choisi de vivre la difficulté du rêve américain tandis que d’autres choisirent la facilité du rêve algérien.
Le clash entre les  responsables sportifs d’une part  et Makhloufi  d’autre part, serait la conséquence de l’incapacité des premiers à garantir son avenir en raison d’un profil peu avantageux. L’austérité frappait aussi aux portes.

Nous remarquerons qu’il est possible d’établir un autre rapprochement que beaucoup n’apprécierons pas. A juste raison d’ailleurs. Ce quatuor a été confronté aux pratiques sportives interdites (dopage). Le duo Saidi Sief et Bouraâda a été contrôlé positif alors que le second (Boulmerka et Makhloufi) fit l’objet de fortes suspicions véhiculées à la fois par les médias internationaux et les dirigeants et entraîneurs du terroir.

samedi 21 janvier 2017

Polémiques (88), Le silence hivernal de T. Makhloufi

Ne soyons pas dupe. L’athlétisme n’est pas le football. Une vérité que le marquis de la Palice n’aurait certainement pas reniée.  Il est incontestable que ces deux disciplines sportives ne produisent pas la même ferveur dans le public. Au point que, dans notre pays (comme dans beaucoup d’autres sur la planète et presque autant qu’en cette Amérique latine servant de référence) il est devenu un aspect non négligeable et incontournable de la  vie sociale, de la paix sociale dans un contexte de professionnalisme prétendument  orienté vers le secteur économique privé (mais dont les besoins financiers insatiables sont satisfaits via les subventions publiques), le football a remplacé la religion dans la citation que l’on attribue à Karl Marx. Celle qui affirme que la « religion est l’opium des peuples ».
L’athlétisme n’intéresse le grand public (et la presse modulant cet intérêt) qu’à l’approche des grands événements internationaux. En ces moments-là, la discipline, reine du mouvement olympique, vibre dans nos médias et dans nos pensées de supporters chauvins. La morosité ambiante peut être secouée par l’espoir d’une médaille que les vaillants athlètes de demi-fond sont en capacité de remporter.
Ce sont ces athlètes qui ont remporté des médailles d’or ou d’argent aux championnats du monde ou aux jeux olympiques et font briller la course à pied. Alors, peu importe le flacon (football ou athlétisme) pourvu qu’on ait l’ivresse, ce sentiment éphémère de bonheur extatique qui fait descendre dans les rues des villes une population désireuse d’exprimer une joie passagère, futile et fugitive.
Cet hiver, la mer athlétique, sur la côte algérienne, a été calme. Très calme. Après la tempête médiatique qui a marqué l’année 2016, qui a précédé, a accompagné et suivi les jeux olympiques de Rio de Janeiro, les vagues propices à la pratique du surf et la houle tumultueuse qui fait tanguer les plus solides des navires de guerre s’en sont allées s’étioler on ne sait où. La mer est d’huile.
Rien à se mettre sous la dent. Pas le moindre scandale. Bien que le renouvellement de plusieurs ligues de wilaya ait fait un peu jaser avec des recours qui mettent en cause l’instance locale (et nationale) de régulation et montrent du doigt des pratiques électorales (déjà vues par ailleurs) établissant que les valeurs éducatives et la notion de service public ne font plus partie du répertoire des dirigeants sportifs.
Ce n’est qu’un début avant le grand déballage annonçant les AG de la fédération. Certainement, le calme avant la tempête, ou plutôt l’ouragan dévastateur. Un déballage qui sera certainement endiablé, débutant par des nouvelles, des informations, des rumeurs sur fond de surfacturations, d’attributions illicites de marchés dit publics, de trous dans la comptabilité de quelques ligues et de la fédération.  En attendant, l’athlétisme se morfond dans un silence imposé.
Toufik Makhloufi a été, ces dernières années, celui qui (en période de frimas) donnait un semblant de vie à cette discipline qui n’attire guère l’attention. Au cours des deux précédents hivers, Toufik Makhloufi a brisé la monotonie déprimante que même les résultats des cross du challenge national  n’ont pas fait frissonner. Nous plagierons donc Victor Hugo dans son évocation de la bataille de Waterloo, en nous écriant « Athlétisme, morne plaine ! ».
Makhloufi est celui que l’on attend en toutes circonstances. A ce titre, il a fait la « Une » des rubriques  sportives avec ses diatribes contre la gouvernance sportive, au sens large du terme. Il n’a pas attendu Rio pour se faire entendre de qui de droit.
Lorsque l’on dépasse l’analyse factuelle des déclarations volcanique du coureur placé sur le trône du Champion-Roi, on prend acte qu’en fait c’est toute l’olympiade qui pour lui n’a pas été sereine. On pourrait presque dire qu’elle fut à l’image de la fin de la précédente (Jeux de Londres 2012). Alambiquée.

