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ous avions cru être arrivés au bout de notre série de chroniques sur
le mouvement sportif national en mutation avec un 10ème épisode que
nous avons axé sur ces mentalités à changer lorsque le premier responsable du
département ministériel chargé des sports a annoncé la décision de sursoir à
l’application de l’article 6 du décret exécutif 15.74. Un article qui interdit
aux clubs professionnels amateurs de puiser dans les subventions de l’Etat et
des collectivités locales (communes et wilayas) pour régler des salaires,
indemnités et primes aux sportifs et à l’encadrement.
L’annonce de cette décision, présentée comme une « mesure
d’urgence » destinée à désamorcer une situation devenue explosive
avec des rencontres annulées pour absence sur le terrain des équipes et la
montée au créneau des joueurs des trois « sports co »,
a été faite, rapportent de la presse généraliste quotidienne essentiellement gouvernementale
(Horizons), lors de l’installation officielle de la commission mixte « chargée
d’étudier et de recenser les situations qui seraient induites par l’application
des orientations de l’article fixant les dispositions et le statut type du club
sportif amateur ».
Selon un communiqué du MJS repris par la presse écrite, la commission
mixte (composée de cadres centraux du ministère, de représentants du comité
olympique algérien et des clubs sportifs) doit se pencher sur le décret et présenter
la formule adéquate qui permettra de « dépasser cette situation dans
le respect des formes pouvant garantir la pérennité du mouvement sportif et de
ses règlements ».
Ce même communiqué explique que le ministre a, dans son intervention,
rappelé que cette commission a été créée pour répondre « aux sollicitations
des clubs sportifs amateurs » en ayant à l’esprit « la
concertation » et « le dialogue avec les
partenaires » et le souci de « préserver la quiétude au
sein desdits clubs et la saison sportive ». Le ministre a
également indiqué que le dossier sera soumis au premier ministre pour
solutionner ce qui est devenu un problème.
Un peu plus tard, lors de la cérémonie de remise de diplômes
d’éducateurs sportifs maliens formés à Ain Benian, le ministre a déclaré à
l’agence nationale de presse (A.P.S.) que « l’appel au boycott
collectif des clubs de la compétition nationale en raison de l’article 6 du
décret exécutif 15.74 a provoqué une polémique inutile ».
On se demande d’ailleurs qui est à l’origine de cette polémique. Les
acteurs du mouvement sportif qui n’ont pas compris, une année après la
publication du décret au Journal Officiel, les motivations du législateur
d’abord et, ensuite, les effets qu’il a et aura sur leurs activités ? Ou
les responsables du département ministériel (à quelque niveau que ce soit) qui n’ont
pas su communiquer et faire passer le message qui aurait dû l’être aux hommes
(et femmes de terrain), les sensibiliser aux innovations et, in fine, les
préparer aux difficultés de la mise en application?
Nous dirons aussi avoir le sentiment d’être en présence de deux
sphères juxtaposées, sans aucun lien entre elles, fonctionnant chacune en roue
libre dans un contexte où l’une des parties (l’Administration) a pour mission
et ambition de légiférer, d’imposer un cadre réglementaire d’évolution à
l’autre partie (les associations) mise dans l’obligation de respecter une
réglementation dont elle ne connait (si ce n’est par ouï-dire) et ne comprend
pas les tenants et les aboutissants.
Les assemblées générales de mise en conformité des statuts des
associations se sont pourtant tenues en présence des représentants des
directions de la jeunesse et des sports. Il est vrai que leur présence a pour
but de valider cette rencontre (de pure forme pour l’Administration) des
membres de l’A.G. et non de susciter des débats houleux et sans fin dans l’état
d’impréparation qui les ont entouré d’autant plus que selon la formule (qui
prêterait à rire si ce n’était le sérieux de la fonction de son énonciateur)
employée par le ministre « les textes ne sont pas figés, mais
adaptables » et utilisée par
ses pairs en des situations comparables de résistance à la nouveauté.
Une formulation qui mérite que l’on y réfléchisse.
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