dimanche 16 octobre 2016

Polémiques (32), Le contexte politique

L’intervention télévisée de Brahmia se situe au début de l’ « aventure islamiste ». Il est nécessaire de le préciser pour éviter tous les amalgames (comme le font avec dextérité aujourd’hui ses  détracteurs) pouvant naître d’une analyse des faits près d’un quart de siècle après leurs survenues et évidemment de la connaissance que nous avons des dommages économiques, sociologiques et psychologiques (sabotages, destructions, accélération de l’exode rural, égorgements, viols, etc.) causés à la société algérienne. Des faits qui l’ont profondément marquée et continuent de la révulser.
Le FIS est alors un parti politique agréé par l’Etat algérien. A ce titre, il participe aux débats politiques et aux élections. Parti politique d’opposition, il puise ses références idéologiques dans le terreau d’une des « constantes nationales » (la  religion). Il a réussi, par le prosélytisme ambiant (le FLN avait réussi à imposer sa suprématie partisane en instrumentalisant l’ « article 120 » en tant que levier à une carrière dans les différentes structures et rouages de l’appareil de l’Etat) à déplacer le centre de production du discours politique de la Kasma FLN vers la mosquée et à remplacer le discours politique lui-même  par le prêche politico-religieux prôné depuis les minbars.
D’ailleurs, tout comme le « FLN historique » rassemblait toutes les tendances idéologiques et politiques promouvant le recouvrement de la souveraineté nationale, le « Front » Islamique du Salut se voulait un regroupement des différents courants politico-religieux existant à l’époque.
A ce moment-la, rien ne laissait présager le raz-de-marée islamiste qui marquera le dépouillement des bulletins de vote. La majorité du peuple algérien, crédule et bernée entre autre par l’utilisation des innovations technologiques (laser dans le ciel d’Alger) et les incantations, accordera sa préférence au programme du FIS.
Comme nous l’avons écrit dans la précédente chronique, sur l’esplanade de Chlef, les gens venaient, saluaient les présents, écoutaient un peu (et surtout) la péroraison de Brahmia qui sait captiver les auditeurs puis repartaient à leurs occupations présentes : inscriptions à la course, dispositions à prendre pour l’hébergement de leurs délégations, etc.
L’annonce de Brahmia a été un coup de tonnerre dans le ciel bleu de Chleff. Des débats qui se sont immédiatement instaurés sur cette esplanade, il ressortait qu’une telle déclaration était à la fois inattendue et ne correspondait pas aux idées qu’il avait précédemment laissé transparaître.
Nous avons gardé en mémoire que certains des champions présents furent ses compagnons pendant les campagnes internationales de l’équipe nationale. Dans les différents groupes qui se sont constitués, le leitmotiv était que Brahmia s’était fait remarquer par sa piété, par une pratique religieuse constatée dès qu’il eut accès aux EN. Une pratique normale, sans les excentricités et les extrémismes et les particularismes qui semblaient le lot du moment.
Mieux, il n’avait aucun inconvénient à côtoyer, à parler, à serrer la main  des athlètes féminines avec lesquelles il aurait eu un comportement tout à fait normal en milieu sportif. Et encore moins avec certains de ses coéquipiers dont les penchants pour certains excès étaient connus et furent rapportés. Il n’aurait exprimé ou montré aucune gêne pour des comportements et des habitudes qui ont freinés la carrière de quelques-uns. Nous avons retenu que pour tous les commentateurs, sa pratique religieuse dont nous dirons aujourd’hui, pour reprendre un terme à la mode, était celle d’un Islam modéré, celui de nos parents.
Le mode de pensée de Brahmia était perceptible dans toutes ses participations à des discussions qui étaient marquées par les références religieuses. En fait, elles ne l’étaient guère plus que celles des habitués des mosquées et/ou des zaouïas. Un discours, une énonciation entièrement marquée  par ses penchants religieux.

Aujourd’hui, avec le recul, et à la lumière des explications sociologiques de Mohamed Hamouni et de la description ethnologique de Mouloud Mammeri, on pourrait expliquer le comportement antérieur de Brahmia par l’influence du milieu dans lequel il a vécu. 

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