La difficulté première
du décathlon (ou de son équivalent féminin, l’heptathlon) réside dans
l’accumulation des efforts consentis pendant dix épreuves regroupées en deux
jours. Des épreuves connues, difficiles lorsqu’elles sont pratiquées isolément
et qui le sont encore plus lorsqu’il faut les accomplir en un laps de temps réduit.
Avec une récupération minimale, jamais complète entre chaque épreuve
appartenant au vaste éventail des épreuves athlétiques, obligeant l’athlète
complet, le « superman », à un apprentissage technique multiple. Ces
deux aspects primordiaux (accumulation d’efforts diversifiés, et apprentissage
technique multiple) ne sont pas mis en valeur. Le regard est porté sur le
matériel et les ressources. Comprendre qu’au décathlon, le matériel fait le
champion !
Nous restons médusés
lorsque nous lisons que Larbi Bouraâda « n’a pas les mêmes moyens que ses
concurrents ». Il sera intéressant de comparer en premier lieu les
statuts sociaux puis les conditions de préparation qui sont offertes aux
athlètes en présence lors des jeux olympiques. Sans trop nous engager, nous ne
serions pas surpris que Larbi fasse partie des mieux lotis. Mieux que ceux
qu’il précède et mieux que certains de ceux qui le devancent. Une certitude, il
n’est pas tenaillé par le poids de la hantise des lendemains difficiles si la
question est correctement prise en charge. Son profil cependant ne permet pas
une reconversion aisée. Sa discipline n’est pas porteuse et rémunératrice comme
pourrait l’être les courses.
Quel matériel
pédagogique est nécessaire à la
pratique des épreuves combinées? Rien de bien particulier. Des haies, des
startings blocks, des javelots, des disques et des perches. Un matériel
disponible sur n’importe quel stade d’Alger et d’Algérie. Brahmia et Mahour
Bacha ont été d’accord sur un point, la CPO a permis d’acquérir des perches
neuves. Un médaillé olympique a même été dépêché à Paris pour permettre cette
acquisition. La perche, le seul engin qui est véritablement spécifique.
Larbi Bouraâda n’a pas
les mêmes moyens que ses adversaires. Etrangement à cette affirmation, il nous
revient à l’esprit que le comité olympique avait fait la proposition d’une
préparation aux Etats Unis, portés au rang de l’Eden des épreuves combinées.
Une proposition qui ne fut pas prise en considération.
En matière de
récupération, Larbi Bouraâda a bénéficié de la cryothérapie (certes de fortune)
et de la Técarthérapie grâce à l’aide de l’USMA. Lorsqu’il a fallu soigner sa « présumée »
blessure au dos qui le perturba au point de rater les championnats du monde en
salle, il s’est rendu au Portugal pour une injection sous le couvert d’un
dossier de sortie.
Il est vrai que les
compétitions ont sans doute été insuffisantes. Mais, il a raté le rendez-vous important
de Portland (championnat du monde en salle). Quant à la DTN, qui le positionne
en catégorie A, elle a mis à sa disposition des billets d’avion (pour se rendre
sur les stades abritant les compétitions choisis) dont le nombre était ouvert (comme pour
Makhloufi, d’ailleurs).
Larbi Bouraâda est
dans la situation d’un athlète qui ne se consacre qu’à sa carrière sportive. Un
professionnel de l’athlétisme, certes sans statut, mais avec les avantages
immédiats. Pourtant, il n’est pas heureux de son état : «On
manque de beaucoup de choses nécessaires et incontournables pour pouvoir gagner
des médailles ». L’insatisfaction permanente qui écarte de la
pensée le contrat de sponsoring avec l’opérateur de téléphonie mobile dont on ignore
l’usage qu’il en est fait.
Alors que l’on
s’attend (par accoutumance, dirions-nous) à des attaques dirigées vers le comité
olympique et sa CPO, Larbi Bouraâda vise directement la fédération algérienne
d’athlétisme au sujet de laquelle il affirme qu’il est de son rôle « de
satisfaire toutes ces exigences » qui ne sont pas définies
clairement et que, vraisemblablement par
facilité, il regroupa dans la formule « de choses nécessaires et
incontournables pour pouvoir gagner des médailles ». Ce qui
exempte de les définir. Un peu plus tard, dans une autre partie de sa
déclaration, il sera plus prolixe.
Cela lui permet de
décrire le fonctionnement intellectuel au sein du mouvement sportif et de la
fédération d’athlétisme où « on demande aux athlètes de se préparer »
à l’approche des Jeux. Pour enfoncer le clou, il observe une vérité de la
Palice traversant un discours traditionnellement matraqué dans les coulisses. Le
Sato déteint sur les athlètes !
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