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ous nous sommes interrogés
sur l’absence de transfert de savoir-faire et avons indiqué très brièvement
quelques-uns des motifs qui empêchent cet essaimage cognitif qui aurait dû
mener à un élargissement de l’élite et continuer à faire de l’Algérie (au même
titre que le Maroc) une nation de coureurs de demi-fond rivalisant, autrement que par des athlètes
exceptionnels en tout point, avec les références mondiales. L’athlétisme
algérien fut une référence africaine (devant et avec les Kenyans, Somaliens,
Ethiopiens, etc. alors à l’aube de leurs hégémonies) pendant deux décennies (70
et 80) où les coureurs et coureuses s’installaient massivement aux premières
places des compilations continentales annuelles, constatation statistique de
l’existence d’un réservoir d’athlètes et d’une méthodologie. Il est vrai
également qu’en ce temps-là, l’élévation du niveau de connaissance était une
condition sine qua non de la sortie de ce qui dans les discours politiques
était le sous-développement.
Depuis cette période faste
pour le demi-fond algérien, des performances exceptionnelles ont certes été
réalisées au niveau mondial (records du monde, titres mondiaux et olympiques
que l’on peut considérer comme des indicateurs d’évaluation et de témoins d’un
niveau de compétences, de qualifications appréciables).
Des entraîneurs installés au
fin fond de l’Algérie profonde ont fait la démonstration qu’avec les moyens du
bord (un euphémisme pour désigner l’absence quasi-totale de moyens financiers
et pédagogiques en ces lieux retirés de tout), il était possible d’atteindre
avec des jeunes (cadets et juniors) des performances qui ne furent accessibles qu’à
des espoirs (21-23 ans) ou à des seniors.
Les entraîneurs émergeants au
plus haut niveau ont été rares et l’ont été avec la bénédiction de la
fédération ou des clubs dits de performances qui (tel le MCA) disposaient des
commodités indispensables à l’épanouissement des talents. Nous n’oserons pas affirmer
que les résultats ont été réalisés seulement par l’existence de moyens financiers bien que cela
fut souvent le cas. Derrière le succès du MCA, il y a certes un modèle
d’organisation mais aussi un savoir méthodologique et technique perdurant
malgré le départ de ceux qui en furent les supports. Tous les coureurs de
1 500 à moins de 3.35 ne sont pas seulement un miracle de l’argent. Il y a derrière cette reconnaissance par les
chronos, les entraîneurs algériens doivent en convenir au lieu de se regarder
en chiens de faïence et se jalouser, une compétence non négligeable acquise
dans le giron du club. La dissémination du savoir est circonscrite à un groupe
restreint.
Le même raisonnement peut
être tenu pour la multitude de coureurs de 5 000, 10 000 et de courses sur
route (semi-marathon et marathon) que les bilans recensent dans les rangs des
piliers de l’athlétisme national que sont, depuis l’indépendance, les clubs
créés au sein de l’ANP et de la sûreté nationale et depuis quelques années à la
Protection civile.
Un flash-back est
indispensable pour comprendre. Les entraîneurs algériens d’hier ont été formés
à travers deux filières, celle d’abord de la formation académique (CREPS, ITS,
ISTS) conduisant à des exercices de la profession (reconnue par la fonction
publique et en conséquence appointée par l’Etat) des praticiens des sciences et
technologies du sport (que nous préférons à la formule générique de « techniciens du sport »)
regroupant à la fois les formations de longues durée (5 ans) et de courte durée
(3 ans) qui peut rejoindre par certains aspects l’expression d’ «entraîneur
d’Etat » employée par Bruno Gajer et en font des « professionnels ».
La seconde formation est celle mise en œuvre par la structure fédérale et ses
démembrements (les ligues régionales et de wilaya), un apprentissage continu et
alterné en direction d’anciens athlètes essentiellement, bénévoles par
excellence car exerçant une activité professionnelle n’ayant que peu ou pas de
rapport avec le sport.
Nous avons le souvenir (ainsi
que certainement de nombreux entraîneurs) que, dans les années 80, des experts
étrangers de différents nationalités, intervenant en premier lieu dans les
amphithéâtres remplis par les futurs
praticiens des sciences et technologies du sport, animaient dans un second
temps, souvent dans les mêmes lieux, des conférences devant les entraîneurs
(professionnels et bénévoles) en activité dans les clubs. C’est cela le socle
de la compétence laissée en jachère en l’absence de l’injection des avancées.
Pourtant……
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