Au printemps 2012, alors qu’il vient de remporter un titre africain, synonyme d’une probable future bonne performance à Londres avec les moyens locaux mis à sa disposition, ceux essentiellement du GSP et du « groupe de Brahmia », Makhloufi laisse tout tomber pour rejoindre le « groupe Aden Jama ». 

jeudi 19 janvier 2017

Polémiques (87), Les griefs de Bouraâda

Selon ces discours que, souvent on retrouve dans les commentaires sur Facebook et qui sont repris en partie par Larbi Bouraâda, les membres de la Fédération sont considérés comme faisant partie « en principe des enfants de la discipline » avec un en principe qui aurait tendance à les en bannir.

Ce discours est maintes ressassé, en particulier lorsque « les enfants de la discipline », restant à identifier, veulent en chasser les « bouchers et les boulangers » (insulte suprême dans leur jargon) qui seraient les représentants d’une pratique athlétique commerçante et commerciale et qui aurait investi la discipline. Une pratique qui serait, dans ce milieu devenu interlope, celui des groupes (entraîneurs, dirigeants et athlètes) attirés, préoccupés par la quête et la conquête de l’euro.

Dans le discours de Bouraâda, les membres de la FAA, parce qu’ils appartiennent justement « à la  famille » sont sensés bien connaitre « les exigences du haut niveau ». On ne sait par quel  revirement, Larbi Bouraâda s’est inscrit dans un registre proche de la dérision. Ceux qui devraient être des soutiens inébranlables et inconditionnels seraient en fait des freins.

Selon lui, ce sont ces comportements qui empêche de « de gagner des médailles aux JO, malgré la  présence de talents». Bien évidemment, nous devons comprendre qu’il fait partie de ces talents dont on doit prendre soin.

Le décathlonien algérien en a gros sur le cœur.  Il en a plus qu’assez de l’improvisation : « À l’approche d’un événement sportif, on court à gauche et à droite et on tente de préparer l’athlète à la dernière minute ». Il en profite pour pousser un cri de rage, certainement partagé par beaucoup d’acteurs de l’athlétisme algérien : « Nous sommes très loin du niveau mondial ». En matière de planification de la préparation, oublie-t-il de préciser. Parce qu’ils  auraient le potentiel, les capacités, les qualités pour atteindre ce niveau.

On serait tenté de le croire si, pour illustrer les manquements fédéraux, il n’avait pas évoqué les problèmes rencontrés  pour avoir à ses côtés son entraîneur-adjoint Hocine Mohamed. Un entraîneur évincé lors du retrait récent de son entraîneur de toujours.

Bien qu’il n’ait pas réussi le challenge que l’on pronostiquait, celui de décrocher une médaille olympique, Larbi Bouraâda se dit  « (…) très content de ma performance, ce n’est pas chose facile de se classer dans les cinq premiers aux JO ». Avant de ressortir l’argument du « manque de moyens et de compétition ainsi que la blessure m’ont empêché de réaliser mon objectif ». On sait ce qu’il en est.

La rengaine qui a cours dans l’athlétisme algérien est connue de tous. Elle est celle qui contient la formule magique que prononcent régulièrement les « sorciers » de la discipline et du mouvement sportif national : « avec plus de soutien et d’encouragements ».
Avec cette incantation concluant généralement l’échec, il est certain que Larbi  Bouraâda aurait titillé le champion olympique, l’Américain Ashton Eaton. Un rêve éveillé qui aurait pu devenir réalité avec une prise en charge plus sérieuse qu’elle ne l’a été, qu’elle ne l’est actuellement.

 C’est pour cela que via les média, il interpelle les pouvoirs publics : « J’ai besoin d’aide de la Fédération, des moyens pour travailler et progresser. Je veux des moyens de récupération et du matériel d’entraînement. Je veux aussi disposer d’un kinésithérapeute, c’est la moindre des choses pour un athlète de l’équipe nationale ».

Le cri de Larbi Bouraâda est assourdissant. Il retentit dans un univers où les athlètes sont sous perfusion permanente. Eternels assistés. En l’écoutant, il nous revient en mémoire des narrations sur les vies estudiantines contemporaines d’athlètes de toutes nationalités recoupant celles de champions algériens  racontant leurs vies sur les campus universitaires américains. Sans soutiens et les petits boulots dans les cafétérias du collège obtenus grâce à l’entraîneur.

Serions-nous amener à un mea-culpa ? Toute l’aide multiforme reçue de la fédération, du comité olympique, du ministère serait-elle illusoire ? Que doivent dire les autres athlètes de l’équipe nationale ? L’athlétisme algérien est véritablement déroutant !

A Rio, seuls Makhloufi et Bouraâda ont pu bénéficier des services de la voiture officielle. Ils ont été les seuls également à avoir eu recours aux prestations de la clinique italienne de Técarthérapie. Etrangement, Bouraâda, pendant la durée de son épreuve, avait à sa disposition un kinésithérapeute qui s’est déplacé jusqu’à cette clinique. Makhloufi en avait deux !

Sans le vouloir,  Larbi Bouraâda a dévoilé la gestion de l’excellence athlétique, le fonctionnement du haut niveau par la fédération.


mercredi 18 janvier 2017

Polémiques (86), La vision de Bouraâda

La difficulté première du décathlon (ou de son équivalent féminin, l’heptathlon) réside dans l’accumulation des efforts consentis pendant dix épreuves regroupées en deux jours. Des épreuves connues, difficiles lorsqu’elles sont pratiquées isolément et qui le sont encore plus lorsqu’il faut les accomplir en un laps de temps réduit. Avec une récupération minimale, jamais complète entre chaque épreuve appartenant au vaste éventail des épreuves athlétiques, obligeant l’athlète complet, le « superman », à un apprentissage technique multiple. Ces deux aspects primordiaux (accumulation d’efforts diversifiés, et apprentissage technique multiple) ne sont pas mis en valeur. Le regard est porté sur le matériel et les ressources. Comprendre qu’au décathlon, le matériel fait le champion !

Nous restons médusés lorsque nous lisons que Larbi Bouraâda « n’a pas les mêmes moyens que ses concurrents ». Il sera intéressant de comparer en premier lieu les statuts sociaux puis les conditions de préparation qui sont offertes aux athlètes en présence lors des jeux olympiques. Sans trop nous engager, nous ne serions pas surpris que Larbi fasse partie des mieux lotis. Mieux que ceux qu’il précède et mieux que certains de ceux qui le devancent. Une certitude, il n’est pas tenaillé par le poids de la hantise des lendemains difficiles si la question est correctement prise en charge. Son profil cependant ne permet pas une reconversion aisée. Sa discipline n’est pas porteuse et rémunératrice comme pourrait l’être les courses.

