Kyle Barber a tout
tenté pour faire entendre raison à Driouch. Il était en particulier porteur
d’une réduction de peine pouvant permettre au coureur, banni pendant deux ans des
compétitions, de participer aux jeux olympiques de Rio. Une possibilité contenue
dans la réglementation de la lutte antidopage mise en place par l’AMA afin de
démanteler les réseaux de dopage. Malgré cette offre, Barber n’obtiendra aucune
information de la part de Hamza Driouch.
Barber explique ce qui
s’apparente à une volte-face de Hamza Driouch (à partir des informations qu’il
aurait recueillies) par l’encaissement de 80.000 euros. Une belle somme d’argent
considérée, par l’investigateur de l’IAAF, à la fois comme « un très joli cadeau de départ »
et sans doute le prix de son silence.
Dans un second temps
(après avoir tenté d’utiliser la faiblesse consécutive aux mauvais moments que vit
Driouch), Kyle Barber a tenté d’atteindre son but en se rapprochant du champion
olympique 2012 du 1 500, Toufik Makhloufi qui vient de quitter le groupe
Aden. Son approche a échoué. Le récit de cette tentative laisse toutefois
sceptique. Il l’aurait « rencontré
au Kenya en 2013 juste après qu’il ait quitté Jama Aden qui l’avait amené à la
médaille d’or olympique ».
Pour Makhloufi,
l’année 2013 pourrait être perçue comme une année sabbatique. Le champion
olympique a connu une saison en
demi-teinte qu’il a passé à se soigner et au cours de laquelle il n’enregistra
qu’une seule performance digne d’intérêt (un 1 500 couru en 3.36.30), un
chrono loin de ses marques précédentes.
Cette information que
fournit Barber est susceptible de modifier la chronologie, la succession des
entraîneurs dont il a suivi les programmes d’entrainement. En particulier,
celle de la période qui a suivi la séparation d’avec Aden et l’intégration dans
le groupe d’athlètes de Dupont.
Une période qui ne
serait plus automnale et hivernale (un semestre environ) ainsi que cela est
généralement admis mais porterait sur une saison et demie (automne 2013 au
printemps 2015). Il faut dire que le renseignement apporté par Barber redonne
du crédit à la paternité accordée à un chrono à 3.30 attribuée à Ali Redjimi (son
premier entraîneur) venu apporter sa collaboration à Makhloufi après que ce dernier eut quitté Aden.
Kyle Barber fut désappointé par sa rencontre avec Makhloufi. Selon
la narration de Barber, l’enfant de Souk Ahras se serait limité à parler
entraînement et technique. Sur les questions qui lui furent posées à propos du
dopage, il se serait contenté à déclarer « qu’il n’avait rien reçu »,
qu’il n’était pas un adepte des « injections de vitamines ».
Ainsi que nous avons
eu à le dire, Makhloufi appartient à la population frontalière avec la Tunisie.
Un espace géographique où « le trabendo » (la
contrebande) est l’activité des jeunes inactifs pourchassés en permanence par
les forces de l’ordre. C’est dans cette ambiance collective (généralisable aux
pratiques du commerce informel citadin) qu’a grandi Makhloufi.
L’IAAF forme un
système normatif. Elle est une institution qui s’apparente à toutes celles qui
restreignent les libertés.
Dans la mémoire
collective des habitants de cette région frontalière, passages d’armées
colonisatrices depuis les Carthaginois, les Romains, les Byzantins et les Arabes,
les institutions administratives sont le reflet des dispositions mises en place
par les armées d’occupation dont les soldats de l’armée française (pendant la
guerre de libération nationale) laissant derrière eux la ligne frontalière
électrifiée, les miradors, les champs de mines anti personnelles, etc., le
martyre de la ville frontalière tunisienne, la toute proche Saket
Sidi Youcef.
Elle a aussi à l’esprit les institutions
algériennes freinant les flux contrebandiers, la liberté de déplacement. On
comprendra donc l’importance de son mutisme. Ses réticences à converser
librement avec le représentant de
l’IAAF, emprunte à une démarche historiquement présente dans les mémoires,
celle des camps de SAS (camps de torture).
Kyle Barber avait
contacté une multitude de personnes en relation avec Jama Aden, à un moment ou
à un autre. Les Irlandais de la fédération d’athlétisme d’Irlande du Nord qui
avait accueilli le groupe de Jama Aden, juste avant les JO de Londres en firent
partie. De même que l’ancien coach américain de David Torrence (John Cook) qui
lui avait raconté avoir fait l’objet de menaces à la suite de ses déclarations
mettant en doute la médaille olympique de Toufik Makhloufi à Londres.
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