mercredi 9 mars 2016

Sport en mutation (10), Gel de l’article 6

N
ous avions cru être arrivés au bout de notre série de chroniques sur le mouvement sportif national en mutation avec un 10ème épisode que nous avons axé sur ces mentalités à changer lorsque le premier responsable du département ministériel chargé des sports a annoncé la décision de sursoir à l’application de l’article 6 du décret exécutif 15.74. Un article qui interdit aux clubs professionnels amateurs de puiser dans les subventions de l’Etat et des collectivités locales (communes et wilayas) pour régler des salaires, indemnités et primes aux sportifs et à l’encadrement.
L’annonce de cette décision, présentée comme une « mesure d’urgence » destinée à désamorcer une situation devenue explosive avec des rencontres annulées pour absence sur le terrain des équipes et la montée au créneau des joueurs des trois « sports co », a été faite, rapportent de la presse généraliste quotidienne essentiellement gouvernementale (Horizons), lors de l’installation officielle de la commission mixte « chargée d’étudier et de recenser les situations qui seraient induites par l’application des orientations de l’article fixant les dispositions et le statut type du club sportif amateur ».
Selon un communiqué du MJS repris par la presse écrite, la commission mixte (composée de cadres centraux du ministère, de représentants du comité olympique algérien et des clubs sportifs) doit se pencher sur le décret et présenter la formule adéquate qui permettra de « dépasser cette situation dans le respect des formes pouvant garantir la pérennité du mouvement sportif et de ses règlements ».
Ce même communiqué explique que le ministre a, dans son intervention, rappelé que cette commission a été créée pour répondre « aux sollicitations des clubs sportifs amateurs » en ayant à l’esprit « la concertation » et « le dialogue avec les partenaires » et le souci de « préserver la quiétude au sein desdits clubs et la saison sportive ». Le ministre a également indiqué que le dossier sera soumis au premier ministre pour solutionner ce qui est devenu un problème.
Un peu plus tard, lors de la cérémonie de remise de diplômes d’éducateurs sportifs maliens formés à Ain Benian, le ministre a déclaré à l’agence nationale de presse (A.P.S.) que « l’appel au boycott collectif des clubs de la compétition nationale en raison de l’article 6 du décret exécutif 15.74 a provoqué une polémique inutile ».
On se demande d’ailleurs qui est à l’origine de cette polémique. Les acteurs du mouvement sportif qui n’ont pas compris, une année après la publication du décret au Journal Officiel, les motivations du législateur d’abord et, ensuite, les effets qu’il a et aura sur leurs activités ? Ou les responsables du département ministériel (à quelque niveau que ce soit) qui n’ont pas su communiquer et faire passer le message qui aurait dû l’être aux hommes (et femmes de terrain), les sensibiliser aux innovations et, in fine, les préparer aux difficultés de la mise en application?
Nous dirons aussi avoir le sentiment d’être en présence de deux sphères juxtaposées, sans aucun lien entre elles, fonctionnant chacune en roue libre dans un contexte où l’une des parties (l’Administration) a pour mission et ambition de légiférer, d’imposer un cadre réglementaire d’évolution à l’autre partie (les associations) mise dans l’obligation de respecter une réglementation dont elle ne connait (si ce n’est par ouï-dire) et ne comprend pas les tenants et les aboutissants.
Les assemblées générales de mise en conformité des statuts des associations se sont pourtant tenues en présence des représentants des directions de la jeunesse et des sports. Il est vrai que leur présence a pour but de valider cette rencontre (de pure forme pour l’Administration) des membres de l’A.G. et non de susciter des débats houleux et sans fin dans l’état d’impréparation qui les ont entouré d’autant plus que selon la formule (qui prêterait à rire si ce n’était le sérieux de la fonction de son énonciateur) employée par le ministre « les textes ne sont pas figés, mais adaptables » et utilisée par  ses pairs en des situations comparables de résistance à la nouveauté. Une formulation qui mérite que l’on y réfléchisse.


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