Quel matériel pédagogique est  nécessaire à la pratique des épreuves combinées? Rien de bien particulier. Des haies, des startings blocks, des javelots, des disques et des perches. Un matériel disponible sur n’importe quel stade d’Alger et d’Algérie. Brahmia et Mahour Bacha ont été d’accord sur un point, la CPO a permis d’acquérir des perches neuves. Un médaillé olympique a même été dépêché à Paris pour permettre cette acquisition. La perche, le seul engin qui est véritablement spécifique.

Larbi Bouraâda n’a pas les mêmes moyens que ses adversaires. Etrangement à cette affirmation, il nous revient à l’esprit que le comité olympique avait fait la proposition d’une préparation aux Etats Unis, portés au rang de l’Eden des épreuves combinées. Une proposition qui ne fut pas prise en considération.

En matière de récupération, Larbi Bouraâda a bénéficié de la cryothérapie (certes de fortune) et de la Técarthérapie grâce à l’aide de l’USMA. Lorsqu’il a fallu soigner sa « présumée » blessure au dos qui le perturba au point de rater les championnats du monde en salle, il s’est rendu au Portugal pour une injection sous le couvert d’un dossier de sortie.

Il est vrai que les compétitions ont sans doute été insuffisantes. Mais, il a raté le rendez-vous important de Portland (championnat du monde en salle). Quant à la DTN, qui le positionne en catégorie A, elle a mis à sa disposition des billets d’avion (pour se rendre sur les stades abritant les compétitions choisis)  dont le nombre était ouvert (comme pour Makhloufi, d’ailleurs).

Larbi Bouraâda est dans la situation d’un athlète qui ne se consacre qu’à sa carrière sportive. Un professionnel de l’athlétisme, certes sans statut, mais avec les avantages immédiats. Pourtant, il n’est pas heureux de son état : «On manque de beaucoup de choses nécessaires et incontournables pour pouvoir gagner des médailles ». L’insatisfaction permanente qui écarte de la pensée le contrat de sponsoring avec l’opérateur de téléphonie mobile dont on ignore l’usage qu’il en est fait.

Alors que l’on s’attend (par accoutumance, dirions-nous) à des attaques dirigées vers le comité olympique et sa CPO, Larbi Bouraâda vise directement la fédération algérienne d’athlétisme au sujet de laquelle il affirme qu’il est de son rôle « de satisfaire toutes ces exigences » qui ne sont pas définies clairement et que, vraisemblablement  par facilité, il regroupa dans la formule « de choses nécessaires et incontournables pour pouvoir gagner des médailles ». Ce qui exempte de les définir. Un peu plus tard, dans une autre partie de sa déclaration, il sera plus prolixe.


Cela lui permet de décrire le fonctionnement intellectuel au sein du mouvement sportif et de la fédération d’athlétisme où « on demande aux athlètes de se préparer » à l’approche des Jeux. Pour enfoncer le clou, il observe une vérité de la Palice traversant un discours traditionnellement matraqué dans les coulisses. Le Sato déteint sur les athlètes !

mardi 17 janvier 2017

Polémiques (85), L’imposture médiatique

Au stade du 5 juillet, circule une affirmation laissant entendre que le pronostic de médaille de bronze était destiné uniquement à obtenir les moyens financiers et les stages à l’étranger. Les « langues acérées », qui sont à l ‘origine de cette rumeur et de sa propagation, expliquent qu’il s’agit d’une stratégie dont serait adepte Mahour Bacha.

Elle consisterait en l’évitement des contrôles antidopage (donc ne pas se classer aux trois premières places) en espérant…. ne pas être tiré au sort. Ce raisonnement présente toutefois une faille. Il faudrait se pencher sérieusement sur la réglementation pour savoir si l’homologation d’un nouveau record continental n’est pas assujettie à ce type de contrôles. Reconnaissons toutefois que dans ce marais qu’est l’athlétisme pratiqué au Sato, ce ne serait qu’une peccadille comparativement à ce qui s’y raconte habituellement.

