mardi 7 mars 2017

David Torrence (7) En relation avec « Ibi » Aden

Selon le récit de Torrence, ses soupçons  de pratiques dopantes seraient apparus avec la proposition d’Aden de prendre des vitamines sous forme d’injections. Pour les Algériens, un parallèle est à faire avec les injections de compléments alimentaires  (« contaminées » selon les déclarations d’Ahmed Mahour Bacha, ex-entraineur de Zahra Bouras et Larbi Bouraâda et d’Amar Bouras, qui sera le futur président (et maintenant ex-président) de la fédération) qui les mèneront à une suspension de toutes activités sportives pendant deux années (juin 2012-juin 2014).

Selon Torrence, Aden lui aurait dit que ce qui est présenté comme étant des vitamines l'aiderait à effacer les effets de la fatigue. On peut imaginer que cela fut la même explication (dans une autre langue) qui fut donnée par Mahour Bacha à ses deux athlètes.

Torrence, le coureur américain - sans doute rendu méfiant par ce qui se racontait sur Aden et son alter ego Alberto Salazar - aurait répliqué qu’il préférait « les prendre par voie orale ».  Alors qu’il s’inquiétait de connaitre les vitamines proposées, Aden  aurait alors usé de moqueries  en lui disant « Oh, tu as peur des seringues ?».

Pour comprendre l’appréhension de David Torrence, il faut revenir au moins deux années  plutôt. Lorsqu’il s’entraînait avec John Cook, un entraîneur américain qu’il quitta à la fin de l’année 2013. John Cook avait des doutes sur les pratiques d’Aden Jama. Des doutes qui se sont amplifiés avec le résultat de Toufik Makhloufi, le champion olympique de 2012, qui avait devancé le miler américain Léo Manzano qui semblait alors imbattable. Surtout, cela va de soit aux yeux des Américains. John Cook était surpris par les performances des athlètes du « Groupe Aden ». A leur sujet, il disait : « Les performances de ses athlètes je n’y crois pas. Je ne crois pas aux miracles».

Torrence ne connaissait pas Aden Jama. Mais, il connaissait son frère Ibrahim « Ibi »Aden qui lui-même connaissait John Cook qui  l’avait entraîné à l’Université Georges Mason. D’Ibrahim, Torrence dit que c’était une personne sympathique, qu’il le voyait souvent et qu’il lui servit d’intermédiaire avec Aden Jama lorsque il dût quitter Cook qui « en avait marre de tout dans le sport le conduisant à prendre un peu de recul ».
David Torrence se définit lui-même comme un coureur tenté par les expériences nouvelles, ne pouvant s’astreindre à suivre un entraînement routinier, le « chemin bien usé ». Il se voit différent des athlètes américains qui ne sont pas très nombreux à s’être entraînés avec les Africains ou à s’être intéressé à la manière dont ils le font. Il serait un découvreur, un explorateur.

La collaboration avec Aden aurait réellement débuté au printemps 2014. Celle-ci se faisait à distance par Email et occasionnellement par téléphone. Quelques mois plus tard, en juin 2014, il s’est entraîné à Sabadell avec le groupe pendant environ trois semaines. Avant les championnats américains.

C’est au cours de ce stage qu’Aden lui aurait proposé les injections de vitamines. Après ce premier stage, Torrence est retourné aux Etats Unis pour participer aux championnats US qui ne furent pas concluant pour lui. Après ces championnats, Torrence rejoignit à nouveau le camp de base d’Aden qui n’était plus en Espagne mais en Suède. A nouveau, des injections lui furent proposées.

En plus de ces propositions d’injections dérangeantes à plus d’un titre, Torrence est surpris par la méthode d’entraînement basée sur un travail de vitesse qui expliquerait que « ces gars-là sont les plus rapides dans le monde et certains les meilleurs ». Dans l’interview, il conclue avec toutefois un soupçon de scepticisme que l’entraînement aérobie, contrairement à ce que pensent les Américains, n’« est pas aussi nécessaire ».


Au moment de l’entretien, il ne voulut pas évoquer d’« autres choses » constatées car ne voulant pas interférer avec l’enquête en cours. Il indiqua cependant qu’un «  couple d'autres choses » lui a  donné à réfléchir et à se passer d’une préparation avec Aden. La décision de quitter le groupe aurait été prise au cours de l’hiver 2015. Il tient néammoins à préciser qu’il n’avait « jamais vu personne prendre quelque chose ou faire quoique ce soit en relation avec les seringues ».

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