mercredi 15 mars 2017

AGE de la FAA (4), Benmissi se rebiffe

Le discours du clan de l’ex-président de la fédération est remarquable par ses accents de souverainisme populiste débridé. Ce discours accorde à l’assemblée générale (certes souveraine dans son secteur) une capacité régalienne qui franchit allégrement les limites de la loi nationale.
 L’assemblée générale de l’athlétisme (mais ce travers est à l’œuvre dans les autres fédérations dont la plus solide sur le plan financier qu’est la fédération algérienne de football), selon l’ « expert » en question, est en capacité de légiférer, d’amender, de modifier la loi votée par les élus de la Nation ou les textes en découlant. La FAA est un Etat dans l’Etat. Elle n’agit pas dans le cadre de la loi algérienne mais dans celui de dispositions décidées par et à Delly Ibrahim où se trouve le siège de la fédération.
C’est cet état d’esprit qui pourrait expliquer les nombreuses dérives qui font qu’une assemblée générale ordinaire, forte de conditionnements historiques, approuve un bilan financier qui n’a pas obtenu la certification par le commissaire aux comptes. Celui-ci a émis des réserves. Il a ainsi relevé l’absence de pièces justificatives en rapport avec trois opérations importantes dont l’une (l’organisation des championnats arabes juniors) a été budgétée dans le contrat-programme à hauteur de 2 milliards de centimes. Tout comme il a constaté 7.6 milliards de dettes. Un endettement qui triple celui de la fin du mandat précédent et qui ne surprend pas outre mesure les membres de l’AG.
Pour notre « expert », le second candidat (Kamel Benmissi) déclaré inéligible n’est pas concerné par cette disposition. Il n’en a pas fait cas. Cela est compréhensible. La famille de l’athlétisme sait  que ce candidat et l’ « expert » sont en profond désaccord depuis des décennies.
Ce second candidat écarté de la course à la présidence fédérale estime que son cas ne relève pas de cette disposition réglementaire. Dans un quotidien algérois à diffusion nationale, il affirme n’avoir pas démissionné du poste de président qu’il a occupé au cours de la seconde moitié des années 90.
Nous constaterons que la FAA est abonnée au concours de circonstances. Mohamed Hamouni a démissionné en 1996. Il a été remplacé par Kamel Benmissi. Boualem Rahoui, inspirateur des statuts de janvier 2016, aurait -selon notre « expert » - démissionné en 1997. « 20 ans après » est  le titre de la suite du roman de cape et d’épées « Les trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas. Les trois compères voient leurs noms associés à la mélasse de l’athlétisme.
A travers l’interview accordée, on apprend que la commission de candidatures lui reproche « de ne pas avoir achevé mon deuxième mandat » et que cette même commission lui « demande de prouver le contraire ».
Sans y prendre garde, Kamel Benmissi dévoile les pratiques électorales en milieu athlétique. Des pratiques généralisables aux autres sports. Il rappelle que « En 1995, j’avais pris la place de Mohamed Hamouni qui avait démissionné » et explique l’arrière-plan de l’élection présidentielle présente  permettant à « ceux qui l’ont poussé à démissionner  à l’époque » de devenir «  ses mentors aujourd’hui ».
Kamel Benmissi «  pense qu’il y a un amalgame » et regrette que le ministère de la Jeunesse et des Sports ne dispose pas « des archives sur cette époque-là pour tout vérifier ».
Benmissi déclare n’avoir pas introduit de recours mais avoir adressé un courrier au ministre. Ce courrier dit de sensibilisation est complété par deux témoignages : celui du ministre de l’époque (Mohamed Aziz Derouaz) et celui du président de la FAA (Kamel Megnounif) qui lui a succédé.
Selon les explications disponibles dans l’entretien, en 1997, un nouveau décret sur les fédérations sportives a été promulgué et a été suivi d’élections anticipées sur instruction du gouvernement algérien. Benmissi affirme s’être présenté aux élections, n’avoir pas été élu et avoir passé les consignes à son successeur.
Le ministre d’alors écrit que ces élections « ont conduit les nouveaux élus à la fin dudit mandat sans que pour autant une ombre quelconque n’ait entachée officiellement le mandat des bureaux exécutifs sortants ».

Le  successeur de Benmissi « atteste et certifie sur l’honneur » que son élection fait suite « à la promulgation d’un décret exécutif qui a interrompu le mandat olympique par l’organisation d’une assemblée générale élective de mise en conformité ».

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