Lorsque  Larbi Bouraâda dit que « Ce n’est pas à l’approche des JO qu’on demande aux athlètes de se préparer », il va de soi que cela frappe fortement les esprits des spécialistes avertis. Cette affirmation devient synonyme de mauvaise gestion lorsqu’il ajoute que «  les gens au sein de la Fédération sont en principe des enfants de la discipline et connaissent bien les exigences du haut niveau ».

Et, pan sur le bec de ceux qui pérorent à n’en plus finir dans les allées du complexe olympique du 5 juillet ! La conclusion de Larbi Bouraâda est indéniablement celle que pourrait énoncer n’importe qui, n’importe quel athlète, n’importe quel entraîneur : « On est vraiment loin, à ce rythme, de gagner des médailles aux JO, malgré la présence de talents». Tout est dit pour le bonheur béat des gogos.

Bouraâda, après cette franche diatribe dans la presse francophone privée, renouvellera son attaque, avec  presque les mêmes expressions, dans un entretien accordé, le lendemain de la compétition,  à l’agence de presse nationale, l’APS.

Dans l’esprit des journalistes algériens, ainsi que nous avons pu le lire ou l’entendre, le décathlon est « une discipline difficile et exigeante, réservée par excellence aux pays riches ». Cette image connotée par l’ « esprit du colonisé », que l’on doit au psychiatre-ami de l’Algérie Frantz Fanon, résulterait à la fois de « sa complexité nécessitant des équipements » ainsi que « des ressources humaines et techniques colossales ».

Il serait, à en croire ce raisonnement, difficile d’être en Algérie un champion des épreuves combinées. En affirmant cela, nos amis journalistes expliquent implicitement le long laps de temps qui sépare le champion (des années 80) Mahour Bacha de son poulain Larbi Bouraâda (2015-2016) et l’absence de la remplaçante de Yasmina Azzizi. Ils valorisent également les deux athlètes et leur….entraîneur.

Ces citations puisées dans un article daté du 20 août 2016, le surlendemain de la fin du décathlon valeureux de Larbi Bouraâda, participent encore à la manipulation des esprits des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs algériens qui, pendant les deux jours de l’épreuve, ont été intoxiqués par des commentateurs peu scrupuleux, enthousiasmés (hors de toutes proportions) par quelques premières places dans les épreuves du programme. Jamais, il n’a pas été expliqué que les places (dans les groupes) n’avaient qu’une importance symbolique (et non déterminante) et que les performances de chacune des 10 épreuves étaient transformées en points afin de permettre le classement des participants. Une véritable fumisterie médiatique !

Nous concédons volontiers que « la présence de Larbi Bouraâda dans le Top 5 de Rio est un défi et un exploit gigantesque ».Même si nous aurions tendance à récuser « un défi » et l’adjectif « gigantesque ». Depuis l’été précédent, Larbi Bouraâda était un potentiel finaliste (cela situe sa valeur athlétique dans la hiérarchie mondiale), un des meilleurs athlètes mondiaux dans sa discipline. Les « stats » parlent d’elles même.

Comme souvent lorsqu’un Algérien émerge, les discours dithyrambiques et chauvins le comparent aux « athlètes américains, français, allemands et autres canadiens » comme si les athlètes d’autres nationalités étaient inexistants, effaçant d’un revers de manche tous ceux qui auraient pu se retrouver dans ce cénacle.


lundi 16 janvier 2017

Polémiques (84), Bouraâda dénonce la FAA

« A mon avis », a déclaré Bouraâda avant de monter dans l’avion qui le ramena à Alger, « quand un athlète a des dispositions pour faire de bons résultats, il devrait bénéficier de tous les moyens nécessaires pour gagner des médailles».  En disant cela, Larbi Bouraâda traduit par des mots ce qui lui a été susurré tant de fois. Il croit fermement (car auréolé de la 5ème place décrochée aux championnats du monde de Pékin) appartenir à cette catégorie particulière d’athlètes à laquelle la nation reconnaissante devrait accorder toute son attention.

