jeudi 31 mars 2016

Des entraîneurs (4), Explications au repli sur soi

D
es entraîneurs nous ont interpellés au sujet du transfert de compétences et nous ont communiqué ce qui, selon eux, seraient des éléments de réponse à nos interrogations. Il semblerait qu’il existe un déficit de confiance important envers les structures (et leurs représentants) dont la première caractéristique serait l’absence de crédibilité et le plus souvent de moralité. Ce qui n’était que questionnement a été confirmé.
Pour ces entraîneurs (malheureusement nombreux) la communauté de l’athlétisme, le milieu dans lequel ils sont immergés, est perçue comme un univers de rivalités multiples dans lequel seraient étroitement associés dénigrements, dévalorisation de l’autre, valorisation exacerbée de soi en vue de s’approprier, d’attirer dans son club de jeunes talents révélés dans d’autres structures dont celles (ce serait un phénomène qui prendrait de l’ampleur et viendrait tenter de contrecarrer, par la surenchère, l’algérocentrisme ambiant) existant dans des wilayas périphériques.
Ces pratiques auraient pour objectif d’obtenir une augmentation substantielle de la subvention versée par les collectivités locales (dont on oublie souvent qu’elle est liée aux résultats de l’exercice antérieur et que l’amélioration ne sera perceptible que deux saisons après l’intégration des nouveaux athlètes à condition qu’ils se soient maintenus au même niveau de performance et que les athlètes du club n’aient pas fait l’objet d’un détournement par un club mieux doté financièrement) et des bénéfices personnels prenant la forme de primes indûment améliorées qui pour certains entraîneurs pourrait atteindre (voire dépasser) le salaire d’un entraîneur débutant. Dans une telle ambiance, il est évident que le transfert de connaissances n’est qu’un mot vide de sens.
L’implication dans cette dénaturation des rapports n’est pas à négliger. Dès 1991, les titres de Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli, les autres médailles et les accessits des championnats du monde d’athlétisme de Tokyo ont valorisé les « pirates des pistes » et ont fissuré un édifice déjà sérieusement ébranlé. Les primes et autres avantages accordés à ces entraîneurs ont instauré (avec la bénédiction des autorités sportives encore dépassées par les événements) le « mercenariat » perçu comme une formule de motivation dont une des versions extrêmement pervertie est visible dans l’univers du football où l’inflation des salaires et des primes, au nom de la loi du marché, est perceptible.
Il semblerait même que les pratiques d’antan (accords des deux entraîneurs et de l’athlète ainsi que, beaucoup d’entraîneurs s’en souviennent, la sollicitation d’un entraîneur par son confrère pour prendre en charge un athlète que l’on ne peut mener, pour différentes raisons, à un niveau de performance supérieur) soient complètement obsolètes.
On en serait arrivé aujourd’hui à des mutations qui ne répondraient à aucune des dispositions réglementaires en vigueur. Nous avons appris incidemment (tout en convenant que certains incidents sont soigneusement planifiés pour qu’ils soient portés à notre connaissance et à notre attention sans rien laisser paraître) que de nouvelles mœurs sont apparues dans le milieu. Un entraîneur (ou un dirigeant) s’approche d’un groupe où nous trouvons et, sans nous adresser la parole et faisant mine d’ignorer notre présence, s’arrange (s’adressant à son interlocuteur d’une voix suffisamment forte pour être entendue à plusieurs pas ou en faisant un esclandre) pour nous faire part de ce qui lui tient à cœur.
A travers cette représentation théâtrale dont on ne peut être dupe et nous place dans le registre du « théâtre de boulevard », on nous a fait savoir que des mutations d’athlètes d’un certain niveau (top 10) auraient été validées, par un membre du bureau fédéral qui détiendrait le cachet de la fédération, sans le consentement du club quitté. Si cela était vérifié, cela indiquerait que les trafics, qui par le passé étaient attribués à clubs et à certaines ligues complices, seraient passés au niveau supérieur, à l’échelon fédéral.

Bien que l’on ne puisse incriminer directement les entraîneurs, on remarquera que nous sommes de plain-pied dans le registre des « vrais » entraîneurs et de dirigeants du même acabit dont l’aptitude à payer des primes et des indemnités mirobolantes et l’incapacité à se procurer des ressources financières supplémentaires (et complémentaires aux subventions étatiques) se sont dévoilées dans la condamnation de l’article 6 du décret exécutif 15.74. On remarquera que ce sont les clubs « semi-professionnels » (une catégorie juridiquement inexistante en Algérie) qui se sont trouvés en première ligne de cette contestation.    

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