jeudi 17 mars 2016

Jeunes talents, Pas de changement à l’horizon

L
‘article que nous avons consacré dernièrement au jeune sauteur constantinois Triki Yasser Mohamed Tahar (licencié depuis la saison dernière au MB Bejaïa) est une dérogation à une règle que nous nous sommes imposés il y a un quart de siècle. Une règle qui nous interdisait (jusqu’à cette exception qui, diront les syntacticiens, confirme la règle) de dresser le portrait de jeunes athlètes, de ceux qui, dans la terminologie du mouvement sportif national et de l’athlétisme, sont « les jeunes talents sportifs ». Des talents incroyables, une aide parcimonieuse attribuée selon des critères prétendument objectifs mais bafoués en fonction des intérêts des uns et des autres, de ceux qui détiennent le pouvoir décisionnaire et discrétionnaire. 
En ce temps-là, l’athlétisme national, malgré des résultats plus que probants, étaient réduits à la portion congrue dans les colonnes de la presse écrite consacrée exclusivement au football-roi. Les résultats de l’élite aidant, la discipline a bénéficié d’un espace grandissant qui a atteint son apogée avec les exploits de Hassiba Boulmerka et de Noureddine Morceli que nous avons accompagné tôt dans leurs carrières sportives (1986 pour Hassiba, 1988 pour Noureddine). Un accompagnement qui sera également accordé aux champions des années 90 qui n’ont pas tous atteints les sommets internationaux auxquels leurs dispositions les prédestinaient : Yahia Azaidj de Ksar El Bokhari, Kamel Kohil de Lakhdaria que nous avions surnommé le « requin des routes », les Mohamed Hadef et Aïssa Menai venus d’Arris, au cœur des Aurès, et qui y retournèrent après avoir achevé une formation de techniciens des sports à Constantine, les cadettes d’Ouled Benabdelkader qui rivalisèrent avec les Marocaines aux championnats maghrébins de cross scolaire se déroulant annuellement à Saket Sidi Youcef la martyre, Baghdad Nasria de Tiaret, Fatima Zohra Djami-Khedim de Chlef et Hadda Djakhdjakha, issue d’un petit village de la wilaya de Guelma et tant d’autres de Béchar, de Biskra, de Skikda, etc. au talent si impressionnant que celui de Hassiba et Noureddine nous semble rétrospectivement bien pâle.
Il y eut également Miloud Abaoub de Batna, champion du monde du 3 000 mètres cadets à Chypre en 1994 qui se fit remarquer au retour de Nicosie en fuguant à l’aéroport de Rome et fut rattrapé par les carabiniers italiens à la frontière franco-italienne et qui, une semaine plus tard, aux championnats d’Algérie scolaires par équipes (qui se disputaient alors annuellement à Constantine) se fit remarquer en battant le record national cadet de la distance avec un chrono que ne réussissait pas beaucoup d’athlètes seniors (8.15).
Si quelques-uns de ces sportifs eurent une carrière internationale honorable, beaucoup désertèrent (leurs études achevées) rapidement les parcours de cross et les pistes d’athlétisme pour s’engager dans la vie active. Seuls les plus volontaires (surtout chez les féminines obligées de rester dans leurs douar d’origine) résistèrent à la pression sociale exercée par la décennie sanglante. A Ouled Mimoun (Tlemcen), à Chettia (Chlef), les équipes féminines disparurent en un claquement de doigts.
Au début de cette décennie, en 1990, nous découvrions Nouria Merah qui elle-même venait de rencontrer l’athlétisme et remporter ses premiers titres nationaux sur 100 mètres et 200 mètres. Elle avait à peine 20 ans. Personne ne pouvait imaginer qu’elle serait dix plus tard championne olympique sur …1 500 mètres.

Le junior Djabir Saïd Guerni, était hors des plans de la fédération de l’époque. Il côtoyait  certes les athlètes de l’équipe nationale de sa catégorie, mais à « l’hôtel de BCR », au Sato et sur le parcours de cross de Dély Ibrahim. Ses stages étaient financés par son club (le MCA) qui, utilisant la manne financière de Sonatrach, ratissait heureusement large et permis à beaucoup de jeunes talents de s’exprimer. Pourtant, il est de notoriété publique que la politique de recrutement des talents fut décriée par tous ceux qui voyaient en cette section d’athlétisme une rivale de l’équipe nationale. Elle en fut et reste l’antichambre et ……le complément. A se demander même si ce n’était pas le MCA, le CRB, l’OCA,….qui préparaient les E.N.

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