C’est cette croyance (profondément ancrée dans son esprit), proche de la mégalomanie  qui le fait appartenir au niveau de  l’excellence athlétique algérienne. Ils (lui et son entraîneur) revendiquent (on ne le dira jamais assez souvent) le même statut, les mêmes avantages matériels, logistiques, etc. que Makhloufi. Sans avoir gagné une seule médaille mondiale ou olympique. Sans avoir fait ses preuves ailleurs que dans les laboratoires.

« Deux à trois ans de préparation ». A en croire notre Larbi national, ex-candidat à une médaille de bronze, sa préparation pour les jeux de Rio aurait dû débuter en 2014 ou mieux en 2013. En la circonstance, Bouraâda nous semble frappé d’amnésie.

En juin 2012, il a été sanctionné d’une suspension de deux années s’achevant en juin 2014. Deux saisons de préparation auraient donc été perdues à cause…… (il ne le dit pas) de « produits contaminées » que lui aurait injectés son entraîneur. Ne disons rien.

Bouraâda ne dit pas (cela aurait été d’une élégance et d’une honnêteté rares mais il préférable d’oublier ce qui déplait)  que le retard dans la préparation lui incombe ainsi qu’à son entraineur. Personne ne l’a obligé à se doper. A ne pas s’interroger sur les injections qu’il recevait.

Mais, peut-on sérieusement lui reprocher de s’être plié à la volonté de son entraîneur alors que Zahra Bouras (diplômée de l’enseignement supérieur et fille de l’actuel président de la FAA) acceptait, elle aussi, cette situation abracadabrante? Malgré (ainsi qu’elle le déclara dans les semaines qui suivirent le contrôle positif) les signes physiques et hormonaux visibles ! Que dire alors des échos peu rassurants, des « médisances » qui parvenaient quotidiennement à leurs oreilles.

L’amnésie de Bouraâda est sélective. Il n’est pas le seul. La réglementation internationale ne permet pas, à un athlète sanctionné pour violation des règles de dopage, l’utilisation des installations sportives, de s’approcher du milieu sportif. Un sanctionné pour dopage est un paria. Il est hors-jeu lorsqu’on joue au  football ou hors champs si on est au contact des NTIC.

Une lecture des procès-verbaux 2013 de la FAA (donc sous la présidence Bouras) indique que Bouraâda a été convié à participer (son nom figure sur la liste des athlètes) à un stage de préparation à Leverkusen (Allemagne), sous  la coupe de Mahour Bacha. Suite aux désagréments provoqués par cette situation plus que délicate, Bouraâda aurait postérieurement participé clandestinement à d’autres stages. Conséquence de ce cafouillage, le président de la FAA aurait reçu de l’IAAF (informée par une âme sensible au respect de la réglementation) une « mise en garde ». Et, le site fédéral a été ensuite purgé. Les copies des PDF existent chez quelques personnes qui les conservent précieusement.

Surprise ! Alors que l’on s’attendait à une attaque en règle de la CPO, ennemie déclarée de son coach, c’est la fédération qui est clouée au pilori. Bouraâda, sans prendre de gants, s’attaque à la FAA en disant, suite à une question posée : «C’est en effet le rôle d’une fédération de satisfaire toutes ces exigences ».

Bouraâda n’a même pas un peu de reconnaissance pour ce qu’elle a fait pour lui, les transgressions à la réglementation qui ont été commises. Il lui en faut plus, toujours plus. Lui ou son entraîneur ? On ne sait !


Le discours qu’il tient par la suite étonne. On sent qu’il ne lui appartient pas. Trop bien rodé pour une personne qui n’a pas ses marques avec la presse. Trop d’agressivité aussi. Une agressivité bien compréhensible pour un athlète à qui on a fait croire qu’il serait médaillé, qui a véritablement cru en ses chances et surtout s’est entraîné comme un forcené. La déception l’a-t-elle fait parler ?