Rien n’a filtré sur les motivations qui ont conduit à ce
changement de groupe d’entraînement, ce passage du « Groupe
Brahmia » au « Groupe Aden » qui demande pourtant
à être compris. Etrangement, le patriotisme sportif (et l’excellence supposée
du personnel d’encadrement sportif) prend un coup sévère. Makhloufi passe sous
la coupe d’un entraîneur étranger (absent du sol algérien) avec la bénédiction
des autorités qui consentent à la signature d’une convention de…partenariat.
Amar Brahmia, au
sortir des jeux olympiques de Rio, interpellé par des journalistes avides de ce
sensationnel que l’on trouve à profusion dans l’ambiance de guerre déclarée
entre la CPO et la FAA, entre Mahour Bacha/Bouras et Brahmia/Berraf, eut une
réponse sobre (s’inscrivant en droite ligne dans le positionnement des
autorités politiques) aux déclarations tonitruantes du (maintenant) triple
médaillé olympique (médaille d’or du 1500 de Londres, deux médailles d’argent
des 800 et 1 500 de Rio). Il rappela seulement qu’il lui avait cru en lui,
qu’il lui apporta son soutien. En le faisant signer au GSP et il l’amena (sans
que cela ne soit explicitement dit) à quitter le club des pompiers de Souk
Ahras. Comme les autres responsables sportifs, Brahmia en première position refusa
« d’entrer en conflit avec les athlètes ».
Il laissa évidemment le grand public (informé que le GSP, ayant
pris la succession du MCA, filiale omnisports de Sonatrach, n’est financièrement
pas démuni) sur sa faim avec la possibilité de décrypter le sous-entendu qui
nait implicitement du passage fulgurant d’un club d’une ville frontalière au
club phare du pays.
Sans y prendre garde, en revenant rapidement sur l’histoire
récente de Makhloufi, nous nous retrouvons au cœur des rouages et des
mécanismes du système de la « captation d’athlètes ».
Une démarche qui est la marque de l’athlétisme (et du sport) algérien. Au-delà
de cet aspect, nous observerons qu’avec tous les moyens mis à sa disposition
(ceux du GSP/Sonatrach et de la fédération/MJS), Makhloufi a atteint un niveau
très appréciable de la hiérarchie internationale accompagné d’un titre
continental sur une distance où les Africains dominent.
Selon des indiscrétions, la pierre d’achoppement, la naissance
des dissensions (entre Brahmia et Makhloufi) serait née des difficultés à
intégrer le coureur dans les rangs de la compagnie pétrolière. Pour les
sportifs (autres que les footballeurs) les temps sont durs. Très durs.
Notons que la rupture entre la Sonatrach/GSP et Makhloufi est
antérieure à l’exacerbation apparue avec le décret exécutif interdisant aux
clubs amateurs le versement de salaires et d’indemnités à partir des
subventions accordées par les collectivités locales et les démembrements de l’Etat.
Le profil de Makhloufi présente de très grandes similitudes
avec ceux de Hassiba Boulmerka et Ali Saidi Sief et aujourd’hui de Larbi
Bouraâda. Pour ces athlètes au parcours scolaire réduit au minimum légal, la
pratique sportive est un ascenseur social. La réussite sociale passe
obligatoirement par la réussite sportive. Malheureusement, pour Bouraâda et
Makhloufi le contexte juridique, légal a été modifié dans les textes tout en s’accrochant,
comme le lierre sur un mur, dans l’esprit des sportifs.
La « Réforme sportive » n’est
plus…..depuis 1990. Quasiment avec l’éclosion de Hassiba Boulmerka et de
Noureddine Morceli qui, on oublie trop souvent de le dire, n’intégra le giron
des ASP qu’après Tokyo et le titre de champion du monde du 1 500 mètres.
Dans une tentative de récupération sportive et politicienne. Souvenons-nous que
Noureddine a quitté le territoire national au début de l’hiver préludant la
saison 1988-1989. Il passait junior 2ème
année. Il avait choisi de vivre la difficulté du rêve américain tandis que
d’autres choisirent la facilité du rêve algérien.
Le clash entre les responsables sportifs d’une
part et Makhloufi d’autre part, serait la conséquence de
l’incapacité des premiers à garantir son avenir en raison d’un profil peu
avantageux. L’austérité frappait aussi aux portes.
Nous remarquerons qu’il est possible d’établir un autre
rapprochement que beaucoup n’apprécierons pas. A juste raison d’ailleurs. Ce
quatuor a été confronté aux pratiques sportives interdites (dopage). Le duo
Saidi Sief et Bouraâda a été contrôlé positif alors que le second (Boulmerka et
Makhloufi) fit l’objet de fortes suspicions véhiculées à la fois par les médias
internationaux et les dirigeants et entraîneurs du terroir.
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