Le discours du clan de l’ex-président de la fédération est
remarquable par ses accents de souverainisme populiste débridé. Ce discours accorde
à l’assemblée générale (certes souveraine dans son secteur) une capacité
régalienne qui franchit allégrement les limites de la loi nationale.
L’assemblée générale
de l’athlétisme (mais ce travers est à l’œuvre dans les autres fédérations dont
la plus solide sur le plan financier qu’est la fédération algérienne de
football), selon l’ « expert » en question, est en
capacité de légiférer, d’amender, de modifier la loi votée par les élus de la
Nation ou les textes en découlant. La FAA est un Etat dans l’Etat. Elle n’agit
pas dans le cadre de la loi algérienne mais dans celui de dispositions décidées
par et à Delly Ibrahim où se trouve le siège de la fédération.
C’est cet état d’esprit qui pourrait expliquer les nombreuses
dérives qui font qu’une assemblée générale ordinaire, forte de conditionnements
historiques, approuve un bilan financier qui n’a pas obtenu la certification
par le commissaire aux comptes. Celui-ci a émis des réserves. Il a ainsi relevé
l’absence de pièces justificatives en rapport avec trois opérations importantes
dont l’une (l’organisation des championnats arabes juniors) a été budgétée dans
le contrat-programme à hauteur de 2 milliards de centimes. Tout comme il a
constaté 7.6 milliards de dettes. Un endettement qui triple celui de la fin du
mandat précédent et qui ne surprend pas outre mesure les membres de l’AG.
Pour notre « expert », le second
candidat (Kamel Benmissi) déclaré inéligible n’est pas concerné par cette
disposition. Il n’en a pas fait cas. Cela est compréhensible. La famille de
l’athlétisme sait que ce candidat et
l’ « expert » sont en profond désaccord depuis des
décennies.
Ce second candidat écarté de la course à la présidence
fédérale estime que son cas ne relève pas de cette disposition réglementaire. Dans
un quotidien algérois à diffusion nationale, il affirme n’avoir pas démissionné
du poste de président qu’il a occupé au cours de la seconde moitié des années
90.
Nous constaterons que la FAA est abonnée au concours de
circonstances. Mohamed Hamouni a démissionné en 1996. Il a été remplacé par
Kamel Benmissi. Boualem Rahoui, inspirateur des statuts de janvier 2016, aurait
-selon notre « expert » - démissionné en 1997. « 20
ans après » est le titre de
la suite du roman de cape et d’épées « Les trois
mousquetaires » d’Alexandre Dumas. Les trois compères voient leurs
noms associés à la mélasse de l’athlétisme.
A travers l’interview accordée, on apprend que la commission
de candidatures lui reproche « de ne pas avoir achevé mon deuxième
mandat » et que cette même commission lui « demande de
prouver le contraire ».
Sans y prendre garde, Kamel Benmissi dévoile les pratiques électorales
en milieu athlétique. Des pratiques généralisables aux autres sports. Il
rappelle que « En 1995, j’avais pris la place de Mohamed Hamouni qui
avait démissionné » et explique l’arrière-plan de l’élection
présidentielle présente permettant à « ceux
qui l’ont poussé à démissionner à l’époque » de devenir «
ses mentors aujourd’hui ».
Kamel Benmissi « pense qu’il y a un amalgame »
et regrette que le ministère de la Jeunesse et des Sports ne dispose pas « des
archives sur cette époque-là pour tout vérifier ».
Benmissi déclare n’avoir pas introduit de recours mais avoir
adressé un courrier au ministre. Ce courrier dit de sensibilisation est
complété par deux témoignages : celui du ministre de l’époque (Mohamed
Aziz Derouaz) et celui du président de la FAA (Kamel Megnounif) qui lui a
succédé.
Selon les explications disponibles dans l’entretien, en 1997,
un nouveau décret sur les fédérations sportives a été promulgué et a été suivi
d’élections anticipées sur instruction du gouvernement algérien. Benmissi
affirme s’être présenté aux élections, n’avoir pas été élu et avoir passé les
consignes à son successeur.
Le ministre d’alors écrit que ces élections « ont
conduit les nouveaux élus à la fin dudit mandat sans que pour autant une ombre
quelconque n’ait entachée officiellement le mandat des bureaux exécutifs
sortants ».
Le successeur de
Benmissi « atteste et certifie sur l’honneur » que son
élection fait suite « à la promulgation d’un décret exécutif qui a
interrompu le mandat olympique par l’organisation d’une assemblée générale
élective de mise en conformité ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire